Dayro Arroyave: sourire n'empêche pas de gagner ! SFL : En décidant de vous installer à votre compte, vous avez d'abord voulu louer une écurie avec vos chevaux ou vous avez directement eu cette idée de vous promener avec votre voiture et votre selle chez les propriétaires ? Dayro entretient le moral de son crack, Eldorado vh Vijverhof (Thunder vd Zuuthoeve x Omar) D.A. : « Non, je n'ai jamais voulu avoir tous les chevaux chez moi. Je pense que c'est très important que chaque propriétaire ait une complicité avec ces chevaux et se soit impliqué dans l'équipe pour les concours. Cela permet à chaque propriétaire de faire ferrer son cheval par la personne qu'il souhaite, il donne à manger ce qu'il veut… on fait une équipe. Alors évidemment, je peux toujours donner quelques petits conseils qui me semblent bien pour le cheval mais en général, tous les propriétaires que j'ai eu pour le moment sont issus du monde du cheval, alors je n'ai pas vraiment de soucis à ce niveau-là. »
SFL : Vos ambitions pour le haut niveau, quand sont-elles arrivées et comment ?
D.A. : « J'ai toujours eu l'ambition d'y arriver… mais c'est vraiment difficile. Il faut avoir les chevaux, les propriétaires qui gardent les chevaux… et en plus, piloter à haut niveau coûte cher. Maintenant, j'ai la chance d'avoir quelques propriétaires qui ont les reins solides assez pour conserver quelques chevaux dont certains qu'ils ont élevés. Avec ma femme, nous avons également acheté quelques chevaux avec lesquels nous espérons avoir un peu de chance pour les emmener au haut niveau. L'avenir nous le dira. »
SFL : Vous avez quand même quelques objectifs de commerce ou vous voulez vous concentrer uniquement sur le sport ?
D.A. : « Maintenant, nous tentons aussi d'améliorer le niveau des chevaux en Colombie. Nous avons donc un peu de commerce avec mon pays natal. Cela fait aujourd'hui 10 ans que je suis en Belgique et il n'y a rien à faire, les meilleurs chevaux sont les chevaux belges. Chaque semaine, dans les Grand Prix de haut niveau, il y a toujours des chevaux belges qui répondent présents. Les Colombiens sont donc très intéressés d'acheter des chevaux avec des origines d'ici. Le commerce commence à prendre un peu d'ampleur tout doucement, même si le sport reste ma priorité. » SFL : Vos résultats en internationaux ces deux dernières années vous ont apporté une certaine notoriété en Colombie ou vous avez été un peu oublié depuis votre départ ? D.A. : « Non, pas du tout. Il y a des gens qui suivent nos résultats et m'appelle lorsque nous faisons de bons résultats. Au contraire, lorsque je suis retourné en Colombie, j'ai eu énormément de gens qui étaient contents de me voir et qui me félicitaient pour nos résultats et ils vont continuer à me soutenir pour le futur. En fait, nous sommes rentrés cet hiver au pays avec ma femme et mes enfants. Mes parents avaient vu leurs petits-enfants en photo et sur internet mais ne les avaient jamais rencontrés. C'était un moment incroyable. Pour tout dire, c'est même choquant de revenir au pays après autant de temps passé ici. » SFL : Vous aviez une certaine fierté de rentrer au pays avec une certaine réussite en étant parti si jeune ? D.A. : « Oui, évidemment. Quand j'habitais en Colombie, j'étais encore très jeune. C'était une époque où l'on faisait beaucoup la fête. J'étais dans les chevaux mais ce n'était pas du tout la même discipline que je m'impose aujourd'hui. Lorsque je suis arrivé ici en Belgique, j'ai compris que pour y arriver, il fallait s'en donner les moyens alors qu'en Colombie, c'était beaucoup plus relax. Alors évidemment j'étais très fier de rentrer et d'avoir les gens qui venaient vers moi pour me féliciter. » SFL : Vous avez eu deux titres de champions du monde dans les jeunes chevaux, qu'est-ce que ça vous a apporté ? D.A. : « Financièrement, pas grand-chose ! Par contre, j'étais très heureux d'être champion du monde des jeunes chevaux. Ce métier représente tellement de travail et ce n'est vraiment pas un métier facile alors là, c'est quelque chose de magnifique d'être champion du monde. En plus, ça ouvre pas mal de portes d'être champion du monde. » Opera de Rizzi Z (Ogano Sitte x Laeken), disparue des suites de coliques. SFL : Deux titres assez différents avec un premier titre glané au terme d'un barrage interminable sur la piste B dont faisait partie la moitié des finalistes et un second sur la piste A avec un cheval qui aura surpris beaucoup de monde… mais qui ne sera pas resté longtemps chez toi après. Ces titres avaient la même saveur pour toi ou les émotions étaient différentes ? D.A. : « En fait, la première jument avec qui j'ai été champion du monde, Opera de Rizzi Z, je l'ai montée pour la première fois la semaine avant. Je n'avais pas fait un seul concours avec elle, juste quelques sauts à la maison et nous sommes allés directement à Zangersheide. Il faut évidemment avoir un peu de chance. Le deuxième cheval, Gangster de Longchamps, était un cheval un peu compliqué et spécial dans son caractère. Je ne l'avais pas monté beaucoup avant, juste quelques concours et nous avons fait un bon week-end à Zangersheide, et ça tombe de nouveau la bonne journée, et on gagne le championnat. C'était vraiment bien… même si j'ai été déçu de voir le cheval partir juste après. Je ne mets jamais la pression sur mes propriétaires pour qu'il garde un cheval ou pas. C'est leur cheval et ils ont le choix de le conserver ou non… mais ici, j'étais triste car ce n'était pas du tout ce dont nous avions parlé et j'avais beaucoup plus d'espoir avec ce cheval, avec qui je pensais juste commencer une histoire. Maintenant, c'est passé, c'est terminé, on tourne la page ! » Gangster de Longchamps (Orlando x Sheyenne de Baugy) La suite... demain !