Du mouvement dans les écuries Karlswood, dans un sens comme dans l’autre, deux pertes majeures pour l’équipe espagnole de saut d’obstacles, un nouveau visage à la tête de la Suisse, une jeune pépite française pour Steve Guerdat, de nouvelles recrues de choix pour Pieter Clemens… Décidément, l’actualité ne prend jamais de pause ! Studforlife fait le point sur le mercato des dernières semaines et sur quelques infos marquantes.
Depuis la mi-septembre, Do It Easy et Tabasco de Toxandria, un temps appelés Donegal et Lahinch, ont retrouvé leurs noms de naissance, que leur avaient donnés Éric Geneste et Werner Dierckx, leurs éleveurs respectifs. S’ils apparaissent toujours comme propriété de Coolmore Showjumping sur la base de données de la Fédération équestres internationales (FEI), ces deux excellentes montures semblent avoir quitté les écuries Karlswood de Cian O’Connor et ses élèves, puisqu’ils sont tous deux engagés ce week-end avec… Kendra Claricia Brinkop, leur ancienne cavalière ! Pour rappel, l’aîné des deux, qui occupait une place particulière dans le cœur de la talentueuse allemande, ancienne disciple de Marcus Ehning, avait explosé à haut niveau à la fin du printemps 2022. Vainqueur d’un Grand Prix 2* en avril, huitième de l’épreuve reine d’un CSI 4* en mai, auteur de deux bons parcours (4+8) dans sa première Coupe des nations CSIO 5* à Knokke, lauréat d’une épreuve à 1,55m puis troisième du Grand Prix du CSI 5* de Bruxelles en août, le fils du regretté Vigo Cécé avait logiquement tapé dans l'œil de Cian O’Connor. Monté par Tom puis Max Wachmann jusqu’à 1,45 et 1,50m à partir de début 2023, le bai a effectué trois parcours au CSIO 5* de Dublin avec leur entraîneur, obtenant une deuxième place lors de son dernier parcours, à 1,50m.
Tout comme Tabasco de Toxandria, avec qui Kendra Claricia Brinkop avait notamment remporté avec classe la finale du CSI 1* YH de Dinard en 2022, quelques semaines avant de le voir filer vers l’Irlande, Do It Easy est engagé à Oliva, pour le retour du traditionnel Mediterranean Equestrian Tour (MET). Fils de Thunder van de Zuuthoeve, le Zangersheide de huit ans, qui n’a disputé qu’une poignée de compétitions internationales avec Max Wachman et Tobias Kuhlage en 2023, a rapidement retrouvé ses marques avec son ancienne amazone, en signant deux sans-faute, à 1,35 et 1,40m le week-end dernier. Do It Easy est quant à lui entré en jeu jeudi 12 octobre, sur un parcours à 1,40m, bouclé sans pénalité aux obstacles. Si ces deux retours se confirment sur la durée, ils pourraient conférer à la jeune et ambitieuse Allemande un sacré un atout pour les mois à venir, elle qui compte déjà plusieurs cartouches pour évoluer au plus haut niveau.
Abdel Saïd et Samuel Hutton cèdent les rênes de deux de leurs meilleurs complices
Casablanca-H, brillante troisième du Grand Prix CSIO 5* de Dublin sous la selle du Britannique Samuel Hutton et Clown of Picobello, l’un des grands espoirs du Belge Abdel Saïd, évoluent désormais sous bannière irlandaise. Tous deux ont fait connaissance avec Cian O’Connor à Grimaud, où était organisé un CSI 3* début octobre. Âgée de treize ans, la fille de Conteur a disputé deux parcours à 1,45m dans le Sud de la France. Très préservée dans ses jeunes années, la Hanovrienne, formée par Hans-Jörn Ottens, Tobias Meyer et Rafael Eden sur la scène internationale à partir de 2021, a découvert le niveau 5* à partir d’avril 2022. Lors de l’Officiel d’Irlande, cette jument moderne et pleine d’énergie disputait seulement son deuxième Grand Prix 5*. Compte tenu de son résultat, l’avenir devrait lui réserver de belles choses.
Quant à Clown of Picobello, neuf ans seulement, Abdel Saïd en parlait avec beaucoup d’admiration et de respect un peu plus tôt cette année. “Clown est un vrai personnage. Je l’ai vu en concours lorsqu’il avait sept ans et je suis tombé amoureux de lui. Il sautait de façon spectaculaire. Si l’on regarde ses résultats, je pense qu’il a un taux de sans-faute qui avoisine les 90%. C’est un cheval sensible et au caractère plutôt timide. Mais une fois en piste, il a un cœur immense. Il a un très grand potentiel”, disait-il il y a quelques mois. Après avoir commencé sa carrière internationale avec Pietro Lazzaro puis Loewie Joppen, ce descendant de Cardento avait rejoint Abdel Saïd en fin d’année 2021. Ensemble, le duo a pris son temps et a disputé son premier Grand Prix 5* à Windsor, en mai. Un peu moins de mois plus tard, les deux complices se classaient deuxième de l’épreuve reine d’un CSI 4* à Valkenswaard. Avec l’arrivée de ces deux nouvelles montures, désormais propriété de Ronnoco Jump et Pat Crean, selon la FEI, l’équipe de Karlswood comble les départs supposés de Do It Easy et Tabasco de Toxandria, et avéré de l’excellent étalon Checkter, qui fait désormais le bonheur de la jeune Britannique Keira Stoute, tout comme le Selle Français Festival du Banney.
Enfin, Cian O’Connor s’est également réjoui de l’arrivée de Highland President au sein de ses écuries, jeudi 12 octobre. Le bai de onze ans s’était fait une place des derniers mois au sein de l’équipe irlandaise de saut d’obstacles, sous la selle de Trevor Breen. Présent à Milan et Barcelone, le fils de Clinton et petit-fils de Kannan né chez Heather Black, la mère de Caroline, l’épouse de Trevor, qui en était toujours propriétaire, n’a pas laissé Cian O’Connor indifférent. Toute sa carrière, le KWPN a évolué avec Trevor Breen, qui l’a conduit avec patience jusqu’au plus haut niveau. “Cela a été un privilège pour nous de faire naître et former Archie. Il est extrêmement intelligent et toujours prêt à apprendre et à se battre comme un lion en piste. Caroline et moi avons été les deux personnes principales à le monter à la maison toute sa vie et j’ai été le seul à concourir avec lui. L’avoir mené à ce niveau est une fierté pour nous”, s’est ému Trevor Breen. “[...] Nous avons vécu une aventure fantastique ensemble, à gravir les échelons, jusqu’à obtenir plusieurs Top 5 en Grands Prix 5* et une médaille d’argent par équipe aux championnats d’Europe.” À Dublin, Riesenbeck ou La Corogne, ce discret mais très régulier bai a brillé, se classant cinq, quatre et cinquième des épreuves reines. Gageons qu’il continue à en faire de même avec son nouveau pilote. “Nous sommes très excités d’accueillir Highland President à Karlswood. Un grand merci à son nouveau propriétaire, Pat Crean, de m’offrir cette incroyable opportunité”, a écrit Cian O’Connor sur ses réseaux sociaux.
Steve Guerdat renouvelle sa confiance à l’élevage français
Mi-septembre, deux semaines après son titre de champion d’Europe, obtenu aux rênes de la fantastique Selle Français Dynamix de Bélhème, fleuron de l’élevage de la famille Aimez, Steve Guerdat présentait en compétition une autre représentante du stud-book Selle Français ! À Samorin, le Suisse a en effet fait ses débuts avec Girlstar des Baleines, une fille du champion olympique Big Star, né What a Quick Star R, et Atoucha van’t Zorgvliet, une descendante du génial Heartbreaker. Cette bouillonnante baie de sept ans évoluait jusqu’alors sous la selle de Roger-Yves Bost et s’était illustrée cet été, en remportant d’abord la finale réservée aux chevaux de son âge sur la magnifique piste de Chantilly Classic, avant de signer deux nouvelles performances remarquées à Dinard. Lui aussi présent en Bretagne, Steve Guerdat a repéré cette jeune pépite et en a fait l’acquisition quelques jours plus tard, selon les informations de la FEI. “Le courage et le respect des barres sont sans doute ses plus grandes qualités. Je pense qu’elle sera en mesure de gagner des épreuves à 1,50m, pour le reste, seul le temps nous le dira. Elle a beaucoup de puissance et un fort coup de jarret, mais il faut qu’elle se détende et que l’on prenne le temps avec elle. Elle a énormément de sang, d’énergie et est très volontaire”, disait à son sujet son désormais ancien cavalier.
Avec cette nouvelle acquisition, Steve Guerdat, qui a également pris les rênes de Falcao de Beaufour, succédant à Pénélope Leprevost en août dernier, renouvelle son amour à l’élevage Français. Outre sa star Dynamix et ces deux jeunes espoirs, l’ancien numéro un mondial et champion olympique à Londres en 2012 compte également sur le très régulier Venard de Cerisy, lauréat de quelques beaux Grands Prix et surtout pilier de l’escouade helvète en Coupes des nations, Double Jeu d’Honvault ou encore Easy Star de Talma. “Je ne cherche pas à tout prix un cheval français, mais ils finissent souvent par me convenir. Je n’ai pas d’explications. [...] Je crois aussi que je n’aime pas les chevaux ennuyeux, qui font les choses parce qu’on leur a appris à les faire. Ils le font très bien, mais j’aime les chevaux qui ont un peu de caractère. Les Selle Français ont souvent un peu de personnalité”, disait-il notamment en décembre 2022 pour justifier sa très grande réussite avec les Selle Français, qui ne semble pas près de s’arrêter.
Pieter Clemens garnit son piquet
Après avoir fait le bonheur de Kent Farrington, Marlon Modolo Zanotelli, Steve Guerdat, Darragh Kenny, René Dittmer, Kevin Jochems et Lars Kersten, le sensible mais non moins génial Emmerton a trouvé un nouveau cavalier. Comme ses voisins d’écurie, tous propriété de SHL Farm, le brillant bai a intégré l’effectif du Belge Pieter Clemens depuis quelques semaines. S’il n’a jamais remporté d’épreuve internationale, le hongre KWPN de quatorze ans a amassé de très bons classements jusqu’en Grands Prix 5* et autres étapes de la Coupe du monde Longines, notamment sous la selle de ses deux précédents cavaliers néerlandais. Avec Pieter Clemens, il disputera son premier 5* à Oslo ce week-end, en ouverture de la saison indoor en Europe. Absent des terrains de compétition depuis juin dernier et la chute de son cavalier dans la première manche de la Coupe des nations du CHIO 5* d’Aix-la-Chapelle, le fils de Silvio I a repris le chemin des concours la fin du mois d’août, au niveau 2 et 3*. En Norvège, Emmerton sera accompagné par la toute bonne Quatinka ainsi que la styliste Big Beauty, qui ont aussi intégré son piquet de chevaux fin août. La première a déjà fait ses preuves en s’imposant jusqu’à 1,50m à Charjah avec Kevin Jochems, en plus de quelques classements à 1,60m, tandis que la seconde, âgée de seulement neuf ans, est en pleine formation et a réussi un prometteur double zéro pour son premier parcours à 1,50m, cet été à Aix-la-Chapelle. Avec ses renforts de taille, Pieter Clemens, qui avait perdu les rênes de sa jument de tête, Hulde G, en début d’année - au profit de Willem Greve, Kevin Jochems et désormais Robert Murphy -, va pouvoir regoûter au très haut niveau. De son côté, Lars Kersten, en plein boom ces derniers mois, va devoir trouver la relève et des soutiens pour sa toute bonne Hallilea, produit maison et désormais numéro un de son écurie.
Lara Tryba pose ses valises en Belgique
Le 17 septembre dernier, la cavalière française Lara Tryba, qui évolue régulièrement en CSI 3 et 4* et a déjà découvert les joies du niveau 5*, notamment grâce à son cheval de tête, Die Hard of Roses, a annoncé prendre un nouveau départ. “Une page se tourne… C’est avec le cœur lourd et beaucoup d’émotions que je quitte aujourd’hui les écuries familiales de Jean Michel Gaspard pour m’installer en Belgique aux côtés de Marlon Zanotelli ! Il est temps pour moi de commencer une nouvelle aventure et de découvrir de nouvelles choses afin de progresser davantage dans ma pratique de ce sport. Je ne remercierai jamais assez Jean Michel et toute la famille Gaspard pour tout ce qu’ils ont pu faire pour moi, ma famille et mes chevaux tout au long de ces dix-sept années. Merci d’avoir été aussi présents, de m’avoir tout appris et de m’avoir permis d’en arriver jusqu’ici. Notre collaboration ne s’arrête pas là puisque nos jeunes chevaux restent dans leurs écuries !”, a écrit la jeune femme sur ses réseaux sociaux. Présente à Grimaud la semaine dernière, l’amazone sera de nouveau en piste ce week-end, aux côtés de sa nouvelle équipe. Grâce à l’expérience et à la pédagogie d’Angelica Augustsson-Zanotelli et de son époux, Marlon Modolo Zanotelli, nul doute que la Tricolore de vingt-cinq, ancienne cavalière de Cattleya Plassay, va pouvoir poursuivre sereinement sa progression vers les sommets.
L’Espagne perd deux cartouches pour Paris
Alors qu’elle a obtenu sa qualification olympique pour les Jeux de Paris lors des Européens de Milan, l’équipe espagnole de saut d’obstacles a vu deux de ses meilleurs chevaux s’envoler pour de nouvelles aventures. Tout d’abord, Jarlin de Torres, fidèle partenaire de Manuel Fernandez Saro et jusqu’alors toujours propriété de ses naisseurs, a rejoint les écuries Al Shira’aa, comme l’a révélé WorldofShowjumping fin septembre. “Sentiment partagé ce week-end, alors que nous avons caressé, embrassé et dit au revoir au personnage principal de l’écurie, Jarlin de Torres, qui est parti pour sa nouvelle maison. Cela a été une sacrée aventure ces cinq dernières années, de dompter cet élève brillant, un peu sauvage et dégingandé jusqu’à disputer trois championnats ensemble et aider l’équipe espagnole à se qualifier pour Paris 2024. [...] Bonne chance Jarlin, tu vas nous manquer”, a écrit l’ancien cavalier du fils de Jarnac sur ses réseaux sociaux, le 24 septembre dernier.
Autre pilier de l’escouade hispanique ces dernières années, le Selle Français Bentley de Sury a trouvé un point de chute à Monaco, chez la jeune Anastasia Nielsen, fraîchement sacrée championne d’Europe Junior en juillet dernier. Sous la selle d’Eduardo Alvarez Aznar, le fils de Sunday de Riverland s’est classé au plus haut niveau, comme à Miami en mars dernier, et a porté les couleurs de l’Espagne, dans la Coupe des nations de Dublin (0+0) en août, aux Européens de Milan quelques semaines plus tard, ou encore aux Mondiaux de Herning en 2022.
Le successeur de Michel Sorg est connu
À Barcelone, Michel Sorg a vécu sa dernière Coupe des nations en tant que chef d’équipe du collectif suisse. S’il lui reste encore quelques mois avant d’endosser ses nouvelles fonctions, le futur Directeur de la Fédération suisse des sports équestres (FSSE), cette dernière a trouvé son successeur. En effet, dès le 1er janvier prochain, Peter van der Waaij, actuel assistant de Jos Lansink, à la tête de l’équipe néerlandaise de saut d’obstacles, prendra le relais. “J’ai déjà rencontré bon nombre de membres de l’équipe suisse ces dernières années lors des concours internationaux et j’ai suivi leurs résultats. Il est important pour moi d’apprendre à mieux connaître encore la scène équestre nationale en Suisse. C’est pourquoi je serai régulièrement présent ici afin de pouvoir entretenir des contacts personnels avec les organisateurs et les athlètes. Je me réjouis beaucoup de travailler avec l’équipe suisse qui fait partie des meilleures du monde, tout en étant conscient de la grande responsabilité que cette tâche implique. Je suis convaincu qu’ensemble, en tant qu’équipe, nous représenterons la Suisse au plus haut niveau mondial avec les cavalières et les cavaliers, leurs chevaux, tout le staff, les propriétaires et les grooms”, a déclaré le Hollandais dans un communiqué de la FSSE. Comme Michel Sorg, Peter van der Waaij, vingt-neuf ans, est un ancien journaliste et speaker. En plus de ses engagements auprès des Oranje, il dirige avec son épouse une écurie de formation de commerce de chevaux de saut d’obstacles sur ses terres natales. La FSSE précise que Thomas Fuchs et Daniel Etter conserveront leurs rôles respectifs, à savoir coach et chef d’équipe assistant.
Lamaze et Kocher suspendus par la Fédération équestre internationale
Nouvel épisode dans l’affaire Lamaze. Cette fois, la Fédération équestre internationale (FEI) a sévi. Estimant que le Canadien, champion olympique en 2008 avec Hickstead, né Opel, a “commis une violation du règlement antidopage en vertu de l’article 2.5 de l’ADRHA (le règlement antidopage pour les athlètes humains, ndlr), en raison de la présentation de documents médicaux fabriqués de toutes pièces dans le cadre d’une procédure en cours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS)”, l’instance a condamné le Canadien à une suspension de quatre ans, effective 12 septembre 2023 au 11 septembre 2027. “Conformément à l’article 8.3.2 de l’ADRHA, l’athlète a été réputé avoir renoncé à une audience, admis la violation et accepté les conséquences proposées parce qu’il n’a pas répondu à l’accusation”, poursuit le communiqué de la FEI. Eric Lamaze a aussi été sanctionné financièrement.
Concernant Andrew Kocher, suspendu dix ans par la FEI à la suite de révélations faites par GRANDPRIX, mettant en lumière que le cavalier américain avait eu recours à des éperons électriques en compétition, il purgera bien sa peine complète. Condamné en juin 2021, il avait fait appel de la décision auprès du TAS, espérant sans doute voir sa sanction réduite. Il n’en sera rien, et la FEI s’en réjouit. “Nous sommes extrêmement satisfaits de cette issue et du fait que les sanctions prononcées par le tribunal de la FEI, qui reflètent la gravité des infractions commises par M. Kocher, aient été confirmées par le TAS”, a réagi le directeur du service juridique de la FEI, Mikael Rentsch.
Photo à la Une : Kendra Claricia Brinkop et Do It Easy en 2022. Hippo Foto / Dirk Caremans