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Douze ans après, Scott Brash et Ben Maher reconquièrent l’or olympique et Harry Charles égale son père

podium
PARIS 2024 vendredi 2 août 2024 Mélina Massias

Après Londres, la Grande-Bretagne se pare à nouveau d’or olympique ! À Versailles, Scott Brash, Harry Charles et Ben Maher ont été impériaux aux rênes de Jefferson, Romeo 88 et Dallas Vegas Batilly, l’une des trois Selle Français à être montés sur le podium. Seule nation à ne pas avoir renversé la moindre barre, l’équipe de Di Lampard a dominé les Etats-Unis, médaillés d’argent grâce à Laura Kraut, Karl Cook et McLain Ward aux rênes de Baloutinue, Caracole de la Roque et Ilex, ainsi que la France, en bronze in extremis après les prestations de Simon Delestre sur I Amelusina R 51, Olivier Perreau avec Dorai d’Aiguilly et Julien Epaillard aux commandes de Dubaï du Cèdre.

Londres, 6 août 2012. Sur le podium par équipes des Jeux olympiques, Nick Skelton, à gauche, et Peter Charles, à droite, encadrent Scott Brash et Ben Maher, incarnation de la nouvelle génération britannique. Sur la plus haute marche du podium, les quatre fantastiques brandissent leur médaille d’or. Versailles, 2 août 2024. Douze ont passé. Scott Brash et Ben Maher sont toujours là, mais se sont désormais eux qui entourent le jeune Harry Charles, fils de Peter, sur le podium olympique des Jeux de Paris, tandis que Nick Skelton sourit de l’autre côté de la carrière, heureux pour ses coéquipiers et surtout pour sa compagne, Laura Kraut, en argent avec les Etats-Unis. Devant le château de Versailles, Ben Maher, Harry Charles et Scott Brash ont réalisé trois parcours d’exception avec Dallas Vegas Batilly, Romeo 88, né Champion of Picobello, et Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof. Sans jamais trembler, et malgré la pression, les Britanniques ont dominé une finale palpitante et extrêmement relevée. 

Le podium par équipes des Jeux olympiques de Londres, en 2012. © Scoopdyga

Le podium par équipes des Jeux olympiques de Versailles, en 2024. © Benjamin Clark / FEI



Dernier à s’élancer pour le clan Britannique, Scott Brash n’avait pas le droit à l’erreur avec son excellent Jefferson. Peut-être moins en vue qu’à l’accoutumée ces derniers mois, le petit génie a prouvé que l’on pouvait toujours compter sur lui… et sur son cavalier, dont les nerfs d’acier ont une nouvelle fois été mis à l’épreuve, sans jamais céder. Après les parcours somptueux d’aisance et de maîtrise de Ben Maher sur Dallas Vegas Batilly et Harry Charles sur Romeo 88, l’Ecossais et son BWP ont conclu le travail, s’offrant le luxe de concéder un point de temps totalement anecdotique. Comme Sanctos van Gravenhof avant lui, Jefferson a offert à son cavalier une médaille d’or, douze ans après avoir décroché la première. 

Scott Brash et Jefferson ont plus que répondu présent et ont tenu la pression - colossale - jusqu'au bout ! © Benjamin Clark / FEI

À Londres, Ben Maher était aux rênes du génial Triple X III. Cette fois, il montait la non moins géniale Dallas Vegas Batilly, sanctionnée d’un point mais une nouvelle fois souveraine sur le tracé imaginé par Santiago Varela et Grégory Bodo. La veille déjà la Selle Français, qui a fait le bonheur de son naisseur, Jean-Claude Viollet, et de sa fille, Laëtitia Viollet, qui fait prospérer le haras Bois Margot, avait quitté l’arène en signant l’un des plus beaux parcours de la journée. Rebelote aujourd’hui. De quoi laisser Ben Maher rêveur avant les deux étapes individuelles, programmées lundi 5 et mardi 6 août. Et si le Britannique allait chercher sa quatrième breloque d’or olympique, après ces deux succès collectifs et celui glané en solo à Tokyo avec son fabuleux Explosion W ? 

Ben Maher et Dallas Vegas Batilly n'ont pas connu le moindre sursis lors de ces deux premiers jours de compétition à Versailles. © Benjamin Clark / FEI

Avant de se concentrer sur l’objectif ultime, l’heure est à la fête. Dans leur liesse, Scott Brash et Ben Maher seront évidemment rejoints par Harry Charles, troisième artisan de cette victoire. Cadet de l’équipe, le jeune homme, qui s’est fracturé le bras et le poignet à Aix-la-Chapelle, s’est montré aussi impérial, si ce n’est plus, que ses amis et coéquipiers avec son fidèle complice, Romeo 88, qui lui avait permis de vivre ses premiers Jeux olympiques à Tokyo, en 2021, à seulement vingt-deux ans. Tout sourire sur le podium, entouré de ses deux compatriotes, Harry Charles, a entonné God Save The King de bon cœur et apparaît plus que jamais comme le leader de la nouvelle génération britannique. Brillant dès ses plus jeunes années, le roi Harry a égalé son père, sacré champion olympique douze ans avant lui, à Londres. 

Que d'émotions en sortie de piste pour Harry Charles, qui aurait bien pu manquer ces Jeux olympiques en raison de fractures à la main et au poignet droit ! © Benjamin Clark / FEI

Di Lampard, cheffe d’équipe des Britanniques, Derren Lake, Georgia Ellwood et David Honnet, grooms des chevaux de Ben Maher, Harry Charles et Scott Brash, se joindront également à la fête, pour célébrer un succès qui leur est aussi dû, à eux et à toutes les équipes qui les entourent au quotidien, sans oublier Joe Stockdale, qui a dû revêtir le rôle de réserviste avec sa Cacharel, née Reina.



La France se contente du bronze et offre l’argent aux Etats-Unis

Alors que Laura Kraut et Baloutinue avaient concédé une faute sur le difficile triple numéro 10, Karl Cook et McLain Ward n’avaient plus le droit à l’erreur avec Caracole de la Roque et Ilex pour continuer à rêver d’un podium. Initialement désigné réserviste et appelé à la dernière minute jeudi matin pour intégrer l’équipe américaine après le forfait de Greya, née Contina 47, la monture de Kent Farrington, Karl Cook a plus que transformé l’essai. Auteur d’une excellente saison avec Caracole de la Roque, sa seule monture en mesure d’affronter sereinement le plus haut niveau en ce moment, le Californien restait frustré d’avoir commis une faute dans l’une des deux manches des Coupes des nations de Rome et La Baule. Cette fois, pas d’erreur à l’horizon. Net, précis, tranchant, celui qui était passé à côté des Jeux panaméricains de Santiago il y a quelques mois a vu son travail payer et être récompensé par un nouveau parcours de très grande classe à Versailles. Ne laissant jamais la place à l’hésitation ou au doute, l'Étatsunien a ébloui Versailles avec sa dynamique fille de Zandor et petite-fille de Kannan, allant même jusqu’à perdre ses lunettes de soleil en franchissant le quatorzième et dernier obstacle du parcours. Dans une forme pour le moins olympique, Karl Cook est idéalement lancé pour l’épreuve individuelle. Curieux et touche à tout, le natif de Woodside semble avoir trouvé le parfait équilibre pour donner le meilleur de lui-même à cheval. Il a ainsi été aperçu déambulant dans les musées de la capitale ces derniers jours, appareil photo sous le bras. 

Comme à Tokyo, Laura Kraut et Baloutinue ont récolté l'argent olympique par équipe. © Benjamin Clark / FEI

Karl Cook et Caracole de la Roque se sentent comme dans leur jardin à Versailles et marchent sur l'eau. © Benjamin Clark / FEI

Malgré la prestation parfaite de son coéquipier, McLain Ward avait une pression monstre sur les épaules pour assurer une médaille aux siens. Sur son puissant Ilex, le quadra à l’expérience débordante a semblé survoler le parcours, coupant la ligne d’arrivée avec un score vierge. Arrivé dans ses écuries en début d’année seulement, son fils du génial Baltic VDL, né Bears, a été propulsé dans une nouvelle dimension ces dernières semaines et affronte son premier grand championnat comme s’il avait fait cela toute sa vie. 

McLain Ward et le surpuissant Ilex ont contribué à la médaille d'argent des Etats-Unis. © Benjamin Clark / FEI

Après ce second clear round, la médaille était assurée pour les cavaliers américains. Restait à déterminer la couleur du métal. Bronze, argent ou or ? Provisoirement en argent après un parcours à trois points arraché à la sueur du front de Simon Delestre sur le très démonstratif I Amelusina R 51, et une démonstration absolument magistrale du remplaçant des Bleus, Olivier Perreau et sa Dorai d’Aiguilly, Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre devaient boucler leur parcours sans renverser de barre pour sécuriser la deuxième place et, pourquoi pas, rêver d’or avant le passage des Britanniques. Aérienne et à l’aise, la Selle Français Originel née chez Perrine Cateline et Sylvain Pitois semblait lancée vers une nouvelle prestation sans fausse note, jusqu’à ce que le public laisse échapper un cri de tristesse lorsque la barre de l’oxer numéro neuf a roulé à terre… Fort heureusement, le duo s’est défait des dernières difficultés du parcours sans problème, assurant le bronze aux Bleus… pour moins d’une demie seconde d’avance sur les Pays-Bas ! 

La démonstration signée Olivier Perreau et Dorai d'Aiguilly permet à la France de se parer de bronze à "ses" Jeux olympiques. © Benjamin Clark / FEI

Totalisant sept points, les Tricolores ont en effet terminé à égalité de points avec les Néerlandais. Comme le stipule le règlement, pas toujours très clair, de la finale par équipes des Jeux olympiques, les ex aequo au-delà de la première place sont départagés par le temps cumulé de leurs trois couples. Les Pays-Bas de Maikel van der Vleuten, Kim Emmen et Harrie Smolders, associés à Beauville, Imagine et Uricas vd Kattevennen, totalisaient 238’’69, contre… 238’’12 pour l’équipe de France ! Goût amer pour les Oranje qui, sans le point de temps concédé par Harrie Smolders et son fils d’Uriko, absolument épatant aujourd’hui, ou sans les deux secondes d’excès de Maikel van der Vleuten et Beauville auraient pu se parer de bronze…

Un point de temps en trop pour Harrie Smolders et son bondissant Uricas vd Kattevennen, très à son affaire aujourd'hui. © Scoopdyga

Finalement, quatre Selle Français, dont une Selle Français Originel, sont montés sur le podium collectif de ces Jeux olympiques, un pour chaque nation médaillée. Une belle réussite, à domicile, pour l’élevage hexagonal.



Déception pour certains favoris

Attendues dans la course aux médailles, l’Allemagne, l’équipe de l’année en Coupe des nations, la Suède, championne olympique à Tokyo, l’Irlande et la Belgique, qui misaient sur de très, très bons couples, ont fait les frais d’un parcours hautement délicat. Sans qu’il y ait de catastrophe pour ces escouades, l’accumulation de parcours à quatre voire huit points les a rapidement mises hors course pour une breloque. Pour la Suède, le coup est dur, d’autant plus après les fautes regrettables sur le numéro un de Rolf-Göran Bengtsson et Zuccero et sur la barre de spa pour Peder Fredricson et son vétéran Catch Me Not S. Côté germanique, le dernier double de verticaux a été fatal à Christian Kukuk et Checker 47, piégés par la sortie, et Richard Vogel et United Touch S, qui ont failli sur l’entrée. 

Le numéro un, fatal à Rolf Göran Bengtsson et son étalon Zuccero. © Scoopdyga

Malgré la déception de ces quatre trios, quelques individualités se sont détachées. Philipp Weishaupt et Zineday ont éclaboussé l’épreuve de leur talent, tandis que Daniel Coyle et Legacy ont semblé se prêter à une balade dominicale devant le château de Versailles. De très, très bon augure pour ces deux couples, à deux jours de la qualificative individuelle. 

Legacy en balade à Versailles. © Scoopdyga

Après deux parcours difficiles, Israël a jeté l’éponge, Daniel Bluman ayant préféré préserver son grand Ladriano, son équipe n’ayant plus rien à jouer avec trente-trois points en deux parcours. Le Mexique, lui, a vu son rêve s’envoler avant même le coup d’envoi de la finale. Remarquables jeudi, Carlos Hank Guerreiro et Porthos Maestro ont été contraints de déclarer forfait à quelques minutes de prendre le départ, pour des raisons vétérinaires. Le Mexique ayant déjà fait entrer ses réservistes, Federico Fernandez et Romeo, en jeu après qu’Andres Azcaraga et Contendros 2 ont été refusés à la première inspection, il ne lui restait aucune option pour s’aligner au départ de cette épreuve…

Les résultats complets.

Photo à la Une : Le podium par équipes des Jeux olympiques de Paris 2024. Dirk Caremans / Hippo Foto