À bientôt trente ans, Daniel Coyle affiche déjà un palmarès remarquable. Porté par sa famille, le cavalier du comté de Derry est devenu aujourd’hui l’un des piliers de l’équipe irlandaise de saut d’obstacles. En 2024, il réalise une année couronnée de succès en remportant trois Grands Prix de la Coupe du monde Longines grâce à sa crack Legacy et sa nouvelle monture, le bien nommé Incredible. Une réussite et une régularité qui lui permettent d’être sélectionné avec sa jument de cœur pour représenter les couleurs de l’Irlande aux Jeux olympiques de Paris. Retour sur son parcours, son travail avec les chevaux et son rêve de médaille.
Daniel Coyle trace son chemin avec la grâce d'un cavalier forgé par la passion familiale et l'amour des chevaux. Né en 1994 dans une famille où l’équitation est bien plus qu’un simple loisir, le jeune Irlandais a été mis en selle par son père, Fergal Coyle, cavalier national, et son frère, Jordan Coyle, cavalier international qui concourt majoritairement en Amérique. “J’ai grandi entouré de chevaux, c’est comme si ce sport faisait partie intégrante de la famille”, confie d’emblée le cavalier irlandais, en pleine préparation des Jeux olympiques de Paris.
Dix ans auparavant, Daniel Coyle n’aurait sûrement pas imaginé passer son été 2024 dans le parc du château de Versailles. Sélectionné avec sa crack de quatorze ans Legacy, née Chaventele (Chippendale x Bon Ami) en juin dernier, le cavalier originaire de Derry aura le privilège de représenter l’équipe irlandaise de saut d’obstacles pour les Jeux olympiques 2024. À ses côtés, les couples cheval-cavalier Cian O’Connor et Maurice (Thunder vd Zuuthoeve x Eros Platière), Shane Sweetnam et CSF James Kann Cruz (Kannan x Cruising) et Darragh Kenny et VDL Cartello (Cartani x Lord), désignés réservistes, ont également été retenus. “Cette sélection pour les Jeux olympiques est le plus grand moment de ma carrière, il n’y a aucun doute à ce sujet”, confie Daniel Coyle avec émotion.
Si le cavalier irlandais est très présent sur la scène internationale du saut d’obstacles depuis plusieurs années, sa saison 2024 a été particulièrement couronnée de succès. Pour la première fois en une année, Daniel Coyle a décroché trois Grands Prix de la Coupe du monde Longines, le dernier en date étant sa victoire au Live Oak International, à Ocala, en Floride, en mars dernier, où il a remporté l’ultime étape de la ligue nord-américaine Longines. À cette occasion, il était en selle sur Incredible (Clinton x Heartbreaker), une nouvelle monture au sein de son piquet. Auparavant, Daniel Coyle s’est illustré par deux fois sur le Vieux continent, à Leipzig en janvier dernier et à Amsterdam, quelques semaines plus tard, associé à Legacy. Le cavalier de Derry a choisi cette année de partager sa saison entre les ligues nord-américaine et d’Europe occidentale, les points marqués dans l’une valant dans l’autre. “C’est une année extraordinaire depuis le début. Gagner ces trois Coupes du monde a été un événement très important pour moi, pour Legacy et pour l'équipe”, raconte Daniel Coyle, aujourd’hui onzième au classement mondial.
De la fin de l’école à ses premiers pas en Coupe du monde, le cavalier irlandais a connu une montée en puissance très rapide, mais pas toujours évidente. Ses premières gammes, c’est à poney qu’il les fait, sous la formation de son père. Il participe à son premier Grand Prix à l’âge de douze ans seulement. “J’étais très jeune”, reconnaît l’intéressé, qui revient volontiers sur cette anecdote de son enfance. “Mes parents étaient partis avec mon frère aux championnats d’Europe Poneys et m’ont laissé aller à un concours avec un cheval de mon frère. Je ne savais pas si j’allais avoir d’autres occasions de le monter, alors, dans la même journée, j’ai sauté 1,10, 1,20 et 1,30m”, se remémore-t-il. “Quand mes parents sont rentrés, ils m’ont dit ‘tu t’entends manifestement mieux avec ce cheval que ton frère, tu peux le garder’.”
Très vite, Daniel Coyle fait preuve d’une maturité déroutante. À seulement dix-sept ans, il décide de quitter le domicile familial pour mener sa vie. “L’école s’est terminée et j’ai dû décider de comment j’allais gagner ma vie”, explique-t-il. Une force de caractère qui ne passait pas inaperçue. “Dès le début, il s'est distingué par sa vivacité et son insolence, et il semblait souvent plus âgé que son âge”, confie Eamonn, un ami d’enfance de Daniel Coyle, aujourd’hui commentateur de sports équestres. Déjà persuadé de son avenir de cavalier professionnel, Daniel Coyle loue une écurie et tente de faire fructifier son talent de cavalier.
Sa carrière prend rapidement de l’ampleur. Ses premiers succès se font sur le circuit national en Irlande, où il remporte plusieurs Grands Prix importants avec sa jument Uptown Girl et son étalon alezan Zuidam. En 2012, 2013 et 2014, Daniel Coyle s’illustre dans le Connolly's Red Mills Spring Tour. Sa progression, il la doit à sa détermination et à son sens de l’observation. “J’ai fait de mon mieux pour apprendre de ceux qui m’entouraient. À chaque concours auquel j'assistais avec des cavaliers de haut niveau, j’essayais de tirer le maximum de leur savoir-faire”, explique-t-il. Cette première expérience, qui lui a permis de lancer sa carrière, a duré quatre ans. “Il y avait des bons et des mauvais côtés”, reconnaît-il.
L’hiver 2015 a été un moment particulièrement difficile à passer pour le jeune prodige. Après avoir exercé sa passion chez lui, dans le comté de Derry, Daniel Coyle perd un certain nombre de bons chevaux et propriétaires. “Je ne parvenais plus à faire face aux dépenses et à boucler les fins de mois”, confie-t-il. Une période, qui, malgré lui, a forgé son amitié avec Eamonn. “Notre relation repose sur la confiance et le soutien mutuel, et nous nous sommes soutenus l'un l'autre contre vents et marées”, raconte son ami, qui s’occupe désormais des tâches administratives et comptables de Daniel Coyle. “Mon objectif a toujours été de soutenir la carrière et la famille de Daniel, et je crois qu'il fait de même pour moi en tant qu'ami.”
L'ascension fulgurante en Amérique
Le cavalier de Derry n’a donc que vingt ans quand il est rattrapé par la dure réalité financière de son métier et se retrouve à la croisée des chemins de sa carrière. Déterminé à ne pas y mettre un point d’arrêt, il prend sa revanche en Amérique. “Je me débrouillais bien, je gagnais beaucoup de concours, mais pas assez d’argent. Pour moi ce n’est pas comme cela que ça devait se passer, c’est pourquoi j’ai décidé de déménager quand j’en ai eu l’opportunité”, développe l’Irlandais. Cette chance se présente grâce à son ami Barry O’Connor, un agent de chevaux de sport de premier plan. En janvier 2016, Daniel Coyle prend donc la direction de l’Amérique et se rend au Winter Equestrian Festival de Wellington, en Floride, pour monter pour l’Irlandais Conor Swail et ses propriétaires, Susan et Ariel Grange, à la tête de Lothlorien Farm. Après quelques mois de compétitions couronnées de succès, il se voit proposer le poste de second cavalier par la famille Grange. Une opportunité qui l’emmène loin de ses débuts, mais qui s'avère rapidement être un réel tournant pour sa carrière. Afin de garder un lien avec sa terre natale, le cavalier se lance en parallèle dans la construction d’une ferme à Derry.
En Amérique, Daniel Coyle trouve un environnement propice à son développement. L’Irlandais grimpe rapidement dans les classements mondiaux, devient un cavalier de haut niveau et récupère le poste de premier cavalier de Lothlorien Farm. S’il s’épanouit dans son métier de l’autre côté de l’Atlantique, c’est aussi grâce à l’aide qu’il reçoit d’un grand nombre de personnes. La famille Grange ne s’est pas contentée de lui trouver un travail, elle a mis sur son chemin son mentor, Jeroen Dubbeldam. “La rencontre avec la famille Grange et Jeroen Dubbeldam a été déterminante pour moi”, insiste-t-il. “Sans eux, je ne serai pas en mesure de réaliser ce que je fais aujourd’hui. Ils sont pour beaucoup dans ma réussite.” Comme le dit son ami Eamonn, “derrière chaque grand athlète, se cache un système de soutien”. Lui est heureux de faire partie de celui de Daniel Coyle.
Entre 2021 et 2024, le cavalier Irlandais grimpe de soixante-dix rangs dans le classement mondial et progresse de la quatre-vingt-unième à la onzième place mondiale. Une progression qu’il doit notamment à ses belles performances dans les championnats internationaux. En 2021, il termine dans les dix premiers en individuel aux championnats d’Europe de Riesenbeck avec l’excellente Legacy. L’année suivante, le cavalier irlandais se rend aux championnats du monde à Herning, encore une fois avec sa jument baie. Deux succès que le cavalier n’hésite d’ailleurs pas à citer parmi les compétitions qui ont le plus marqué son parcours, bien qu’il précise : “J'ai eu beaucoup de résultats, mais aucun ne m'a vraiment marqué. J'espère que ce sera Paris.”
Ce que le jeune prodige apprécie tout particulièrement chez ceux qui lui ont permis de rêver de médailles, c’est leur philosophie de vie. “Avec eux, il n’y a jamais de pression. C’est un point très important pour moi, parce qu’en tant que cavalier professionnel, on a déjà beaucoup de pression sur les épaules. Et puis, ils sont d’un soutien sans faille, dans les bons comme dans les mauvais moments”, raconte-t-il. Ariel Grange soutient le cavalier financièrement dans l’achat des chevaux et Jeroen Dubbeldam apporte toute son expertise des championnats à l’Irlandais. “Avoir son soutien au quotidien est une réelle chance”, poursuit-t-il. L'influence de Jeroen Dubbeldam, ancien champion olympique, est déterminante dans la préparation de Daniel Coyle et de ses chevaux. “Nous travaillons sur des bases très strictes et élémentaires, comme s’assurer que les chevaux sautent correctement, qu’ils atterrissent sur le bon pied et qu’ils changent de pied lorsqu’ils en ont besoin”, précise-t-il. “Ce sont des points très élémentaires, mais qui peuvent s’avérer très difficiles à maîtriser. C’est la clé pour nous de travailler sur des éléments de base pour être performant dans des situations complexes.”
Retrouvez la seconde partie de ce portrait mardi sur Studforlife.com...
Photo à la Une : Daniel Coyle aux côtés de son mentor, le multi-médaillé Jeroen Dubbeldam. Dirk Caremans / Hippo Foto