À Bourg-en-Bresse, la Suisse, lauréate de tous les autres temps forts du week-end, a manqué de peu le grand chelem. Associée au Selle Français Do It Easy, né chez le regretté Éric Geneste, Kendra Claricia Brinkop s’est imposée à la barbe de Steve Guerdat et Albführen’s*Iashin Sitte, au terme d’un Grand Prix en deux manches. Pierre Marie Friant et son fidèle Urdy d’Astrée ont complété le trio de tête.
À une dizaine de semaines du rendez-vous olympique tant attendu, le CSI 4* de Bourg-en-Bresse était particulièrement intéressant à suivre, avec Grégory Bodo en chef de piste et plusieurs couples en lice pour les Coupes des nations à venir, toujours avec Versailles en ligne de mire. Le sélectionne français, Henk Nooren, y a d’ailleurs fait un double passage, entrecoupé par une escale à Madrid. Mais les locaux n’ont pas été les seuls à avoir envie de se distinguer en vue des différentes échéances à venir.
Offensive suisse
Venus en quasi voisins, les Suisses ont pris possession des épreuves préludes au Grand Prix. Pour la première qualificative courue au chrono, Romain Duguet a trouvé le meilleur tempo avec Bel Canto de Boguin, un fils de Grenat de Grez né chez Jocelyn Guillemette. Le lendemain, pas moins de dix-huit cavaliers bouclaient sans la moindre pénalité le tracé assez fluide proposé par Grégory Bodo. Parmi eux, cinq Helvètes, avec la victoire finale pour Edouard Schmitz, heureux de retrouver le succès avec son solide fils de Chacco Chacco, Gamin van’t Naastveldhof. Il devance François-Xavier Boudant, associé à un fils de Chacco Blue, l’étalon du GFE Eden du Rouet. Une belle performance qui a ravi son éleveur, Yannick Fardin, présent à Bourg en Bresse. "François-Xavier a fait un travail remarquable avec ce cheval, car il fallait savoir prendre son temps avec lui. C’est le croisement entre le sang de Chacco-Blue et de Baloubet du Rouet qui a déjà fait ses preuves. Quand on voit des barrages comme ça, avec ce niveau de cavaliers, il faut des chevaux bourrés de sang", déclarait l’éleveur normand, rappelant au passage que Baloubet avait eu beaucoup de chance de passer entre les mains de la famille Pessoa. Et la fête helvète s’est poursuivie dimanche, avec la victoire dans le petit Grand Prix pour Pius Schwizer avec Scarlina de Tiji (Scendro), une arrière-petite-fille de son ancienne star, Carlina, douzième aux Jeux olympiques de Londres et gagnante des Grands Prix Coupe du monde d’Oslo et Helsinki l’année précédente. Mais le plus dur restait à venir avec le Grand Prix 4*, disputé lundi 20 mai sur un format en deux manches.
Une palanque fatale à beaucoup
À la reconnaissance, les cavaliers saluaient le tracé mis en place par Grégory Bodo. Même si on a observé quelques fautes en début de parcours, les difficultés commençaient vraiment avec le double numéro 5, composé d’un vertical et d’un oxer en s’écartant des tribunes, archi combles pour le temps fort de ces cinq jours de concours. Après les nouvelles traversées de la grande piste de soixante sur quatre-vingt-quinze mètres, une belle ligne attendait les cavaliers avec le triple en neuf, oxer, vertical, vertical sur bidet, suivi à quatre foulées d’un oxer, avant la ligne finale devant le jury : vertical et deux oxers très carrés. Le double en cinq, la palanque rouge déjà très fautive sur les précédents parcours et le triple aux couleurs dorées ont été les obstacles les plus redoutables du Grand Prix, avec en bonus le juge de paix d’un chrono assez court. Marie Pellegrin en a fait les frais avec quatre points de temps dépassé pour un sans faute sur les barres de Deuxcatsix d’Eglefin (Vigo Cécé), lui ôtant toute chance de participation à la seconde manche.
Le retour du Viking
D’autres ont été plus heureux, comme Robin Lesquerren avec son solide fils de Vagabond de la Pomme, FBI d’Ellipse. Crédité de trois points de temps en première manche, un sans-faute dans l’ultime round lui donne le sixième rang, derrière José Maria Larocca, qui n’avait écopé que d’un point sur le premier tour avec Fin Lente (Gaillard de la Pomme). Avec la même pénalité mais un meilleur chrono, Kévin Staut reste à la porte du podium mais affichait sa satisfaction pour ce retour au prix de son Scuderia 1918*Viking d’la Rousserie (Quaprice Bois Margot, né Quincy). "Viking a très bien sauté tout le week-end. On l’a soigné d’une lésion tendineuse et il a recommencé à sauter en septembre. Dans la perspective des Jeux olympiques, nous avions convenu avec Henk Nooren qu’il ne ferait pas d’indoor. J’ai repris sur des petits parcours en février. Fontainebleau était son premier gros concours et je manquais un peu de contrôle. Là, il était beaucoup plus disponible et je l’ai senti en pleine possession de ses moyens. Je suis très satisfait de son évolution. Il ira à Saint Tropez et Rotterdam, mais ne concourra pas sur herbe", a confié le Tricolore.
Vainqueur l’an dernier avec Donatello d’Auge (Jarnac), Julien Epaillard n’a pas réussi le doublé, une faute de Dubaï du Cèdre (Baloubet du Rouet) sur un oxer le reléguant au huitième rang, derrière Edouard Schmitz, très offensif avec son Gamin mais lui aussi fautif.
Trois nations pour un podium
Trois couples ont signé le double sans-faute tant attendu avec une nouvelle remarquable prestation de Pierre-Marie Friant et son pétillant Selle Français Originel, Urdy d’Astrée (Bouffon du Murier), seize ans. "Urdy est monté en balade par son propriétaire en semaine et je choisis bien mes concours. C’est difficile quand on en a qu’un comme lui ! J’espère pouvoir participer à La Baule", se projette celui qui terminait troisième du Grand Prix de ce même CSIO 5* en 2022. Le Nantais talonne le champion d’Europe, qui a déroulé deux très beaux tours avec Albführen‘s*Iashin Sitte (Bamako de Muze), un cheval entré dans son piquet il y a un an après avoir fait tout son début de carrière avec Pascale Haep. Quand on interroge le champion d’Europe sur ses projets avec l’alezan de dix ans, déjà deuxième du Grand Prix du CSIO 5* d’Ocala, la réponse est simple : "Gagner le plus de Grands Prix possible !".
Mais celui du jour est tombé dans l’escarcelle de la cavalière des écuries Stephex, Kendra Claricia Brinkop. L’Allemande, ancienne disciple de Marcus Ehning, était juchée sur Do It Easy, le bien nommé, tant ses deux parcours ont été un régal de fluidité ! Le fils de Vigo Cécé, né dans l’Oise chez Éric Geneste, disparu brutalement avant le passage à l’année 2024, est revenu sous sa selle en octobre dernier, après un passage dans le piquet de Cian O’Connor et Tom Watchman. L’attachant bai a déjà retrouvé le succès avec la trentenaire, ravie du comportement de son complice. À voir s’il y restera et s’il pourra (re)trouver une place dans l’équipe allemande, qu’il avait déjà représentée lors de la Coupe des nations du CSIO 5* de Knokke en 2022 !
Photo à la Une : Kendra Claricia Brinkop et son bien nommé Do It Easy ont mené la danse à Bourg-en-Bresse. © Agence Ecary
Les épreuves du CSI de Bourg-en-Bresse sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv.