Quelle folle histoire pour Luciana Lossio et sa Lady Louise Jmen. Révélées aux yeux du grand public lors de leur victoire dans un Grand Prix 5* à Wellington cet hiver, les deux complices ont fait valoir leur droit en Europe, dans le Grand Prix du CSI 4* Chantilly Classic. Dans un cadre idyllique, la Brésilienne et sa jument, initialement destinée à sauter des épreuves à 1,20m, ont amélioré de plus de deux secondes le chronomètre de Juliette Faligot et sa chère Arqana de Riverland, deuxièmes. Grâce à deux prestations parfaites, l’Américaine Alise Oken et sa KWPN Gelvera ont complété un trio de tête très cosmopolite.
Découverte au Brésil, acquise pour évoluer sur des épreuves à 1,20m, Lady Louise Jmen a largement dépassé toutes les attentes de sa cavalière, Luciana Lossio, avocate dans son pays natal. Cette saison, l’Auriverde a fait le déplacement outre-Atlantique avec sa seule jument de haut niveau afin d’être observée par Philippe Guerdat et l’encadrement brésilien en vue d’une potentielle sélection pour les Jeux olympiques de Paris. L’essai n’a pas accouché sur le ticket tant espéré, mais la paire a prouvé qu’elle avait sa place parmi l’élite en s’imposant brillamment dans le Grand Prix 4* de Chantilly Classic, samedi 13 juillet, devant les somptueuses Grandes écuries.
“C’est fantastique. C’est un rêve qui devient réalité. Gagner ici, en France, à Chantilly, dans ce cadre spécial, veut dire beaucoup pour ma jument”, s’est exclamée la souriante Luciana Lossio, encore inconnue du grand public il y a quelques mois et lauréate d’un Grand Prix 5* cet hiver à Wellington. “Je suis une cavalière amateure ; je suis avocate au Brésil. Malheureusement, je n’ai pas été choisie pour intégrer l’équipe olympique brésilienne. Ils ont de meilleurs cavaliers, qui sont extraordinaires, mais c’est pour cette raison que j’ai effectué cette tournée européenne. Mon entraîneur à trouver Lady Louise Jmen, avec laquelle j’espérais évoluer à 1,20m, au Brésil. J’ai sauté des parcours à 1,20m avec elle. Nous formons un couple depuis six ans déjà et nous avons grandi ensemble, franchissant les étapes les unes après les autres.”
Sur le tracé de ce Grand Prix, imaginé par Grégory Bodo et complexifié par un sol ayant souffert des aléas climatiques mais géré au mieux par les équipes de piste, seuls cinq des cinquante duos au départ se sont qualifiés pour le barrage. Pour autant, le suspense et le spectacle ont été totaux, l’ultime oxer du parcours ayant privé plusieurs binômes de finale au chronomètre, tandis que Nicolas Delmotte et son grand espoir Jordan Molga M en ont été écartés pour un point de temps dépassé.
Première à s’élancer devant les Grandes écuries de Chantilly, Inès Joly, définitivement sur un nuage depuis la semaine dernière et sa victoire surprise du côté de Monaco avec Ambassador, a directement trouvé la solution de l’équation aux côtés de son jeune Platini de Kalvarie, ancien complice de Fanny Guerdat-Skalli et arrivé au sein de son piquet de chevaux au printemps dernier. Ouvreuse du barrage, la Française, native de Saint-Etienne, a joué placé, assurant un nouveau parcours parfait et donnant une excellente expérience à son fils de Don’t Touch Tiji Hero. Tous deux ont ainsi coupé les cellules en 39’’57, synonymes d’une quatrième place finale.
L’Américaine Alise Oken, qui n’était plus venue à Chantilly depuis 2015, année lors de laquelle elle s’était alignée dans le label 2*, a quitté la piste avec un grand sourire. Passée juste après Inès Joly au tour initiale comme au barrage, l’amazone américaine a enregistré l’une des plus belles performances de sa carrière en terminant troisième sur sa brillante Gelvera, cette même jument qui lui avait permis de signer une excellente Coupe des nations au CSIO 5* de Falsterbo il y a précisément trois-cent-soixante-quatre jours. Une récompense d’autant plus savoureuse qu’Alise Oken a tout fait avec sa KWPN, de sa première sortie internationale à leurs premières apparitions au plus haut niveau. Au barrage, l’attachant duo états-unien n’a été devancé que par deux couples : ceux formés par Juliette Faligot et Arqana de Riverland et Luciana Lossio et Lady Louise Jmen.
De retour dans les écuries de sa plus fidèle complice depuis quelques mois, Arqana de Riverland a une nouvelle fois semblé apprécier la piste de Chantilly. La grise a réalisé un parcours parfait dans l’acte initial avant de réitérer au barrage. De quoi donner un large sourire à sa cavalière, qui avait confié la prunelle de ses yeux à sir John Whitaker dans l’espoir de la voir briller à Versailles cet été. Finalement, c’est dans un autre cadre, tout aussi photogénique, que la fille de Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, a montré tout son talent. En trois sauts, les deux indissociables partenaires avaient repris leurs marques et malgré la dernière sortie sur herbe d’Arqana de Riverland et John Whitaker, conclue par deux échecs - un abandon et une chute -, le cadre de Chantilly n’a posé aucun problème à la Selle Français. John Whitaker, qui n’a pas passé le cut du tour initial, s’est réjoui de la réussite d’Arqana, qu’il n’a pas manqué de venir féliciter au paddock, avant la remise des prix, de même que sa cavalière.
Alors que Valentin Besnard n’avait pu éviter deux fautes sur sa puissante, talentueuse mais délicate Diamantina Beaufour, propre sœur de la très en forme Dynastie de Beaufour, qu’il avait d’ailleurs guidée vers le haut niveau, pour une cinquième place, Luciana Lossio a tout donné sur sa Lady Louise Jmen. En maintenant un rythme constant, sans pour autant donner l’impression de foncer à toute vitesse, la Brésilienne a amélioré de plus de deux secondes le chronomètre de Juliette Faligot et Arqana de Riverland ! Exultation du côté du clan de l’amazone, présent en nombre dans les allées de Chantilly Classic et joie partagée, notamment avec Luciana Diniz, présente sur place mais non-partante dans le Grand Prix avec Vertigo du Désert.
Photo à la Une : Luciana Lossio et Lady Louise Jmen ont décroché leur première grande victoire en Europe. © Mélina Massias