“D’ici à l’année prochaine, j’aurai un piquet de chevaux solide", Kevin Jochems
En janvier, au cœur d’une tournée faste au Moyen-Orient, Kevin Jochems annonçait avoir emménagé dans une nouvelle structure. En Belgique, non loin de Lille, le pilote de vingt-six ans a posé ses valises dans les écuries WP et a ainsi lancé son propre business. Désormais entouré de plusieurs propriétaires, et d’une ribambelle de nouvelles montures en formation, le Néerlandais revient sur ses débuts réussis dans ses installations flamandes, ses ambitions futures et sa collaboration naissante avec l’Irlandais Cian O’Connor.
Après deux années passées au sein des écuries Blackhorses, aux Pays-Bas, Kevin Jochems a décidé de donner un nouveau tournant à sa carrière en s’installant à son compte, en Belgique. Tout près de la frontière néerlandaise, dans la province d’Anvers, le Néerlandais a posé ses valises dans les écuries WP, sises à Haarlebeek. “J’ai toujours apprécié la Belgique et y ai de la famille. Mon vétérinaire est d’ailleurs belge et il a avait acheté une structure il y a deux ans. Elle n’était pas occupée et je lui ai parlé de mon envie de prendre mon indépendance. Il m’a proposé de venir chez lui, et tout s’est enchainé”, résume le pilote. “Cela ne change pas grand-chose pour moi d’être en Belgique ou aux Pays-Bas, tant que je suis dans une position assez centrale, ce qui est définitivement le cas ici. Par ailleurs, je travaille toujours avec les mêmes personnes. Être complètement à mon compte m’apporte de nouvelles opportunités. Je peux réunir plus de propriétaires ensemble, autour de davantage de chevaux. J’en ai acheté quelques-uns moi-même et j’ai aussi des personnes qui sont prêtes à investir avec moi. Beaucoup de choses se sont mises en place ces derniers mois. J’ai également quelques élèves. Ils ne sont pas installés dans mes écuries parce que nous n’avons pas la place nécessaire, mais ils viennent s’entraîner ici et il nous arrive de participer aux mêmes concours. Le coaching n’est pas ma priorité, car je souhaite avant tout me concentrer sur ma propre carrière sportive et mes chevaux, mais c’est une activité que j’apprécie.”
Ces derniers mois, Kevin Jochems a vu son piquet de chevaux considérablement changer. Ses montures de tête, dont l’excellent Turbo (Z, Thunder van de Zuuthoeve x Renville), vendu à Carlos Hank Guerreiro, ont en effet changé de cavaliers. “Le départ de Turbo a été un moment très triste, même si son propriétaire m’avait prévenu qu’il serait à vendre un jour ou l’autre. Il avait douze ans en fin d’année dernière, et allait en prendre treize. Il a signé quelques performances incroyables (le duo a remporté l’étape inaugurale du circuit de la Coupe du monde, à Oslo, avant de terminer septième de celle de Lyon, ndlr) et nous savons tous qu’avec de tels résultats, des gens s’intéressent aux chevaux pour les acheter. C’était le bon moment pour le vendre et je comprends totalement cette décision. L’ancien propriétaire de Turbo est une super personne. Nous sommes toujours en contact et nous nous rendons visite de temps en temps. J’espère que lorsqu’il aura un autre cheval d’âge avec de la qualité, nous pourrons de nouveau collaborer ensemble”, souligne le Néerlandais.
Un nouveau piquet pour de grandes ambitions
Par le passé, Kevin Jochems avait déjà dû composer avec le départ de très bons chevaux. Les performants Cristello (KWPN, Numero Uno x Voltaire), désormais partenaire de l’Irlandais Denis Lynch, Evita (KWPN, Canturano x Farmer), un temps aux rênes de Steve Guerdat et évoluant maintenant sous bannière canadienne, High Hopes SFN (KWPN, Numero Uno x Lupicor), Orafina (KWPN, For Fashion x Canturo), nouvelle crack de l’Américain Kent Farrington, ou encore Captain Cooper (KWPN, Namelus R x Corland) avaient ainsi évolué à ses côtés. D’ailleurs, le dernier cité l’avait fait entrer dans la lumière, en 2018, en remportant coup sur coup les Grands Prix des CSIO 5* d’Hickstead et Dublin. Depuis ses écuries belges, et comme il l’avait déjà fait auparavant, Kevin Jochems s'efforce donc de former la relève. “Pour le moment, mes chevaux les plus compétitifs dans le sport sont Flying Jackie (KWPN, Nabab de Rêve x Voltaire) et Cornetboy (Old, Cornet's Stern x Colander). Ils ont douze et treize ans et je les monte depuis un petit moment (trois ans et demi pour la première et quelques mois pour le second, ndlr)”, précise-t-il. En compagnie de Cornetboy, qu’il a récupéré en début d’année, le jeune homme s’est déjà classé jusqu’en Grand Prix 3* à 1,55m, et s’est également imposé dans le Derby indoor de Bois-le-Duc, en mars dernier. De son côté, Flying Jackie a enregistré deux quatrièmes places à 1,50m, pour ses trois et quatrièmes apparitions à ce niveau.
Éloigné des terrains 5* le temps d’aguerrir ses nouvelles recrues, le Néerlandais entend bien retrouver le sommet de son sport. “En tout, j’ai six nouveaux chevaux. Ils ont tous entre huit et dix ans. Ils ont tous un bon niveau et je n’ai plus qu’à les faire progresser. Cela prendra peut-être six mois pour certains, ou un an pour d’autres, mais je crois que je dispose d’un très bon groupe de montures actuellement. Je ne suis peut-être pas au niveau 5* en ce moment, mais d’ici à l’année prochaine, j’aurai un piquet de chevaux solide pour aller en concours”, estime le cavalier de vingt-six ans. “J’ai également un nouvel étalon de dix ans qui a déjà sauté quelques Grands Prix auparavant. Il arrivera peut-être plus rapidement à un bon niveau. C’est chouette. Il a surtout évolué en 2 et 3* jusqu’à maintenant, mais je pense qu’il pourra faire encore plus que ça.” Le couple s’est notamment classé quatrième du Grand Prix 2* de Lierre, le week-end passé, à l’issue d’un double sans-faute.
En parallèle de sa collaboration avec ses divers propriétaires, qui constitue la part la plus importante de son activité, Kevin Jochems a également développé un tout nouveau partenariat avec l’Irlandais Cian O’Connor, cavalier, marchand et investisseur à succès dans l’industrie équestre. Ainsi, le cavalier chevronné a confié trois montures à son collègue hollandais, dont les deux neuf ans Calox (Hann, Cador x Lordanos) et Christianus (Hann, Christian x El Bundy I). “Nous nous connaissons depuis un moment, puisque nous avons l’habitude de nous voir en concours. Nous avons discuté quelques fois et, un jour, il m’a dit ‘si tu lances ta propre écurie, nous devrions peut-être faire quelque chose ensemble’. Je lui ai rendu visite dans sa structure, à Dublin, parce que je souhaitais vraiment voir ce qu’il avait mis en place. Là-bas, nous avons parlé de ce que nous pourrions faire ou non. Nous avons donc commencé avec trois chevaux qu’il m’a amené ici. L’un a sept ans et les deux autres en ont neuf. L’objectif est de les former du mieux possible, et de faire un peu de sport avec eux. Ce n’est que le début, mais nous voulons voir ce que nous pouvons faire. À deux, nous pouvons aussi faire davantage. Nous gardons un œil ouvert sur les jeunes chevaux et nous allons essayer de faire évoluer autant de bons chevaux que possible ensemble”, développe Kevin Jochems. Bien occupé et pouvant compter sur de prometteurs jeunes chevaux, tous les feux semblent au vert pour revoir le Néerlandais arpenter les plus belles pistes du monde dans les mois à venir.
Photo à la Une : Kevin Jochems et Casillas van de Helle (Holst, Casall x Corrado I), un étalon de dix ans, quatrième du Grand Prix 2* de Lierre le week-end dernier. © Sportfot