Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

“Depuis toujours, ma passion pour les chevaux prime sur le reste”, Nina Mallevaey (1/2)

Nina Mallevaey remercie Nikka vd Bisschop après leur titre de championnes de France.
jeudi 8 mai 2025 Mélina Massias

Excellente lors de ses jeunes années, Nina Mallevaey gravit les marches du haut niveau avec la même réussite. Après une expérience enrichissante au sein des écuries Chev’El, la jeune femme de vingt-cinq ans s’est formée auprès d’Éric Lamaze, grâce auquel elle a croisé la route de la famille Rein, propriétaire de ses complices à quatre jambes. Épanouie, l’actuelle cinquante-sixième mondiale et leader du classement des cavaliers de moins de vingt-cinq ans s’affirme, semaine après semaine, comme la relève de la veste bleue de l'équipe de France. Ses classements en Grands Prix 5* ces derniers mois, ainsi que son titre de championne de France Pro Élite, décroché à Fontainebleau fin avril, aux rênes de l’excellente Nikka vd Bisschop, qu'elle a retrouvée sous sa selle en début d’année, en sont la preuve. En plus de l'olympique fille d’Emerald van’t Ruytershof, la Nordiste peut aussi compter sur Dynastie de Beaufour, qu’elle a guidée sur ses premiers Grands Prix 5*. En retour, la Selle Français par Diamant de Semilly lui a permis d’honorer ses premières sélections en Coupes des nations CSIO 5* la saison dernière. De bon augure, donc, pour les prochaines grandes échéances, dont les championnats d'Europe de La Corogne, dès cet été, et pour lesquels Edouard Couperie, nouveau sélectionneur des Bleus, aurait tout intérêt à tester de nouvelles paires. Quoi qu’il advienne, Nina Mallevaey, discrète mais dotée d’un caractère de battante, savoure chaque jour le bonheur de vivre un rêve éveillé, qu’elle ne compte pas laisser en sommeil. Elle revient sur son sacre bellifontain, évoque son parcours, son piquet de chevaux, sa philosophie et ses ambitions de médailles. Entretien. 

Il y a un peu plus d’une semaine, vous avez été sacrée championne de France Pro Elite à Fontainebleau pour la première fois de votre carrière, avec Nikka vd Bisschop (Emerald van’t Ruytershof x Nabab de Rêve). Parvenez-vous à réaliser ce qui s’est passé ce 26 avril ?

Oui, je pense. Sur le moment, j’ai ressenti une multitude d’émotions. Dès le lendemain, j’ai pris conscience de ce qui s’était passé, en croisant pas mal de connaissances qui m’ont félicitée. Même certaines personnes que je connais moins bien sont venues me voir ! A travers cela, j’ai senti toute l’ampleur de ces championnats. Il y avait, en plus, beaucoup de monde à Fontainebleau, ce qui a permis de mettre en avant ce rendez-vous. 

Que d'émotions en passant la ligne d'arrivée des championnats de France Pro Elite de Fontainebleau pour Nina Mallevaey. © Mélina Massias

Aviez-vous fait de ce championnat l’objectif majeur de votre week-end ?

Oui, complètement, même si j’avais aussi à cœur de bien figurer dans le CSI 5* qui se déroulait en parallèle (ce qui a été le cas, avec, entre autres, une victoire à 1,45m avec My Clementine, Obos Quality 004 x Kashmir van’t Schuttershof, et une sixième place aux rênes de Dynastie de Beaufour, Diamant de Semilly x Cassini I, dans l’épreuve majeure de samedi, ndlr). Nous venions avec l’ambition de bien faire dans le championnat, et le fait que cela ait été une réussite est d’autant plus chouette.

Vous attendiez-vous à monter sur la plus haute marche du podium ?

Non, mais j’avais tout mis en œuvre pour que ma préparation soit optimale. Je sais que j’avais en Nikka une très bonne jument, avec beaucoup d’expérience (puisqu’elle a notamment participé aux championnats du monde de Herning avec Beth Underhill puis aux Jeux olympiques de Paris avec Erynn Ballard, ndlr). Je savais que si j’étais à la hauteur, Nikka ferait de bonnes choses. J’espérais évidemment bien figurer, mais je ne me voyais pas gagner avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée !

Sur le podium, la Nordiste était entourée de Nicolas Sers, à sa droite, et Pénélope Leprevost, à sa gauche. © Mélina Massias

Justement, pour vous décrocher la première place, vous avez dû boucler un dernier parcours sans faute, le tout sans la moindre marge d’erreur. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Je l’ai très bien vécu ! Avoir un peu de pression et ressentir de l’adrénaline est quelque chose que j’aime beaucoup. Je ne ressens pas le stress de manière négative en compétition. Je dirais que j‘ai plutôt envie de bien faire. Passer en dernier, sans avoir le droit à l’erreur et en sachant qu’un sans-faute nous offre la victoire est un sentiment particulier, qui, je pense, me transcende. 

Nina Mallevaey le poing levé à Fontainebleau. © Mélina Massias



“Mon titre de championne de France est aussi un moyen de remercier les gens avec qui je travaille et qui me font confiance”

Que représente ce titre de championne de France à vos yeux ?

Il représente beaucoup. C’est aussi un moyen pour moi de remercier les gens avec qui je travaille et qui me font confiance, ainsi que mes parents. Mon papa me suit et me soutient énormément dans tout ce que je fais depuis que je suis toute petite. Le fait qu’il ait assisté à ma victoire sur place, en direct, est très significatif. Je suis contente d’avoir offert cette victoire à la famille Rein, qui est propriétaire des chevaux que je monte, et à toute l’équipe qui nous entoure. Je pense que la meilleure façon de les remercier est de les rendre heureux, et j’espère que cela a été le cas avec ce titre. 

La victoire de Nina Mallevaey est aussi celle de toute une équipe. © Mélina Massias

Quelles ont été les étapes marquantes de votre parcours de cavalière, de vos débuts à aujourd’hui ?

J’ai commencé à monter en poney club, aux écuries de Willems, chez Dominique Callens. J’ai ensuite continué avec mon papa, qui m’a accompagnée en concours chaque week-end jusqu’à mes dix-huit ans. Il m’a transmis cette passion des chevaux, ce caractère, l’envie de bien faire ainsi que des valeurs de travail et de courage. Lorsque j’ai eu dix-huit ans, je suis partie chez la famille Sadran, aux écuries Chev’El. Cela a été mon premier job en tant que cavalière. J’ai eu la chance de travailler avec des supers coaches, comme Eric Louradour, Julien Epaillard et Bertrand Poisson, qui nous encadrait sur le plat. Tout ce système m’a fait évoluer. Je sortais de chez moi, où je n’avais pas vraiment de coach sur le plat et où je faisais tout avec mon papa. Bénéficier du regard de cavaliers professionnels m’a énormément apporté. Après trois années chez la famille Sadran, j’ai intégré les écuries Torrey Pines d’Éric Lamaze. Dans le même temps, j’ai rencontré la famille Rein, qui est aujourd’hui propriétaire de tous les chevaux que je monte. Cela a été une étape majeure dans ma carrière. C’est grâce à Tara et Mark Rein que j’évolue aujourd’hui à haut niveau et j’espère que cela va continuer ainsi ! 

En deux décennies, Nina Mallevaey en a parcouru, du chemin ! © Sportfot

Votre papa a joué un rôle capital dans votre carrière et dans votre vie. A-t-il lui-même été cavalier ?

Mon papa est avant tout un amateur. Il a toujours eu des chevaux par passion pour les animaux qu’ils sont, mais n’en a jamais fait son métier. Le côté sportif était vraiment secondaire pour lui. Si je me souviens bien, il a fait quelques parcours à 1,20, 1,25m pour le plaisir, sans but professionnel. Quand je suis née, il y avait deux chevaux chez mon papa. Nous avons quatre ou cinq boxes au fond du jardin, une carrière et quelques prés. J’ai eu la chance d’être toujours épaulée par mes parents et de faire les bonnes rencontres, au bon moment, que ce soit les gens qui m’ont confié des chevaux, ou les montures croisées sur ma route. 

La talentueuse jeune femme a longtemps évolué sous l'œil de son papa, qui continue d'être son plus grand fan ! © Collection privée

Il y a cinq ans de cela, auriez-vous imaginé arriver où vous en êtes aujourd’hui, avec des classements réguliers au plus haut niveau, d’excellentes montures et, en prime, un titre de championne de France ?

Non, pas du tout ! Si on m’avait dit cela, je ne l’aurais jamais cru ! Forcément, c’était un rêve. Mais pour moi, et depuis toujours, la passion pour les chevaux prime sur le reste et passe avant tout. J’ai développé la passion du sport par la suite. Atteindre le haut niveau, essayer de remporter les plus beaux concours du monde et faire de ma passion mon métier a toujours été un rêve. À l’époque, j’avais envie de faire comme Kevin Staut et Pénélope Leprevost, que j’admirais à la télévision. Mais il y a cinq ans, je n’aurais jamais cru que cela serait allé si vite.

Désormais, Nina Mallevaey évolue au même niveau que celles et ceux qu'elle admirait étant plus jeune. © Sportfot

“A huit ans, Nikka faisait déjà partie de mes préférés”

Nikka vd Bisschop, que vous aviez montée lors de son année de huit ans, a retrouvé votre selle en début d’année, à douze ans. Comment se sont déroulées vos retrouvailles ? Avez-vous tout de suite retrouvé vos repères avec elle ?

Oui, complètement. Je me suis toujours bien entendue avec Nikka. C’est une jument hyper attachante, très généreuse et dotée d’un super caractère. Elle est toujours contente et partante pour tout ! A huit ans, elle faisait déjà partie de mes préférés et avait énormément de qualités. Nikka se donne vraiment à deux cents pourcents pour son cavalier. Pendant les deux ou trois saisons où je ne l’ai pas montée, elle était tout de même dans les mêmes écuries que moi. J’ai donc continué de la voir tous les jours et j’ai toujours eu une bonne relation avec elle. La remonter trois ans plus tard, avec toute l’expérience qu’elle a engrangée, est vraiment chouette ! Elle n’a pas changé de caractère et cela a immédiatement bien fonctionné entre nous. 

Nina Mallevaey avait déjà montée Nikka vd Bisschop, sa championne de France, en 2021. © Mélina Massias

En plus de Nikka vd Bisschop, vous pouvez également compter sur l’excellente Dynastie de Beaufour, avec laquelle vous enchaînez les très bonnes prestations depuis un an. Que représente-t-elle dans votre carrière ?

Dynastie représente énormément pour moi. J’ai pris part à mes premières Coupes des nations Sénior avec elle, obtenu mon premier podium en Grand Prix 5*. Elle m’a ouvert plein de portes. Un peu comme Nikka, Dynastie est une jument super généreuse, très attachante et se donne aussi à deux cents pourcents. Elle est toujours de bonne humeur ! Pouvoir compter sur deux juments comme Nikka et Dynastie est une chance. Le fait qu’elles soient deux à pouvoir affronter les plus belles épreuves est d’autant plus intéressant. Je vais pouvoir les préserver davantage et leur en demander moins. Elles vont s’épauler et je pense qu’elles se complètent très bien. Toutes deux ont un peu le même style de fonctionnement. Ce sont deux juments d’une grande générosité, avec un caractère en or et deux véritables battantes.

L'exceptionnelle Dynastie de Beaufour, une partenaire de choix. © Mélina Massias



Lorsque Dynastie a intégré votre piquet au printemps 2024, elle n’avait encore jamais affronté de Grand Prix 5*. Comment jugez-vous sa progression sur les douze derniers mois ?

Sa progression est incroyable ! Effectivement, elle n’avait jamais sauté de Grand Prix 5* avant d'arriver sous ma selle. Le premier que nous avons fait ensemble s’est déroulé lors de l’étape du Global Champions Tour de Saint-Tropez, sur une petite piste, qui n’est pas forcément très simple à appréhender pour une grande jument comme elle. Et pourtant, elle avait su complètement s’adapter ! J’avais commis une faute sur le dernier, qui était complètement de mon fait, et Dynastie n’avait eu aucun problème avec la hauteur et la largeur des obstacles. Elle nous avait épatés et avait franchi ce cap avec une facilité incroyable. Mois après mois, elle a continué sur cette lancée. À mesure qu’elle a continué à prendre de l’expérience à ce niveau, elle a toujours répondu présent. Nous avons sauté notre première Coupe des nations à Hickstead l’an dernier, où elle est sans-faute dans la deuxième manche, avant de réaliser un double sans-faute dans le Grand Prix 5*. Elle a toujours tout fait avec facilité. Pouvoir compter sur elle est vraiment génial.

Nina Mallevaey a mené Dynastie de Beaufour sur ses premiers Grand Prix 5* et permis de confirmer tout le talent de cette Selle Français. © Mélina Massias

En 2024, Cartier SR (Canturenter x Cassini I) vous a permis d’obtenir deux troisièmes places en Grand Prix 4* à Wellington. À quel type d'épreuves le destinez-vous ?

Cartier m’a beaucoup apporté. Il m’a permis de sauter mon premier Grand Prix 5* et a toujours été super généreux. Il est très à l’aise jusqu’à 1,55m et peut, de temps en temps, prendre part à un Grand Prix 5*. Il a les moyens pour le faire, mais sa zone de confort se situe plutôt autour d’1,50, 1,55m. Il a peut-être un peu moins de facilités que Nikka et Dynastie pour couvrir les largeurs des plus gros Grands Prix. Sachant cela, nous adaptons son programme au mieux pour lui.

Cartier SR reste un cheval très spécial aux yeux de sa cavalière. © Sportfot

“Nous allons désormais viser des parcours à 1,55m avec My Clementine”

Quid de l’ultra compétitive My Clementine, dix ans, qui collectionne les victoires jusqu’à 1,50m ? Est-ce davantage une jument vouée aux épreuves de vitesse ou pensez-vous qu’elle puisse franchir les derniers caps qui la séparent du très, très haut niveau ?

C’est une bonne question, à laquelle nous allons essayer de répondre dans les prochains mois ! Nous ne voulions pas brûler les étapes avec elle. Elle a commencé les épreuves à 1,50m l’an dernier, à neuf ans. Elle est super compétitive et adore aller vite. Elle cherche toujours le prochain obstacle. L’avoir dans un piquet de chevaux est formidable. Désormais, nous allons voir si elle parvient à sauter plus haut et allons viser des parcours à 1,55m. Elle montre une grande facilité à 1,50m et avait réussi un très bon sans-faute dans un Grand Prix 3* à 1,50m à Ocala en décembre dernier. My Clementine ira cette semaine au CSI 3* du Touquet, où le Grand Prix est à 1,55m. Si tout se passe bien et qu’elle est en forme, elle devrait y prendre part. Il s’agira de son premier parcours à cette hauteur.

L'ultra compétitive My Clementine semble encore avoir les moyens pour aller plus haut. © Sportfot

Comment se porte Crack d’la Rousserie (Quincy, alias Quaprice Bois Margot x Apache d’Adriers), qui n’a plus concouru sur la scène internationale depuis août dernier ?

Crack a été vendu aux Etats-Unis. Il est avec une cavalière américaine qui évolue sur des épreuves entre 1,20 et 1,30m et qui l’adore ! Il se porte à merveille et je vois régulièrement des photos et des vidéos de lui. C’est le petit chouchou ! Nous sommes contents qu’il soit dans une très bonne maison. 

Crack d'la Rousserie, propre frère de Viking et Ratina, a été vendu. © Sportfot

Montez-vous toujours le prometteur Destine To Be (Diamant de Semilly x Grandilot), avec lequel vous aviez remporté un Grand Prix 2* l’an dernier alors qu’il était seulement âgé de huit ans ?

Oui, et il ira au Touquet cette semaine également. Il est engagé dans le 1* et revient d’une pause. Je l’ai emmené sur un concours national la semaine dernière, où il était très bien. C’est un cheval incroyable lui aussi ! Je pense qu’il a tout pour lui et j’ai hâte de voir ce que l’avenir lui réserve. 

L'impressionnant Destine To Be, dont Nina Mallevaey pense le plus grand bien, retrouve la scène internationale ce week-end au Touquet. © Sportfot

D’autres montures de votre piquet vous semble-t-il avoir le potentiel pour atteindre à leur tour le plus haut niveau ?

J’ai deux chevaux un peu plus jeunes, Nobu, qui a sept ans, et Mr. Cornike, huit ans. Tous les deux sont des fils de Cornet Obolensky (né Windows vh Costersveld, ndlr), gris et sont très chouettes. On essaye de ne pas brûler les étapes et d’aller à leur rythme. Nobu saute les épreuves des sept ans avec beaucoup d’aisance, et idem pour Cornike, qui était sans-faute lors des trois épreuves réservées aux chevaux de huit ans à Fontainebleau. Ils épauleront peut-être les autres dans pas longtemps !

Nobu incarne la relève au sein du piquet de Nina Mallevaey. © Sportfot

La seconde partie de cet entretien sera publiée demain sur Studforlife.com...

Photo à la Une : Nina Mallevaey remercie Nikka vd Bisschop après leur titre de championnes de France. © Mélina Massias