CSI*** Roeser
La commune de Roeser accueillait ce week-end le CSI*** du Luxembourg dans le cadre magnifique d'une clairière, longeant une magnifique forêt centenaire, avec un sol de très grande qualité, et un public qui avait répondu présent en masse pour ce concours de grand standing, preuve qu'un grand trois étoiles vaut parfois mieux qu'un petit quatre étoiles…
Le Grand Prix se disputera en deux manches avec les quinze meilleurs du parcours de base qui viendront en découdre pour un second exercice au chronomètre.
Le plateau est très relevé et le public luxembourgeois, belge, allemand et français qui s'est déplacé, ne s'y est pas trompé. Mais les têtes d'affiches ont bien du mal à tenir leur rang, alors que certains cavaliers viennent s'aiguiser en vue des Jeux Equestres Mondiaux.
Pour Edouard Mathé, c'est surtout un retour sur le devant de la scène qui se dessine peu à peu, avec une petite faute sur la rivière avec Dandiego B Z (Dutch Capitol).
Le cavalière locale qui restait sur une magnifique victoire en 2012, Charlotte Bettendorf, pensait bien y être presque, lorsque les trois derniers obstacles du parcours s'écrouleront à son passage avec Luthmilla (Laccos), au plus grand regret du public local qui pouvait compter sur la famille Bettendorf pour la moitié de ses représentants dans le Grand Prix.
Dernier à s'élancer, le champion olympique Steve Guerdat ne pourra éviter deux fautes avec sa nouvelle recrue Albführen's Memphis (Quinar), scellant à dix le nombre de sans-faute dans cette première manche.
La Britannique Chloe Aston sera la première à s'élancer lors de cette seconde manche, après avoir été pénalisée d'une faute en première manche, elle tente de mettre la pression sur ses poursuivants, mais c'était sans compter sur une faute de Kolibri Classic (Kolibris As) sur l'ultime obstacle.
Même volonté, et même manque de réussite, pour Pieter Devos qui se fait cette fois piéger sur la sortie de la combinaison avec Echo D (Orlando), frère utérin de sa première jument de Grand Prix Tekila D.
Fautif sur le deuxième obstacle de la première manche, Dayro Arroyave remet les choses au point en seconde manche, avec un sans-faute parfait d'Eldorado vh Vijverhof (Thunder vd Zuuthoeve) en 45''03. Cette fois, les choses sont claires, les suivants savent ce qu'ils leur restent à faire.
Niklaus Rutschi a compris le message, il attaque plein gaz avec Windsor XV (Crown Z), mais ne peut éviter une faute sur l'ultime obstacle, malgré un très beau temps de 43''79.
Dernier partant pénalisé d'une faute sur l'entrée du double de verticaux suivant la rivière, l'Allemand Laurenz Buhl attaque et réussit le meilleur temps en 43''41 sur Roi de Berg (Idéal de Prissey).
Il prend donc provisoirement la tête, mais les couples sans faute vont désormais se disputer la victoire. C'est un tout nouveau couple qui se lance à l'assaut, puisque le Brésilien Fabio Leiwas Da Costa est en selle sur l'ancienne monture de Koen Verreecke, Allegro vd Donkhoeve (Mr Blue). Le couple s'entend déjà à merveille et signe un magnifique double sans-faute en 45''32.
« Je suis très heureux. J'ai acheté Allegro par l'intermédiaire de Filipino Azevedo, chez qui je suis installé pour la saison estivale, il y a à peine trois semaines. Je l'ai emmené au concours à Béthune la semaine dernière ,où tout s'est déjà très bien passé, avec une belle 8 ème place dans le Grand Prix et ici, c'est de nouveau un très bon résultat. Je suis vraiment content d'avoir acheté ce cheval, il a désormais 14 ans et possède une bonne santé, mon objectif est de le conserver encore trois ans sur le circuit. Evidemment, on pense aussi à Caen, mais je veux rester réaliste et y aller étape par étape. »
Véritable surprise de ce concours, le cavalier guatemalais Alvaro Enrique Tejada Arriola, non content de sa magnifique première manche réitère… en améliorant le chronomètre à 44''81. Nouveau leader !
« Je suis installé chez Ashford Farm en vue des Jeux Equestres Mondiaux qui sont mon objectif, mais avant cela, je voulais participer à différentes compétitions de niveau deux et trois étoiles. C'est la première fois que je viens en Europe, et je suis là avec des chevaux que nous avons élevés à la maison.
Nous faisons naître environ 8 poulains par an. Je monte Voltaral Palo Blanco (Voltaire x Contender) depuis son plus jeune âge et c'est évidemment un plaisir de pouvoir évoluer sur de telles épreuves aujourd'hui, alors qu'il a 12 ans. »
Le Brésil revient avec cette fois Marlon Zanotelli en selle sur l'étalon Selle Français, Rock N'Roll Sémilly (Diamant de Sémilly). Le jeune homme tente sa chance, mais il ne peut éviter une faute sur l'oxer n°6, juste avant l'entame de la dernière ligne.
« C'est évidemment dommage cette petite faute, mais je ne peux vraiment pas en vouloir à mon cheval. Il a effectué son premier Grand Prix il y a à peine quelques semaines à Bonheiden, où il avait déjà bien fait, et ici, il fait son premier trois étoiles et il est de nouveau au rendez-vous en se promenant. Alors oui, il fait une petite faute d'inexpérience parce qu'il vient trop près, mais quand je vois la manière dont il évolue et la facilité avec laquelle il fait ça, je n'ai qu'un rêve, c'est de pouvoir le conserver jusqu'aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro ! »
Martin Fuchs tentera également sa chance, mais se fera également piéger sur le vertical placé en avant dernière position avec Luis Della Caccia (Lancer II).
Premier couple à avoir réussi le sans-faute en première manche, Faye Schoch et Ravissante de Pléville (Kannan) ne profiterons pas de leur belle première manche en écopant de deux fautes lors de la seconde. Dommage.
Le cavalier des écuries Lansink, vice-champion d'Allemagne et vainqueur du Grand Prix d'Eindhoven, est de nouveau présent avec Quality (Quidam's Rubin). Il utilise l'énorme foulée du puissant bai, mais dans la dernière ligne, c'est presque trop court, il doit attendre : 43''75, c'est la tête du classement provisoire.
Seul cavalier luxembourgeois de cette seconde manche, Marcel Ewen tient à faire bonne figure. Sans prendre tous les risques, il déroule un joli tour dans un bon rythme et surtout réalise le double sans-faute en 50''66, qui sonne comme une victoire à ses yeux.
« C'est exceptionnel pour moi, c'était important, d'autant que c'est mon meilleur résultat à ce niveau et c'est en plus devant mon public. Pour nous, c'était un rendez-vous important. Nous avons une équipe très jeune qui a montré de belles choses aujourd'hui.
Mon cheval est le plus expérimenté et c'est sans doute la raison pour laquelle nous sommes le meilleur couple luxembourgeois aujourd'hui, mais je pense qu'ensemble, nous pouvons envisager également quelques belles choses sur le circuit des coupes des nations. »
Arrivé au haras de Ste Hermelle en provenance de chez Michel Hécart, Mathieu Laveau prend ses marques et ne manque pas d'ambition. Il attaque fort et force Phelius de Ste Hermelle (Surcouf de Revel) à donner le meilleur de lui-même. Cela fonctionne, car le bai donne tout et signe un très bon chrono de 44''18 et prend la seconde place du provisoire.
« Je l'ai récupéré début mars, notre couple est encore tout neuf. Nous avons connu un magnifique week-end où nous avons accumulé les classements. Je suis content de travailler au haras de Ste Hermelle, où il y a une vraie qualité de chevaux avec un système de qualité. Mon objectif désormais, c'est de continuer à évoluer sur le niveau trois étoiles en recevant l'opportunité de monter quelques quatre étoiles, car il est encore vert à ce niveau-là d'épreuve, et nous verrons si on peut réussir à s'ouvrir les portes de concours cinq étoiles dans l'hiver, ce serait sympa car quand je vois à la vitesse à laquelle notre couple évolue, je me dis que tout est possible. Je pense qu'il a tous les moyens et la qualité d'un bon cheval de sport. »
Il ne reste plus que deux couples à s'élancer dont l'amazone belge en forme de ces dernières semaines, Fabienne Lange-Daigneux, qui débute à ce niveau d'épreuve avec sa jument de 9 ans, Venue-Fée des Hazalles (Président).
Pourtant la docteur-vétérinaire décide de ne pas se reposer sur ses lauriers et tente sa chance. La fille de sa fidèle Reine-Fée des Hazalles n'est plus sur les traces de sa mère, mais elle est déjà en train de la surpasser : elle est double-sans faute et… deux centièmes plus vite que Quality, c'est la tête de l'épreuve.
Tim Hoster enrage : « Je voulais faire 6 foulées dans la dernière ligne, mais tout le monde m'a dit d'en faire 7, et finalement, les 6 auraient été faciles, alors que j'ai dû attendre pour en faire 7 vu la galopade de mon cheval. C'est comme ça, c'est la vie. Mon cheval a vraiment bien sauté et nous accumulons les classements cette saison. Cela aurait dû être le cas l'an passé, mais je lui laissais sa tête plus haut et cet hiver, j'ai beaucoup réfléchi et je me suis dit qu'il fallait que je le monte différemment, en le gardant plus près de moi, et cela fonctionne. Maintenant, il est certain qu'un tel cheval, je ne pourrai pas le garder éternellement, mais je profite de chaque instant. »
Le seul à pouvoir encore glaner la victoire est le cavalier slovaque Chudyba Bronislav, mais après un très beau premier tour, le garçon reste prudent… mais pas encore assez puisque Concano (Come On) faute sur l'avant dernier obstacle, pour dégringoler au classement, alors que la joie et les larmes viennent illuminer le visage de Fabienne Daigneux.
« C'est ma première victoire dans un trois Grand Prix trois étoiles. Je tenais vraiment à venir ici, d'autant que j'avais été élue meilleure cavalière du concours l'an dernier, mais c'était difficile et lorsque j'ai vu le plateau présent, j'ai compris pourquoi. J'étais très fière de pouvoir monter avec tous ces grands cavaliers, mais un peu stressée aussi.
Néanmoins, nous avons fait deux très bonnes qualif' pour le Grand Prix et je pointais de nouveau en tête du classement du meilleur cavalier, à égalité avec Pieter Devos, juste avant le Grand Prix. Alors pour moi, je n'avais plus de pression, je pense que j'avais déjà répondu aux attentes et montrer que Dirk Demeersman avait eu raison de me donner ma chance.
Lorsque j'ai vu les hauteurs du Grand Prix, je me suis surtout dit que c'était bien pour donner de l'expérience à ma jument sur ses hauteurs, mais lorsque je suis arrivée à l'entrée de piste pour le deuxième tour et qu'il m'a demandé ce que je comptais faire, j'ai vu dans son regard que ma réponse de dire que j'allais assurer le sans-faute ne lui plaisait pas du tout. Nous montons ensemble depuis… 40 ans et il me connait par c?ur. Il n'a pas hésité à me motiver et me dire que je pouvais le faire et maintenant, je ne peux que l'en remercier. L'équipe belge qui était ici m'a bien soutenue et réussit à vous faire croire que vous êtes bons. Grégory Wathelet, avec qui je m'entraîne, ne fait aussi que de me dire que je traîne, et cette victoire, c'est aussi grâce à lui.
Mon objectif avec Venue était déjà d'avoir un cheval pour faire des trois étoiles et elle le fait très bien. Pour moi, cette victoire, c'est comme gagner une coupe du monde ou un championnat d'Europe, je suis aussi heureuse, d'autant que c'est un concours magnifique avec un cadre fantastique. L'an dernier, j'avais déjà dit que ce n'était pas digne d'un deux étoiles, mais d'un quatre étoiles. J'ai été très gâtée ces dernières semaines, maintenant il faut faire en sorte que cela continue, et ça, c'est plus dur, mais pour le moment, je suis ravie, je suis sur mon petit nuage alors nous allons en profiter. »