Avec Calculatus, Rudolf Spiekermann a fait les bons calculs ! Fruit du mariage entre Cachassini I et C’Est La Vie, une fille de Contello, le Westphalien de onze ans compte déjà à son palmarès quelques victoires intéressantes, la dernière en date étant celle acquise dans l’épreuve reine du CSI 4*-W de Poznan, et plusieurs succès 5*. Monté par Harry Allen depuis ses six ans, le bai ne semble en être qu’aux prémices de sa carrière. Le jeune Irlandais évoque ce crack qui lui donne des ailes.
À neuf ans seulement, Calculatus se distinguait déjà en signant un brillant sans-faute dans le Grand Prix du CSIO 5* de Dublin. Un an et demi plus tard, et malgré une saison 2024 sur courant alternatif, le fils de Cachassini a confirmé son talent et agrémenté sa collection de plusieurs succès, dont une victoire dans le Grand Prix CSI 4*-W de Poznan, début décembre. Sous ses allures de pégase, et fort de moyens surdimensionnés, le bai s’affirme comme l’une des toutes meilleures montures qu’aie jamais monté le jeune et talentueux Harry Allen.
Harry Allen et Calculatus se sont classés douzièmes du Grand Prix du CSIO 5* de Dublin en 2023, pour leur deuxième tentative à ce niveau. © Sportfot
Né chez Rudolf Spiekermann, en Allemagne, Calculatus représente la Stamm 336 du Westphalien. Par son père, Cachassini I, il rassemble les sangs de Caretino, père, entre autres, d’un certain Casall, et de Cassini I, autre chef de race du Holstein. Côté maternel, la bien nommée C’Est La Vie, sa mère, est une fille de Contello, par le regretté et polyvalent Contendro I. Selon les données de Horsetelex, Calculatus a au moins deux frères utérins : l’étalon approuvé Capistrello (Capistrano), né en 2016, et le hongre Dacello (Dacantos), qui a vu le jour en 2017. Tous deux sont sortis en compétition, mais à un niveau tout à fait intermédiaire. La troisième mère de Calculatus, Romanze, est quant à elle la tante de Wistful (El Campeon’s*Grand Star), gagnante à 1,45m et classée à 1,60m outre-Atlantique, notamment avec Ashlee Bond. Si Calculatus reste très probablement le meilleur représentant de cette famille, nombre de ses collatéraux ont évolué jusqu’à 1,40m sur les pistes de saut d’obstacles, ou en dressage et en concours complet pour d’autres !
Sous la selle de Harry Allen, le bai se montre particulièrement démonstratif. © Mélina Massias
Avant de croiser la route de la famille Allen, fin 2020, Calculatus a fait ses premiers pas sur la scène internationale sous la selle de l’Allemand Stephan Naber, à qui Karin Ernstings, à la tête de European Youngsters, l’avait confié. “Calculatus m’a été proposé par un ami. Il avait son propre style, mais était toujours sans-faute, très respectueux et extrêmement courageux”, se remémore l’ancienne propriétaire du Westphalien. “Il montrait de bonnes qualités et nous avons décidé de poursuivre l’aventure avec lui, avec comme but premier de le former et de le guider vers le niveau suivant. Calculatus avait besoin d’apprendre à se servir de son corps et de son galop. Travailler avec lui était très plaisant ! Il a été monté par un très bon ami, puis a été vendu.”
Technique, respect, intelligence
Et ce n’est pas dans n’importe quelles écuries que Bertram et Harry Allen découvrent pour la toute première fois Calculatus. “Je ne connaissais pas Calculatus avant de le voir ce jour-là”, raconte le cadet des deux frères. “Marcus Ehning a appelé Bertram pour lui dire que nous devrions venir essayer des chevaux. Nous y sommes évidemment allés et avons acheté deux chevaux ce jour-là, dont Calculatus. Depuis, il a toujours été très, très bon.”
La qualité de Calculatus n'a jamais posé question. © Mélina Massias
Le Westphalien fait ses débuts sous couleurs irlandaises à sept ans, en janvier 2021. Bertram et Harry se partagent les rênes pendant un an, avant que le second ne devienne son cavalier attitré. “Le sentiment a toujours été très, très bon avec lui. Calculatus est un cheval un peu spécial. Il a beaucoup de tempérament, alors il était difficile de savoir comment il allait évoluer. Mais lorsque j’ai appris à le connaître, que j’ai vu à quel point il était intelligent, nous avons su qu’il sortait du lot”, révèle Harry Allen.
Encore assez vert à son arrivée au sein des écuries Ballywalter, Calculatus a surtout dû travailler sur le plat. À l’obstacle, “son coup de saut a toujours été super”, assure son cavalier, qui s’est attelé à le faire progresser sur “des petits parcours, de petites épreuves”, le tout afin de lui faire gagner en expérience. À la fin de son année de sept ans, le bai est acquis et sécurisé par le Chinois Nathaniel Pang Qinyu, ami et élève des frères Allen et également cavalier, notamment de l’excellente Obsession DV, une sœur utérine de Casual DV.
Harry Allen et Nathaniel Pang posent aux côtés de leur star : Calculatus. © Mélina Massias
À huit ans, Calculatus finit de révéler tout son potentiel, en enchaînant trois semaines de compétition à Vejer de la Frontera, avec un impressionnant cent pourcents de sans-faute au compteur, sur des épreuves allant jusqu’à 1,40m. Puis tout s’enchaîne : premier Grand Prix 2* couronné d’une troisième place, premières épreuves à 1,50m, première Coupe des nations lors du CSIO 3* de Bratislava, avec un double sans-faute à la clef et une victoire de l’Irlande, puis premiers pas en 5*. En 2023, le fils de Cachassini I dispute le CSIO 5* de Rotterdam et conclut le temps fort individuel avec huit points, puis signe son premier clear round à ce niveau quelques semaines plus tard, à Dublin. Cette même année, le duo se classe également troisième du Grand Prix 4* de Saint-Lô. “Je ne m’attendais pas à ce que cela aille aussi vite. À la fin de son année de huit ans, il est allé en Floride et a sauté quelques épreuves à 1,50m de façon incroyable. Il a également participé à un Grand Prix en nocturne, alors qu’il avait tout juste neuf ans. Il a concédé une faute, mais était excellent”, précise Harry Allen.
À neuf ans, le fils de Cachassini I a disputé son premier Grand Prix nocturne à Wellington. © Sportfot
Si l’année 2024 commence sur les chapeaux de roues, avec une deuxième place lors de l’étape du Longines Global Champions Tour de Doha, le couple connaît une petite baisse de forme au niveau 5*, avant de reprendre du poil de la bête en seconde moitié de saison, jusqu’à sa victoire dans le Grand Prix 4* de Poznan, en décembre.
“Il y a toujours des choses sur lesquelles on peut progresser avec n’importe quel cheval, mais rien de majeur dans son cas. L’idée est juste de parvenir à le garder concentré et relâché avant les grandes échéances. Si tel est le cas, il est normalement sans-faute parce qu’il déborde de talent !”, apprécie l’Irlandais. Si les anciens propriétaires du bai louent ses moyens, sa bravoure et son respect, ce que son cavalier ne peut que confirmer : “Il a énormément, énormément de qualités ! Je pense que ses principales sont sa technique, son respect, son super mental et son intelligence.” Et d’ajouter : “Travailler avec lui est très agréable. Il a beaucoup de sang, est assez vif et peut être sur l'œil, mais il est brillant sur tout ce qui concerne l’obstacle.”
Malgré une saison 2024 en demi-teinte, Harry Allen et Calculatus ont retrouvé le chemin de la victoire en décembre en Pologne. © Sportfot
À tout juste onze ans, Calculatus n’est sans doute qu’aux prémices de sa carrière sportive. Karin Ernstings apprécie de voir son ancien protégé briller avec Harry Allen. “Ils forment un super couple ! Ils se font confiance mutuellement et Calculatus est très bien géré”, salue-t-elle. De son côté, Harry Allen savoure de pouvoir compter sur une monture de cette trempe, si tôt dans sa carrière : “Je suis très, très chanceux d’avoir pu monter des chevaux extraordinaires, mais Calculatus est assurément l’un des plus exceptionnels.” Voilà qui donne le ton.
L'avenir devrait réserver encore de belles performances à Harry Allen et son bai. © Mélina Massias
Photo à la Une : Calculatus et Harry Allen en action. © Mélina Massias