Ch Europe Mannheim
Finale individuelle
Ces championnats d'Europe de Mannheim auront réussi à sacrer les meilleurs cavaliers présents tout en ménageant quelques surprises.
Première surprise : quelques absents de grands renoms lors de la finale tel Rolf Goran Bengston et Ninja La Silla, auteurs d'un double sans faute lors de la finale mais qui auront payé cher une épreuve de chasse complètement loupée alors que deux des grandissimes favoris pour une médaille : Gerco Shroder et Gregory Wathelet passeront à côté de la seconde manche de la coupe des nations et se voient ainsi privé de finale. « Mon cheval n'a jamais fait autant de barres dans un parcours depuis que je le monte. Il était un peu blessé à la gourmette, peut-être que cela peut expliquer le manque de contrôle que j'ai eu, je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, c'est que le cheval n'est pas devenu mauvais du jour au lendemain. Ce sont des choses qui arrivent, c'est juste dommage que cela soit ici » regrettait le Belgo Ukrainien.
Une équipe Ukrainienne quelque peu à la dérive comme l'on pouvait s'y attendre suite aux défections de plusieurs de leurs chevaux. Jean Claude van Geenberghe avait opté pour Quintus, malgré la forme affichée par Trésor d'Opaline quelques semaines plus tôt lors de sa victoire au Grand Prix de Dinard, mais devra essuyer un refus sur le fameux double de mur de la chasse. Au final, le meilleur résultat de l'équipe Ukrainienne sera signé par la toujours aussi surprenante Katharina Offel qui avait opté pour Lord Spezi après la blessure de son cheval de tête. Si ce cheval était loin d'avoir la qualité de bien d'autres montures du plateau, la cavalière Ukrainienne réussira à boucler une incroyable Coupe des Nations avec un magnifique 0+4 à l'arrivée mais le couple ne semblait plus avoir les ressources nécessaire pour la finale dominicale.
On pensait trouver un Bjorn Nagel quelque peu aigri de voir le cheval de sa vie, Pilgrim, sur le podium par équipe alors que l'équipe Ukrainienne terminait à la 9 ème place… mais c'est tout le contraire : « Je suis très heureux de voir Pilgrim à cette position, depuis le début je dis que c'est un crack, maintenant on en a la preuve ! J'ai débuté le cheval en compétition à 5 ans. A 7 ans, il est parti à Zangersheide avant d'arriver l'année suivante chez Pius Schwizer mais comme ils n'ont pas été qualifié pour les Jeux Olympique, je l'ai récupéré mais à la différence des autres cavaliers, le cheval n'a jamais été dans mes écuries. J'ai accepté jusqu'aux championnats du monde mais après, j'ai demandé au propriétaire pour l'avoir dans mes écuries ou de trouver un autre cavalier et c'est ce qu'il a fait. C'est dommage mais c'est ainsi, maintenant, je suis heureux de le voir au plus haut niveau avec David Mc Pherson car c'est important pour un jeune cavalier comme moi que les gens sachent qu'ils peuvent être performant avec des chevaux que j'ai montés. Il y a quelques années, j'avais vendu Scutt à Willi Melliger, mais il n'a jamais obtenu les mêmes résultats que moi avec le cheval, ça a été une très mauvaise publicité pour moi. En ce qui concerne mon championnat, je suis évidement très heureux de cette seconde manche de Coupe des Nations (ndlr : où il effectue un parcours sans faute), il me manque quelques mois pour vraiment connaître Loriot. C'est un cheval que j'aime beaucoup, j'espère que je pourrai le conserver … mais rien n'est encore défini. »
L'ancienne monture de Bjorn Nagel aura en effet connu une semaine faste même si David McPherson passa à travers la première manche de la finale avant de se ressaisir et de boucler un magnifique sans faute. Il s'agissait d'ailleurs des premiers championnats couru sous les couleurs Britannique pour Mc Pherson qui avait déjà connu les championnats du monde sous les couleurs Sud Africaine : « Je suis né en Afrique du Sud et ma famille s'y trouve toujours, mais je suis installé aujourd'hui en Grande Bretagne. Le choix de ma naturalisation est un choix assez simple pour moi : lorsque l'on participe à des championnat, je pense que c'est toujours avec l'espoir de ramener une médaille. Or, même si j'ai beaucoup de respect pour la fédération Sud Africaine, logistiquement, c'est impossible. » L'an dernier, McPherson passa 6 mois dans les écuries de Paul Schockemoehle. Un laps de temps durant lequel il glana un titre de champion du monde : « Oui, c'est vrai, au championnat du monde des 6 ans à Lanaken. C'était un fantastique cheval d'ailleurs et dans notre sport, c'est difficile de trouver de bons chevaux alors je suis heureux d'avoir pu monter ce 6 ans. Ce titre n'a pas fondamentalement changé ma vie, mais c'est quand même durant ce temps que j'ai rencontré les propriétaires de Pilgrim … . Pour moi, cette expérience de Mannheim est fantastique. On pourrait croire que c'est difficile de se retrouver entouré d'une telle famille, mais c'est une équipe fantastique où l'on ne parle pas de politique et où tout le monde s'entraide, même Tim Stockdale, qui n'est que réserviste, court dans tous les sens pour nous aider, c'est vraiment une expérience incroyable pour moi. »
Déception pour les vedettes de la chasse. Christina Liebherr perdra sa première place provisoire avec une faute en première manche avant de s'écraser dans le triple de la seconde manche. Grande favorite avant l'épreuve, elle restait néanmoins très consciente de son couple : « No Mercy est un cheval fantastique, mais c'est aussi un cheval très chaud et j'ai souvent eu des problèmes pour le contenir. Après ma chute à Aix la Chapelle, j'avais vraiment perdu confiance, mais j'ai travaillé avec un acuponcteur qui a réussi à me remettre en confiance. D'ailleurs, je lui téléphone toujours avant de rentrer en piste, il m'aide beaucoup. » déclarait la cavalière Helvétique, mais No Mercy sera malheureusement retombé dans ses travers.
Troisième à l'issue de la chasse, Stefan Eder et son Cartier PSG avait créé la première surprise de la semaine, mais comme Christina, il n'ira pas jusqu'au bout de son rêve en se retirant lors de la seconde manche individuel alors qu'il n'avait plus grand-chose à espérer.
Même désillusion pour la jeune espagnole, Paola Amilibia, qui avait préféré venir prendre de l'expérience à Mannheim plutôt que de courir les championnats d'Europe jeune cavalier à Auvers mais Cabri d'elle refusera de sauter la palanque de l'obstacle « guitare ». Sa cavalière ne lui en tiendra pas rigueur et resautera l'obstacle numéro un avec son grand sourire habituel.
Surprise lors de la fin de la première manche de cette finale : un illustre inconnu s'est hissé sur le podium provisoire : le norvégien Morten Djupvik et son étalon Casino. « Je n'aurais même déjà jamais rêver me qualifier pour cette finale » rigolait d'ailleurs le norvégien. « J'ai commencé à monter Casino lorsqu'il a eu 5 ans. C'est vraiment un cheval que j'ai construit moi-même. Je savais qu'il avait la puissance pour faire ce genre d'épreuve … mais c'est toujours difficile de prédire jusqu'où un cheval peut aller. D'ailleurs au début de la saison, j'étais plutôt considéré comme le cinquième homme de l'équipe, les choses n'ont changées que fin juillet à Ascona lorsque nous y avons remporté le Grand Prix. A partir de là, nous avons été considéré comme membre de l'équipe… Maintenant, il faut profité du moment présent et surtout ne pas être déçu… » Ce sera pourtant très dur car Morten Djupvik était si près de l'exploit … mais les deux dernières barres du triple en auront décidé autrement et ils ne finiront qu'à la 10 ème place finale !
Dixième, derrière deux français ! Tout avait mal débuté après la chasse, mais Florian Angot a réussi à Mannheim ses plus beaux championnats jusqu'à présent ! Après avoir signé une Coupe des Nations double sans-faute, First de Launay réussira encore la difficile première manche de l'individuel sans pénalité mais ne pourra éviter 5 points lors de la seconde. Un véritable exploit salué de tous pour le cavalier normand : « Je suis évidement très heureux. Je regrette néanmoins ce petit point de temps dépassé en seconde manche plus que la barre d'ailleurs … »
Si l'exploit de Florian est magnifique, la prestation cinq étoiles d'Ionesco de Brekka n'aura fait que de renforcer les regrets : Olivier Guillon et Ionesco de Brekka n'avait aucun complexes à avoir face à la concurrence. Le fils de Dollar du Mûrier a démontré qu'il possédait la puissance et la classe digne des meilleurs chevaux du plateau avec un premier tour qui en aurait donné la chair de poule tellement il semblait enchaîner les obstacles avec une facilité déconcertante. Double sans faute lors de la finale, un exploit que seul Meredith Michaels et Albert Zoer réussiront, Jos Lansink étant pénalisé d'un point de temps dépassé.
Grâce à ce double sans-faute, Albert Zoer échouera au pied du podium derrière Ludger Beerbaum qui aura tenu bon avec Goldfever après avoir pesté à la fin de la première manche. « j'ai repris Goldfever et la camera est passée devant nous, Goldfever a prit peur, c'est ce qui a donné notre faute. Après coup, je me dis que cette caméra était là pour tout le monde et faisait partie du jeu. Je n'ai donc pas à m'en plaindre », admettait Ludger très professionnellement.
On y a cru, il l'a presque fait ! John Whitaker était tout prêt de donner une nouvelle dimension à sa légende mais une petite barre lors du dernier tour l'en privera. Une chose est sûr : Peppermill est bel et bien le cheval qu'il fallait à John Whitaker pour revenir au plus haut niveau car il n'a rien perdu de son tallent.
Une petite barre également pour Christian Ahlmann et Coster mais le germanique n'y va pas par quatre chemins : « Nous n'avons pas d'excuse, c'est vrai qu'une barre est vite arrivée, mais deux barres sur un championnat, c'est trop pour pouvoir espérer quoi que ce soit ! »
Pas une seule barre du week-end et pourtant Jos Lansink et Cumano ne prendront qu'à la seconde place derrière une Meredith Michaels intouchable. « J'avais établi ma stratégie en tentant de ne pas faire tomber une seule barre et j'ai réussi. Cela montre l'importance de la chasse, mais Cumano n'est de toute façon pas un cheval rapide … je n'ai donc aucun regret et si c'était à refaire, je referai pareil » déclarera Jos Lansink tout sourire.
C'est donc finalement l'américaine et son extra-terrestre qui remporte leur premier titre individuel avec un podium qui reflète à merveille les championnats que nous avons vécu. « C'est un rêve de gosse qui se réalise. La première fois que je suis venue en Europe, c'était lors du CHIO d'Aix la Chapelle. J'y ai vu de grands champions comme Ludger Beerbaum et Jos Lansink et j'avais vraiment envie d'être avec eux… . Quelle joie de les avoir chacun d'un côté aujourd'hui … » déclarera Meredith Michaels Beerbaum. Alors que Ludger soufflait un petit « ça ne nous rajeunit pas tout ça. »
