« C’est incroyable comme l’aide d’une personne peut faire la différence » Tim Wilks

Il y a des rencontres que nous sommes fiers de vous faire partager… Vous ne le connaissez certainement pas, il est pourtant l’un des grands espoirs canadiens ! Tim WILKS, vingt-quatre ans, courait jusqu’il y a peu sous couleurs britanniques, mais a décidé de prendre un grand tournant dans sa jeune carrière pourtant bien tracée. Découvrez son histoire !
TIM, PEUX-TU TE PRÉSENTER AUPRÈS DE NOS LECTEURS ?
« J’ai vingt-quatre ans et suis basé à Londres avec ma famille dans une grande écurie. Nous sommes principalement tournés vers les jeunes chevaux et avons aussi une entreprise d’investissement. Nous investissons dans des chevaux qui ont entre quatre et cinq ans, et nous les formons avant de les vendre vers huit ans. Les investisseurs au sein de ce projet sont des particuliers et la plupart d’entre eux ne sont pas dans le monde de l’équitation Ils ont un avis extérieur plutôt tourné vers le business et moins d’intérêt direct vers les chevaux. C’est un investissement risqué, comme tout investissement, mais qui peut apporter beaucoup. Mes parents sont tous deux dans le milieu bancaire, et c’est comme ça que nous avons eu l’idée. Voilà donc comment se décompose ma vie professionnelle ! »
TU PEUX DONC MONTER BEAUCOUP DE JEUNES CHEVAUX. REPÈRES-TU PARFOIS LA PERLE RARE QUE TU CHOISIS DE GARDER ?
« Tout à fait. Je ne viens pas d’une famille avec de grands moyens financiers, mais nous avons décidé avec mes parents de trouver une autre façon d’accéder à ce sport. Ma sœur monte également, au niveau CSI 3*. Donc nous avons cherché à pourvoir continuer à ce niveau, et ce pour les prochaines années. Le but est de faire perdurer l’entreprise d’investissement avec la même idée, mais d’accroitre la partie sportive de mon côté.
Pour le moment, quand je détecte un très bon cheval et commence à faire des belles compétitions avec lui, il attire les acheteurs et doit donc être vendu. Alors que sportivement, ce n’est pas le bon moment pour le vendre puisque je ne peux pas prendre d’expérience au plus haut niveau et participer aux grandes échéances. Cet alliage entre la société d’investissement et ma carrière sportive est pour le moment un peu difficile. Dans le futur, nous aimerions changer un peu cet aspect du business pour se permettre de garder certains chevaux plus longtemps. »
N’EST-CE PAS DIFFICILE DE TRAVAILLER AVEC TOUTE TA FAMILLE AU QUOTIDIEN ?
« C’est assez intéressant. J’ai quitté la maison quand j’avais quinze ans, pour deux ans d’aventure en Angleterre. J’ai ensuite déménagé en Belgique pour travailler chez Henk NOOREN pendant trois ans. J’ai finalement pris la décision de retourner à la maison après cette période. Je me suis retrouvé seul chez moi, avec trop de chevaux. Ma sœur travaillait à l’époque pour un cavalier et faisait du concours complet. Elle a d’ailleurs remporté des médailles dans la catégorie Juniors. Mais j’ai essayé de la convaincre de revenir à la maison pour m’épauler et faire du saut d’obstacles avec nous !
Et maintenant c’est ce qu’elle adore. On ne s’entendait pas si bien lorsqu’on était jeune, mais les choses ont changé. C’est super de pouvoir travailler ensemble. On a tous la même motivation et on veut le meilleur l’un pour l’autre. Et cela marche très bien. On a travaillé dans des environnements différents et avec d’autres personnes. C’est donc agréable de pouvoir maintenant travailler ensemble et combiner nos idées. Je suis très surpris que l’on s’entende aussi bien ! Ma mère est elle en charge de la partie management / communication avec les investisseurs. Mon père gère le côté financier / comptable. On a eu de très bons chevaux et résultats sportifs dernièrement.
Pour nous épauler quand je suis en concours et que l’on peut uniquement prendre deux ou trois chevaux, nous avons quelqu’un de très talentueux à la maison qui travaille les jeunes chevaux. Donc quand je suis loin, je sais que les chevaux sont entre de bonnes mains. Cela aide beaucoup. »
TA SŒUR FAIT PARTIE DE L’ÉQUIPE BRITANNIQUE. EST-CE COMPLIQUÉ POUR TOI DE VIVRE À LONDRES MAIS DE MONTER POUR LE CANADA ?
« Il y a moins de six mois, je montais aussi pour la Grande-Bretagne ! Quand j’étais plus jeune, l’équipe britannique m’a donné beaucoup d’opportunités. J’en suis donc très reconnaissant. Mais à un certain moment dans ma carrière, quand j’ai commencé à penser sérieusement à mon rapprochement avec le Canada puisqu’ayant la double nationalité, je me suis dit que si je voulais changer, alors cette période était la bonne. En mars de cette année, j’ai pu officiellement changer. J’ai directement eu l’opportunité de monter pour l’équipe canadienne, et cela m’a tout de suite conforté dans ce choix. L’équipe croit en mes chevaux et moi-même, et c’est un plaisir de travailler avec ce groupe de personnes avec qui nous partageons la même vision. »
TU ES DONC BIEN INTÉGRÉ DANS L’ÉQUIPE CANADIENNE MAINTENANT ?
« C’est marrant parce qu’avant je connaissais cette équipe, mais pas très bien. Et depuis le changement de nationalité et leur très bon accueil, j’ai découvert une équipe de personnes formidables, à fond derrière chaque membre. Cela fait plaisir d’être aussi bien entouré. Durant chaque épreuve toute l’équipe est présente, peu importe si c’est une grosse ou une petite épreuve. Il y a un vrai esprit d’équipe. Cela donne de la confiance. Quand tu travailles avec quelqu’un comme Éric LAMAZE, tu ne peux rêver mieux. Mais je continue à supporter l’équipe britannique bien entendu. James WILSON par exemple est un de mes très bons amis, et je le supporte beaucoup ! »
AS-TU DES ÉCURIES AU CANADA ?
« Non, mes écuries principales sont à Londres. Ce n’est pas une chose que j’ai pensée judicieuse pour le business, et même pour moi. La plupart des investisseurs sont britanniques, j’ai besoin d’être basé en Europe. Pendant le CSIO 5* de La Baule en mai, j’ai pris la décision d’aller à Calgary pour la tournée de Spruce Meadows, durant cinq semaines. Ce sera la première fois de ma vie que je monterai à Calgary. C’est une décision importante pour ma carrière à venir mais aussi pour l’entreprise. Cela donne de la visibilité au Canada et aux États-Unis, tout en suivant mon équipe. »
DURANT L’HIVER, IRAS-TU COMME BEAUCOUP AUX ÉTATS-UNIS ?
« Peut-être dans le futur. C’est bien entendu quelque chose que je vais considérer si j’ai un cheval pour le faire. Pour le moment, nous avons passé la plupart de nos hivers en Espagne. En Angleterre, nous n’avons pas de manège et les hivers ne sont pas très cléments. Surtout avec les jeunes chevaux, c’est mieux d’avoir un hiver le plus court possible et de passer du temps en Espagne, avec la douceur et les bonnes pistes praticables. »
ERIC LAMAZE T’A DONC BEAUCOUP ACCOMPAGNÉ PENDANT VOS CONCOURS COMMUNS. QUI S’OCCUPE DE TOI DANS LE TRAVAIL QUOTIDIEN ?
« Je travaille avec différentes personnes. Pendant ces dernières années, j’ai travaillé avec un Belge, Patrick VANDEREYT. Il a beaucoup aidé l’entreprise à trouver de bons chevaux. Nous travaillons avec lui depuis mon retour en Angleterre. Je travaille également depuis peu avec un Américain, Sean CROOK, qui a beaucoup aidé ma sœur. Nous sommes en fait dans une période de transition. Je suis très ouvert pour travailler avec de nouvelles personnes. Nous évoluons dans un sport où l’on ne cesse jamais d’apprendre. Toute information est bonne à prendre. C’est incroyable comme l’aide d’une personne peut faire la différence. Je suis très ouvert et prêt à apprendre. »
QUELLE EST LA CHOSE LA PLUS IMPORTANTE QUE TU AS APPRISE AVEC ERIC LAMAZE ?
« À la maison, l’entrainement c’est l’entrainement, tu te dois de travailler dur et de remplir tes objectifs. Quand tu es en compétition, tu es là pour concourir et faire ton job, plus pour régler des détails ou travailler. Tout cela se passe en amont, aux écuries. Éric est très concentré sur ce qu’il y a à faire. Ne pas être distrait par tout ce qu’il se passe autour. Il apporte beaucoup de confiance, et il te fait croire en toi. Il m’a également donné beaucoup de conseils sur mon équitation, qui m’ont vraiment aidé : il a changé ma manière de monter. Dès le premier jour, il m’a aidé à améliorer certains détails qui ont changé ma position et m’ont beaucoup aidé. Par exemple, il me dit que je suis toujours trop en avant. Il m’a expliqué comment l’équilibre et le mouvement changent énormément selon les obstacles et chevaux. Pour le cheval que j’avais à La Baule pour la Coupe des nations, j’ai besoin de me grandir, par exemple. Ce sont pleins de petite choses, des détails qui font une grande différence. »
PENSES-TU AUX JEUX OLYMPIQUES DE TOKYO EN 2020 ?
« Bien sûr, je pense que c’est quelque chose que nous avons tous dans un coin de notre tête. J’espère pouvoir garder mon bon cheval du moment. Si ce n’est pas possible, j’ai beaucoup de jeune chevaux de sept ans qui arrivent. Nous avons en tout cas une très bonne équipe et tout le monde à ses objectifs bien tracés. On doit maintenant commencer à penser plus précisément aux JO. »
Propos recueillis par Théo CAVIEZEL, traduits par Eva LAUMOND. Photo à la Une : © Sportfot.com