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Disparition de Cicave du Talus

Disparition de Cicave du Talus
Sport mardi 1 mars 2022 Mélina Massias

L’étalon de dix ans, récemment exporté aux États-Unis, n’a pas survécu à une triple opération chirurgicale, consécutive à des coliques.

Vendu aux États-Unis en août dernier, Cicave du Talus était promis à un bel avenir. Âgé de tout juste dix ans, le Selle Français, ancien partenaire de François-Xavier Boudant s’est brusquement éteint jeudi dernier, après s’être battu contre de graves crises de coliques. Une disparition qui a attristé tout l’entourage du Selle Français.

“Aucun cheval ne laisse indifférent, mais Cicave du Talus (SF, Untouchable M x Voltaire) avait un don particulier pour se faire aimer du genre humain ! Acheté à six mois chez Jacques Le Boëdec par Paul Mais, il avait été proposé aux ventes Fences à trois ans et acquis par le Groupe France Élevage (GFE), qui l'avait confié à Audrey Paris, puis à François Xavier Boudant, avec qui il avait été classé en Grand Prix 4* à neuf ans”, résume le GFE, qui a annoncé la disparition brutale de son ancien protégé, survenue jeudi 24 février. “L'histoire de Cicave s'est achevée trop tôt, jeudi dernier à Wellington. Ses propriétaires et les équipes médicales auront tout tenté pour le sauver, mais l'histoire en a décidé autrement et Cicave n'a pas survécu, malgré une triple intervention chirurgicale consécutive à des coliques.”

“Élève modèle qui avait toujours l’envie de bien faire”, l’étalon bai débute sa carrière avec la famille Paris. Sous la selle de Fabrice, Cicave termine deuxième du championnat de France des chevaux de quatre ans, à Fontainebleau. Passé sous la selle d’Audrey Paris puis de Thomas Rousseau l’année suivante, le puissant Selle Français prend la troisième place de l’échéance bellifontaine réservée aux mâles et hongres de cinq ans. De nouveau régulier à six ans, Cicave rejoint François Xavier Boudant en 2019 pour amorcer son ascension vers le très haut niveau. Impeccable dans ses deux premiers Grands Prix 2* en 2020, le bai reproduit ses performances en CSI 4* l’année suivante, remportant une épreuve à 1,45m, se classant deuxième à 1,50m puis terminant onzième de son tout premier Grand Prix 4*, à l’Hubside Jumping de Saint Tropez. Autant de prédispositions au grand sport qui ont tapé dans l'œil de l’Irlandais Paul O’Shea.

Cicave du Talus aux États-Unis avec Paul O'Shea. © Sportfot

L’été dernier, le cavalier, installé outre-Atlantique, avait conclu un accord pour faire l’acquisition du bai, promis à un bel avenir. Si le début de leur partenariat s’était parfaitement déroulé sur le circuit national américain, les choses se sont compliquées lorsque Cicave a déclenché de graves crises de coliques. Malgré ses efforts, son courage, et les soins prodigués, il n’a pas survécu.

“On se disait que rien ne pouvait abattre cette force de vie”, Erica Hatfield

“Nous avons perdu Cicave. Ce moment est incroyablement douloureux. Je pense que je suis trop novice en matière de chevaux et peut-être ai-je eu de la chance ; j'ai été protégée par un personnel si attentif, j'ai le meilleur cavalier, les meilleurs vétérinaires... et même dans ce cas, tout a été fait correctement, mais la fin n'a pas été heureuse. En fin de compte, il n'a pas pu surmonter une infection persistante, qui a résulté d’une chirurgie nécessaire pour ses coliques”, s’émeut Erica Hatfield, propriétaire de l’étalon et manageuse de l’équipe Eye Candy, membre de la Major League Showjumping “Tout le monde ici a beaucoup de peine parce qu’il était aimé de tous. Il était juste ce genre de cheval : étalon, mais profondément aimable et sensible, même en dehors de ses talents d'athlète. Il supportait tout avec tant de sérénité et même le dernier jour, il broutait comme un lion. Alors, on se disait que rien ne pouvait abattre cette force de vie. Comment peut-on être si fort et si fragile à la fois ? Pour nous, Cicave était un rêve et nous donnait la possibilité de réaliser des rêves. Au lieu de cela, nous sommes confrontés à un tel déchirement incompréhensible... Nous voulons une vie avec les chevaux parce que nous les aimons. Nous pratiquons ce sport parce qu'à son meilleur, il est la démonstration du partenariat, du lien entre le cheval et l'humain, pas seulement le cavalier, mais tous ceux qui s'occupent d'eux et sont garants de leur bien-être, les vétérinaires, les maréchaux-ferrants... Je ressens à la fois une grande reconnaissance et tant de douleur pour les heures passées à avec lui par Pauline, qui l’a promené en main, l’a fait brouter chaque jour, par Ariana, qui était là pendant des heures lors de chaque opération, jusqu'à ce qu'elle soit sûre qu'il se réveille, qu'il soit debout... par Coach, là chaque matin et chaque soir... tous ceux qui ont prié pour lui, ici et en France... Je n'ai pas les bons mots pour l’instant... Maintenant, nous regardons juste l'avenir et les bébés que nous pourrons produire pour conserver une part de lui.”

Cicave, sa groom et Paul O'Shea. © Sportfot.

À l’élevage, Cicave a donné cent-quatre-vingt-dix-huit poulains en France, entre 2017 et 2021. Ses premières générations ont donc pris cinq ans cette année. Parmi ses premiers produits, trois se sont notamment qualifiés pour la finale de Fontainebleau : Helios des Bruyères (SF, mère par Lancer), Hendrick des Forêts (SF, mère par Orlando) et Hidalgo du Quartz (SF, mère par Veneur d’Etenclin). Vendu 40.000€ aux ventes Fences, puis approuvé étalon Selle Français en 2020, Hunter des Forêts (SF, mère par Cassini II), s’est lui aussi démarqué, tout comme Hirondelle Tame (SF, mère par Conrad), dixième du championnat de Normandie des trois ans en 2020. Nul doute que la force de Cicave, les courants de sang de Quick Star, Galoubet A, Corrado ou encore Furioso II, combinés à sa bonne souche maternelle, qui a notamment donné Shapir du Talus (ISO 155) et Talita du Talus, renommée True Blue, tous deux vus jusqu’à 1,55m, permettront à Cicave de transmettre ses qualités à ses poulains. “Tu étais destiné à briller au plus haut niveau, mais le destin en a décidé autrement… Adieu, beau Cicave et merci d’avoir fait partie de nos vies”, a salué François Xavier Boudant. “Nous sommes sincèrement désolés pour toute ton équipe américaine. Tout a été mis en œuvre pour te sauver, mais malheureusement tu n’as pas gagné cette épreuve. Veille sur nous, beau prince.”

Photo à la Une : Cicave du Talus et François-Xavier Boudant à Grimaud. © Sportfot