Comme sa fille Éden, Pénélope Leprevost se couvre d'or à Fontainebleau
Quelle émotion à Fontainebleau ! Pour la finale du championnat de France Pro Élite, l’écrin du Grand Parquet, parfaitement habillé par les équipes de GL Events, menées par Sylvie Robert, ne pouvait rêver meilleur scénario. Au terme de deux parcours parfaitement dosés par Cédric Longis, Pénélope Leprevost s’est imposée, aux rênes de Texas, qu’elle décrit comme “un grand champion”. Une victoire avec une saveur particulière puisqu’Éden, sa fille, avait été sacrée la veille, dans le Critérium Pro 1. Dans la catégorie reine, François-Xavier Boudant et Philippe Léonie, auteur d’une folle remontée, ont complété le podium.
Jusqu’à l’ultime parcours, celui de Julien Épaillard et Quintara, en tête après avoir remporté la Chasse puis signé un clear round dans la première des deux manches de cette finale du championnat de France Pro Élite édition 2022, le suspense aura été à son comble. Au terme de cette épreuve riche en rebondissements, on ne peut que saluer le travail du chef de piste Cédric Longis, véritable chef d’orchestre, qui a parfaitement dosé ses tracés, pour mettre en lumière les meilleurs. D’ailleurs, aucun des vingt couples alignés dans les deux actes de cette finale n’est parvenu à enregistrer un double zéro. Seuls Pénélope Leprevost et Philippe Leoni n’ont pas renversé de barre, dimanche 24 avril dans la matinée. Et la première citée a triomphé, à bord de Texas, un hongre suédois de onze ans, déniché par un certain Éric Levallois, présent pour l’occasion, alors qu’il n’avait jusqu’alors que peu admiré son protégé en compétition. Mais le déplacement en valait bien la peine.
“Je suis vraiment ravie de mon cheval. Je crois en lui depuis le début, depuis toujours. Je dis que c’est un grand champion, et je crois qu’il est en train de passer un cap. Je crois que nous allons faire de belles choses dans l’avenir”, promet l’amazone, nouvelle championne de France en titre pour sa... première tentative dans cette échéance hexagonale ! La Normande a effectué sa première apparition avec son nouveau crack en octobre 2020, à l’Hubside Jumping de Grimaud. Patiemment, la championne olympique par équipe de Rio a fait progresser son protégé, pour le faire éclore, du haut de ses onze ans. Impeccables sur les deux parcours plus délicats qu’imposants qu’avaient érigé Cédric Longis, ce bai clair a tout d’un chat, agile et félin dans les airs. D’abord vu sous la selle d’Agathe Vacher, puis aperçu sous celle de Walter Lapertot, ce fils du phénomène Tornesh et de Pangea, une fille de Robin Z ayant tourné en compétition jusqu’à 1,50m, a décroché son premier sacre au terme d’un scénario tout aussi rocambolesque que passionnant.
“Ce titre est une bonne surprise. Je suis partie en quatrième position dans cette finale, à l’inverse d’Éden, qui s’est dit ‘tiens, je gagne dès le début, puis je ne fais aucune barre, comme ça je suis tranquille’. En vrai, j’ai un peu gagné parce que les autres se sont ratés”, a plaisanté l’amazone au paddock. Peu importe, cela ne change rien au résultat : tout comme sa fille, tout juste majeure et diablement talentueuse, dans le Critérium Pro 1, Pénélope Leprevost s’est, elle aussi, parée d’une coquarde bleu blanc rouge pour célébrer son titre de championne de France. Entouré de nombreuses personnes au paddock, dont Michel Robert, son fidèle ami et mentor, Pénélope en a profité pour passer un appel vidéo à sa maman, pour partager sa joie et son large sourire. “Cette victoire a un goût particulier parce qu’Éden a gagné hier”, a complété la championne, du haut du podium érigé sur la carrière des Princes, face à des gradins noirs de monde. “Depuis ce matin, je suis la mère d’Éden. Alors, je suis contente d’être redevenue Pénélope, et qu’Éden soit de nouveau ‘la fille de Pénélope’ (rires). Blague à part, c’était génial.”
Malheureusement, Julien Épaillard, en tête jusqu’à son ultime parcours, n’a pas tenu la distance, comme il le craignait. Déjà lors de son premier parcours, quelques notes de musique s’étaient fait entendre ci et là, même si sa toute bonne Quintara, alias Quincy Lady, n’avait pas renversé le moindre obstacle. “On va voir si on arrive à tenir une manche de plus, mais ça va être dur”, glissait-t-il déjà au paddock, entre les deux manches. Avec neuf points, le Normand, installé en Espagne, a toutefois occupé la septième place. En effet, le classement a largement été bouleversé, si bien qu’il aurait été impossible de l’imaginer à l’avance.
Deuxième, François-Xavier Boudant s’est bien battu sur son grand alezan, Brazyl du Mezel. Particulièrement régulier en fin d’année dernière, le Selle Français de dix ans, né chez Julien Hecht, en Meurthe et Moselle, de l’association entre Haloubet de Gorze et Unizie du Mezel, une descendante d’Apache d’Adriers, confirme ses bonnes prédispositions. “Je suis vraiment content. L’objectif était de décrocher une médaille. Malgré tout, j’ai fait une faute dans la première manche, donc je rage un peu, mais cela reste un super résultat”, a commenté le Normand, qui a, tout comme Pénélope, invité ses enfants sur le podium.
La plus grande surprise du classement revient sans aucun doute à Philippe Léoni. Trente-quatrième après la Chasse, le pilote a signé une véritable remontada en compagnie de sa magnifique Miss Marie v’t Winnenhof. Pire, le Sudiste a bien failli être rétrogradé dans le classement, en raison d’une faute… inexistante ! En première manche, sa jolie baie a effleuré la palanque, que le jury a cru voir tomber. Fort heureusement, la vidéo du parcours du couple a permis de rectifier cette erreur, et par la même occasion, de glaner une belle troisième place sur le podium. “Ma jument a été fantastique. Je suis très heureux et ce podium était inespéré pour moi”, a-t-il réagi. Fille de Edjaz van’t Merelsnest et de Jinthe van’t Winnenhof, par Toulon, s’était notamment classée sixième d’un Grand Prix 3*, à Arezzo, il y a un mois. À Fontainebleau, la BWP de dix ans a enregistré la plus belle performance de sa jeune carrière, qui ne fait que commencer. Son cavalier, qui ne la monte que depuis huit mois, la juge d’ailleurs comme l’une, si ce n’est la meilleure monture qu’il n’ait jamais eu entre ses mains. "C'est une journée fantastique. Je pense que Miss Marie est hors norme, je pense que c’est l’une des meilleures juments que j’aie montées dans ma carrière. J’espère que le meilleur reste à venir", s'est ainsi réjoui le sympathique pilote, tout sourire en cette belle journée, conclue avec une cinquième place dans le Grand Prix 4* en suivant !
Quatrièmes, Pierre Marie Friant et sa performante Urdy d’Astrée se sont fait avoir au premier tour, avant de conclure sur un sans-faute dans le second acte. Ils sont suivis, au classement général, par Alexandra Ledermann, extrêmement émue par le comportement de son "Riquiqui", Requiem de Talma, dix-sept ans et fringuant comme un jeune homme. Une faute, concédée en seconde manche les aura privés d’un podium. "J'adore sauter avec lui, nous nous entendons à merveille et je n'ai pas envie que le rêve s'arrête", glissera la championne, folle de son petit alezan aux allures de poney, qu'elle monte depuis onze ans.
Juliette Faligot a terminé sixième, avec sa toute bonne Arqana de Riverland, après deux parcours à un et quatre points. La paire féminine sa classe devant Julien Épaillard, Marie Pellegrin, huitième sur Boréale de Fondcombe, Mégane Moissonnier, qui a malheureusement tout perdu avec ses huit points lors de son ultime passage sur le génial Bracadabra, et Aymeric de Ponnat, associé à son excellent Hoover, qui a écopé de la même sanction que sa collègue. Deuxième au provisoire, et après un bon début de tour, Grégory Cottard a dégringolé en abordant la dernière ligne du tour initial sur Cocaïne du Val, ce qui ne lui a pas permis de revenir en piste.
Crédit photo : Mélina Massias. Photo à la Une : Pénélope Leprevost et Texas.