Dernière partie de notre rencontre avec l'ainé de la tribu Vanderhasselt.
La décision de se dire : « Celle-là je ne la vends pas ». Ça c’est difficile ?
C. V. : « C’était difficile, on a eu beaucoup de réunions à la maison pour voir ce qu’on allait faire. »
C’est entre tout le monde ?
C. V. : « Oui, on a décidé avec tout le monde : avec mes sœurs, mes frères et mes parents. On a dit « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? » Au début Yves, il voulait peut-être quand même vendre alors que moi j’ai dit non parce que je voulais garder un peu pour le sport. C’était difficile parce que c’est beaucoup d’argent. Ça peut changer toute une vie. Sur un cheval ou deux chevaux, ok on a décidé, on y va… Peut-être on va encore le vendre, on ne sait jamais mais jusque maintenant, j’aime faire du sport et ces juments nous ouvrent des portes et puis avec elles aussi, on peut encore faire l’élevage avec elles et on ne sait jamais… »
C’est difficile que ça soit des décisions collégiales et familiales ou vous préférez avoir plus de poids dans la décision ou c’est bien d’avoir plusieurs avis ?
C. V. : « Moi, j’aime bien écouter mes frères et mes sœurs. Ils veulent qu’on soit content et qu’on puisse faire le sport. Pour eux, ça ne change rien ; ils ont dit « tu fais ce que tu veux ». Yves aussi peut décider lui-même. Moi aussi je peux décider si je vends ou pas mais j’aime bien le sport et je vais faire du sport. J’ai dit « Je ne dois pas attendre 10 ans, je dis maintenant c’est le moment ou ça ne le sera jamais alors c’est le moment où je veux vraiment faire du sport ». C’est pour ça que je suis encore en train de chercher des autres chevaux qui savent aider Identity parce que ça, c’est important, je peux faire des quatre-cinq étoiles mais je manque un peu de chevaux pour faire du grand sport et ça c’est un peu compliqué. C’est pour ça que je suis à la recherche d’un peu, avec les propriétaires pour garder un bon team de plus pour faire des grands concours. »
Ça fait que vous avez envie d’acheter plus de jeunes chevaux pour essayer d’en avoir plus à la fin ou ça pas spécialement ?
C. V. : « Les jeunes on en a assez ça, ça n’est pas le problème ; on a assez de jeunes. Cette année, on aura huit poulains qui vont venir. Cet automne, on a rentré douze chevaux, les quatre-cinq et six ans qui étaient sur la prairie au repos après la saison. Les jeunes, on en a assez mais on manque un peu de chevaux pour les grands sports et ça c’est compliqué pour motiver les sponsors, les éleveurs et tout. »
Vous regrettez justement que malgré les résultats que vous avez, on ne vous confie pas plus de chevaux ? Vous pensiez qu’il y avait des chevaux qui allaient arriver plus facilement ?
C. V. : « Je sais que c’est difficile parce qu’il y a beaucoup de bons cavaliers, il y a pas mal de bons chevaux mais des chevaux de haut niveau, il n’y en a pas beaucoup non plus. Alors évidemment, c’est un peu compliqué pour trouver des bons chevaux pour le grand sport. »
Quand on voit parfois vos chevaux de tête – ce sont des chevaux quand même assez différents l’un de l’autre, on voit la grande Caroline T Z et la petite Identity, le fait d’avoir formé autant de chevaux c’est ça qui vous permet de vous adapter aujourd’hui ?
C. V. : « Moi je n’ai pas de problème avec ça. Hier, j’ai fait un entraînement avec un cheval d’un mètre quatre-vingts et puis, le cheval d’après il faisait un mètre soixante-quatre. Oui c’est avec l’expérience je crois, j’ai monté beaucoup de chevaux et je m’adapte très vite. »
Lequel est-ce que vous préférez dans les deux ? Celui d’un mètre quatre-vingts ou celui d’un mètre soixante ?
C. V. : « Un cheval qui gagne des flots en piste, le reste je n’ai pas de préférence… J’aime bien Identity à cause de ce qu’elle fait pour moi, elle fait tout, elle veut tout bien faire, elle a la mentalité, elle est optimale. »
Vous avez pensé tout de suite que la jument pouvait faire ce niveau-là ?
C.V. : « Elle avait les qualités mais je ne pensais pas qu’elle avait la force parce qu’au début, elle sautait trop haut. À six ou sept ans, ce n’est pas grave sur ces hauteurs mais quand tu fais un mètre cinquante et qu’elle saute trop haut… elle se complique la tâche. Mais après un moment, elle a compris qu’elle doit se ménager et maintenant, elle a compris ce qu’elle doit faire, tout roule. »
Et vous quel était votre travail exactement à ce moment-là entre les jeunes chevaux? C’était du stress ?
C.V. : « Non. Elle a toujours fait des sans faute. Au départ, elle a fait les cinq ans avec Yves je crois, parce que j’avais Ultra top van’t Paradijs à ce moment-là et je faisais aussi malgré tout des bons concours. Je l’ai prise à six et sept ans. Et puis, elle gagne la coupe de Belgique des sept ans à Gesves ; elle a toujours fait beaucoup de concours sans faute. »
Christophe avec son premier crack, Ultra-Top van't Paradijs (Heartbreaker x Lys de Darmen) qui est également un frère utérin de la crack de Thierry Rozzier Venezia d'Ecaussines dont la mère, Prima Donna van't Paradijs est une soeur de la mère de la crack de son frère Yves, Jeunesse... tout est une histoire de famille !
Qu’est-ce qui change par rapport au moment Ultra top et où vous avez vendu ces chevaux-là ? Qu’est-ce qui fait que maintenant vous avez décidé de ne pas vendre cette jument-là ?
C.V. : « Ultra-Top était un hongre. Wariska elle était bien mais Identity elle a encore plus de moyens. C’est pour ça, Wariska elle faisait souvent un mètre quarante-cinq et de temps en temps un mètre cinquante mais c’était son maximum. Et j’ai senti que c’était le moment ; il y a un client qui était vraiment intéressé, il voulait le cheval et je me suis dit « maintenant c’est le moment de faire l’affaire, de vendre le cheval. »
Quand vous dites qu’Yves a monté encore un peu Identity, il aurait pu continuer à la monter ou à partir de quand est-ce que vous avez décidé quel cheval est pour l’un ou pour l’autre ?
C. V. : « Wariska faisait vraiment partie de mes chevaux et c’est pourquoi je voulais monter le produit de Wariska, Identity. »
Christophe et l'étalon Acardi du Houssoit (Artos Z x Carthago) se sont régulièrement classé en Grand Prix avant que le gris ne soit vendu.
Vous n’aurez pas de produit de Jeunesse à monter ?
C. V. : « Normalement pas non. C’est à lui, peut-être qu’il me dira une fois « prends le cheval » on verra ça, ça peut changer mais c’est l’idée en tout cas. »
Mais ce ne sont pas des choses que vous décidez ?
C. V. : « Non, on n’a pas encore décidé, ça dépend des chevaux mais je pense que le but c’est que Yves puisse monter ses produits et moi, les miens. Yves a aussi monté Gelah mais c’est moi qui l’ai construite et lui, il l’a montée la dernière année mais moi, je vais continuer avec ses produits ainsi que ceux d’Identity et de Pin-up aussi. On a quand même pas mal de produits et des cavaliers qui vont monter les jeunes. Moi, je vais me concentrer sur des chevaux pour le gros sport. Je veux vraiment me concentrer là-dessus et essayer d’évoluer le plus possible. »
Donc, justement le fait de ne pas avoir beaucoup de chevaux dans le système qui est en place, dans le système de ranking, tout ça… Vous étiez content quand même de recevoir quelques opportunités durant l’été ou à la fois c’est frustrant de voir le circuit du Global se mettre en place ?
C.V. : « Moi je suis content qu’on a eu beaucoup de possibilités de monter de gros concours parce qu’il y a beaucoup de gros concours. Pour nous, c’était bien, pour Yves et moi, on a eu des chances qu’on n’aurait pas dû avoir et c’est pour ça qu’on a fait la Coupe des Nations à Saint Gall. Je voulais faire Samorin et j’ai fait Samorin. Je n’étais pas dans le team mais ça c’est je crois, il y a beaucoup de concours où on a eu la chance de monter de gros concours et après on a quand même fait de bons résultats. C’est pour ça qu’ils donnent maintenant la chance de monter comme Knokke, Stephex, Waregem, Ascona. Maintenant c’est plus facile pour nous de monter dans les gros concours. Cet hiver, j’ai pu monter à Helsinki, Oslo et Malines comme Coupe du Monde ainsi qu’à Treffen. Avant ce n’était pas possible : c’est plus facile maintenant pour monter des concours. »
Quand on voit, comme l’année dernière, tous les forfaits que vous avez eu pour la Coupe du Monde, vous comprenez ça ou vous qui rêvez du sport, toutes ces portes qui sont un peu verrouillées parfois ça déçoit un peu ?
C.V. : « Je vais dire que tout ce que je voulais faire, que j’ai demandé, j’ai presque eu. Je ne demande pas non plus des trucs qui ne sont pas possibles, je suis réaliste aussi pour savoir ce que je peux monter. Je ne demande jamais quelque chose que je ne sais pas ou que mes chevaux ne savent pas faire. Je suis très réaliste, je sais ce que je sais faire et c’est pour ça que tout ce que j’ai demandé, je l’ai presque toujours reçu. Je suis content avec, je n’ai jamais eu quelque chose où j’ai dit « Ok, maintenant je ne peux pas faire ça », non parce qu’il y a beaucoup de concours, il y a assez de concours donc ce n’est pas un problème même s’il y a beaucoup de cavaliers. Pour moi, c’est juste le ranking qui est un peu difficile. La plupart des cavaliers qui sont mieux classés que moi ont plusieurs chevaux de tête. Pour nous c’est compliqué pour revenir dans le top cinquante mais ça va aller, on va travailler sur ça. Je suis nonante-neuvième et avec une seule équipe, c’est pas mal. »
Christophe et sa crack, Identity Vitseroel (Air Jordan x Darco) ont bien commencé l'année avec des victoire dans le GP2* de Lier, le GP3* de Bonheiden, une 4ème place dans le GP4* de Hagen et trois classements dans les trois grosses épreuves du CSI**** de Grosse Vliegeln ce week-end.
Maintenant, vous espérez que vos enfants vont faire la même chose que vous ?
C. V. : « Mon fils monte déjà entre deux concours. Il a sept ans, il commence à monter et il aime bien. Il est aussi dans le LRV avec ses cousins et ses cousines, il s’amuse. Pour moi, il peut le faire mais il n’est pas obligé de le faire. C’était pareil avec mes parents aussi, ils nous ont toujours laissé le choix et moi, ça va être la même chose. Je serais très content s’il veut monter et qu’il a du talent pour faire mieux que moi. J’espère ça mais ce n’est pas obligatoire. »
Du coup, c’est vous qui l’entraînez ou vous l’envoyez ailleurs ?
C. V. : « J’ai fait comme mon père. Il va prendre des leçons avec le club. Je lui ai déjà donné une fois un cours dans le LRV quand le professeur n’était pas là et les enfants étaient très contents mais non, je vais le laisser un peu tranquille et on verra. Peut-être quand il aura douze ans que je vais m’en occuper mais maintenant, il peut jouer, s’amuser un peu et puis on verra ce que ça donne… »
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
C. V. : « Du bon sport et des chevaux. »