CSI ***** Salon Du Cheval
Grand Prix MBDA

par Gustave Rihal
Avec sa cinquième étoile, le CSI du Salon Du Cheval a pris une autre dimension, et attire du même coup un plateau de cavaliers beaucoup plus « select ». On regrettera cependant qu'un tel événement, qui demande tant d'investissement et qui propose des gains si élevés, ait lieu en même temps que la finale du riders tour à Munich, et se prive donc d'un plateau encore plus alléchant. Il serait intéressant que la FEI se préoccupe de ce calendrier dans lequel il manque visiblement un peu d'ordre. En effet, il devient maintenant difficile de dire quel est événement le plus prisé de la saison. A part le Grand Prix d'Aix la Chapelle, il n'y a pas vraiment d'événement que les cavaliers veulent gagner à tout prix.En Tennis par exemple, les tournois du Grand Chelem (quatre) et les Masters series (neuf plus une finale) sont ceux qui bénéficient de la plus grande couverture médiatique et que les meilleurs joueurs mondiaux veulent remporter plus que tout.
En équitation, on ne sait plus où tourner la tête : il y en a trop ! Entre les quatre circuits que sont le circuit coupe du monde, la Samsung Super League, le Global Champions Tour et le Riders Tour, et l'ensemble des CSI5*, on se retrouve presque avec un événement majeur chaque week-end. Il semble indispensable que la FEI se penche sur le problème. La solution, s'il y en a une, devra bien entendu tenir compte des particularités de notre sport (les cavaliers ont plusieurs chevaux et peuvent donc être présents sur les terrains tous les week-end) mais devra aussi mettre en avant certains évènements qui devront être prisés par l'ensemble des meilleurs cavaliers mondiaux. Il en va de la médiatisation de notre sport.
Mais ne faisons tout de même pas trop la fine bouche car avec ce CSI 5*, Paris retrouve un grand rendez-vous qu'il avait perdu depuis la disparition du CSIW de Paris Bercy en 2005. C'est dans un nouveau hall que Serge Houtmann a conçu un très beau tracé allant crescendo en difficulté, puisque les principales complications étaient le double numéro onze dont l'abord posait problème, mais aussi le vertical à palanque (n°12), très peu large, et le dernier oxer dos au paddock le long du public et aux côtes maximales.






Au rang des quatre points nous retrouverons Philippe Léoni, qui a pu profiter d'une Cyrenaïka en très bonne forme , mais lui aussi fautif sur le dernier obstacle. Son compatriote Julien Epaillard continue son ascension qui devrait le mener en équipe de France cet été avec Icare du Manet. Quant à Franke Sloothaak il pouvait s'en vouloir de commettre une faute dans le triple car il retrouve un Aquino dans d'excellentes dispositions après une année 2006 assez creuse.
Toulon continue de nous impressionner. Hubert Bourdy signe là encore un parcours magnifique, le cheval est très impressionnant sur des côtes qu'il maîtrise parfaitement, et ce couple semble s'approcher d'un niveau qui leur permettra à coup sûr de truster les podiums dans le futur ; mais une faute rageante sur la palanque les privent du sans faute. Même désillusion pour Beat Mandli et Indigo IX qui, jusqu'à ce numéro douze, survolaient les obstacles.
Fein Cera & Peter Wylde Peter Wylde, avec sa monture de toujours Fein Cera, ne pourra éviter deux barres au sol, une de plus qu'Edwina Alexander qui pouvait s'en mordre les doigts, un peu trop de précipitation dans le dernier virage alors qu'elle avait amplement le temps de le soigner l'amène à la faute, quel dommage ! Jos Lansink continue, lui, de recruter de nouveaux chevaux de Grand Prix, avec Castle Forte Pardoes (Koriander X Habsurg), ex monture de Bruno Chimiri. Il n'est pas encore au point (neuf points), mais un réel potentiel est à exploiter.

Un barrage à huit.
C'est finalement avec huit concurrents que ce déroulera ce barrage, et Florian Angot met tout de suite la barre très haut : les galopades sont rapides, sans toutefois prendre trop de risques, mais « c'est dans les petits virages qu'il est très bon », et le numéro treize (reconverti en avant dernier obstacle du barrage) lui aura encore causé des frayeurs « la foulée semblait trop longue mais finalement c'est passé » - 36'40. Le temps sera dur à battre, et ce n'est pas Cassio Rivetti qui l'abaissera. Un refus sur l'entrée du double prive le jeune talent brésilien de tout espoir de victoire avec Olona, mais il n'en reste pas moins « un très bon cavalier, qui mérite de trouver un cheval de très haut niveau» nous dit son compatriote Rodrigo Pessoa.
Jessica Kurten, habituée de ces barrages très serrés, est en totale harmonie avec Libertina que l'on n'avait pas vu depuis deux mois. Elle sortira de piste avec un panneau d'affichage vierge, mais doté une seconde de plus que le cavalier tricolore.




Place maintenant à Albert Zoer : le champion du monde en titre par équipe avait choisi sa monture fétiche Oki Doki, avec qui tout lui réussit cette année. Si le fait de réaliser le sans faute en première manche paraissait être une formalité pour le néerlandais, il n'en fut pas de même pour le barrage dans lequel il prit des risques, et même trop puisque le fils de Jodokus aux allures très atypiques fut contraint de refuser un vertical en sortie de courbe.
Oki Doki & Albert ZoerPlus que deux cavaliers, et non des moindres selon Florian Angot « ceux que je redoutais le plus étaient Eugénie (Angot) avec Cigale parce qu'elles vont très vite et bien sûr Rodrigo ». Mais Eugénie avec sa Cigale fit l'économie d'une barre. C'est regrettable, mais il faut bien tenter pour gagner.
Ce n'est pas Rodrigo Pessoa qui démentira ces dires. Auteur avec Oasis d'une véritable démonstration de facilité en première manche, le brésilien allait tout faire pour remporter le point d'orgue de ce CSI dont il est le parrain. Il commence son barrage « pied au plancher », dans le double un fer s'envole « ce qui a pu lui faire perdre un peu son attention, mais il ne faut pas chercher d'excuses ». La suite est encore très rapide, le public frémit dans les tribunes. A l'approche du dernier obstacle, il est impossible de prédire à qui reviendra la victoire mais c'est finalement un dixième de seconde qui permettra à Florian Angot de réaliser un superbe doublé, puisqu'il remportait déjà ce grand prix l'an passé.

Ci-dessous :: Oasis & Rodrigo Pessoa


Cette très belle performance clôture la saison du fils de Laudanum « Je suis très content de cette victoire, First a très bien sauté alors qu'il était un peu anxieux les deux premiers jours, mais je n'étais pas inquiet. Maintenant il va partir un peu au vert, puis nous verrons avec les Haras Nationaux comment nous pouvons envisager la saison prochaine ». Florian Angot affirmait vouloir gagner ce grand prix depuis plusieurs mois déjà : c'est maintenant chose faite, et de manière remarquable.
Quant à Rodrigo Pessoa, il se félicitait de pouvoir compter sur un Oasis très performant, « Ils ont été meilleurs que nous ! Oasis est un très bon cheval de CSI5*, très courageux et très volontaire, mais il est petit et n'a pas toute la force qu'il faut pour les championnats ou la finale de la coupe du monde ».
Floriant Angot reçoit son prix des mains de l'actrice Mathilde Seigner.