Dans votre carrière, en plus de chez Philippe Le Jeune, vous avez également travaillé dans de grandes maisons comme Zangersheide, Stephex, Lieven van de Craen. C'était des opportunités ou une manière de survivre ?
D.P. : « A 18 ans, j'ai voulu en faire mon métier et voler de mes propres ailes car j'ai toujours été un peu solitaire et je n'étais pas toujours heureux d'être enfermé à la maison, je voulais être mon propre patron. J'ai donc décidé de quitter la maison et après chez Philippe, j'ai eu l'occasion de monter près de trois ans chez Stephex puis de fil en aiguille, j'ai pu profiter des contacts que j'avais établis là-bas. »
Il y a un moment où on se dit que le mur pour faire du haut niveau est impossible à franchir ?
D.P. : « Oui, c'est sûr. Lorsque tu es ton propre patron, le nerf de la guerre c'est l'argent. Payer son groom, ses frais … cela coûte beaucoup d'argent. Il faut avancer l'argent, le propriétaire vous rembourse après. Le problème, c'est que dans le passé, mon manque de sérieux m'a joué des tours. Je n'arrivais pas à passer le cap et j'ai baissé les bras. Grégory m'a redonné une chance et cela m'a apporté beaucoup. Je pense que c'était ma dernière chance lorsque j'ai été chez lui et il me l'a donnée comme personne ne me l'aurait donnée. »
Quand on évoque le nom de Damien Plume, on entend souvent parler de « talent gâché ». Ce sont des choses qui font mal ?
D.P. : « Oui, surtout maintenant avec le recul, quand tu réalises que tu as 31 ans, que tu aurais pu avoir une maison et d'autres choses mais que je me retrouve toujours à zéro. Grégory Wathelet et Philippe Le Jeune sont toujours derrière moi et m'ont toujours soutenu mais c'est dommage d'en être toujours à faire des deux étoiles. Je ne dis pas que j'aurais pu faire des cinq étoiles car des Guerdat ou des Wathelet, il n'y en a pas à tous les coins de rue, c'est certain. Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus mais je pense que j'aurais pu aller plus loin. C'est la crédibilité qui m'a coûté cher et que j'essaie de rattraper maintenant. J'essaie de revenir mais ce n'est pas facile. »
Ce sont des erreurs de jeunesse ? Un Mauvais entourage ?
D.P. : « Je ne peux pas remettre la faute sur mon entourage car on est toujours responsable de ce que l'on fait. La seule chose que je regrette vraiment, c'est d'avoir pris des choses qu'un sportif ne doit jamais prendre normalement, car on perd vraiment pied avec cela. J'ai pris mon courage à deux mains et je me suis fait soigner pour ça. C'est une expérience de la vie que je ne referai plus jamais. Je suis « content » indirectement d'avoir fait cela avant et je ne le referai plus maintenant. »
Quand vous avez intégré l'équipe de Grégory Wathelet, cela a été une surprise pour pas mal de gens.
D.P. : « Oui. Personne ne voulait à cette époque m'accorder encore une chance et beaucoup de monde a déconseillé à Grégory de me donner cette chance en lui disant que je ne serai pas sérieux, que j'irai me droguer chez lui… etc. Grégory est passé au-dessus de ça et m'a accordé toute sa confiance. Mon défaut, c'est que j'ai toujours voulu être mon patron et faire les choses comme j'en avais envie. Ici, Grégory et les propriétaires de Rio des Vains m'ont donné l'occasion de conserver ce cheval et je les en remercie car peu de gens m'auraient donné cette chance. Grégory m'a offert une chance unique. »
Finalement, vous reprenez pied sportivement mais également familialement avec la naissance de votre premier fils pendant les championnats de Belgique où vous terminez 5 ème .
D.P. : « Avoir un enfant, c'est le plus beau cadeau du monde. Je ne recommettrai pas les erreurs que j'ai faites et je lui donnerai tout ce que je peux lui offrir. S'il veut monter à cheval, je ne le coincerais jamais à rester à la maison, surtout si je n'ai pas les finances qui suivent. Je ferai tout pour utiliser mes contacts pour l'envoyer dans les meilleures écuries. Sportivement, j'ai prouvé aux gens que je pouvais le faire mais je me suis surtout prouvé à moi-même que j'étais capable de le faire et ça, ça fait un bien fou. Ça change la vie. »
Votre compagne, Charlotte Theisman, a également évolué à un bon niveau. Du coup, lorsqu'on rentre à la maison, on ne parle que de chevaux ?
D.P. : « Non. Aujourd'hui, ma femme a son travail. Plus jeune, elle montait pour son grand-père en tant que particulière et travaillait ailleurs en tant que salariée. Personnellement, ce n'est pas la voie que j'ai envie de prendre, je préfère continuer dans les chevaux coûte que coûte. Maintenant, à la maison et dans la vie en général, je ne suis pas un grand bavard. Je suis souvent pendu sur mon téléphone à regarder l'actualité des chevaux ou des vidéos de chevaux. J'essaie néanmoins justement de sortir un peu de ce monde et de ne pas parler que de chevaux et ne pas toujours rester dans l'extrême et rester têtu. Beaucoup de gens, je trouve, ne parlent que de ça alors que je pense qu'il faut pouvoir regarder le monde extérieur et voir d'autres choses. Cela fait grandir aussi, on reçoit de nombreux conseils de l'extérieur. Les chevaux, c'est bien, c'est sûr … mais lorsqu'on est dedans du matin au soir et qu'en plus, tu ne parles que chevaux, tu dors chevaux, tu rêves chevaux … Je pense qu'à la maison, il faut pouvoir déconnecter et penser parfois à autre chose. » Première partie