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Chiffres du stud-book Selle Français : une tendance globale positive et de quoi débattre

Huricane
vendredi 22 mars 2024 Jocelyne Alligier

Les journées de formation des juges Selle Français ont été l’occasion pour le stud-book de dévoiler, en avant première de la parution de son tableau de bord, un bilan chiffré de l’année 2023. La tendance est globalement positive, attestant du dynamisme des éleveurs affiliés au principal stud-book des chevaux de sport en France.

Sur l’ensemble des naissances en France en 2022, le stud-book Selle Français (SF) caracole en tête des races ‘’sport’’ avec 43 % des naissances. Il est suivi par le groupe hétéroclite des Origines Constatées à 32 %, dont certains sujets pourront rejoindre le SF par labellisation. Les demandes en ce sens sont d’ailleurs en hausse, avec quatre cent cinquante-sept sujets labélisés l’année dernière, soit cent treize de plus qu’en 2022. Dans le même objectif, deux cent quatre-vingt-dix-huit juments nées sous un stud-book étranger adhérent à la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH) ont été labélisées pour produire en Selle Français, une hausse de cent huit dossiers par rapport à 2022. Dans cette répartition des naissances par stud-book, l’ensemble des races étrangères sport suit avec 9 %, tout comme le stud-book du Pur-Sang arabe, tandis que l’Anglo-arabe représente 4 %. Le chiffre provisoire des SF enregistrés au SIRE en 2023 fait apparaitre un total de huit mille six cent cinquante-neuf naissances, très légèrement en hausse par rapport à 2022, où il était de huit milles six cent quarante-cinq. Il reste dans la tendance depuis la reprise de 2014, où la barre était en dessous des cinq mille naissances SF.

Quatre pourcents des poulains nés en France en 2022 ont été enregistrés au stud-book Anglo-Arabe. © Mélina Massias

Le SFO, bientôt une exception ? 

En revanche, la part de Selle Français Originel (SFO) baisse avec moins de six cents sujets, soit 6 % alors qu’ils étaient 23 % en 2013. Et à voir le Top 5 des étalons les plus utilisés en 2023 par les éleveurs pour produire en Selle Français, il est peu probable que le résultat soit plus favorable en 2024, aucun ne produisant des SFO ! Sans surprise, et pour la sixième année consécutive, Mylord Carthago, SF, fils du Holsteiner Carthago, est en tête. Il est suivi par le KWPN Untouchable 27, cinquième en 2022, et qui, faute de produire en SFO, a le mérite d’être issu en lignée haute d’une belle famille SF, son père, Hors la Loi II, étant lui-même fils de Papillon Rouge et d’une mère issue de l’exceptionnelle Bourrée, SF par l’Anglo Nickel. La suite du classement est, cependant, totalement inédite avec l’arrivée de deux jeunes étalons : Huricane Champloué, SF par Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, BWP, et Hitchcock Bois Margot, SF par Qlassic Bois Margot, SF. À eux deux, ils ont totalisés six cents cinquante-trois saillies pouvant donner naissance à un Selle Français. Le Top 5 est bouclé par un nouveau venu sur le marché français, le grand performer BWP Scuderia 1918*Halifax van het Kluizebos, par Heartbreaker, BWP. 

Huricane de Champloué a été particulièrement plébiscité par les éleveurs en 2023. © Mélina Massias 

Le démonstratif Hitchcock Bois Margot, lui aussi né en 2017, a aussi séduit les éleveurs l'an dernier et figure au sein du Top 5 des étalons Selle Français les plus utilisés en 2023. © Mélina Massias



Neuf étalons réalisent 20 % des saillies totales pour produire en Selle Français, un chiffre globalement constant. Depuis 2017, entre onze et huit étalons se partagent un cinquième du marché. L’âge moyen des étalons utilisés pour produire en Selle Français est de 15,57 ans. Le programme du stud-book SF ‘’Génétique Avenir‘’ encourageant l’utilisation des jeunes reproducteurs reçoit néanmoins des résultats positifs, avec une progression du choix sur des jeunes reproducteurs : neuf cent quatre-vingt-six saillies pour les deux – quatre ans en 2022, contre seulement sept cent quatre-vingt-huit en 2013. De leur côté, les étalons de cinq – neuf ans passent, sur la même période, de mille sept cent soixante-huit à trois mille vingt-six, soit un total de 27 % des saillies pour les mâles âgés de deux à neuf ans.

Numéro un mondial dans le sport, Halifax van het Kluizebos a séduit les éleveurs en 2023, année de son arrivée en France. © Dirk Caremans / Hippo Foto

En 2023, cent trente-neuf étalons ont été approuvés, la moyenne depuis 2017 étant de cent trente par an. Ces étalons sont très largement des Selle Français : 67 %, auxquels on ajoute 4% d’Anglo-arabe et 1% de Pur-Sang, soit 72 % pour les races originelles du SF, tandis que les races étrangères représentent 28 %, dont 12 % pour les stud-books belges et 8 % pour les stud-books allemands. Pour les jeunes étalons SF approuvées sur le circuit de la ‘’voie mâle’’, les qualificatives des deux et trois ans, quarante-deux ‘’K‘’ et trente ‘’L’’ ont été approuvés, soit réciproquement 1 et 0,75 % des sujets mâles de ces générations. Depuis 2004, avec les approbations faites ensuite sur résultats, entre 2 % et 3 % des sujets mâles d’une génération sont approuvés. 

Korcovado du Louet, fils de Nouma d'Auzay, fait partie des jeunes étalons de la génération des "K" à avoir obtenu son approbation. © Mélina Massias

Le congelé plébiscité

Les éleveurs privilégient largement l’utilisation de l’insémination artificielle en congelé, avec 53 % des saillies réalisées grâce à cette méthode en 2023 pour 42 % en 2010. L’insémination en réfrigéré passe en revanche de 26 % en 2010 à 20 % en 2023, alors que l’insémination immédiate reste stable à 14 %. La monte en main et liberté chute quant à elle de 14 à 5 %. Les transferts d’embryons progressent, représentants 4 % en 2010 pour 8 % en 2023, le coût élevé de cette technique restant un frein. Il n’y a actuellement pas de données concernant l’ICSI, l’idée de collecte de ce type d’information faisant néanmoins son chemin.



Une jumenterie éparpillée mais de plus en plus qualiteuse 

D’après les déclarations de propriétaires de juments saillies, on comptabilise sept milles neuf cent vingt-six élevages différents, dont 15 % ont trois juments et plus, mais représentent 42 % des naissances. La très grosse majorité des éleveurs, 67 %, n’a qu’une seule poulinière, 18 % en ont deux, 11 % entre trois et cinq, tandis que 4 % affichent un cheptel supérieur à cinq. Les élevages ayant plus de cinq juments fournissent en revanche 25 % des naissances et 39% des naissances proviennent des détenteurs d’une seule poulinière, souvent amateurs et ne mettant pas forcément leur jument à la saillie chaque année. Le BSO des juments augmente également chez les éleveurs ayant plus de juments, la moyenne la plus élevée se trouvant dans les élevages de plus de cinq poulinières, mais avec de fortes disparités dans chaque catégorie, beaucoup d’éleveurs amateurs ayant mis à la reproduction leur ancienne complice de compétition ayant obtenu un bon indice. L’utilisation de poulinières de qualité est de plus en plus flagrante avec plus de 40 % des naissances issues de juments disposants d’au moins trois points PACE, avec une hausse de 10 % dans la production des juments ayant cinq points PACE ou plus. Dans cette catégorie, se trouve d’ailleurs une belle proportion de jeunes juments à l’origine de six cent quatre-vingt-quatre naissances SF en 2023. L’âge moyen des reproductrices est de 12,83 ans. Parmi les poulains présentés sur les concours foals, 41 % sont issus de juments bénéficiant de cinq points PACE et plus. Le stud-book SF peut se satisfaire d’une progression en hausse de la participation sur ce circuit foals, en hausse de 5% par rapport à 2022, avec trois mille cent quarante poulains, soit 37 % de la génération. Le championnat de France des foals de Saint-Lô fait recette avec, depuis 2018 où il enregistrait quatre-vingt-quatre engagés, une courbe ascendante pour arriver à cent quarante-cinq engagés en 2023.

Titulaire de 9,5 points PACE, la toute bonne Hugoline du Gué a, par exemple, engendré deux produits en 2023, un SF et un OC, et réalisé plusieurs transferts d'embryons. © Mélina Massias

Des championnats plus ou moins fréquentés

Cet engouement est moins flagrant dans les autres catégories avec une consultation lancée par le stud-book pour le championnat de France des trois ans Sport, dédié aux juments et hongres de trois ans. Malgré le côté attractif de la vitrine représentée par Equita Lyon, où il se déroule, de moins en moins d’éleveurs font le déplacement, ce qui explique le jumelage avec le championnat régional Rhône-Alpes pour avoir un plateau suffisamment étoffé. 

Si les éleveurs ne briguent pas forcément le titre national, la participation aux circuits de sélection à travers les échelons locaux reste prisée, avec pour les deux et trois ans, tous sexes confondus, une moyenne sur les dix dernières années représentant 16 % des sujets par génération. En 2023, la catégorisation a concerné trois cent soixante-sept femelles de deux ans (+ 38 %), deux cent quatre-vingt-dix-huit femelles de trois ans (- 6 %), deux cent soixante-dix-sept mâles de deux ans (+ 5 %), cent cinquante-neuf mâles de trois ans (+ 14 %) et sept cent cinquante trois ans ‘’sport’’ (+ 14 %).

Photo à la Une : Huricane de Champloué est le jeune étalon Selle Français le plus prisé en 2023. © Mélina Massias

Toutes les informations détaillées seront disponibles sur le site du stud-book Selle Français.