Au terme d'une finale palpitante, Edward Levy s'est octroyé, ce matin, le titre de champion de France Pro Élite à l'occasion du Printemps des sports équestres, à Fontainebleau. Grâce à Broadway de Mormoulin, il a ainsi succédé à Texas et Pénélope Leprevost, lauréats en 2022. En tête depuis la Chasse, Juliette Faligot et Arqana de Riverland ont finalement dû s'avouer vaincues pour une faute commise lors de l'ultime parcours. Avec sa géniale Bise des Bardellieres, Maëlle Martin a arraché la médaille de bronze au terme d'un suspense haletant. Révélation de ces championnats, Charlotte Spaas Levallois a hérité de la médaille en chocolat avec Dream de Beaufour, clôturant un beau trio féminin.
Après une épreuve en deux manches débutée à 9h30 ce matin sous une fine pluie, Edward Levy s’est imposé à midi dans le championnat de France Pro Élite, à Fontainebleau. Associé à Broadway du Mormoulin, le Normand a été le seul cavalier à boucler un double sans faute dans cette ultime épreuve, intelligemment concoctée par Alain Lhopital, assisté par son délégué technique Xavier Trouilhet. Et il faut dire que le pilote de vingt-neuf ans a eu chaud en bout de course et a bien failli se faire devancer par sa compatriote Juliette Faligot! En tête depuis la Chasse, la sympathique et vaillante Nordiste a pu à nouveau compter sur son exceptionnelle Arqana de Riverland pour enchaîner les plus grosses difficultés. Hélas, après un superbe sans-faute au premier tour, l’amazone a réalisé une bonne prestation, mais a buté sur le vertical en entrée de double numéro 9. Avec un total de quatre points, elle a troqué la médaille d’or qui lui était promise pour l’argent tandis que la bataille pour le bronze a été rude. Deuxième après la Chasse, Maëlle Martin a un temps cru que le podium lui serait inaccessible. Fautant sur la sortie du triple 7 en première manche de cette finale avec sa géniale Bise des Bardellieres, l'amazone pointait au treizième rang avant l’ultime parcours. Mais lors de ce dernier, outre Edward Levy, elle a été la seule à sortir de piste sans la moindre pénalité, lui assurant une belle remontée compte tenu des faibles écarts de points entre les concurrents. Avec un total de 4.46 points, elle est donc montée sur la dernière marche du podium avec sa très aérienne alezane, qui devrait rester sous sa selle et ne pas être commercialisée.
Edward Levy a donc obtenu son quatrième titre de champion de France, lui qui avait déjà été sacré en Cadets et Jeunes Cavaliers ainsi que dans le championnat des sept ans avec Starlette de la Roque, désormais retraitée. Un triomphe qui survient quelques mois à peine après le retour de Broadway de Mormoulin dans ses écuries, qui les avait quittées il y a un an et demi.
“Je suis très heureux. Ce n’est pas mon premier titre, mais les précédents commencent un peu à dater! Remporter ce titre, qui est de nouveau un objectif dans la saison des cavaliers, me ravit. Le dernier tour, bien que raccourci, était un parcours de haut niveau. Il fallait des chevaux de qualité et à nous, cavaliers, ne pas nous rater. C’était un championnat très sérieux. Je remercie Alain Lhopital, un excellent chef de piste qui mérite d’officier lors de ces événements. Broadway mérite un temps de repos, car c’est un cheval généreux qui se donne beaucoup. J’espère participer à quelques épreuves par équipes dans les prochains mois. J’avais déjà monté Broadway par le passé (d’août 2019 à août 2021, ndlr). Il était destiné à être commercialisé. Nous avions eu un peu de mal à le vendre même s’il est extrêmement talentueux, généreux parce qu'il est sensible et a un peu ses codes, qu’il faut respecter. Par exemple, à la détente, je saute toujours des obstacles moins élevés que ceux du parcours, environ quinze centimètres de moins. Si je lui en demande plus au paddock, il a tendance à s’inquiéter. C’est toute une somme de petites choses. Globalement, il fonctionne beaucoup à la confiance, alors il faut absolument miser sur son talent. Sur le marché, les chevaux jugés classiques se vendent toujours plus vite. Du coup, Stéphane Saunier, son propriétaire, l’a placé dans d’autres écuries, avant de me rappeler, en début d’année, pour me proposer de faire à nouveau équipe avec lui. En compétition, nos automatismes sont très vite revenus. J’ai fait comme s’il n’était jamais parti, appliquant les même codes, et il ne nous a fallu que deux parcours pour retrouver nos codes. Broadway est toujours à vendre, mais tant qu’il est là, j’en profite sportivement. Et quand il partira, d’autres chevaux lui succèderont. Je garde confiance en mon système de recrutement de jeunes chevaux”, a expliqué Edward Levy après sa victoire en conférence de presse.
Champion de France, Edward Levy a supplanté Juliette Faligot et Maëlle Martin. © Scoopdyga
“Sur le moment, j’ai ressenti une vraie déception de ne pas avoir pu gagner l’or, mais je suis finalement contente de cette deuxième place. La deuxième étape était conséquente, avec une seconde manche difficile. J’espère maintenant participer à quelques CSI 5*, si je suis prête, et pouvoir éventuellement participer à une Coupe des nations de niveau 5*”, s'est exprimée, quant-à-elle, Juliette Faligot après sa médaille d'argent tandis que Maëlle Martin a avoué ne pas avoir pu regarder ses concurrents en attendant le résultat... “Après mon dernier tour, je suis restée au paddock sans trop regarder le passage des concurrents suivants. C’est incroyable de terminer en bronze! J’aurais déjà été contente de finir parmi les huit cavaliers invités à la remise des prix. Je suis vraiment contente car ma jument mérite une médaille. Elle a sauté les trois parcours de manière magnifique. Notre faute en première manche de la finale est à mettre à mon compte. Je suis ravie de finir sur un tour qu’elle a, je trouve, survolé, ainsi que pour ses propriétaires, la famille Choisne. Ils ont élevé Bise. Ce sont passionnés de sport qui souhaitent que nous allions toutes les deux un peu plus loin ensemble. C’est une chance pour moi. J’aimerais pouvoir continuer à servir l’équipe de France, comme l’an dernier en CSIO 3*, mais également si possible en CSIO 5*. J’affectionne particulièrement ces concours et les Coupes des nations.”
Mais outre ces trois chanceux, pour les autres, les rebondissements ont été nombreux ce matin. Les premières minutes ont notamment été marquées par l’exercice d’équilibre de Jean Luc Mourier, lancé au galop, sans filet, sur la carrière des Princes. Un incident qui s’est -fort heureusement- bien terminé, sa Latina G ayant finalement stoppé sa course. Dans la première manche, nombreux sont ceux qui se sont heurtés aux difficultés du parcours d’Alain Lhopital. Le double numéro 3 ainsi que le triple 7 ont privé pléthore de couples du parcours parfait, tant et si bien que Grégory Cottard, trente-neuvième après la Chasse, a pu remonter au vingtième rang à l’issue de la première manche après avoir réalisé le premier sans-faute de l’épreuve avec sa Cocaïne du Val. De ce parcours, on retiendra aussi le clear round de Philippe Rozier et Dirty Sweet, associés depuis peu ainsi que le très étonnant refus de United Sunheup sur le numéro 1, lui qui avait pourtant remarquablement sauté lors de la Chasse, contraignant Bruno Garez à jeter l’éponge. Délicat, ce premier acte a permis à seize couples de sortir sans pénalité et donc de se qualifier pour la seconde manche réunissant les vingt meilleurs cavaliers.
Magnifique médaille d'argent pour la paire féminine Juliette Faligot/Arqana de Riverland. © Scoopdyga
À 12h20, Grégory Cottard a ouvert le bal du dernier temps forts de ce championnat de France. Avec sa grise, victorieuse du Grand Prix dominical du CSI 5* de Bordeaux en février, il a fauté sur le deuxième élément du double 6 placé le long des tribunes. Une faute qui a également été commise par Mégane Moissonnier et Bracadabra ainsi que Thomas Lambert et Jackpot E.B.. Philippe Léoni a aussi renversé cette palanque avec sa médaillée de bronze des championnats Pro Élite de 2022, Miss Marie v’t Winnenhof mais a emporté, en plus, les deux éléments du double 9 placé en direction de la porte. Ils ont terminé respectivement quatorze, dix, treize et dix-neuvième. Déjà fautive en première manche, Jeanne Sadran a ajouté quatre points à son compteur en butant sur le directionnel 3 avec Unforgettable Damvil. Pour son deuxième championnat de France à ce niveau, elle a pris la douzième place. Alexandra Ledermann a également renversé ce même obstacle avant d’emporter aussi l’oxer 7 avec son génial Requiem de Talma, seizième. Sans-faute en première manche, Philippe Rozier a cette fois laissé à terre le vertical 9b ainsi que l’ultime oxer, le numéro 10 et a terminé dix-huitième, juste derrière Titouan Schumacher, qui a renversé les mêmes obstacles, le 9a en plus, avec Carera des Brimbelles.
Grand sourire pour Maëlle Martin après sa performance. © Scoopdyga
Vice-champions de France en 2022, François-Xavier Boudant et Brazyl du Mezel ont connu moins de réussite cette année. Fautifs sur le 9b, ils ont dû se contenter du onzième rang, tout de même une nouvelle très bonne performance gage de régularité pour le duo. On a compté aussi deux fautes pour Edouard Chauvet, initialement dans le top dix et finalement quinzième avec Zia Mia de la Bonn Z. Mais la superbe performance de la semaine est certainement à remettre au profit de Charlotte Spaas Levallois. Avec la superbe Dream de Beaufour, qui a fait très bonne impression ce week-end, elle est passée à peu de choses du double sans-faute. Seul un point de temps dépassé en seconde manche l’en a privé, la reléguant à un très honorable quatrième rang.
Magnifique quatrième place de Charlotte Spaas Levallois et Dream de Beaufour dans ce championnat de France. © Scoopdyga
Prétendants à un podium, Alexis Goulet et Reynald Angot ont vu leurs chances grandement diminuer après avoir fauté sur le 9a pour le premier cité et le dernier pour le second. Avec Cordico et Untouchable Gips*HDC, ils ont pris les huit et septième places. Ils ont devancé Kevin Staut, neuvième avec Beau de Laubry. Le numéro deux du classement mondial Longines, Julien Épaillard, aurait également pu monter sur la fameuse boîte avec Chana de Valeme, impeccable au premier tour. Cependant, une faute sur la délicate palanque du double 6 l’a relégué à la sixième place. La même faute a aussi rétrogradé Simon Delestre au cinquième rang final. Mais son I Amelusina R 51 a montré d’énormes moyens et une belle régularité tout au long du week-end.
Avant dernier à s’élancer, l’argent autour du cou et pouvant rêver d’or, Cédric Hurel a malheureusement dû composer avec une frayeur de son délicat Fantasio Floreval. Après avoir réalisé un gros saut sur la rivière en première manche, le hongre n’a pas voulu s’approcher de l’oxer 8 placé juste à côté et qui a suivi un virage similaire lors de la seconde. Face à l’inquiétude de son protégé, le Francilien a dû s’arrêter là. La dure loi du sport, dirions-nous. Mais rendez-vous est pris en 2024 pour tenter, cette fois, d’obtenir une médaille qui serait amplement méritée.
Photo à la Une: Il n'aura fallu que quelques mois à Edward Levy et Broadway de Mormoulin pour retrouver leurs marques et s'emparer d'un titre. © Scoopdyga