Conférence de Steve Guerdat : exercice réussi pour le champion olympique
26 novembre, 20 heures. Le rideau s’ouvre. Sur scène, un champion olympique qui troque, le temps d’une soirée, sa tenue de concours contre celle de conférencier. Durant 2 heures, devant plus de 500 personnes, Steve Guerdat retrace son parcours sur les planches du Bâtiment des Forces Motrices de Genève. Au micro de son ami Michel Sorg, sous-directeur du CHI de Genève, Steve Guerdat se dévoile, laissant apparaître l’homme derrière le cavalier.
ENFANCE
La soirée commence avec les débuts de Steve Guerdat, à Bassecourt, dans son Jura natal, un temps où le jeune garçon pratique à la fois le football et l’équitation. « Lorsque mes parents m’ont demandé de choisir entre les deux, car ils ne voulaient pas que je fasse deux sports à 50%, je n’ai pas hésité. » Suivent les années juniors et jeunes cavaliers : « Je n’ai pas eu vraiment de grand succès, confie Steve Guerdat. Je n’ai jamais eu de médailles individuelles aux championnats d’Europe. On disait de moi que j’avais du talent, mais je n’avais pas les résultats attendus. » Le premier grand succès, c’est sa médaille de bronze lors des championnats de Suisse élite alors qu’il n’est âgé que de 17 ans, derrière Hansueli Sprunger et Markus Fuchs. « Et devant Willi Melliger, 4e avec Calvaro », ajoute le champion.
ENVOL
Guidé par les questions de Michel Sorg, Steve Guerdat se raconte sans fard, touchant de sincérité, de timidité, parfois. Sans tabou, il évoque son passage dans les écuries Tops – « Quand Jan m’a appelé pour remplacer Rolf-Göran Bengtsson, je me suis dit que c’était une occasion à ne pas laisser passer, car je n’arrivais pas à franchir les dernières marches qui me manquaient pour atteindre le tout haut niveau. » -, ou dans celles d’Oleksander Onyschenko qui lui promet argent et chevaux s’il accepte de prendre la nationalité ukrainienne. « J’ai pris l’argent et les chevaux et j’ai été m’installer dans ses écuries. Il y avait mon ami Grégory Wathelet qui montait aussi pour lui. Mes proches voulaient mon bonheur, donc ils comprenaient que je saisisse cette opportunité. Deux personnes m’ont téléphoné pour m’en dissuader : Alban Poudret et Ludger Beerbaum. Lorsque Onyschenko est venu avec le contrat, je n’ai pas pu signer. J’ai dû rendre les chevaux, l’argent, et partir le lendemain avec mes affaires. Mais je ne l’ai jamais regretté. »
Car la carrière d’un champion est faite de hauts et de bas, d’opportunités et de décisions. S’il ne baisse jamais les bras, c’est parce que Steve Guerdat a deux passions : « J’aime le cheval et j’aime le sport », dit-il. Et si les deux passions se conjuguent, c’est encore mieux pour ce grand perfectionniste, qui avoue être parfois difficile à vivre lorsqu’il estime n’avoir pas donné le meilleur de lui-même. Comme aux Jeux de Rio, durant lesquels il aurait tant voulu offrir à Nino une deuxième médaille. « Moi, j’aurai d’autres occasions de participer à des JO, mais pas lui. »
REBONDIR
Humble, le cavalier suisse ne manque pas de citer ceux qui lui ont tendu la main. Son entourage, ses entraîneurs, ses propriétaires, autant de pièces indispensables sur l’échiquier d’une carrière sportive. Il parle organisation, entraînement, mais aussi valeurs. « Je suis heureux d’être n°1, c’est une belle reconnaissance et un aboutissement, mais j’espère aussi que cela prouve qu’on peut devenir n°1 avec des valeurs que je respecte. » Celui que l’on voit régulièrement prendre la parole face aux instances dirigeantes de l’hippisme mondial pour défendre sa discipline ne manque pas d’aborder la question du circuit des Coupes des Nations : « S’il n’y a plus de Coupes des Nations, nous ne sommes plus un sport olympique. Et si nous ne sommes plus un sport olympique, nous ne sommes plus un sport. »
EXPLOSION
Surtout, Steve Guerdat parle de ses chevaux. De Jalisca Solier, qui lui offre une victoire dans le Grand Prix Rolex de Genève – « le moment le plus fort de ma carrière » – à l’olympique Nino des Buissonnets, qui coule aujourd’hui une retraite paisible à Elgg. Au moment de parler de ses complices, plus de trace de timidité dans la voix de Steve Guerdat, qui se laisse aller à quelques confidences : « Lorsque nous avons pu acquérir Nino, j’ai parlé à tous mes amis cavaliers du nouveau crack que j’avais dans mes écuries », raconte-t-il. Forcément, lors de notre premier concours ensemble, à Amsterdam, ils sont tous venus voir mon parcours… Et je ne suis pas parvenu à passer le n°1 ! Je ne faisais vraiment pas le malin. Un ami m’a dit : « Au moins, cela ne pourra pas être pire ».
Conscient de son rôle d’exemple, le champion olympique dit volontiers que le plus beau compliment que l’on puisse lui faire est celui que lui font de jeunes cavalières et cavaliers en lui disant qu’ils rêvent d’être comme lui, un jour. Ses rêves à lui, Steve Guerdat les vit au quotidien. « Que demander de plus ? Je vis la vie dont j’ai toujours rêvé. Du succès, des chevaux fantastiques, ma fiancée à mes côtés, une équipe merveilleuse, une famille incroyable... Je suis l’homme le plus heureux du monde. La seule chose que je veux, c’est ne pas décevoir toutes ces personnes. »
Le format de la discussion sur scène est un exercice inédit pour le champion olympique, mais le pari se révèle gagnant. Steve Guerdat répond aux – nombreuses – questions du public pour clore une soirée dont une partie des bénéfices est reversée à l’association « Regard2moi », choisie par le cavalier suisse. Des rires, de l’émotion, de l’humour, du partage, un sentiment de proximité avec un grand champion… Spectatrices et spectateurs sont conquis. Une première réussie, qui prouve que l’on peut toujours innover pour partager et faire vivre les grandes histoires du sport équestre.
Steve Guerdat - Conférence inédite "Le parcours d'un champion" from Artionet Web Agency on Vimeo.