Conor Swail fait lever les tribunes à Dublin et offre la dernière étape du circuit Longines des Coupes des nations à l’Irlande
La France est passée à un cheveu d’une nouvelle victoire en Coupe des nations ! Après Rome, Knokke et Hickstead, les Bleus se sont inclinés, au profit de l’Irlande. À domicile, les hommes en vert, menés par le fort sympathique Michael Blake, ont régalé leur public, venu en masse malgré la météo capricieuse. Il aura fallu passer par la case barrage pour départager les deux collectifs. Et si Marc Dilasser, sur Arioto du Gevres, et Conor Swail, aux commandes de Count Me In, ont tous deux réalisé un triple sans-faute, excusez du peu, c’est finalement le second cité qui a ramené la Coupe à la maison. La Suisse, qui a fait bonne figure avec deux jeunes montures, complète le podium pour cette dernière étape du circuit des Coupes des nations Longines de Division 1, remporté par… la France.
La Coupe des nations du Dublin, souvent appelée Aga Khan, du nom du trophée remis aux vainqueurs, tendait les bras aux Irlandais. Des tribunes pleines à craquer, un temps so irish oscillant entre pluie diluvienne, grand soleil et ciel bleu, des couples prêts à en découdre, un barrage comme dénouement final : le spectacle était au rendez-vous, vendredi 19 août. Au bout du suspense, la dernière étape du circuit des Coupes des nations Longines de Division 1 est tombée dans l’escarcelle des hommes de Michael Blake, chef d’équipe comblé.
L'équipe irlandaise sur le podium aux côtés de son chef d'équipe. © FEI/Martin Dokoupil
“Il y a eu beaucoup de rebondissements ! J’espérais avoir fini un peu plus tôt, mais Cian (O’Connor, ndlr) s’est bien battu pour nous garder dans le coup (en signant un double zéro salvateur pour assurer un barrage entre la France et l’Irlande, ndlr). Et Conor (Swail, ndlr), n’a-t-il pas été incroyable aujourd’hui ? Sur un petit cheval, qui n’est qu’un grand poney, il a signé trois sans-faute. Tout ce que ce cheval a gagné cette année est incroyable. Je ne peux pas être assez reconnaissant de travailler avec ces cavaliers. Ils sont si doués et professionnels”, s’est ému le sympathique chef d’équipe irlandais au micro de la Fédération équestre internationale (FEI) avant le tour d’honneur. “Nous avons quelques accros imprévus en cours de route, mais lorsque nous avons dû répondre, nous avons répondu. Vous n’avez pas idée de ce que cela signifie pour moi. Obtenir notre qualification pour les prochains Jeux olympiques (assurée après la quatrième place de l’Irlande aux Mondiaux de Herning la semaine dernière, ndlr) et remporter l’Aga Khan en sept jours est du domaine du rêve. Merci au public. Sentir ce soutien derrière soi vous porte réellement. La foule présente aujourd’hui a sans doute apprécié ce troisième tour, mais ce n’était pas très plaisant pour moi ! (rires)”
Le poing levé de Cian O'Connor après deux parcours d'école de son génie Kilkenny, sous une pluie très... irlandaise. © FEI/Martin Dokoupil
Un duel serré pour la victoire
Il faut dire que Michael Blake n’a pas dû vivre cette épreuve très sereinement. Pleine de rebondissements, l’ultime Coupe des nations du circuit FEI avant la finale de Barcelone, prévue début octobre, a tenu les spectateurs en haleine jusqu’à la toute fin. Si seules sept équipes étaient au départ, trois se sont rapidement détachées en tête de peloton : l’Irlande, la Suisse et la France. Impeccables en première manche, les représentants du Trèfle, portés par Conor Swail, Max Wachman, Shane Sweetnam et Cian O’Connor, juchés sur Count Me In (0+0+0), Berlux Z (4+4), l’extraordinaire CSF James Kann Cruz (0+4) et Kilkenny (ex MHS Fernhill, 0+0), de retour au plus haut niveau après de longs mois passés loin des écrans radars, a légèrement flanché en deuxième manche, portant son total à quatre points. Rien d’inquiétant dans l’absolu, mais suffisant pour voir la menace française revenir à la charge. Avec seulement une faute au compteur à l’issue de l’acte initial, Marc Dilasser, Edward Levy, Mégane Moissonnier et Kevin Staut, en compagnie du génial Arioto du Gevres (0+0+0), d’Uno de Cerisy (0+0), de Cordial (8+0) et de Visconti du Telman (4+0) ont bien failli signer un remake de l’étape britannique d’Hickstead, disputée fin juillet. Cette fois, le génial complice du Breton et ouvreur du clan tricolore, en forme olympique ces dernières semaines, n’a pas réussi à vaincre son adversaire au jeu de la vitesse, laissant les honneurs à la nation hôte. Qu’importe, les troupes d’Henk Nooren et Sophie Dubourg peuvent amplement savourer cette nouvelle performance impressionnante.
L'exceptionnel James Kann Cruz, neuf ans seulement, n'aura péché que sur le dernier oxer du second parcours... © FEI/Martin Dokoupil
Max Wachman, élève de Cian O'Connor, honorait sa première sélection en Coupe des nations 5* Séniors avec Berlux Z, ancien protégé de Simon Delestre. © FEI/Martin Dokoupil
La Suisse, bien partie en première manche, a terminé avec une petite longueur de retard sur le duo de tête. Michel Sorg avait misé sur trois des quatre cavaliers qu’il avait envoyés au Danemark - présents, contrairement à certains, sur d’autres montures - ainsi que Niklaus Rutschi. Comme Edouard Schmitz, ce dernier a écopé de deux parcours à quatre points, tandis que Steve Guerdat et Martin Fuchs ont dominé leur sujet, alignant chacun un double clear round aux commandes de Dynamix de Belheme et Conner 70. Troisième, l’escouade helvète devance assez largement les Pays-Bas, auteurs de trois sans-faute en seconde partie d’épreuve, le Brésil - qui aura eu plaisir à voir le phoenix Vitiki déroulé un sans-faute en première manche -, les Etats-Unis, qui se sont bien rattrapés en deuxième manche, et de la Norvège, pas invitée pour le deuxième acte.
En proposant un nouveau barrage, cette Coupe des nations a une nouvelle fois prouvé toute la beauté de ce circuit, plus en péril que jamais. “Il n’y a pas de sentiment comparable à celui procuré par une épreuve par équipe”, a argué Michael Blake. “C’est la chose la plus incroyable de notre sport et la FEI doit réaliser que l'excitation générée par ces épreuves est unique. Où pourrait-on voir ça ailleurs ? Nous sautons toute l’après-midi pour un dénouement entre deux chevaux.” À bon entendeur.
La joie immense du clan irlandais, à gauche des troupes... françaises. © FEI/Martin Dokoupil
Un bilan détonnant pour la France
Au cours de la saison, la France a pris part à huit Coupes des nations 5*, comprenant celle de Dublin. Le podium ne lui a échappé qu’à… une seule et unique reprise ! Un bilan impressionnant, et qui lui permet de largement se qualifier pour la finale du circuit Longines, qui se jouera, comme il en est de tradition, au sein de Real Polo Club de Barcelone. Avec 370 points au compteur, les Bleus terminent en tête du classement général. Ils feront sans doute office de favoris du côté de l’Espagne cet automne. Malgré tout, une ombre persiste au tableau : une sixième place aux championnats du monde de Herning… Même si cette régularité a tout d’encourageant, l’histoire ne retient bien souvent que les titres en grand championnat.
Marc Dilasser et Arioto, toujours au rendez-vous pour la France ! © FEI/Martin Dokoupil
Pour le reste du classement sur le circuit fédéral, les Pays-Bas sont deuxièmes (350). Suivent l’Allemagne (330), l’Irlande (310), la Suisse (305), la Belgique (285) et la Grande-Bretagne (265), toutes invitées à venir défendre leur chance à Barcelone. À l’inverse de la France, la Suède, sacrée championne du monde il y a une semaine, ne sera pas du voyage, après une saison en demi-teinte. Huitième, la bannière bleue à la croix jaune partage sa place avec… la Norvège, qui, malgré quelques éléments porteurs d’espoirs, a eu du mal à faire preuve de consistance cette année. Selon toute vraisemblance, la Suède ne fera donc pas partie des sept équipes de la Division 1, édition 2023.
Les résultats complets de la Coupe des nations de Dublin ici.
Les résultats complets du circuit Longines des Coupes des nations de Division 1 européenne ici.
Photo à la Une : Conor Swail et Count Me In en route pour offrir une victoire aux siens. © FEI/Martin Dokoupil
