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Donatello d’Auge, Point Break et Visconti du Telman offrent une place sur le podium de la finale de Bâle à Julien Epaillard, Ben Maher et Kevin Staut

La joie de Julien Epaillard, lauréat de son premier grand titre international avec son produit maison, Donatello d’Auge.
dimanche 6 avril 2025 Mélina Massias

D’entrée de jeu, Julien Epaillard et Donatello d’Auge avaient pris les commandes de la finale de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles de Bâle. Stratège, le Normand a même épargné un parcours à son cheval, quitte à ne pas accroître son avance sur ses poursuivants. Ce choix a finalement été salvateur et a permis au duo tricolore de devenir le deuxième à brandir le trophée de ce championnat indoor. Au terme de deux parcours palpitants, où les fautes ont coûté cher, le numéro quatorze mondial et son produit maison ont supplanté Ben Maher et le remarquable Point Break, ainsi que Kevin Staut et sa fidèle Visconti du Telman. Trois couples aux destins singuliers pour un podium mérité.

La dernière, et, jusqu’alors, seule victoire française en finale de la Coupe du monde remontait à 2004. Bruno Broucqsault et son Dilème de Cèphe étaient alors montés sur la plus haute marche du podium. Vingt et un ans plus tard, Julien Epaillard et son Selle Français Originel Donatello d’Auge en ont fait de même, dimanche 6 avril, à Bâle, face à des tribunes combles et bruyantes lorsqu’il le fallait. Historique, cette victoire “sang pour sang” tricolore est aussi un bel hommage à l’élevage français, et au regretté Jarnac, père de Donatello disparu le 19 mars dernier. Sur le podium, le hongre bai était entouré de deux autres excellentes montures, comme toutes celles ayant pris part à cette finale, Point Break et Visconti du Telman, dont les histoires respectives ne manquent pas de charme non plus. 

Un scénario qui tient ses promesses

Gérard Lachat avait concocté deux parcours pour l’ultime journée de compétition à Bâle, au cœur de la Halle Saint-Jacque. Tous deux plutôt longs, composés de deux combinaisons chacun et respectivement seize et quinze efforts, ont permis d’offrir un scénario plein de suspense au public. D’entrée, le premier parcours a semblé abordable, avec plusieurs clear rounds bien sentis de la part d’outsiders, dont les attachantes Bronwyn Meredith Dos Santos et Bibisi, ou encore Kaitlin Campbell et le plaisant Castlefield Cornelious. Daniel Coyle en a fait de même avec Incredible, lui permettant une jolie remontée au classement général après s’être employé lors de ses deux prestations. D’autres très bonnes cartouches, et même les favoris, ont tenu bon dans la première des deux manches de la finale, là où d'autres ont pris du retard et vu leurs chances de podium s’éloigner à grands pas. Ce fut le cas pour Martin Fuchs, bien malheureux sur le dernier oxer du premier tracé avec son agile Hay El Desta Ali, alias Leone Jei. Alors que ses fans étaient prêts à dégainer leurs drapeaux, le duo n’a pu éviter de renverser le second plan de l’obstacle… Malheureusement, il n’en a pas été mieux lors du second acte, puisque la paire a alourdi son score de huit unités, pour terminer au neuvième rang. 

Si régulier dans les grands rendez-vous, Max Kühner devra encore patienter. L’Autrichien est dixième, après deux prestations sanctionnées d’une faute sur Elektric Blue P. Et les fautes ont coûté cher, très cher dans cette finale indoor. Lillie Keenan, qui tenait, potentiellement, une place sur le podium, a vu tous ses rêves s’effondrer en seconde manche, après qu’elle a essuyé douze points sur son étalon Kick On. Réconfortée par McLain Ward en sortie de piste, l’amazone saura, à n’en pas douter, rebondir. En signant, tour à tour, un sans-faute en seconde manche, les amoureux Sophie Hinners et Richard Vogel regretteront doublement d’avoir péché en première manche avec Iron Dames*My Prins van de Dorperheide et United Touch S. Cinq et sixièmes, les deux Allemands auraient pu prétendre à quelques rangs de mieux, mais auront certainement de bons motifs de satisfaction ce soir. Willem Greve, lui, a laissé filer la cinquième place pour… cinq centièmes, échappé en cours de route avec son très démonstratif Grandorado, qui disputait enfin son premier grand championnat international. En quête d’un triplé, Henrik von Eckermann a manqué de chance avec une Iliana au passage de dos spectaculaire. Avec deux fois quatre points, le numéro un mondial reste au quatrième rang, si proche d’un nouvel exploit. Dans cette dernière épreuve, un seul et unique double zéro aura été enregistré. Il est à mettre au crédit de Katherine A. Dinan et Out of The Blue SCF. Accusant déjà un peu trop de retard pour batailler pour le Top 3, l’Américaine, ancienne complice du Selle Français Nougat du Vallet, a impressionné sur sa fille de Verdi et conclut sa sixième finale de la Coupe du monde à une honorable huitième place, pleine d’espoirs pour l’avenir.

Mais, finalement, se sont Visconti du Telman, Point Break et Donatello d’Auge qui ont le mieux tenu le choc sur la durée, signant d’abord un sans-faute puis une prestation à quatre points. De quoi mettre les nerfs du public à rude épreuve et garantir une fin pleine de suspense. Les montures de Kevin Staut, Ben Maher et Julien Epaillard leur ont offert un bien beau podium, récompense, pour tous trois, de longues années d’association avec leurs complices respectifs.



Trois belles histoires

Chacun des trois couples qui composent le podium de cette finale de la Coupe du monde 2025 a écrit une ligne supplémentaire à une histoire déjà singulière. Visconti du Telman, seize ans, s’est vengée après une erreur de parcours l’ayant éliminée un an plus tôt à Riyad. Surtout, la fille de Toulon, déjà douzième à Omaha en 2023, a offert un magnifique cadeau à sa naisseuse et propriétaire, Françoise Sanguinetti, présente sur place pour assister à ce moment plein d’émotions. Née en Vendée en mai 2009, l’attachante baie a traversé bien des épreuves, tantôt drôles, tantôt inquiétantes, avant de toucher au Graal. Confiée à Kevin Staut depuis 2019, après avoir été formée par Reynald Angot, Visconti du Telman a mis des étoiles dans les yeux de toute son équipe. “Je suis juste très heureux avec cette troisième place, à titre personnel, pour mon équipe, mais aussi pour les sports équestres en général”, a réagi Kevin Staut en conférence de presse. “Notre sport n’est pas seulement génial, mais formidable lorsqu’il se déroule comme aujourd’hui. Nous avons un magnifique vainqueur, qui, en plus, est français ! Nous devons être fiers de ce que nous avons montré avec cette finale. Nos chevaux étaient fatigués, mais se battaient pour nous. Visconti a seize ans, mais elle continue de progresser. Elle est le meilleur exemple de ce que peuvent accomplir les chevaux. Alors, merci aux organisateurs, aux chefs de piste, aux sponsors, qui rendent ces concours possibles, mais aussi à tous les athlètes.”

Depuis plusieurs mois, Point Break s’affirme, lui, comme le nouveau crack de Ben Maher. Pourtant, l’étalon de onze ans évolue à ses côtés depuis cinq saisons déjà. Dans sa vie, le styliste fils d’Action Breaker n’a connu que deux cavaliers en compétition : Ben Maher, triple champion olympique, et Anders Lagergreen, représentant suédois aux… douze apparitions sur la scène internationale ! Il faut dire que le Scandinave est, avant tout, gérant d’un centre équestre dans son pays. En parallèle de cette activité, il élève quelques chevaux, et pas des moindres, puisqu’il a fait naître l’exceptionnel Point Break. Ce soir, on ne peut qu’imaginer la joie et la fierté qui doivent l'enivrer, après que son protégé a manqué les Jeux olympiques de Paris l’été dernier, en raison d’un manque d’expérience. Désormais, le SWB est prêt à affronter les épreuves les plus difficiles de la planète équestre. “Il est toujours difficile d’être si proche du but et de ne pas gagner… Bravo à Julien. Gagner le premier jour et conserver la tête jusqu’au bout est difficile, et il n’est pas plus aisé de devancer Julien ! J’ai commis une erreur d’équitation vendredi et je n’ai pas assez bien monté. Point Break était fatigué lors du dernier tour aujourd’hui, mais il m’a tout donné. Il a concédé une touchette, et c’était trop pour espérer l’emporter, mais je suis très fier de lui”, a confié le Britannique, qui montait… avec une fracture au pied ! Boitillant dans les allées du concours, Ben Maher s’est montré impassible en selle et aura certainement à cœur de prendre sa revanche le plus vite possible, cette fois en étant à cent pourcents de ses capacités. 

Donatello d’Auge, lui, n’est plus à présenter, pas plus que son histoire. Élevé par Susana García Cereceda Epaillard, l’épouse de Julien Epaillard, passé aux rênes d’Edgar Paillousse, Hugo Paris, Severin Sigaud et sa naisseuse avant de rejoindre son pilote actuel en 2022 seulement, le fils du regretté Jarnac a collectionné les succès au plus haut niveau ces dernières saisons. Parfois dans l’ombre de Dubaï du Cèdre, désormais sous couleurs allemandes, le Selle Français Originel, petit-fils de Hello Pierville, est entré dans la lumière en offrant à Julien Epaillard son premier titre en grand championnat. En quatre finales de la Coupe du monde Longines, le Normand n’a fait qu’améliorer son rang, jusqu’à triompher et succéder à Bruno Broucqsault et Dilème de Cèphe, vingt et un ans plus tard. “Je vais peut-être acheter un appartement à Bâle !”, s’est amusé l’heureux champion après sa victoire, faisant référence à son premier succès sur cette piste, acquis en janvier, lors du Grand Prix Coupe du monde, qualificatif pour cette finale. “Mon cheval a super bien sauté toute la semaine, comme il l’avait fait lors de l’étape de la saison régulière en début d’année. Le sol est très bon et je crois que Donatello se sent bien dessus. J’ai essayé d’établir le meilleur plan possible pour cette finale, afin que mon cheval arrive à cent pourcents. Cela ne fonctionne pas toujours, mais cela a été le cas cette fois ! Comme tous les chevaux, Donatello était un peu fatigué. La semaine a été longue, il y avait beaucoup de pression et des parcours conséquents à affronter. Je connais très bien Donatello : il a une super mentalité et essaye toujours de m’aider. Son expérience et sa technique lui permettent de sauter facilement, sans consentir trop d’efforts. Je crois que cela a été un avantage aujourd’hui. Pour mon cœur, je n’ai pas envie de ressentir un telle pression toutes les semaines ! Mais c’est quelque chose que l’on apprend à aimer, qui est positif et on doit toujours ne faire qu’une avec les chevaux.” S’il avait déjà l’étoffe d’un excellent compétiteur, Donatello d’Auge, est, cette fois, entré à jamais dans l’histoire, tout comme son cavalier.

Le classement général complet.

Photo à la Une : La joie de Julien Epaillard, lauréat de son premier grand titre international avec son produit maison, Donatello d’Auge. © Mélina Massias

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