CHI de Genève : Martin Fuchs décroche sa première victoire dans un Majeur
Ce dimanche 15 décembre, le public de Palexpo a pu vivre l’un des plus beaux Grand Prix de l’histoire du CHI de Genève. Sur le papier, difficile de dégager un favori parmi les 40 participants tant le plateau était relevé. Sur le délicat tracé de Gérard Lachat et Louis Koninckx, 11 paires ont trouvé les clés pour le barrage.
S’élançant en deuxième, Jérôme Guery donne le tempo. Avec son incroyable Quel Homme du Hus, qui répond présent à tous les grands rendez-vous, le Belge signe un excellent chrono et prendra au final la 3e place. « Quel Homme est vraiment incroyable, confie-t-il après la remise des prix. Il fait de notre vie un rêve. En plus, c’est une belle histoire d’amitié : nous sommes trois amis propriétaires et on vit des moments intenses. Et je pense que ce n’est pas fini. Il a remporté une médaille d’or aux européens, il a gagné une étape du Global, il était dans le coup dans le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, où l’on manque le podium pour une glissade dans un virage. Et ici, à Genève, qui était vraiment notre objectif de la saison indoor, il fait encore un podium. Gaëtan Decroix le mérite, car il a vécu des moments difficiles et maintenant la vie est généreuse avec nous. On profite donc de chaque instant, on vit cela sans se prendre la tête et le cheval nous le rend bien. Vivement la saison prochaine. »
« Je suis reconnaissant envers les organisateurs du CHI de Genève et à mon chef d’équipe, qui m’ont donné la chance de monter ici, ajoute Jérôme Guery. Ce n’était pas évident d’avoir une place, car il y a énormément de bons cavaliers en Belgique, j’ai dû insister et j’ai eu une place en dernière minute. C’est une piste qui convient bien à mon cheval. Par contre, je ne sais pas où j’aurais pu gagner du temps tout en laissant les barres sur les obstacles. J’ai été le plus vite que je pouvais. »
« Pour la suite du programme, Quel Homme va aller à Oliva pour profiter de la mer et faire quelques petits tours. Ensuite, on va se focaliser sur la saison extérieure, car c’est un cheval taillé pour les grandes pistes. Donc pour l’an prochain, on va débuter par Doha ou Mexico puis Aix-La-Chapelle et évidemment on espère aller aux Jeux Olympiques. Et j’aimerais vraiment faire aussi Calgary. La carrière d’étalon de Quel Homme va donc être mise en suspens. On ne va plus faire de prélèvement jusqu’aux JO. » Si les Belges étaient en forme, avec trois représentants, les Suisses et les Irlandais n’étaient pas en reste avec, eux aussi, trois cavaliers qualifiés au barrage.
Michael Pender a fait sensation au CHI de Genève en prenant la 2e place de la grosse épreuve du jeudi et se qualifiant pour le barrage dans le GP Rolex.
Chez les Irlandais, on les retrouve au 9e rang Darragh Kenny et Balou de Reventon, pénalisés d’une faute au barrage, tout comme Mark McAuley, 10e avec Vivaldi du Theil et le jeune (19 ans) Michael Pender, membre de la Young Riders Academy et déjà 2e le jeudi soir, 11e de ce Grand Prix avec HHS Burnchurch.
Pour les Suisses, très belle prestation de Bryan Balsiger qui signe encore une performance de choix avec son fidèle Clouzot de Lassus : son double sans-faute lui permet de prendre la 6e place, sous le regard ému de son père qui ne peut retenir quelques larmes. Le jeune Neuchâtelois se précise de plus en plus comme une nouvelle star de l’hippisme et à l’aune d’une saison olympique, c’est de bon augure !
Martin Fuchs l’avait annoncé : le Grand Prix de Genève était son objectif et même si les Majeurs du Grand Slam ne lui avaient pas réussi jusqu’ici, « la chance a tourné aujourd’hui », reconnaissait le vainqueur. Martin Fuchs déclenche donc son cycle dans le Grand Chelem.
Le Thurgovien, qui n’a pas eu un Clooney très coopératif lors du parcours initial et un sursis avant le triple Rolex, véritable juge de paix du parcours avec une délicate palanque à la sortie, a retrouvé un cheval disponible et en confiance pour le barrage. « J’ai parfois fait des erreurs avec Clooney dans les Grands Prix à Genève les années dernières, mais aujourd’hui tout s’est bien passé. C’est ma première victoire dans le Rolex Grand Slam, qui réunit les 4 meilleurs concours du monde. Tout le monde veut gagner ces épreuves et c’est toujours une longue route pour gagner un tel Grand Prix. Cette année, j’avais vraiment mis le focus sur cette épreuve. J’avais fait deux petits tours auparavant pour donner confiance à Clooney. Et il a été phénoménal aujourd’hui ! Il a 13 ans et on a grandi ensemble. » Le 1er janvier prochain, le prodige suisse pourrait bien porter le brassard de n°1 mondial.
À la question de la rivalité qu’il entretient avec Steve Guerdat, il répond avec humour : « Comme je n’ai plus mon jardin à moi, puisque le concours de Zurich n’existe plus, Steve doit partager son jardin de Genève ! Non, il n’y a aucune rivalité, tout le monde sait que nous sommes amis. Il s’entraîne avec mon père et je suis au moins une fois par semaine dans ses installations. Je ne sais pas si je vais être n°1 en janvier, mais c’est évidemment un objectif de le devenir, et si ce n’est pas ce mois, ce sera le mois suivant ou peut-être l’année suivante, mais je pense que cela viendra. Je suis vraiment reconnaissant de mon piquet de chevaux qui me permet de vivre de tels moments. »
« Le Grand Slam est l’objectif l’an prochain. D’ici-là, Clooney va avoir une pause de deux mois. Après il fera un petit concours pour se préparer pour Den Bosch. » Martin Fuchs, déjà vice-champion du monde en 2018, 2e de la finale de la Coupe du monde cette année, champion d’Europe, entre encore un peu plus, à 27 ans seulement, dans la légende des sports équestres.
Le public de Palexpo a retenu son souffle lorsque Scott Brash déroule un barrage ultra-rapide, le chrono s’arrêtant juste 5 centièmes après celui de Martin Fuchs. Une 2e place pour le Britannique qui avait misé sur Hello Senator. Le seul cavalier de l’histoire à avoir remporté le Grand Slam, qui a d’ailleurs fait les adieux de son champion la veille, prouve dans ce Grand Prix qu’il a su se reconstruire une belle écurie et que la relève de Sanctos est bien là. « J’ai perdu du temps dans le dernier virage. J’avais prévu de faire 11 foulées et j’ai dû en mettre une 12e avant l’oxer blanc. C’est là que j’ai perdu ces quelques centièmes », analyse sobrement l’Ecossais.
Les 4 premiers sont dans la même seconde. On trouve le Brésilien Marlon Modolo Zanotelli au 4e rang avec VDL Edgar.
2e de ce Grand Prix l’an passé derrière Kent Farrington – qui a cette fois-ci abandonné après deux fautes de Gazelle –, Steve Guerdat prend le 5e rang avec Albführen’s Bianca à un peu plus d’une seconde de Martin Fuchs. Il faut dire que la démonstrative fille de Balou du Rouet perd du temps sur les obstacles.
Pieter Devos aurait mis tout le monde d’accord, mais sa faute sur l’ultime obstacle prive le Belge d’une nouvelle victoire dans un Majeur, lui qui avait remporté le Grand Prix de Calgary en 2013. Avec Espoir, il prend le 8e rang.
Avec une salle comble, une billetterie sold out depuis le début de semaine et plus de 43 000 spectateurs sur les quatre jours, le CHI de Genève a encore une nouvelle fois prouvé que son titre de meilleur concours du monde décerné par l’Année Hippique est mérité. Et conclure sur la victoire de Martin Fuchs, qui a su partager avec le public sa joie sincère et contagieuse, ne peut que placer cette 59e édition sous le signe de la réussite ! Un grand champion pour un grand concours !
Luigi Baleri, le propriétaire de Clooney, aux côtés de Ruth Krech, propriétaire de Prêt-à-Tout, vainqueur du GP Rolex en 2018.