À seize ans, Chacco Kid tourne la page sportive de sa vie. L’alezan, fidèle complice d’Éric Lamaze, s’est blessé lors de l’ultime parcours de sa carrière, le week-end dernier à Calgary. Après avoir parcouru le monde, remporté quatorze épreuves, dont un Grand Prix 5* à Spruce Meadows, et participé aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018, le fils de Chacco-Blue profitera d’une retraite bien méritée en Belgique, au cœur des écuries Torrey Pines. Formidable guerrier à la générosité sans limite, l’alezan aura également performé sous les selles de trois autres cavalières au cours de sa carrière : Nina Mallevaey, Beth Underhill et Kara Chad.
Infatigable, Chacco Kid aura fait le bonheur d’Éric Lamaze au plus haut niveau, participant notamment aux Jeux équestres du monde (JEM) de Tryon en 2018. Après la retraite du champion olympique, son ancien complice a offert de beaux moments à la Française Nina Mallevaey, et aux Canadiennes Beth Underhill et Kara Chad. À seize ans, et après avoir empoché quatorze victoires internationales, l’alezan tire sa révérence. Lors de la dernière épreuve de sa carrière, sur la piste de Calgary le 19 juin, l’Oldenbourg s’est blessé, le contraignant à une sortie par la petite porte. “Chacco était en train de tourner à la réception du double de verticaux aux couleurs de Rolex, lorsque l’un de ses postérieurs s’est accroché à son antérieur (au niveau du fer, ndlr). En général, le fer se détache du pied, mais cela n’a pas été le cas. Il a tenté de se dégager, ce qui a entraîné une blessure au tendon. À seize ans, c’est trop lui demander de revenir à haut niveau et sauter à nouveau. Au lieu de cela, nous nous réjouissons de lui offrir une belle retraite, dans un champ en Belgique, où nous pourrons le voir tous les jours et prendre plaisir à revivre de nombreux souvenirs”, a fait savoir Éric Lamaze par voie de communiqué, mardi 21 juin.
Fils de Chacco-Blue et Solara, par Come On, Chacco Kid est né au gigantesque Gestüt Lewitz de Paul Schockemöhle, en Allemagne. Côté génétique, l’Oldenbourg est le premier produit de sa mère enregistré sur Horsetelex. Cette année, l’alezan a été rejoint par trois embryons par Baloubet du Rouet. Sa deuxième mère, elle, a produit trois chevaux ayant sauté 1,60m sur quatre descendants répertoriés : Cardina Z et Charmeur, tous deux par Carthago, ainsi que L V Celebracion, un étalon par Cento.
Avant de briller à travers le monde, Chacco Kid est repéré par Marcel Delestre, alors entraîneur de la Colombie. Le technicien tricolore met l’alezan sur la route d’Eric Lamaze, qui l’importe au sein de ses écuries à l’hiver 2016. Débute alors une véritable success story. Le couple enchaîne les sans-faute et classements, en Grands Prix, épreuves de vitesse et autres Coupes des nations. En 2019, un an après avoir défendu les couleurs canadiennes lors des JEM de Tryon, la paire décroche son plus beau succès, dans un Grand Prix CSIO 5* à Calgary. Il s’agissait alors de la première compétition d’Éric Lamaze après avoir révélé se battre contre une tumeur au cerveau. “Mon souvenir préféré avec Chacco est d’avoir gagné le Grand Prix RBC lorsque je n’allais pas bien. Cette victoire vient à 70% du cheval et 30% du cavalier. Il savait qu’il devait prendre soin de moi et a semblé s’élever pour l’occasion”, se souvient le pilote.
“Avoir du succès avec quatre cavaliers différents au cours de sa carrière est exceptionnel”, Éric Lamaze
Sous la selle de Kara Chad, Chacco Kid a disputé quelques petites épreuves internationales, tandis que Nina Mallevaey l’a conduit avec succès sur les étapes du Longines Global Champions Tour de Miami et Mexico, remportant la qualificative pour le Grand Prix en Floride et terminant deuxième au Mexique. Enfin, avec Beth Underhill, qui aura été sa dernière cavalière, l’alezan s’était aussi illustré début 2022, à Wellington puis à Coapexpan, disputant deux Coupes des nations, avant de remettre le couvert en juin, à Vancouver. “Avoir du succès avec quatre cavaliers différents au cours de sa carrière est exceptionnel”, a salué Éric Lamaze. “Sa personnalité, son cœur et son respect lui ont permis de manœuvrer certains des plus grands parcours du monde. Chacco Kid était un merveilleux compétiteur. Il a rapidement conquis tous ceux qu’il a rencontrés et est très aimé par sa famille de l’écurie Torrey Pines. Il est triste de voir un cheval qui a tant fait pour de nombreux cavaliers quitter le sport de cette façon. Je suis vraiment désolé pour Carlene et Andy Ziegler, Carol et Ludi Sollak, et Sara et Rick Mershad (ses propriétaires via le Chacco Kid Group, ndlr) pour cette triste fin. C'est le sport et nous devons vivre avec, tout comme les athlètes ont des blessures qui mettent fin à leur carrière au hockey, au basket et dans d'autres sports. Il y a des accidents que, même avec les meilleurs soins, nous ne pouvons pas prévenir. Les jours comme celui-ci, nous devons nous souvenir et célébrer ce cheval extraordinaire et tout ce qu'il a accompli.”
“Cela a été un honneur de faire partie de la carrière de Chacco Kid”, a ajouté Carol Sollak. “Il a le plus grand cœur et est toujours heureux de voir tous ceux qui entrent dans l'écurie. Chacco est un compétiteur et se nourrit de la victoire. Lui et Éric ont eu une telle carrière réussie ensemble et, après la retraite d’Éric, Chacco avait la même volonté de gagner avec ses nouveaux cavaliers. J'ai beaucoup de bons souvenirs de voyages dans le monde entier pour observer Éric et Chacco. Cela va me manquer de le voir en piste, mais je serai toujours là avec des oranges et des bananes et un cœur plein d'amour pour lui.”
Le généreux Chacco Kid lors de sa dernière compétition, à Calgary, aux côtés de Beth Underhill. © Sportfot
Photo à la Une : Éric Lamaze et Chacco Kid à Tryon. © Scoopdyga
Avec communiqué.