Djibouti de Kerizac s'impose devant son compagnon d’écurie Dubaï du Cedre.
Sous l’égide de la FFE et non de la SHF comme les catégories des chevaux de 4, 5 et 6 ans, le Championnat de France des 7 ans s’affiche comme un championnat beaucoup plus simple à suivre car ici, les mâles et les femelles sont mélangés... et même les chevaux étrangers ont le droit de venir défier les Selle Français. On s’aperçoit d’ailleurs que les mesures mises en place pour décourager les investisseurs à acheter à l’étranger ont bien fonctionné, puisqu’un seul cheval issu d’un « autre studbook » faisait partie des vingt meilleurs à avoir le droit de repartir pour l’ultime manche, ou alors la qualité du Selle Français ne justifie pas les catégories différenciées dans les catégories plus jeunes. Cela dépend de l’orientation que l’on prend.
Sous la selle d’Allan Pacha, le SBS Hapilly du Seigneur (Conrad de Hus x Ogano Sitte) s’est d’ailleurs fait remarquer par ses grosses qualités mais encore un peu tendre, il aura pu se montrer un peu joueur dans cette ultime manche.
Une dernière manche d’autant plus difficile à appréhender pour les chevaux que le réaménagement du planning aura obligé les organisateurs à faire sauter les chevaux de cette catégorie trois jours d’affilée ! Une décision dictée par ce cas de force majeur et acceptée de tous car tout le monde était bien conscient que c’était déjà une chance pour tout le secteur de réussir à organiser un tel événement dans la crise que nous traversons actuellement... mais cela ne doit en aucun cas devenir une habitude.
On aura vu quelques chevaux plus éprouvés qu’à l’habitude, de nombreuses fautes et beaucoup de suspense... avec à la fin, les meilleurs devant.
Dès la première manche, le classement est chamboulé et les cartes redistribuées. Parmi les neuf derniers à s’élancer : aucun ne réussira le parcours sans pénalité ! Parmi les grosses surprises, Philippe Rozier avec son étalon BWP tout fraichement approuvé au Selle Français Night Light van’t Ruytershof (Gemini x For Pleasure), premier fils d’un clone admis en France issu de la souche de la désormais célèbre Carthina Z. Grosse incompréhension dès le numéro un et le couple manque complètement sa finale. Leader au provisoire, Baptiste Bohren commet une faute et recule à la 4e position avec Dagada des Grevis (Cardento x Heartbreaker).
La seconde manche réservera, elle aussi, son lot de surprises. Les chevaux sont fatigués et les fautes vont pleuvoir d’autant que la pression du championnat va jouer une nouvelle fois. Après un magnifique premier tour qui l’avait fait remonter à la troisième place provisoire, Jean Le Monze manque son objectif et une faute le relèguera avec Darius de Kerglenn (Mylord Carthago x Diamant de Sémilly). L’histoire aurait pu être belle puisqu’en 2013, le breton avait remporté ce championnat avec Shana de Kerglenn qui n’est autre que la mère de Darius !
Avec un beau sans-faute dans cette seconde manche après une faute dans la première, Robin Le Squeren réussit à grimper sur la troisième marche du podium avec Dorado de Riverland (Untouchable M x Argentinus) qui confirme, après avoir déjà remporté le titre de Champion de France des 5 ans mâle.
Seule cavalière toujours présente avec trois chevaux parmi les vingt, alors qu’elle en avait quatre lors de la première manche, Margaux Rocuet est passée un peu plus tôt avec son Djibouti de Kerizac (Quaprice Bois Margot x Le Tot de Sémilly), et réalise le premier double sans-faute de cette finale !
Il n’y en aura finalement pas d’autres car la jeune Bretonne revient en piste avec son dernier élève, Dubai du Cedre (Baloubet du Rouet x Diamant de Sémilly), frère utérin de l’étalon Estoril du Cedre qui fait la monte aux Pays-Bas et issu d’une propre sœur du crack Quickly de Kreisker mais également de Kouros d’Helby et Javelot d’Helby entre autres. L’amazone est déjà assurée de la victoire... reste à savoir avec quel cheval... mais le suspense tournera court car une faute viendra laisser s’échapper les espoirs de l’entourage de l’alezane, qui permet néanmoins à la jeune cavalière de réaliser le doublé puisqu’elle prend la seconde place juste derrière son compagnon d’écurie Djibouti de Kerizac.
Encore une grande semaine réussie pour Bruno Rocuet qui décroche un titre de Championne des 5 ans ainsi qu’un doublé dans les 7 ans avec sa fille comme cavalière, excusez du peu ! "Je pense que la Championne des 5 ans a la même qualité que Djibouti. Je l’ai achetée à 4 ans et je l’ai confiée à Alexandre Bosc qui monte chez moi quelques chevaux de propriétaires. Les sans-faute se sont enchaînés de manière incroyable. C’est vrai que j’entends souvent dire qu’il y a peu de boutiques où l’on donne sa chance à un jeune comme chez moi mais pour moi, cela n’avait aucun sens de la confier à Margaux pour la finale ; il a fait tout le travail durant 6 mois, il est tout à fait logique qu’on lui laisse pour la Grande Semaine. Il a assuré et j’étais vraiment content pour lui avant tout ! C’est un luxe que j’ai d’avoir des propriétaires comme Mario Zindel, qui en est co-propriétaire comme de Djibouti, qui me font confiance. On a eu la chance de tellement gagner que l’on peut se permettre de se projeter. Il y a des gens qui viennent ici à Fontainebleau comme si c’était leur championnat du monde ; nous, on l’envisage comme une étape. Depuis trois ans, nous avons la chance de pouvoir compter sur Mario et Denise. Ce sont des gens qui apprécient Margaux, qui aiment le sport. Ils ont investi dans plusieurs chevaux de l’écurie et ce que nous pouvons faire aujourd’hui, c’est grâce à eux car le téléphone n’arrête pas de sonner pour Djibouti et sans lui, je ne pourrais pas refuser de telles offres. Je viens d’ailleurs de racheter ses frères d’un et deux ans. Souvent les Quaprice sont des chevaux excentriques mais lui, il a ce côté Le Tot de Sémilly qui donne une mentalité parfaite. Il a fait sa formation avec Valentin Besnard en bride avec une équitation assez masculine, très fermée. Depuis 6 mois, Margaux le monte sans bride avec la tête plus haute et il s’est bien adapté. Il ne veut que bien faire et ce qui est comique, c’est qu’il ne sait pas qu’il est aussi bon ! Il fait son job, il sort et mange son herbe comme si de rien n’était. Il n’a aucun stress avec ça. Ce n’est pas un cheval rapide alors évidement ici, avec la chasse, il fallait qu’il remonte ce handicap. On a vu beaucoup de casse mais je pense que la seconde manche était trop facile et a permis à des chevaux sans moyen de passer en finale. Aujourd’hui, je suis heureux car nous avons beau avoir gagné plein de championnats, il y a des chevaux avec lesquels nous avons gagné ... je ne dis pas que c’était des hold up... mais on n’y croyait pas toujours avant. Par contre, celui-là, dès le début, on a vu qu’il avait un truc." réagira Bruno Rocuet
Sa fille était tout aussi heureuse après son doublé : « Djibouti est un très grand cheval que j’ai parfois encore un peu de mal à gérer. Nous savions que la chasse serait le plus difficile pour nous ; j’étais concentrée et je pense que c’était notre meilleur parcours de l’année... même si nous avons fini assez loin, mais sa régularité à aligner les sans-faute nous a ramené jusqu’à la victoire. Le programme a été un peu modifié et trois parcours à faire en trois jours, c’est vraiment éprouvant. Dubai du Cèdre, qui appartient à ses naisseurs, était en tête et termine seconde du Championnat. C’est une incroyable guerrière avec un cœur aussi gros qu’elle et des moyens énormes. C’est une jument que j’apprécie particulièrement. Je ne suis pas déçue que ce soit l’un ou l’autre qui gagne mais j’étais vraiment partie pour faire un beau sans-faute dans la deuxième manche et malheureusement, la fatigue a joué alors que Djibouti ne s’est même pas rendu compte qu’il avait fait quatre parcours en trois jours ! Ça ne l’a pas inquiété. C’est un cheval qui ne peut pas laisser indifférent. On ne voit pas beaucoup de chevaux passer son dos comme lui. Il a une aisance au-dessus des obstacles qui fait qu’il ne se rend même pas compte de ce qu’il dégage. Il est plus mature cette année, il s’est endurci. Il montre aujourd’hui ses moyens et son incroyable respect des obstacles. Son seul défaut, c’est qu’il faut prendre le temps avec lui d’aborder les obstacles. Il est aujourd’hui encore un peu lent mais avec l’entrainement et le travail, cela va s’améliorer. Il a une tête en or et rien ne le dérange : la pluie ou le soleil, c’est pareil. Cette victoire aujourd’hui a une saveur particulière car j’ai remporté le Championnat de France des 5 ans avec Dana de Kerglenn (Mylord Carthago) en 2018, celui des 6 ans avec Dadja de Moricerie en 2019 et aujourd’hui celui des 7 ans avec Djibouti de Kerizac ! Secrètement en moi, j’avais envie de réussir ce challenge avec cette même génération... sans savoir avec lequel », avouera Margaux Rocuet.
Le temps aura finalement été clément durant cette finale... sauf pour les hommes de piste qui auront dû monter la seconde manche sous une très belle averse... et la remise des prix bien arrosée ! Pour le reste, la quasi-totalité des concurrents a pu rester au sec !