Daniel Deusser et Killer Queen VDM triomphent haut la main à Calgary
Après Aix-la-Chapelle l’an dernier, et Bois-le-Duc en avril dernier, Daniel Deusser a ajouté une troisième victoire dans un Grand Prix du Rolex Grand Slam à son palmarès en levant les bras à Calgary. En compagnie de sa si talentueuse Killer Queen VDM, l’Allemand a réussi le seul et unique triple sans-faute de l’après-midi. Souveraine au Canada, la paire a supplanté Steve Guerdat, vainqueur de l’édition 2021 avec Vénard de Cerisy, ainsi que le jeune Gilles Thomas, magistral avec son grand Aretino 13. Retour sur une journée de sport aussi délicate que convoitée.
Deux parcours à huit points, signés Kevin Staut et Marc Dilasser, sur des Visconti du Telman et Arioto*du Gevres plutôt à leur affaire, et deux abandons, pour Olivier Robert et Rolf Göran Bengtsson. Voilà le bilan des quatre premiers parcours du Grand Prix du CSIO 5* de Calgary. Dimanche 11 septembre, une quarantaine de valeureux couples se sont frottés au massif et difficile parcours imaginé par le Vénézuélien Leopoldo Palacios pour cette étape du Rolex Grand Slam de saut d’obstacles. Avec près de trois millions d’euros mis en jeu dans cette épreuve convoitée, sans compter les éventuels bonus promis aux vainqueurs d’étapes - Genève, Bois-le-Duc et Aix-la-Chapelle - dans la saison, le tracé ne pouvait pas être de tout repos. Et il ne l’a pas été. Dans son immense écrin de verdure, le cadre de Spruce Meadows n’a pas failli à sa réputation. Des obstacles imposants, hauts, au nombre de quatorze, pour dix-sept efforts, des pièges un peu partout… Le défi était à la hauteur de l’enjeu. L’atmosphère si singulière qui règne sur la piste canadienne à l’allure presque old school a complété la recette d’un Grand Prix haut en couleur.
En préambule, le Mexique a tiré son épingle du jeu, produisant de bons parcours à quatre points, grâce à Eugenio Garza Perez, impeccable la veille dans la Coupe des nations, et Manuel Gonzalez Dufrane. Il aura finalement fallu attendre la toute fin de la première moitié de l’épreuve pour assister au premier sans-faute. Juché sur l’atypique Aretino 13, déjà primé à Hickstead cet été, Gilles Thomas a bien tutoyé quelques barres, mais toutes sont restées sur les taquets. Déjà le jeune Belge de vingt-quatre ans avait compris l’ampleur de sa performance, poing serré en l’air et sourire jusqu’aux oreilles. Dans le clan des clear rounds, il a ensuite été rejoint par trois autres paires, formées par McLain Ward et la spectaculaire HH Azur Garden’s Horse, de retour à son meilleur niveau cette année, Steve Guerdat et Vénard de Cerisy, tenants du titre, et Daniel Deusser, sur sa bien nommée Killer Queen VDM. Sanctionné d’un point de temps, mais auteur d’un premier tour magistral, le Néerlandais Harrie Smolders avait également sa carte à jouer, avec un Darry Lou, vainqueur de cette épreuve historique en 2019 avec Beezie Madden, des grands jours.
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Les Suédois ne passent pas le cut
Attendus au tournant après leur titre de champions du monde et leur victoire dans l’épreuve collective du CSIO 5* de Calgary, les Suédois ont fait choux blanc dans le Grand Prix. Outre l’abandon de Rolf Göran Bengtsson après un refus catégorique de son magnifique Ermindo W à l’abord du triple de la première manche, Jens Fredricson et Henrik von Eckermann, eux non plus, ne sont pas parvenus à décrocher leur ticket pour le second acte. Le premier, associé à Markan Cosmopolit, a pourtant réussi une prestation de bonne facture, quittant la piste avec cinq points seulement. Le second, numéro un mondial depuis deux mois, est apparu un poil moins souverain qu’à l’accoutumée sur son King Edward, de retour après quelques semaines de pause bien méritée. Treizième après une faute, l’alezan a été le premier non-qualifié pour le deuxième parcours de la journée.
Finalement, seul Peder Fredricson, lui aussi sanctionné d’une (grosse) faute et franchement chanceux dans le triple avec son légendaire H&M All In de Vinck a été assez rapide pour accéder à la suite de la compétition. Mais tout s’est dégradé lors de leur retour aux affaires. Le fils de Kashmir van’t Schuttershof, de tous les championnats ces dernières années et couronné de nombreuses médailles, a déroulé un parcours loin de ses standards habituels, laissant d’entrée le numéro 1, puis le numéro 3, à terre. S’en est suivi un décalage important dans le double 8, puis deux fautes supplémentaires dans la combinaison placée en numéro 10, pour un total de seize points. Comme King Edward, le sBs retrouvait les terrains en herbe après de longs mois d’absence en raison de leur passage pieds nus et avait, pour l’occasion, rechaussé ses crampons. Est-ce cela qui l’a perturbé ? Peut-être.
Du côté des déceptions, les Suédois n’ont pas été seuls. Conor Swail, en pleine forme et actuel quatrième meilleur cavalier du monde, a abandonné avec Count Me In sur le triple, tout comme Nayel Nassar, après plusieurs fautes concédées aux rênes d’Igor vd Wittemoere. Même décision pour Sanne Thijssen, juchée sur Con Quidam RB, ou encore Matthew Sampson, d’ordinaire très à l’aise sur cette piste de Spruce Meadows, et Daniel Bluman. Avec une faute chacun, Max Kühner, Scott Brash, Jérôme Guéry et Olivier Philippaerts ont aussi manqué à l’appel en deuxième manche, malgré le bon comportement de leurs complices EIC Coriolis des Isles, Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof), Quel Homme de Hus et Katanga v/d Dingeshof. Encore une fois, et même pour les meilleurs de leur discipline, les Masters de Calgary ne sont jamais un parcours de santé.
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Un barrage au bout du suspens
En deuxième manche, les sans-faute ont été tout juste plus nombreux qu’en première. Après l’excellent parcours à quatre points de Carte de Blue, finalement neuvième avec le Brésilien Francisco José Mesquita Musa, Martin Fuchs a été le premier à trouver la clef de ce tracé. Associé à son génial Leone Jei (ex Hay El Desta Ali), le Suisse avait le sourire en sortie de piste. Il faut dire qu’il aurait assez aisément pu signé deux parcours parfaits, sans une mauvaise distance sur le vertical numéro 7 du premier parcours, qui suivait un virage et n’a posé de problème à aucun autre concurrent… Malgré tout, la paire, lauréate du Grand Prix 5* de Dinard en juillet, s’est offert une très bonne sixième place.
Ils ont été doublés, au classement final par un certain Gerrit Nieberg, piégé à une reprise dans l’acte initial puis impeccable lors de son retour en piste, toujours aux côtés de son fidèle Ben 431, qui lui offrait la plus belle victoire de sa carrière dans le mythique stade équestre de la Soers il y a un peu plus de deux mois. Venus tenter d’empocher un bonus financier, le duo se contente finalement de la cinquième place. Pas si mal pour un premier Calgary.
Impressionnant tout au long de la semaine, le jeune Eugenio Garza Perez a conclu son week-end en beauté. Associé à Contago, le Mexicain a déroulé un parcours parfait en seconde manche. Grâce à son chronomètre très rapide du premier tour, il s’est ainsi hissé… au quatrième rang, soit l’un des plus beaux accomplissements de sa carrière. À sa suite, Harrie Smolders s’est fait piéger par la sortie du double numéro 8, terminant huitième, juste derrière McLain Ward et Azur, eux aussi sanctionnés d’une faute et septième. Steve Guerdat, Gilles Thomas et Daniel Deusser ont, quant à eux, tenu bon la barre, se qualifiant pour un barrage à trois, fait suffisamment rare à Spruce Meadows pour être souligné.
Premier à s’élancer sur l’ultime parcours de l’après-midi, Steve Guerdat a tout tenté pour conserver son dû. Sur Vénard de Cerisy, le champion olympique de 2012 a pris des risques et s’est montré rapide, mais a malheureusement laissé à terre l’entrée du double, laissant ainsi une petite ouverture à ses deux adversaires. Parti dans le rythme, sans en faire trop, Gilles Thomas a rapidement commis une faute sur son grand bai, Aretino 13. En tentant de rattraper Steve Guerdat dans la seconde moitié de sa finale au chronomètre, le Belge a alourdi son compteur de quatre unités supplémentaires, battu sur le dernier vertical du parcours. Ne restait plus que Daniel Deusser pour départager ce beau monde… L’Allemand n’avait qu’à assurer le sans-faute pour soulever le trophée. Plus facile à dire qu’à faire !
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Avec sa géniale Killer Queen VDM, le cavalier des écuries Stephex a fait trembler les tribunes survoltées de Spruce Meadows jusqu’au bout, prenant le temps de soigner chacune des difficultés au menu du jour. Grand sourire après la ligne d’arrivée, le quadragénaire a savouré sa victoire, qui vient agrandir sa collection d’épreuves du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. En 2021, “Double D” décrochait cette d’Aix-la-Chapelle, avec sa même reine, puis s’offrait les honneurs à Bois-le-Duc, un peu plus tôt cette année, sur l’adorable Scuderia 1918 Tobago. En décembre, nul doute que Daniel Deusser aura les yeux rivés sur Genève, qui pourrait lui rapporter un nouveau bonus, après celui déjà empoché dimanche, en plus de la coquette somme promise au vainqueur !
“Je suis vraiment, vraiment fière de mon cheval et de ma victoire aujourd'hui. Faire partie du Grand Chelem Rolex ici et de l'un des Majeurs Rolex est une sensation incroyable. Spruce Meadows a une atmosphère si particulière, surtout pour nous, les cavaliers”, a déclaré l’heureux lauréat après son triomphe. “C’est la première année où nous retrouvons le public (après la pandémie liée au Covid 19, ndlr) et quand on vient à Calgary et que les tribunes sont remplies avec autant d’enthousiasme, c’est un sentiment incroyable. Avoir cette atmosphère nous donne, à ma jument et à moi, un petit plus.”
Crédit photo : © Sportfot. Photo à la Une : Daniel Deusser et sa reine Killer Queen VDM.
Avec communiqué