A l'heure où les critiques s'abattent sur les cavaliers français, accusés de préférer les victoires faciles en Nationaux Pro 1 plutôt que de se frotter aux grosses cylindrées, Florian Angot était bien présent à Maastricht : il était le seul français engagé ! « Oui, je suis ici tout seul comme un grand, mais ce n'était pas voulu. En fait, je devais aller à Stockholm avec ma belle-s?ur Eugénie, puis mon frère Reynald m'a proposé de faire Maastricht avec lui.
Jean-Maurice Bonneau nous a donné son accord, mais lorsqu'il a contacté les organisateurs, nous avons eu la mauvaise surprise d'apprendre qu'ils ne voulaient pas de français ! Il a réussi à faire le forcing et tout semblait réglé… mais deux jours plus tard, Jean-Maurice apprend que les organisateurs refusent Reynald, et ce parce qu'il ne fait pas partie des 250 premiers mondiaux. Il a pourtant bien essayé de leur expliquer que Tlaloc M a été blessé durant un certain temps, et qu'ils étaient quand même Champions du Monde en titre, mais rien à faire ! Hubert Bourdy avait alors proposé de m'accompagner, mais il s'est malheureusement claqué … donc je suis tout seul ! »
Autre surprise côté belge, Perry Geryl est en selle sur l'étalon Conan. Marc Van Dijck était réaliste et résigné : « C'est dommage, mais nous avons eu une belle offre, nous devons vendre de temps en temps… ». Perry Geryl peut compter depuis 15 jours sur ce jeune étalon très prometteur - repéré par Johan Lenssens - qui aura accumulé de très bons classements durant cette saison 2005.
Une note positive pour les belges, qui ont appris cette semaine la naturalisation de Jean Claude Vangeenberghe pour l'Ukraine. Heureusement, tous les investisseurs ne semblent pas suivrent la même voie !
Même si le plateau proposé est de grande qualité, c'est le dressage qui représente la plus grosse affiche du week-end, et l'on s'en voudrait de ne pas signaler la victoire - une de plus - d'Anky van Grunsven et Keltec Salinero.
42 partants s'élanceront pour le Grand Prix. Léopold van Asten réussira le sans-faute d'emblée, et sera assez rapidement suivit de Bernardo Alves malgré une grosse touchette sur le dernier obstacle aux couleurs de BMC. Moins de chance en revanche pour le cavalier BMC justement, Jeroen Dubbeldam qui avait choisi le BWP Up and Down (par Ohio van de Padenborre), qui ne pu éviter une faute en début de parcours sur le vertical n°3 (1m55), obstacle que percutera également Harry Smolders en selle sur l'ancienne monture de Ludo Philippaerts et Marc van Dijck : Quebec.
L'étalon VDL Orame sera le premier à se faire piéger sur le vertical n° 7 placé dans la très difficile ligne Oxer ? vertical ? Oxer. Pas moins de 12 couples se feront piéger par ce vertical jaune du sponsor Bouwdedrijven Jongen Landgraaf . Trois d'entres eux se feront également piéger par le vertical n°9, placé juste en face de l'entrée du paddock : Tony Hassman (Forsyth FRH) et Piet Raymackers Jr (Rascin R) feront partie de ceux-là. James Davenport sorti un très beau parcours avec la bondissante Florie du Moulin, mais après avoir bien négocié le juge de paix… il est un peu juste pour couvrir l'oxer suivant : 4 points ! Floriant Angot emmena First de Launay*HN sur du velours… mais comme Meredith Michaels Beerbaum (Le Man) et Wim Shroder (Eurocommerce Berlin), il se relâcha un peu trop vite : 4 points sur le dernier, la sanction est cruelle !
Pour l'américain Peter Wylde, le résultat sera identique ! Fein Cera revient au plus haut niveau après avoir fait le bonheur de sa propriétaire durant l'été, mais malheureusement une petite faute sur l'oxer d'entrée du triple privera la vice championne du monde en titre de barrage.
Luciano vd Laarse Heide (Silvio I) est de retour sur les pistes internationales ! Prêté au cavalier Grant Wilson en vue des Jeux Olympiques d'Athènes, Roger Zandbergen aura patienté un an pour remettre son cheval au travail chez son cavalier initial Mathijs Van Asten. Le moral de l'étalon est de nouveau au beau fixe, mais ils ne purent éviter le juge de paix n°7 ainsi que l'oxer n°11. Dommage, mais tout de même encourageant pour la suite !
Champion d'Europe des Young Riders, Vincent Voorn aura eu fort à faire avec Gestion Priamus Z. Dans un premier temps, il n'évita malheureusement pas la faute sur le n°7 ; mais la surprise vint surtout lorsque son étalon s'arrêta à hauteur de la sortie. Sans s'énerver, Vincent Voorn remis son cheval sur la bonne voie alors que celui-ci se dressait droit comme un I quelques secondes auparavant ! Le jeune batave a montré qu'il avait hérité non seulement des qualités de cavalier de son père, mais également de sa philosophie !
Finalement, ce ne sont pas moins de 17 cavaliers qui se sont qualifiés pour le barrage, très bien dessiné par le chef de piste. De belles options de virages, de belles galopades… un régal pour le public !
Leopold Van Asten inaugure le tracé : il tourne très court devant le double n°5 mais Think Twice, voyant qu'elle n'aura pas la force pour le couvrir, hésite à dérober avant de tenter sa chance… mais s'écrasera sur le montant gauche…
Bernardo Alves, lui, serre toutes ses courbes. Il ne semble pas prendre tous les risques, tutoie quelques barres… mais Topic van ?t Voorhof (Non Stop) franchit la ligne en 31''81.
L'italienne Jonella Ligresti se contentera de boucler le parcours sans faute dans un bon tempo, grâce à une Imperium en grande forme. Gerco Shroder tenta sa chance sur la fantastique jument Eurocommerce Milano mais, déception, le chrono affiche prêt d'une seconde et demie plus lent !
Jus des Fontaines n'ayant pas encore l'expérience nécessaire pour pouvoir rivaliser à ce niveau, il ne pu éviter une faute à l'entrée du double ainsi que sur le fameux vertical n°7. Ta Bella van Sombeke n'a pas encore trop d'expérience non plus à ce niveau et Jos Lansink débuta un barrage très propre comme à son habitude avant de fauter sur les deux derniers obstacles.
Encore moins de métier pour BMC Octavia, mais que de promesses ! Son cavalier Jurgen Stenfert ne put éviter la faute sur le vertical n°7, mais la fille de Jus de Pomme restera une des révélations de cette édition ! On regrettera encore une fois la mort prématurée de son père, champion Olympique d'Atlanta, dont la production semble bien plus qu'anecdotique malgré le nombre peu élevé de produits.
Pia Louise Aufrecht viendra intercaler un sans faute entre toutes ses barres grâce à Abrisca, mais le temps de Bernardo Alves semble vraiment imprenable ! Angélique Hoorn et BCM Olymp baisseront également pavillon en 33.25 !
C'est finalement Franke Sloothaak qui montre le chemin à suivre : 31''65 malgré une faute sur l'avant dernier obstacle ! Comme toujours, l'allemand aura donné une leçon d'équitation aux spectateurs avec un sens de la trajectoire et un dressage parfait de son cheval Sudance K.
Pas de chance pour Yves Houtackers, qui avait signé un remarquable parcours avant de passer complètement à côté de son barrage : 12 points ! Markus Beerbaum doit se faire pardonner : l'an passé, il avait chuté dans ce même barrage alors qu'il avait également opté pour Leena ! Il a bien compris la leçon de son compatriote… mais a dû oublier le parcours de son épouse : il boucle ce barrage en 30''53… en arrachant la dernière barre ! Il ne sera pas le seul, puisque les deux concurrents suivants, Léon Thijssen (Olaf) et Luciana Diniz (Dover), feront de même ! On retiendra néanmoins le très beau parcours de l'étalon brésilien Dover qui était le cheval le plus âge de ce Grand Prix, et que l'on espère retrouver à l'élevage dans les prochaines années !
Beat Mändli avait quelque peu disparu du circuit ces derniers mois, mais son équitation est toujours aussi belle, aussi discrète… et aussi efficace. Il boucle le tour sans pénalité en… 31''43 ! Le chrono du brésilien était donc battable.
La jeune belge Judy-Ann Melchior n'est pas là pour détrôner le Suisse, mais cela ne l'empêche pas de s'appliquer sur ses trajectoires… de plus en plus serrées… un peu trop peut-être, car elle bouscule le premier et seul élément du triple restant pour le barrage : 4 points, mais l'élève de Nelson Pessoa aura bien exploité les capacités de l'extraordinaire Olympic Z.
Il ne reste plus qu'un concurrent pour aller chercher le cavalier Helvète, mais il en est capable : Rolf Goran Bengston entre en piste ! Malheureusement, l'histoire s'arrêter vite après un stop de Mac Kinley - qui n'en est pas à son premier coup du style - au grand dam de son cavalier. Beat Mändli n'en demandait pas tant, lui qui avait déjà remporté l'épreuve avec Pozitano en 2002. « Depuis ma dernière victoire, je n'ai plus eu trop de chevaux, mais finalement ce passage à vide n'aura pas duré très longtemps. Je monte Indigo IX depuis qu'il a 6 ans, et je pense qu'il peut vraiment tout sauter. Avec lui, j'ai un cheval pour revenir au top »
Chose inhabituelle, le Grand Prix n'était pas l'apothéose de ce CSI car les organisateurs avaient gardé une belle surprise. Aucune publicité sur le catalogue, ni sur les affiches, ni même sur le site internet du concours, et pourtant Monty Roberts était bien présent en Hollande.
L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux était pourtant attendu, la salle était comble pour un show très américain qui eu néanmoins le mérite de montrer aux plus septiques que les méthodes de ce « chuchoteur » ne sont pas là que pour faire vendre des livres.
rencontre aussi inattendue que naturel : Nelson Pessoa et Monty Robberts
Bernardo Alves était l'un des rares cavaliers à être resté pour regarder le travail du maître : « J'ai ses livres à la maison, je pense que c'est intéressant de le voir à l'?uvre, de voir comment il agit. C'est très intéressant de voir la manière dont il arrive à débourrer un jeune cheval » Nelson Pessoa, qui avait été invité à se rendre sur la piste quelques minutes auparavant, surenchérit derrière mon interlocuteur « Avec un homme comme cela, on peut toujours apprendre » !
On pourra néanmoins regretter le côté merchandising autour d'un travail véritablement remarquable.
Les résultats complets du CSI 4* de Maastricht : cliquez ici