Sa collection de médailles internationales est gigantesque. Elizabeth “Beezie” Madden annonçait, il y a quelques mois, prendre du recul sur le haut niveau. Toujours un pied à l’étrier, notamment grâce à Hummer, qu’elle prend plaisir à guider jusqu’en Grand Prix 2* sur le continent américain, l’amazone de cinquante-neuf ans n’a rien perdu de sa passion débordante pour les chevaux. Dans son écurie de Cazenovia, dans l’Etat de New-York, Beezie poursuit son œuvre. Auprès des équipes du CHIO d’Aix-la-Chapelle, la fringante quinquagénaire évoque également l’importance de la transmission, notamment via la formation diplômante “Equestrian Stable Management”, “Gestion d’écuries”.
Vous côtoyez le sport depuis plusieurs décennies. Quelles évolutions avez-vous noté dans les entreprises équestres, et notamment celles impliquées dans le haut niveau, au fil du temps ?
Je pense que le personnel d’écurie se concentre de plus en plus sur les chevaux de compétition. Ils semblent que les cavaliers soient de plus en plus occupés avec les concours. De fait, leurs écuries sont conçues pour conserver leurs montures en forme et prêtes à se rendre à un événement lorsque cela est nécessaire. S’il est bien qu’ils se spécialisent dans la compétition, ils se sont en parallèle éloignés de l’élevage et de la formation des jeunes chevaux. Heureusement, d’autres structures sont dédiées aux jeunes chevaux. Mais, globalement, la plupart des écuries sont devenues plus spécialisées que par le passé.
Est-ce aussi le cas de vos propres installations ?
Dans notre écurie, nous avons toujours des centres d’intérêt variés. Nous avons un groupe de chevaux dédié à la compétition, mais aussi des jeunes chevaux en formation, des montures en rééducation à la suite d’une blessure, une ou deux poulinières et pas mal de retraités ! En comptant tous les chevaux présents sur notre propriété, nous avons environ quatre-vingt-dix chevaux, répartis sur un peu plus de cent quarante hectares. Nous avons donc beaucoup de prestations qui se rencontrent en un même lieu. Chaque cheval est différent, chacun a ses propres besoins. Je ne peux donc pas imaginer une profession plus agréable que celle de travailler avec mes chevaux, de les éduquer et d’être le témoin de leur évolution. Mon mari et moi vivons selon et transmettons ce qu’on appelle la “méthode Madden”. Pour résumer, l’idée est de s’occuper du cheval au jour le jour et de mettre son bien-être au premier plan.
En quoi une formation diplômante telle que celle “Gestion d’écuries” proposée dans le cadre du CHIO Aachen Campus est-elle si importante ?
Les jeunes bénéficient d’une occasion unique de se familiariser avec une structure équestre et d’acquérir une expérience précieuse. Ils peuvent découvrir tous les domaines que regroupe la gestion des écuries, tout en poursuivant leur formation, que ce soit en tant que jeune professionnel ou professionnel chevronné. Je trouve que la manière dont l’aspect académique est associé au monde réel dans ce programme est très intéressante. Les participants peuvent découvrir ce domaine sous différentes perspectives.
“J’aime transmettre mes connaissances”
À quoi peuvent s’attendre les participants qui rejoindront vos écuries ?
Dans notre grande structure, ils apprendront tout ce qui est important pour gérer une écurie conséquente. Je pense que l’on se rend très vite compte que nous accordons beaucoup d’importance au horsmanship, à l’écoute des chevaux chez nous. Le bien-être des chevaux est une priorité absolue chez nous ! La gestion d'une entreprise équestre n'est pas un simple travail de bureau ; cela comporte de nombreuses tâches nécessitant un contact direct avec les équidés. Nous gardons un œil sur chaque cheval afin de pouvoir dire, à la fin de la journée, ce qu'il a fait, comment il se sent et ce dont il a besoin.
Qu’est-ce qui vous a motivé à offrir votre savoir aux participants de la formation “Gestion des écuries” ?
Même si je ne concours plus autant qu’avant, j’aime toujours le sport et la discipline du saut d’obstacles. Mes parents avaient déjà des chevaux de jumping. Depuis les années 1980, mon mari, John Madden, et moi dirigeons les écuries John Madden Stables à Cazenovia, dans l’Etat fédéral de New-York. C’est un peu notre paradis pour les chevaux. J’aime tout simplement transmettre mes connaissances et mon expérience à de jeunes gens motivés. Je le fais aussi au nom des chevaux, car ils pourront ainsi profiter d’une structure gérée de manière éclairée et responsable. Une bonne gestion d’écurie est bénéfique pour les chevaux.
Quelle est l’importance du travail d’équipe ?
L’esprit d’équipe est très important. Chez nous, certaines personnes sont principalement chargées de prendre soin des chevaux de concours, d’autres sont plus dédiées aux jeunes chevaux, à ceux en rééducation ou aux retraités, tandis que certains gèrent principalement l’entretien général de la structure. Le mot clef est bien “principalement”, car tous les départements sont liés. De fait, chacun doit connaître les responsabilités de l’autre et être capable de remplacer untel ou unetelle à l’occasion. Les mots “ce n’est pas mon travail” n’existent pas chez nous. Dans le même temps, nous veillons à ce que chacun ait une charge de travail équitable et nous attendons de tous qu’ils prennent le temps de bien le faire.
Selon vous, quelles connaissances et compétences doivent avoir les candidats pour intégrer vos écuries le temps de la formation ?
Il faut certains acquis, mais ce n’est pas comme dans une salle de classe où nous leur disons ce que nous leur apprenons. On peut engranger beaucoup de connaissances en ouvrant simplement les yeux, en observant ce qui se passe autour de soi et en s’impliquant dans les activités des écuries.
Photo à la Une : Beezie Madden à Aix-la-Chapelle, lors de sa dernière apparition dans le temple sacré des sports équestres, avec le tout bon Darry Lou. © Sportfot