Indéniablement talentueux, Crack Bel a trouvé un nouveau point de chute. Après réflexion, Frédéric Neyrat, son éleveur et propriétaire, a décidé de céder son protégé afin de le laisser poursuivre sa prometteuse carrière. Révélé par Julien Gonin, avec qui il a réalisé une saison 2023 de haute volée, le fils de Con Air et l’excellent La Toya III a tapé dans l’oeil de Cian O’Connor, qui s’en est porté acquéreur en partenariat avec ses fidèles soutiens de Coolmore Stud. L’étalon de sept ans devrait faire ses débuts sous la selle de Max Wachman dès ce week-end, au Sunshine Tour de Vejer de la Frontera.
Impossible de rester indifférent face aux qualités et aux nombreuses qualités du jeune étalon Crack Bel, protégé de la famille Neyrat et de Béligneux le haras, où il a vu le jour en 2016. Relativement discret à quatre et cinq ans, conditions sanitaires obligent, le bai, fils de Con Air et de la fantastique La Toya III, née Sweety vh Asborneveld, a bondi dans la lumière dès ses six ans, sous la selle de Julien Gonin. Ensemble, le duo n’a cessé de progresser, jusqu’à réaliser une saison des sept ans magistrale, créditée, entre autres résultats, d’une troisième place dans le championnat de France des chevaux de sept ans et d’une deuxième place dans la petite finale des Mondiaux de Lanaken, quelques semaines plus tard. Toujours plus haut, toujours plus spectaculaire, le représentant du stud-book Zangersheide a évidemment attisé les convoitises. Finalement, les écuries de Cian O’Connor ont eu le dernier mot et convaincu la famille Neyrat de céder le bien nommé Crack Bel à l’île d'Émeraude.
“Pour avoir marché pendant sept ans à ta gauche, je ne saurai jamais lequel de nous deux a le plus élevé l'autre”, Frédéric Neyrat
“Crack Bel change d'écurie”, a confirmé Frédéric Neyrat, naisseur, éleveur et propriétaire. “Coolmore Stud, le plus grand haras de Pur-Sang au monde et le cavalier olympique irlandais Cian O'Connor se sont associés pour acquérir notre jeune champion. La décision de vendre Crack Bel, fruit d'une longue réflexion, a été prise d'un commun accord par la famille Neyrat et Julien Gonin, son cavalier. [...] Mille mercis à toutes celles et ceux qui furent partie prenante pendant ces années exaltantes : la mythique La Toya, le regretté Con Air, les équipes de Sébastien à Châtenay et à Servas. Toute notre admiration va à Julien Gonin qui a su gérer la formation de Crack Bel avec intelligence, précision et retenue. Merci à son équipe et tout particulièrement à Julie, sa groom. Merci aussi aux éleveurs de plus en plus nombreux à lui confier des juments. Merci à ses admirateurs, qu'ils soient grands marchands internationaux ou jeunes cavalières de poney-club. Personnellement, pour avoir marché pendant sept ans à ta gauche, pour t'avoir observé à chaque instant, je ne saurai jamais lequel de nous deux a le plus élevé l'autre. Bon vent et belles victoires !”
Très bonne gagnante internationale sous la selle de Markus Fuchs avant d’achever sa carrière sportive aux côtés d’Arthur Gustavo Da Silva et Marco Carli, La Toya III, alors protégée d’Aldolfo Juri, a rejoint la famille Neyrat en 2013, alors qu’elle était âgée de dix-huit ans et ne comptait aucun descendant. D’abord croisée à Con Air, la baie donne deux filles : Coco Bel, vue jusqu’à 1,40m et Caen Bel, vouée à l’élevage, pour le compte de la famille Neyrat et de l’élevage des Joanins de Stéphane Monier. Après avoir donné quatre nouvelles femelles en 2015, par Goldfever et Kigali, dont l’une, Klaratotya Bel (Kigali) évolue jusqu’à 1,50m avec Paul Delforge à tout juste huit ans, La Toya a engendré, en 2016, une fille du regretté Plot Blue, un fils d’Acantus GK, décédé prématurément, et le phénomène Crack Bel.
“Je pense que je ne remonterai jamais un cheval comme Crack Bel”, Julien Gonin
Lancé en compétition par Anthony Gruet, Crack Bel a été très préservé par Julien Gonin, son deuxième cavalier. Sans jamais forcer son talent, le bai a toujours répondu présent et gravi les échelons, poussant son cavalier à en faire l’éloge, au détours d’une interview, en juillet dernier à l’occasion de l’historique CSI de Vichy. “Quoi dire de Crack Bel ? C’est la perfection ! Dans ma vie, j’ai monté beaucoup de chevaux. Chez Michel Robert, j’ai vu passer des cracks, de très bons chevaux. Mais franchement, je n’ai jamais monté un cheval comme Crack Bel dans ma vie et je pense que je n’en remonterai jamais un autre comme lui. Il a tout en lui ; c’est un extraterrestre, un autodidacte du jumping. Et en plus, il s’amuse. Il est parfait, c’est un truc de dingue. C’est un génie”, déclarait-il avec émotion et sincérité. S’il a souvent plaisanté sur le fait qu’il ne voulait pas conserver Crack Bel sous sa selle, n’aimant pas les étalons, Julien Gonin n’a pu résister à poursuivre l’aventure pendant deux ans et demi. Cette fois-ci, son chemin se sépare de celui du bai, qui a su séduire Cian O’Connor.
Toujours très actif sur le marché des transferts, le cavalier des écuries Karlswood ajoute une nouvelle pépite à son piquet déjà bien garni. Ces dernières semaines, l’Irlandais a ainsi fait l’acquisition de Chacco’s Light, fraîchement rebaptisé Fermoy, Casablanca-H, Clown of Picobello, Highland President ou encore Maurice, quatre chevaux taillés pour le très haut niveau et qui ont déjà fait leurs preuves. Crack Bel, qui devrait faire ses débuts sous la selle de Max Wachman du côté de Vejer de la Frontera dès ce week-end, viendra les épauler, ainsi qu’Eve d’Ouilly, Fancy de Kergane ou encore Empoli de Champloué, alias Tipperary, entre autres Selle Français, monté tantôt par le patron, Cian, ou ses disciples, les jeunes Max et Tom Wachman.
Côté élevage, Crack Bel a aussi suscité l’intérêt ces derniers temps. Déjà père d’une vingtaine de poulains nés entre 2021 et 2023, le fils de Con Air a honoré plus d’une cinquantaine de juments en 2023, selon les données provisoires du SIRE. Que les retardataires se rassurent, il reste des paillettes, disponibles auprès de Béligneux le haras (BLH). En attendant que les minis Crack Bel déploient leurs ailes, leur père est parti en éclaireur leur montrer le chemin vers la gloire.
Photo à la Une : Lanaken aura été le dernier parcours de Crack Bel et Julien Gonin. © Sportfot