Tornesch n’est pas le seul étalon à avoir laissé un grand vide derrière lui cette semaine. Aktion Pur et First de Launay ont aussi tiré leur révérence. De son côté, Deuxcatsix d'Églefin a fait ses débuts avec sa nouvelle cavalière… britannique, tandis que Cashpaid J&F a retrouvé les terrains de compétitions sept mois après sa dernière apparition, que Jos Lansink a rendu les clefs de la sélection néerlandaise, que le grand Ladriano a officiellement pris sa retraite et que Géraldine Straumann a enrichi son piquet de chevaux.
À trente et un et vingt-six ans, First de Launay et Aktion Pur se sont envolés. Les deux étalons, complices de Florian Angot et Judy-Ann Melchior au plus haut niveau, sont décédés lundi 4 et mardi 5 novembre, ont annoncé leurs anciens cavaliers.
Membre de l’équipe de France de 2003 à 2008, le premier a profondément et durablement marqué la carrière de son dernier cavalier, Florian Angot, mais aussi tous les aficionados français. L’alezan a tiré sa révérence dans les Côtes-d’Armor, dans le département où il avait vu le jour, chez Jean-Luc et Yves Thouenon, un jour d’avril 1993. “C’est avec une immense tristesse que je vous annonce que First de Launay est parti rejoindre son entraîneur, Jean-Maurice Bonneau. First, tu as été mon fidèle partenaire, celui avec lequel j’ai eu l’honneur de participer aux Jeux olympiques et de découvrir les plus belles pistes du monde. Ensemble, nous avons partagé des moments inoubliables, relevé des défis et vécu des émotions gravées à jamais. Après une carrière remarquable, First a eu une retraite paisible et bien méritée en Bretagne, entouré de soins et d’affection. Il s’est éteint en douceur, laissant derrière lui une empreinte indélébile et des souvenirs précieux. Merci à toi, First, pour tout ce que tu m’as donné”, s’est ému Florian Angot sur ses réseaux sociaux. Parmi les plus belles performances du duo, leur victoire dans le Grand Prix 5* du salon du cheval de Paris, en 2006, il y a dix-huit ans jour pour jour, reste leur plus beau succès individuel. Les deux complices s’étaient également imposés sur cette même piste un an plus tôt, alors que le Grand Prix était doté de 4*, tout comme celui de Madrid, qu’ils avaient décroché en 2003. Cette année là avait aussi été marquée par leur participation à la première place de l’équipe de France dans la Coupe des nations de Dublin. Florian Angot et First de Launay avaient défendu les couleurs tricolores lors de quatre grands championnats, entre 2004 et 2007, participant consécutivement aux Jeux olympiques d’Athènes, aux championnats d’Europe de San Patrignano, aux Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle puis aux Européens de Mannheim, conclus à la neuvième place individuelle. Au mérite de sa régularité et de sa réussite sur les pistes de saut d’obstacles, le Selle Français Originel s’est vu récompensé d’un ISO 189 en 2004, non loin du record en la matière, toujours détenu par Thor des Chaînes, crédité d’un ISO 195 en 2000.
Formé par Thierry Lacour et Jean-François L’Hoste, First de Launay, fils de l’incontournable Pur-Sang Laudanum et de Jolie de Thurin (Quastor), a rapidement été acquis par les haras nationaux, en 1997. À l’élevage, il a laissé quelques deux-cent-dix-neuf produits répertoriés sur la base de données du SIRE, dont le dernier a été enregistré en 2013 et inscrit au stud-book Zangersheide malgré une origine entièrement bleu, blanc, rouge. Ses meilleurs représentants restent Ode des Roches, ISO 169, très bonne gagnante jusqu’à 1,35m avec Bernard Lefevre et excellente jument de vitesse du Brésilien Marlon Modolo Zanotelli jusqu’à 1,50m sur la scène internationale, et Lisney des Vallées, vu jusqu’à 1,60m, au niveau 3*, sous selle belge. Si sa production n’a pas été à la hauteur de sa carrière sportive, sa lignée maternelle, celle de Son Altesse, continue de briller sur les pistes internationales, notamment par l’intermédiaire de la grise Destinée de Vains, bondissante jument de l’Irlandais Mark McAulay, de Dubaï du Cèdre, dont le palmarès et les réussites ne sont plus à énumérer, ou encore par le regretté Quartz du Chanu, excellent étalon, pour ne citer qu’eux.
Protégé du haras Zangersheide, Aktion Pur était un fils d’ARS Vivendi et Parodie, une fille de l’exceptionnel père de mère Pilot. Enregistré au stud-book Westphalien, celui qui a été élevé par Josef Wierling s’est classé jusqu’en Grands Prix Coupe du monde, comme à Malines en 2008 ou Vigo en 2009, a terminé deuxième d’un Grand Prix 5* à Arezzo et a notamment été sélectionné pour les Coupes des nations des CSIO 5* de La Baule et Dublin. “Avec une grande tristesse, le haras Zangersheide fait ses adieux à Aktion Pur Z, vingt-six ans, décédé à Lanaken, mardi 5 novembre. Le superbe étalon bai a joué un rôle significatif dans la carrière sportive de Judy Ann Melchior. Encore à ce jour, tous deux restent l’un des rares couples à avoir été sans-faute dans tous les Grands Prix d’une saison du Global Champions Tour. La mémoire et l’héritage d’Aktion Pur Z continueront de perdurer à travers ses formidables poulains, qui sont chéris par les cavaliers et les éleveurs à travers le global. Merci pour tout, Aktion Pur Z. Tu auras toujours une place spéciale dans nos cœurs”, ont écrit les équipes du haras belge. Selon la base de données Horsetelex, le Westphalien dénombre moins de deux cents produits, dont les plus âgés sont nés en 2013 seulement. Mais parmi ceux-ci, dix-neuf d’entre eux évoluent déjà à 1,45m ou plus.
Deuxcatsix d'Églefin s’envole en Grande-Bretagne
Quelques jours avant sa victoire dans le Grand Prix 2* d’Equita Longines Lyon avec Fini l’Amour, Marie Pellegrin a annoncé la vente de son fidèle et talentueux étalon Deuxcatsix d’Eglefin. Grand espoir des rangs tricolores, le bai, qui aura touché le très haut niveau du sabot sous la selle de Benoît Cernin, défendra désormais l’Union Jack. “C’est avec le cœur serré que nous souhaitons la plus belle des vies et une carrière remplie de succès à Deuxcatsix d'Églefin, Dude pour les intimes, et sa nouvelle cavalière Sophie Evans. Heureuse de savoir qu’il sera aimé et entouré comme il le mérite par la merveilleuse équipe de la famille Evans”, a commenté la Française.
Fils du regretté Vigo Cécé et d’Unecume d’Eglefin (Bamako de Muze), l’étalon de onze ans a évolué jusqu’en Grand Prix 5* avec Marie Pellegrin, après avoir été formé par Julien Alvarez, Jérémie Rolland, Marie Pellegrin et Johannes Farce, le puissant Selle Français né chez Claudine Digard et Luc Patey a pris part à ses premières épreuves majeures aux côtés de Benoît Cernin, avec lequel il s’est notamment classé troisième du Grand Prix 4* de Bourg-en-Bresse en 2022. De retour sous la selle de sa propriétaire début 2023, Deuxcatsix d'Églefin a défendu les couleurs du Coq lors de plusieurs CSIO 3 et 4* avant de faire ses grands débuts en 5* cet été, à Falsterbo, Hickstead et Dublin, sans toutefois trouver les clefs du sans-faute sur ces hauteurs.
Sophie Evans aura désormais l’honneur de poursuivre l’histoire de ce cheval qui ne laisse personne indifférent. Tout juste âgée de dix-huit ans, la Britannique est une habituée des chevaux français, puisqu’elle compte déjà sur les Selle Français Caprice d’Elle et CSIO Bel. Si le second lui a permis de disputer les championnats d’Europe Junior de Gorla Minore et Kronenberg, avec deux médailles de bronze collectives à la clef, Hatzidee PR lui a permis de prendre le départ de ses premiers Grands Prix 3* au printemps dernier. Présente à Oliva avec plusieurs chevaux, la jeune amazone a fait ses débuts avec son nouveau complice cette semaine et signé trois sans-faute aux obstacles, sur des parcours à 1,30, 1,35 puis 1,40m, jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 novembre. De quoi laisser présager d’un futur heureux entre ces deux là !
Cashpaid a retrouvé le chemin de la compétition
Après avoir émerveillé tous les passionnés de grand sport avec Nathan Budd, Cashpaid J&F avait été acquis par Karl Cook et sa famille en 2020. Trois ans et des débuts balbutiants plus tard, le fils de Casall et propre frère de Cordial a retrouvé la Belgique, au sein des écuries Mathy et sous la selle du Brésilien João Victor Castro Aguiar Gomes de Lima à l’automne 2023. Rapidement, les deux complices ont formé un couple et le puissant bai a retrouvé tout son brillant. Sélectionné dans deux Coupes des nations CSIO 3* en fin d’année dernière, les deux complices se sont surtout démarqués au printemps, enchaînant les sans-faute et se classant septièmes d’un Grand Prix 4* à Vejer de la Frontera puis quatrièmes du temps fort du CSI 3* Compiègne Classic. Après cette excellente performance, le Holsteiner de treize ans avait disparu des terrains de compétition… avant son retour, fin octobre, à Vejer de la Frontera. Fidèle à lui-même, Cashpaid a aligné quatre clear rounds sur autant de parcours entre 1,30 et 1,45m pour son retour aux affaires. Une nouvelle qui doit ravir l’entourage de ce cheval pas comme les autres, à commencer par son cavalier.
L’heure de la retraite a sonné pour Ladriano
À seize ans, l’attachant Ladriano va profiter d’une nouvelle vie, toujours auprès de son fidèle cavalier, Daniel Bluman. Ce dernier a annoncé, le 28 octobre, mettre un terme à la carrière sportive de son grand bai. “C’est avec la plus grande des fiertés que j’annonce officiellement la retraite de Ladriano. Le Big L a eu une influence capitale sur notre équipe et famille ces dix dernières années. Il a remporté un Grand Prix Rolex (au CSIO 5* de Rome en 2019, ndlr), le Grand Prix des Hampton Classic (deux fois) et l’étape de la Coupe du monde du National Horse Show (ainsi que trois Grands Prix 5* à Wellington, ndlr), entre autres nombreux triomphes en Grands Prix. Au total, il a enregistré quatorze victoires internationales, dont sept succès remarquables Grands Prix 5*. Il a été le meilleur cheval du monde en 2019, a participé à tous les plus grands championnats - les Jeux olympiques, les championnats du monde et d’Europe et les finales de la Coupe du monde - et accumulé plus de deux millions de dollars de récompense. Cette année, Ladriano a pris seize ans. Notre ultime objectif était les Jeux olympiques de Paris, où il a réalisé un superbe sans-faute, qui a permis à l’équipe d’Israël de finir à une neuvième place historique. Je serai toujours reconnaissant envers Big L, d’être son co-propriétaire et de partager tant de souvenirs spéciaux avec William Schwitze et les écuries Over the Top. Je dois élargir mes remerciements les plus sincères à Camilo Robayo et Ilan Bluman, qui l’ont monté avant moi et ont toujours cru qu’il deviendrait un champion. Merci aussi au Docteur Gomez et à nos maréchaux-ferrants, Chip Rankin et Drew Golden. Ladriano a eu de la chance d’avoir Jessica Stanek, Phoebe Leger et Christine Kevan pour prendre soin de lui et le groomer durant sa longue carrière. Il va prendre sa retraite avec nous à New York et continuera d’être aimé par toute notre équipe. Merci, Big L”, a écrit Daniel Bluman sur son compte Instagram, résumant parfaitement la carrière XXL du fils de Lawito et le rôle qu’il a joué dans sa vie et sa carrière.
Après les Jeux olympiques de Paris, Ladriano, qui avait connu une longue pause entre septembre 2020 et 2021, a disputé trois ultimes parcours : deux au CSI 5* de Bridgehampton, dont le Grand Prix, conclu avec une faute, et un à Mill Spring, qui s’est soldé par un abandon et une fin de carrière pour le petit-fils de Baloubet du Rouet.
Melusina BVL pour la Suisse
Mercredi 6 novembre, les écuries AS d’Abel Saïd ont annoncé la vente de Melusina BVL, excellent complice du Britannique Samuel Hutton. Âgée de dix ans, cette représentante du stud-book Zangersheide est une fille de Mylord Carthago et Amelusina, par Air Jordan. Monté par Samuel Hutton depuis ses débuts internationaux en 2020, à l’exception de six parcours disputés sous la selle de la Canadienne Kimberley Martens Winsingh cette même année, la baie a pris part à ses trois premiers Grands Prix 5* entre août et septembre aux Etats-Unis et s’est classée à une très belle deuxième place dans celui de Williamsburg, support d’une étape de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles pour la ligue d’Amérique du Nord. Selon les informations de la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI), la belle est désormais sous pavillon suisse et appartiendrait, au moins en partie, à Thomas Straumann, le père de l’ambitieuse et talentueuse Géraldine Straumann, qui avait déjà enrolé le génial Long John Silver 3 il y a un an. La Suissesse et son puissant gris ont régulièrement évolué en Grands Prix 5* cette saison, et se sont récemment classés sixièmes de l’étape de la Coupe du monde d’Oslo. Également propriétaire du fabuleux Unbelievable, plus vu en compétition depuis le CSI U25 de Genève en décembre 2023, et de la géniale Nikey HH, qu’elle n’a présentée que lors de deux parcours internationaux en avril, Géraldine Straumann a récemment fait ses débuts avec HHS Cornetta, neuf ans, très bonne fille de Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky, jusqu’alors montée par l’Irlandais Michael Pender et gagnante jusqu’à 1,50m, et Ghost des Brimbelles, un autre fils de Cornet Obolensky âgé de huit ans et que Jana Wargers avait mené jusqu’en finale du CSI 1*-YH d’Aix-la-Chapelle cet été. L’arrivée de Melusina BVL devrait ainsi promettre à Géraldine Straumann une année 2025 pleine de réussite.
Faute de temps, Jos Lansink rend les clefs de la sélection néerlandaise
Un peu plus de deux ans après avoir endossé le costume de chef d’équipe de l’équipe néerlandaise, Jos Lansink a décidé de quitter ses fonctions. Le Belge d’adoption, sacré champion du monde individuel en 2006 à Aix-la-Chapelle avec Cumano, a décidé de se consacrer entièrement à sa fructueuse structure, où se mêlent élevage, formation et valorisation, activités auxquelles participent notamment le Britannique Robert Murphy. “Parfois, dans la vie, il faut faire des choix, et c'est ce que j’ai fait”, s’est-il justifié dans un communiqué relayé par la Fédération néerlandaise des sports équestres (KNHS). “J’ai exercé la fonction d’entraîneur national avec beaucoup de plaisir. C’est une belle mission, mais elle exige aussi beaucoup de temps. Si je fais ce travail, je veux pouvoir m’y consacrer à cent pourcents et le faire en accord avec mes exigences. Je veux pouvoir observer les cavaliers et les chevaux en compétition régulièrement, et pas seulement me baser sur leurs résultats. Cela prend beaucoup de temps. J’ai une entreprise à gérer avec de nombreuses activités, et je ne peux plus concilier les deux. La collaboration avec les cavaliers et le staff de la KNHS a également été très agréable, et je leur en suis très reconnaissant, mais pour le moment, je prends un peu de recul.”
En 2022, Jos Lansink avait pris la suite de Rob Ehrens, remercié après seize ans de bons et loyaux services au sein de l’équipe première. Pendant ces deux années de mandat, le Néerlandais d’origine a soufflé le chaud, comme avec la médaille d’argent des siens aux Mondiaux de Herning, en 2022, ou encore la rageante quatrième place des Bataves à Versailles, et le froid, avec des Européens ratés à Milan en 2023 avec une équipe partiellement renouvelée. Désormais, reste à savoir qui succèdera à Jos Lansink.
Photo à la Une : First de Launay et Florian Angot. © Scoopdyga