Riccardo Pisani et Chaclot, un duo en pleine ascension
Depuis deux saisons, Riccardo Pisani explose sur la scène internationale et est devenu l’un des piliers de l’équipe italienne. Une révélation qui doit aussi bien à son phénoménal Chaclot qu’à Jos Lansink, qui a permis au couple d’évoluer vers le plus haut niveau. Rencontre avec Riccardo et son épouse, Silvia Bazzani, également cavalière internationale, dans leur coin de paradis familial en Lombardie.
Quand avez-vous débuté l’équitation ?
Lorsque j’avais 6 ans. Ma maman aimait beaucoup les chevaux, et j’ai commencé à monter à la Scuderia delle Capinera, une écurie située à 25 minutes d’ici. Il y a beaucoup de cavaliers de la région qui ont fait leurs débuts là-bas, car c’est une grande structure avec beaucoup de poneys. A 8 ans, j’ai pris part à mes premiers concours, et ai ensuite eu mon premier poney à 10 ans. Puis, on a amené mon poney dans une écurie plus proche de la maison. A 14 ans, mes parents ont construit une écurie et c’est là que j’ai commencé à vraiment être avec les chevaux. Jusqu’à 16 ans, je n’ai monté que des poneys. C’est à cette époque que j’ai eu mon premier propriétaire : il m’a confié un poney que j’ai monté lors des Européens. Par la suite, j’ai eu ma première offre pour travailler pour quelqu’un, la Scuderia Etrea. Ce n’était pas facile, car j’avais mes études à côté, tandis que la Fédération nationale m’a aussi donné des chevaux à monter, notamment Dionisos, avec lequel j’ai participé à des Coupes des nations et gagné le championnat d’Italie juniors. C’est ainsi que se sont déroulées mes premières années dans le sport. Une fois l’école terminée, je me suis mis à mon compte. J’ai travaillé durant 8 ans dans la même écurie, où j’avais des clients et des propriétaires.
Vous avez toujours su que vous vouliez devenir cavalier professionnel ?
Oui, cela a toujours été mon but. Dès que j’ai été cavalier poney, j’ai su que je voulais faire de ce sport mon métier.
Et après, il y a eu la rencontre avec votre épouse…
Oui, il y a 13 ans, j’ai rencontré Silvia. On se connaissait déjà, car elle avait commencé à monter dans le même club que moi. Elle a monté en concours complet, donc on s’est un peu perdus de vue entretemps. Après que nous nous sommes mariés, en 2008, nous nous sommes installés ici, dans des écuries qui appartiennent à mon beau-père. Nous vivons également ici. C’est une écurie privée, qui est séparée en plusieurs parties. Il y a l’écurie avec nos chevaux de concours et il y a une écurie destinée à l’élevage pour les chevaux de courses que mon beau-père fait naître. Nous avons commencé en achetant des jeunes chevaux afin des les amener au haut niveau. Un des premiers que nous avons acheté s’appelle Chico Z. On l’a essayé dans un petit manège en Hollande. Il était incroyablement grand, mais dès qu’on l’a essayé, on l’a adoré. On l’a construit petit à petit et il a déjà sauté deux fois le Grand Prix de Rome et plusieurs Coupes des Nations.
Et vous, Silvia, vous avez grandi dans ces écuries ?
Non, j’ai grandi à 1h30 d’ici. Mon père a acheté ces installations il y a 20 ans. Au début, je n’avais que 3 ou 4 chevaux de complet, une discipline que j’ai longtemps pratiquée. J’ai d’ailleurs vécu trois ans en Angleterre pour cela et ai été sélectionnée sur la « short list » pour les Jeux olympiques d’Athènes, mais mon cheval s’est blessé. J’ai fait encore quelques saisons de complet, mais au moment où nous nous sommes mariés, j’avais dans nos écuries un super cheval de saut, donc j’ai décidé de changer de discipline.
Vous n’avez donc jamais quitté l’Italie pour les besoins de l’équitation ?
Excepté pour mon séjour en Angleterre, non. C’est vrai que la maison, c’est toujours la maison. On s’y sent vraiment bien. Je pense toutefois que si Riccardo a réussi une si belle saison, c’est parce que nous avons pris la décision de partir en Belgique durant plusieurs mois. Je ne pense pas que cela aurait pu se produire si nous étions restés ici. Pourquoi ?
Riccardo Pisani : En Italie, nous avons des grands concours jusqu’en mai. Après, il faut toujours voyager. Mais surtout, nous avons trouvé la bonne personne, qui nous a donné ce qui nous manquait pour aller tout en haut : Jos Lansink.
Jos Lansink est la personne qui a joué le rôle le plus important dans votre carrière ?
Oui, sans aucun doute. J’avais monté avec de bons entraîneurs avant, mais quelqu’un de la carrure de Jos, c’est difficile à trouver. Il est très fort pour le coté mental. Evidemment, il est aussi hors norme du côté du respect des chevaux, il pense à tout, il sait exactement ce qu’il veut pour chaque cheval. Il considère chaque cheval comme un athlète à part entière. Parfois tu as tendance à tout faire trop vite. Jos, lui, vérifie tout. Il a changé ma façon de penser. On a été très chanceux de pouvoir travailler avec lui.
Comment cela a-t-il débuté ?
Nous étions au concours à Mâcon et je parlais avec Darragh Kenny. Je lui disais que je cherchais un entraîneur pour m’aider à passer au niveau supérieur et il m’a dit : « Crois-moi, Jos est celui qu’il te faut ». Darragh, qui est vraiment l’un des meilleurs cavaliers au monde, avait travaillé avec lui quelquefois. J’ai donc appelé Jos et il a directement accepté. Il est venu en Italie, il voulait voir nos installations, nos chevaux, notre équipe et la façon dont on gérait notre écurie. Nous avons ensuite pu passer un mois chez lui, en octobre 2017. Il nous a suivis au quotidien, rien ne lui échappe. Avec Chaclot, Jos a vraiment été important. Il a souvent eu du succès avec des chevaux de ce style, grands et avec beaucoup de force, comme Cumano.
Cela vous a donné de la confiance, d’être aux cotés de ce grand homme de cheval ?
Oui. Il est vraiment axé sur la technique à la maison, mais en concours, il rend tout plus facile. Lors de la reconnaissance d’un parcours, il ne dit pas mille choses, mais quelques petits détails qui suffisent à faire la différence.
Il vous accompagne lors des grands concours ?
Malheureusement non. Il ne faut pas oublier qu’il a deux cavaliers incroyables dans son écurie, Frank Schuttert et Pieter Clemens. On essaie de faire quelques concours ensemble. Mais maintenant, on sait comment il fonctionne, donc on peut se débrouiller seuls en concours. Toutefois, chaque semaine, on lui envoie les vidéos et on fait un débriefing.
On parle des aspects techniques, mais avec un coach, on sait que le feeling est aussi très important.
Oui, c’est sûr. Quand tu arrives dans ses écuries, tu vois toutes les photos de ses succès et ses 12 médailles et tu es forcément très impressionné. Mais quand tu commences à parler avec lui, il est tellement gentil, simple, c’est une personne fantastique. Il ne te fait jamais ressentir de la pression par rapport à tout ce qu’il a accompli.
Silvia : il a une belle personnalité, et beaucoup de sens de l’humour. Par contre, quand tu montes avec lui, tu dois te préparer à transpirer ! Blague à part, c’est sans conteste un vrai homme de cheval.
Expliquez-nous le rôle de votre famille…
C’est mon soutien le plus important. Ma femme est vraiment centrale dans ma réussite, comme elle monte aussi en concours, on partage tout. Je peux lui parler n’importe quand des chevaux, de l’entraînement, des concours. C’est fabuleux. Et on a la chance d’avoir deux enfants passionnés, Andreas, neuf ans, et Iris, sept ans. Notre fils est à fond lors des compétitions, il nous pousse à 200%. C’est parfois lui le plus déçu si les choses ne se passent pas comme on l’espérait. Tous deux montent aussi à poneys et font déjà des concours.
La suite demain...