CHIO***** Rotterdam
Rotterdam s'annonçait comme l'une des dernières grandes répétitions pour les championnats du monde qui approchent à grand pas. La piste en sable, comme à Caen, avait attiré de solides équipes annonçant du grand sport. Pourtant le chef de piste aura surpris tout le monde en proposant un parcours qui fut loin d'être énorme, mais très technique, et qui se révèlera très fautif.
En première manche, trois équipes se morfondent en fond de classement alors que 5 autres sont au coude à coude sur le devant de la scène, avec une petite longueur d'avance pour le pays hôte, qui peut compter sur trois couples sans-faute malgré le off-day d'Emerald, qui ne repartira pas en seconde manche.
Lors de la seconde manche, la Grande Bretagne réussira à grappiller quelques places grâce au magnifique double sans-faute de Joe Clee, en selle sur l'étalon Utamaro d'Ecaussine (Diamant de Semilly), qui s'affirme au fil des semaines comme un candidat très sérieux pour les WEG. La jeune garde britannique aura également bien tenu son rang, puisqu'après trois fautes première manche, Roe Spencer réussit à boucler le sans-faute avec Wonder Why, alors que Jessie Drea, sans-faute en première manche, ne rééditera pas sa prouesse avec une faute de Touchable (Touchdown) sur l'ultime obstacle du parcours. Devant, les choses débutent mal pour le Brésil. Alvaro de Miranda Neto ne peut mieux faire qu'en première manche et AD Uutje (Monaco) faute dès le premier obstacle avant de doubler la mise en fin de parcours. Derrière, Yuri Mansur régale et force l'admiration avec un parcours fantastique de First Devision (Andiamo) qui signe le second double sans-faute de l'épreuve du haut de ses 9 ans. Côté allemand, c'est la déception. Otto Becker avait aligné une équipe impressionnante sur papier… mais il ne faut pas oublier que les trois gris ont profité d'une période de repos après la finale de la Coupe du monde, alors que le bai revient de blessure et fait son retour à ce niveau. Chiara est sans doute la petite déception du jour. Après ses 4 points au premier tour, la jument de Ludger Beerbaum se fait piéger à deux reprises en seconde manche avec en plus un point de dépassement de temps. Codex One (Contendro I) lui n'aura pas fait démonstration, mais signe un premier tour sans pénalité, puis ne peut éviter une faute lors du second tour sous la selle de Christian Ahlmann. Ce n'est pas beaucoup mieux côté suisse. Auteur d'un premier tour tout simplement somptueux, Paul Estermann se fait complètement piéger en seconde manche. Castlefield Eclipse (Obos Quality) dégage un sentiment de sécurité impressionnant, mais le Suisse aborde le triple très tranquillement et sa monture vient s'éteindre juste devant l'abord. Le cavalier revient mais trop pressé, il ne peut éviter la faute sur l'entrée, sans parler du temps dépassé : c'est 11 points de pénalité au lieu d'un double sans-faute qui leur tendait les bras ! Derrière Jane Richard et son impressionnant Pablo de Virton (Andiamo) continue leur démonstration, mais après une faute sur la sortie du triple en première manche, c'est cette fois une faute sur l'entrée de la première combinaison. Côté français par contre, tout commence bien. Après une bien malheureuse faute sur l'oxer 8, Pénélope Leprévost rectifie le tir et signe le sans-faute avec sa fantastique Flora de Mariposa (For Pleasure). Patrice Delaveau, lui, est tranquillement en route vers un nouveau double sans-faute lorsque, sur la sortie du triple, Carinjo s'emmêle les pinceaux sur l'oxer et le couple termine au sol ! Stupeur, énorme rebondissement, rien n'est jamais fini avant le franchissement du dernier obstacle, mais heureusement, le cavalier se porte bien et les nouvelles seront très vite rassurantes pour l'étalon du team HDC. Ce n'est pas mieux du côté hollandais, d'autant que pour eux, tous les scores comptent désormais. Jeroen Dubbeldam ne peut éviter la faute avec Zenith SFN (Rash R) sur l'obstacle 6, alors que Maikel van der Vleuten se fait piéger sur la palanque avec VDL Groep Verdi (Quidam de Revel) qui faisait encore la monte mercredi avant d'arriver au concours. « C'est important pour l'un de ses propriétaires. Personnellement, je préfèrerais qu'il se consacre au sport mais il faut contenter tout le monde. Après, ce sera aussi à Verdi de nous le dire. Si je le sens fatigué en piste, nous en discuterons ensemble mais là, il peut continuer à faire la monte. » expliquera Maikel van der Vleuten. L'équipe suisse perd pied. Romain Duguet était en train de boucler un très beau tour mais il ne pourra éviter coup sur coup une faute de Quorida de Treho (Kannan) sur la sortie du triple et sur cette fameuse palanque orange qui suivait. Une palanque sur laquelle Pius Schwizer enregistrera également une faute avec Toulago (Toulon). La Suisse termine avec 20 points à la 6 ème place, la seconde manche aura connu bien des rebondissements. Le Brésil reprend espoir avec le sans-faute d'Edouardo Menes sur Quintol (Quintender) qui rectifie à merveille ses 12 points de la première manche et rend l'espoir aux hommes de Jean-Maurice Bonneau. Ce sera donc à Rodrigo Pessoa de terminer le travail. Le multi-médaillé peaufine encore les réglages avec Status (Satisfaction) mais, s'il passe cette fois le triple sans encombre, le petit fils de Stakkato se fait lui aussi piéger sur la palanque et écopera également d'un point de temps dépassé qui les pousseront vers la 5 ème place finale, un point derrière la Grande Bretagne qui aura su restée concentrée pour la seconde manche. Pour le podium rien n'est encore défini. Daniel Deusser boucle le sans-faute avec Cornet d'Amour (Cornet Obolensky) permettant à ses couleurs de rester dans la danse. Tout semble entendu puisqu'il ne reste aux Allemands qu'à passer Marcus Ehning sur son extra-terrestre Cornado NRW (Cornet Obolensky). Le parcours se déroule sans encombre, le gris déroule son parcours avec toujours cette même facilité… jusqu'au cette terrible palanque… qui tombe ! 4 points, l'Allemagne termine avec 12 points et la troisième marche du podium. Devant, le suspense est à son comble. Roger-Yves Bost réagit et prouve que sa jument est prête pour son grand retour : le guerrier parisien met la pression et Myrtille Pauloise (Dollar du Murier) soigne sa tenue en réalisant le parcours sans-faute. « La jument n'avait plus sauté une grosse épreuve depuis Bordeaux, nous avons pris notre temps. En première manche, je suis un peu resté sur mes acquis que j'avais avec elle et nous nous sommes mis en difficulté, le deuxième tour était déjà beaucoup mieux et c'est un sans-faute qui fait du bien », expliquera le champion d'Europe. Pour obtenir la victoire, Kevin Staut doit boucler le double sans-faute avec Rêveur de Huterbise (Kashmir van't Schuttershof), mais c'était sans compter sur une faute sur l'oxer 7 ! La France doit désormais regarder le parcours de Gerco Shröder. Désormais sous les couleurs Glock, le célèbre couple hollandais a la pression maximale sur les épaules. Suite au retrait d'Harrie Smolders, le parcours de London (ex Carembar de Muze ; Nabab de Rêve) comptera quoi qu'il arrive. Mais le Hollandais ne craquera pas et boucle un somptueux tour sans pénalité, le troisième double sans-faute de l'épreuve ! Il y aura donc barrage entre la France et les Pays-Bas. C'est Pénélope Leprévost qui revient la première en piste pour en découdre au chronomètre avec Flora de Mariposa. La cavalière connaît le boulot et met la pression sur le pays hôte avec un chrono très rapide… et un parcours sans faute ! Double sans-faute, c'est Gerco Shröder et London qui reviennent en piste… ils attaquent, mais la faute arrive dès le deuxième obstacle, offrant la victoire aux Français. « L'an dernier, les Hollandais ont remporté la victoire à La Baule devant nous, aujourd'hui, nous avons eu notre revanche ! Suite à la chute de Patrice, j'ai choisi Pénélope pour le barrage, même si la jument est assez jeune, car je sais qu'ils sont rapides, mais j'ai aussi pensé aux chevaux qui devaient repartir dans le Grand Prix, ce qui n'était pas le cas de Flora », réagira Philippe Guerdat.