La coupe du monde de Malines marquait auparavant la fin de la saison hivernale avant que les chevaux ne puissent se voir accorder un break de plusieurs semaines … mais ça, c’était avant ! Désormais, Liverpool propose de passer le réveillon au concours et surtout la saison reprend directement avec trois étapes de coupe du monde sur le mois de janvier !
Après le passage des premiers concurrents de cette étape belge de coupe du monde, on pouvait craindre de voir un long barrage se dessiner mais c’est surtout que la belge Céline Schoonbroodt a frappé très fort en signant un somptueux parcours sans faute … avec juste un point pour temps dépassé avec Cheppetta (Chepetto). Pour sa deuxième coupe du monde, la jeune femme aura juste été brillante et elle finira finalement à une belle 7ème place !
« Je ne peux être que heureuse ! A Madrid pour notre première coupe du monde, nous avions déjà terminé avec un point de temps dépassé et ici, pour notre seconde coupe du monde, c’est un magnifique résultat. Ma jument commence à être vraiment sûre d’elle. C’est certain que ce genre de résultats laisse espérer de pouvoir rentrer dans de beaux concours mais ce n’est pas toujours facile, il y a beaucoup de bons cavaliers en Belgique. Nous allons voir le programme pour l’année prochaine. Cela fait maintenant tout juste un an que je monte cette jument qui évoluait par le passé avec Martin Fuchs, à 8 ans, elle avait perdu un an mais aujourd’hui, elle a rattrapé son retard. Je pense qu’elle va vraiment tout faire et je crois beaucoup en elle. C’est évident que l’on espère pouvoir garder un tel cheval … mais je préfère ne pas me prononcer sur le sujet, nous verrons ce que l’avenir nous réservera. » glissera Céline Schoonbroodt
Juste devant elle, Denis Lynch a lui aussi écopé d’un point de pénalité avec The Sinner (Sanvaro) tout comme Lorenzo De Luca qui pouvait de nouveau compter sur Armitages Boy (Armitage) qui retrouve la grande forme à l’aube de ses 17 ans.
« Armitages a perdu un peu de temps dans les airs … mais c’est surtout son premier Grand Prix depuis longtemps alors je suis heureux. Je ne peux qu’espérer l’avoir en pleine forme pour la saison prochaine car, même si il aura 17 ans, quand on le voit sauter de cette manière, il ne force pas ! C’est le seul cheval qui n’a pas de guêtres postérieurs et il adore sauter alors tant qu’il sera en santé et heureux d’aller au concours … » réagira Lorenzo De Luca qui sera sacré meilleur cavalier du concours.
Ils n’auront donc été que quatre à se qualifier pour le barrage mais pas des moindre ! Un barrage avec quatre stars pour une seule place de vainqueur.
Le français Kevin Staut est le premier d’entre eux à s’élancer mais c’est aussi celui qui connait le moins bien sa monture, Edesa’s Cannary (Caretino) mais le normand réussi un barrage magnifique avec beaucoup de finesse : sans-faute en 40’’98.
La pression est dès lors sur les épaules du numéro un mondial qui évolue comme à domicile à Malines encouragé par le public comme l’un des siens. Don VHP Z (Diamant de Sémilly) a eu un planning bien chargé en décembre avec Genève et Prague mais il donne encore le meilleur de lui-même pour boucler un nouveau sans-faute mais en 41’’42, ce sera insuffisant.
« Le temps du parcours était un peu court alors j’ai préféré attaquer un peu fort sur les trois premiers obstacles pour après m’en tenir à mon plan. Je suis assez satisfait de mon barrage. J’ai eu une distance où je devais attendre sur le deux et le double … mais de toute façon, j’aurais même réussi à enlever une foulée là, ce n’aurait quand même pas été suffisant pour gagner ce soir » expliquera le numéro un mondial.
Ludger Beerbaum est de retour à Malines ! L’an dernier, le Kaiser était venu pour la première fois de sa carrière sur l’étape belge de coupe du monde … qu’il avait dû quitter en ambulance après une vilaine chute. Cette fois, il est au barrage et il veut conjurer le sort en prenant tous les risques … il aborde la combinaison (spa – vertical) de biais et Casello (Casall) ne peut pas ... et s’arrête ! L’objectif est manqué !
Christian Ahlmann entre en piste avec l’étalon de 9 ans Clintrexo (Clintissimo Z) qui lui a déjà offert cette année deux victoires en Grand Prix lors de Riders Tour mais ici, c’est encore une marche de plus pour le protégé de Zangersheide ! L’allemand est motivé et attaque d’emblée emmenant son gris à l’action magique sur un train d’enfer. La manœuvre est somptueuse et il peut même se permettre le luxe de gérer sa dernière ligne : 39’’87. Après une victoire en 2015 dans l’étape de coupe du monde avec Taloubet Z et après sa première et troisième place cette année dans les Sires of the World avec Caribis Z et le jeune 8 ans Dominator 2000 Z, Christian Ahlmann remet le couvert … mais en plus sa cavalière Angelique Rusen remporte dans la foulée le Grand Prix** avec Dolocia (Untouchable) à égalité parfaite avec Patrick Spits sur Jacobien vd Dwerse Hagen (Va Vite).
« J’aime venir ici à Malines. Notre vie de cavalier est assez spéciale, nous voyageons beaucoup durant l’année à travers le monde et nous sommes plus ou moins seul 90% du temps alors c’est particulier de pouvoir évoluer devant sa famille. Mon fils était présent aujourd’hui. Il suit tout et espère que son père va bien faire. Pour nous, c’est un concours très important ici. Dès le début, il y a la journée réservée aux étalons avec les Sires mais aussi les plus jeunes. C’est important d’être là, de rencontrer les éleveurs, de montrer nos étalons en plus du Grand Prix, de la coupe du monde … cela fait beaucoup à faire mais c’est chouette. La famille, les amis sont ici et quand on a de bons résultats comme cette semaine, on rentre de bonne humeur à la maison. J’ai suivi le parcours de Kevin Staut mais pas des suivants car il n’y avait pas de véritable option dans ce tracé. Je savais que je devais prendre tous les risques et je pense que tout le monde a pu voir que j’étais très motivé. Clintrexo a fait ça magnifiquement bien. Il a tourné vraiment très bien devant la combinaison avec ce spa en entrée. Pour un cheval de 9 ans, ce n’était pas évident, c’est assez nouveau pour lui et cela nous promet de très belles choses pour la suite. »
Premier à s’élancer dans ce barrage, Kevin Staut scelle son nouveau départ avec une magnifique seconde place à Malines ! « Ce n’est que mon troisième Grand Prix avec Cannary et il était déjà placé à Genève. C’est un cheval avec d’énormes moyens et je suis vraiment heureux de pouvoir compter sur un tel cheval aujourd’hui car mes autres chevaux prennent de l’âge. J’étais venu ici pour engranger des points en vue de la finale de Göteborg. Avec cette seconde place, je suis désormais assuré d’être qualifié et je vais pouvoir aborder les prochaines étapes sans la pression de devoir me qualifier. Le temps aujourd’hui était court mais lorsque les premiers sont passés, ils étaient juste en dehors du temps, cela a obligé tout le monde à avancer et on a vu des fautes partout surtout dans les combinaisons mais c’était un parcours très respectueux des chevaux et très bien dessiné. C’est vrai que quand on voit Cannary, on ne pense peut-être pas tout de suite que c’est le cheval qui me correspond le mieux … mais je pense qu’il y a beaucoup de changements dans ma vie en ce moment et cela en fait peut-être partie.
Au final, c’est surtout le modèle qui change. C’est vrai que j’ai souvent des petits chevaux un peu plus court et plus compact mais c’est un cheval très léger pour son gabarit. Dans les indoors, j’ai parfois un peu de mal même si aujourd’hui, c’était bien. Le premier tour, il est facilement dans le temps car c’est un cheval avec un excellent équilibre avec lequel on peut galoper et il reste léger comme je les aime. J’essaie de m’adapter aussi car c’est tellement dur de trouver de bons chevaux qu’il faut aussi accepter que ces chevaux-là sont différents. On ne peut pas être le cavalier d’un cheval … mais ce qui est difficile c’est que, dans l’idée des gens, on est vite catégorisé et on vous dit souvent « Tiens, y a un cheval qui ressemble à Rêveur ou Ayade, je vais lui donner un petit cheval même si il est grand. » L’élevage évolue aussi énormément avec des chevaux de plus en plus dans le sang. Puis pour faire ce niveau d’épreuve, il faut quand même des chevaux avec une qualité extrême mais les chevaux peuvent être différent dans leur technique de saut, leur équilibre, leur taille, leur morphologie… mais ce qu’il faut, c’est de la qualité avec du respect, de la puissance et de l’élasticité mais ça peut être dans différent corps.
Pour le moment, même s’il n’y a vraiment rien de concret, je pense que tout le monde a pu constater que je monte beaucoup moins de chevaux pour Emmanuèle et Armand (Ndlr Pette du haras des Coudrettes) qui ont été les propriétaires les plus formidables de ma carrière. Nous voulions éviter, d’un commun accord, que l’on s’enferme dans un système où le cavalier est bloqué et aujourd’hui, nous sommes dans un système d’ouverture ce qui implique du changement. Bien sûr je vais continuer à monter, tant qu’ils voudront de moi, certains chevaux pour eux mais je vais aussi essayer de nouvelles collaborations et ouvrir mes portes à d’autres chevaux et d’autres propriétaires. Quand on voit le niveau de chevaux qu’il faut pour rester dans le top, c’est tellement difficile qu’il faut faire évoluer son système. Je pense qu’un système quasiment exclusif comme je l’ai eu avec le haras de Hus et avec le haras des Coudrettes, cela a été formidable de confort. C’était vraiment génial … mais il y a eu un changement stratégique de Xavier Marie à l’époque du haras de Hus, comme il y a un changement stratégique d’Emmanuèle et Armand qui sont vraiment tourné vers l’élevage. Ils ont un formidable élevage. Patrice (ndlr Delaveau) est leur cavalier ancestral, il va continuer avec une partie des chevaux que j’avais. Je vais poursuivre avec des chevaux comme For Joy, Ayade ou Vendome … des chevaux avec qui ont crée une complicité et avec qui il est difficile de changer fondamentalement le système. En revanche, Patrice va continuer avec les plus jeunes. J’ai la chance que géographiquement, tout soit assez proche. Je vais retourner m’installer dans les écuries familiales entre Deauville et Honfleur qui se trouvent à 10km du haras de la Forge et à 10km du haras de la Chesnaye où je collabore avec plusieurs chevaux pour Grégoire Oberson avec bien sûr une dimension commerciale. J’irai monter les chevaux là-bas comme j’irai entrainer également les chevaux d’Emmanuèle et Armand en préparation d’un concours chez eux mais en revanche mon équipe va être plus dispatché entre le haras de la Chesnaye et les écuries familiales, Emmanuèle et Armand ont du super personnel et ce sont des chevaux d’âge qui ont besoin d’être entretenu physiquement et mentalement, notamment en faisant beaucoup de plage comme on le fait déjà ce qui peut être assuré par leur personnel déjà en place alors que mon équipe se retire de la base générale de la Forge pour bouger entre les deux autres sites.
C’est sûr que le retour aux écuries familiales où vivent encore ma mère et ma grand-mère, c’est aussi quelque chose d’émotionnel. C’est une écurie toute simple où il n’y a pas de manège car c’est une zone protégée et nous devrons donc nous contenter d’une carrière extérieure … mais il y a beaucoup d’herbage et c’est très proche de la plage. Comme je récupère des chevaux seulement à partir de 7 ou 8 ans, ce sont des chevaux qui ont déjà de l’expérience et comme ils sont beaucoup au concours, ils ont besoin de décompresser un peu donc c’est une écurie très paisible, très nature pour un retour aux sources et quand il y a besoin d’infrastructure à la pointe, j’ai la possibilité de continuer avec le haras de la Chesnaye principalement pour toutes les activités commerciales mais c’est vrai que le côté nature de mon écurie me fait plaisir … c’est une peu l’histoire du gamin qui rentre chez lui ! »