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Cordial, tout vient à point à qui sait attendre (1/3)

Reportages mardi 4 janvier 2022

Il est de ces chevaux qui se remarquent. Durant toute sa formation et aujourd’hui encore, Cordial n’a cessé d’attirer les regards, de par son modèle, sa puissance et ses qualités innées de sauteur. Très bon finaliste du championnat de France des sept ans en 2016, depuis le début 2021, il enchaîne les Grands Prix 5* avec une facilité déconcertante. Studforlife a voulu en savoir un peu plus sur le propre frère de l’étalon Cashpaid J&F. Rendez-vous pris au Haras de la Côte, chez Laurent Guillet, en compagnie de sa cavalière Mégane Moissonnier.

Fils de Casall (Caretino x Lavall I), grand performer sous la selle du suédois Rolf-Göran Bengtsson et reproducteur-élite du Hostein, Cordial naît chez Hans-Hermann Gempf, à Stelle en 2009. Il est le deuxième produit de la prolifique et qualiteuse Unschuld (Chicago Z x Concerto II). Présenté à deux ans au marché Fences pour le compte de Paul Maïs du Stoeterij Van de Helle, Cordial saute fantastique à la répétition de la vente et tape dans l’œil expert d’Emmanuel Portet, présent à ce moment, qui l’achète. « Emmanuel m’a ensuite proposé d’en acquérir la moitié. Nous nous connaissons très bien et collaborons depuis longtemps. J’ai toujours eu à cœur de m’entourer de personnes en qui je peux avoir confiance. Je ne me suis donc pas posé de question et j’ai investi dans le cheval. J’ai ensuite proposé à Didier Jacquard, l’un de mes plus fidèles propriétaires, d’en acheter la moitié, lors de son année de quatre ans. Cela nous a offert la possibilité de prendre le temps nécessaire pour le former en vue du très haut niveau », introduit Laurent Guillet.

Préservé jeune, ne sautant quasiment pas à quatre ans et ne faisant que huit parcours en formation 2 à cinq ans avec Emmanuel Portet, Laurent récupère Cordial en début d’année de six ans. « Lors de sa première sortie en formation 2 sous la selle d’Emmanuel, il sautait déjà comme il saute 1,50m aujourd’hui. Notre objectif était de le laisser se développer progressivement ». 

En 2016, victime d’une première chute, Laurent confie Cordial à François-Xavier Boudant « François-Xavier et moi partageons la même vision des choses. C’est aussi un excellent formateur de jeunes chevaux ». Le nouveau couple prend part à l’objectif de la saison pour le cheval, le championnat de France des 7 ans, et finit à une très belle huitième place. De retour sous la selle de Laurent un an plus tard, Cordial attaque ses premières épreuves à 1,50m en CSI 3*. En 2018, à nouveau, Laurent décide de confier les rênes de Cordial à un autre cavalier. Cette fois-ci, ce sera Nicolas Delmotte, qui prendra le relais dans la formation de l’étalon. Avec Nicolas, Cordial foulera les pistes de Bourg-en-Bresse, Knokke ou encore Bruxelles, en CSI 4 et 5*. Mais faute de place dans ses écuries et de temps nécessaire pour continuer à faire évoluer correctement le cheval à la vue de son potentiel, Cordial retourne au haras de la Côte. « Nicolas pouvait le prendre jusqu’à Vichy, mais se retrouvait coincé pour la suite », explique Laurent.

Début 2019, nouveau coup du sort, Laurent chute à Cagnes sur Mer dès le début de la saison. Contraint au repos pendant un certain temps, il est obligé de confier ses chevaux. Pour Cordial, la décision est prise : ce sera Mégane Moissonnier, alors âgée de 21 ans. Issue du sérail, la cavalière est certes jeune mais son palmarès, lui, est bien étoffé. Des poneys aux jeunes cavaliers, en passant par les juniors, Mégane enchaîne les performances, avec un panel de chevaux forts différents les uns des autres. De plus, son écurie familiale ne se trouve qu’à quelques kilomètres de celle de Laurent. 

Mégane se déplace plusieurs fois par semaine au Haras de la Côte, à quelques kilomètres de chez elle, pour aller monter les chevaux confiés par Laurent Guillet © Thomas Danet

« Je connais Mégane depuis toute petite, car ses parents et moi sommes voisins. À l’époque, elle montait à poney. Aujourd’hui grâce aux chevaux que je lui confie, elle peut faire beaucoup de concours 4 et 5*. Pour ma part, je suis très satisfait de ses résultats. De plus, nous partageons une approche du cheval et une vision du concours identiques. Et il faut reconnaître que c’est une bosseuse, qui a du talent ! Elle possède une équitation fine, élégante mais qui reste diablement efficace en piste, car c’est avant tout une vraie compétitrice. Et comme cavalière, elle sait s’adapter rapidement à n’importe quel cheval, ce qui est primordial pour une écurie de commerce ! Je ne pense pas m’avancer de trop en disant que l’entente entre nous est bonne et que notre système permet à chacun d’y trouver son compte ! Cela laisse présager de très belles choses pour l’avenir », détaille Laurent. 

Remarquée depuis ses débuts à poney, Mégane Moissonnier fait toujours partie des meilleurs espoirs tricolores © Thomas Danet

Du côté de Mégane, le discours est pratiquement le même : « Laurent m’avait un peu coachée quand j’ai commencé à sauter 1,50 m mais nous n’étions pas allés plus loin à ce moment-là. C’est en début d’année 2019 que notre partenariat a réellement commencé. Il m’a appelée après sa chute pour me proposer de monter Ussar des Bruyères, le temps de sa convalescence. Je n’ai pas hésité, j’ai directement dit oui. Le premier concours s’est très bien passé et suite à cela, Laurent m’a proposé de monter Sultan du Château et Cordial, puis petit à petit d’autres chevaux se sont ajoutés. On a décidé de continuer comme cela parce que ce système nous convient à tous les deux  et que nous avions et avons toujours les mêmes objectifs. Il faut dire que monter d’aussi bons chevaux, participer à d’aussi beaux concours, bénéficier d’un tel système qui pousse vers le haut et qui permet de travailler au quotidien avec des cavaliers comme Nicolas Delmotte ou encore Bertrand de Bellabre, c’est une chance, j’en ai conscience. Sincèrement, sans cette belle opportunité je n’en serais peut-être pas là aujourd’hui. En période hivernale, je suis aux écuries environ 4 fois par semaine, et quand les concours reprennent, on s’adapte en fonction des besoins et du planning de compétition. En général, je monte les chevaux de Laurent le matin, ce qui me permet de me consacrer à ceux que j’ai aux écuries de mes parents l’après-midi. »

Epatant en piste de par sa force, Cordial n'en reste pas moins facile à monter, même pour une cavalière légère comme Mégane © Thomas Danet

Mégane se souvient de sa rencontre avec le fils de Casall. « La première fois que j’ai monté Cordial, c’était ici, au haras de la Côte. Dès les premières foulées, le sentiment dessus était incroyable. Il fait vraiment partie de ces chevaux naturellement au-dessus du lot », confie Mégane. A-t-elle ressenti de la pression à l’idée de récupérer l’étalon-phare des écuries Guillet ? À cette question, Mégane répond calmement mais sans hésitation : « Je ne me suis mise aucune pression.  D’ailleurs, je ne suis pas de nature à être sujette au stress. J'avais eu la chance d’avoir fait de bonnes épreuves avant. En plus, le cheval avait déjà du métier. Et le feeling entre lui et moi est vraiment bien passé. Cordial c’est le cheval qui peut clairement tout sauter. Avec lui, tout est facile. Engager un cinq étoiles et courir le Grand Prix, cela vous enlève un poids lorsque c’est avec Cordial. Peu importe les cotes, la largeur des oxers, … tout est à sa portée. Mon job, c’est de me concentrer sur le tracé et j’avoue, je me trompe rarement dans mes distances (rires) ! À partir de là, il n’y aucune raison de craindre quoi que ce soit ». Pour Laurent, cela ne faisait aucun doute. « Certes, Mégane est un petit gabarit et Cordial est imposant mais il n’est pas du tout lourd, quoi qu’en pense beaucoup de monde à le voir sauter, tellement il est fort. Cordial est et a toujours été très facile, léger. D’ailleurs, ce cheval aurait pu sans problème évoluer en dressage ! Je n’ai pas douté une seconde sur le fait que le couple pouvait facilement se former ». Mégane et Cordial débutent ensemble en compétition sur 1,35m puis connaissent une rapide ascension. « En juin, on courait déjà des épreuves à 1,55m en CSI 4*. Ensemble, on s’est routiné durant la saison sur ces hauteurs. Cordial m’a accompagnée avec Ulhan Okkomut lors de mon tout premier CSI 5*-W à Lyon ».

Deux mois après le début de leur association, Mégane et Cordial se classaient déjà dans des Grands Prix 3 et 4* © Sportfot.com

Toute belle histoire n'est pas exempte de rebondissements : après des débuts très remarqués à haut-niveau, l'étalon a été vendu en Allemagne... Avant de revenir quelques mois plus tard chez Laurent pour y retrouver Mégane ! C'est à découvrir dès demain dans la suite de notre saga consacrée à Cordial.

Thomas Danet - Photo à la Une : Thomas Danet