Dans cette dernière partie de notre reportage sur Bryan Balsiger, retraçons avec lui son arrivée au très haut niveau.
Depuis l’an dernier, vous vous êtes révélé au haut niveau. Comment s’est déroulée cette ascension fulgurante ?
L’année n’avait pas si bien commencé car nous avons joué de malchance.D’abord, Clouzot a été malade et nous n’avons pas pu défendre notre titre de champion d’Europe Jeunes Cavaliers, puis cela a été mon tour de me blesser… En fin d’été, je suis revenu de cette blessure pour le championnat de Suisse élite. J’avais donc à cœur de réussir une belle performance lors de cette échéance. Nous avons d’abord remporté le Grand Prix du CSI 3* de Verbier, puis le titre de champion de Suisse élite. Je n’avais jamais décroché de médailles lors des championnats nationaux Juniors ou jeunes cavaliers. Mais mon père m’a toujours dit que c’était l’élite, le plus important. Il devait avoir raison ! Après ce titre, on m’a proposé de monter avec l’équipe suisse à la finale des Nations à Barcelone. J’ai évidemment accepté et j’ai pu y monter comme quatrième équipier. En compagnie de Clouzot, j’ai signé le meilleur résultat suisse. Ce titre de champion de Suisse m’a vraiment ouvert des portes, car j’ai pu d’emblée intégrer l’équipe et participer à un rendez-vous comme celui-ci, pour un jeune cavalier, c’est exceptionnel. Je remercie d’ailleurs Andy Kistler et tout le staff de l’équipe de Suisse, car ils prennent beaucoup de risques pour lancer des jeunes dans le grand bain. Nous avons une chance inouïe.
Bryan Balsiger, Olivier de Coulon et Mélusine Guiblin-Miché avec Jenkins Ter Doorn (Numero Uno).
Même si on est champion d’Europe Jeunes Cavaliers, il y a encore une marche à franchir pour atteindre le niveau CSI 5* et les Coupes des nations, non ?
Oui. La finale des championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, c’est déjà de gros parcours. Cela demande beaucoup d’effort aux chevaux, mais il y a encore une vraie marche entre ces épreuves et celles que l’on est amené à disputer avec l’élite.
L'équipe suisse victorieuse à La Baule: Niklaus Rutschi, Bryan Balsiger, Andy Kistler, Steve Guerdat et Paul Estermann.
Cette année 2019, il y a eu La Baule et Saint-Gall. De belles expériences ?
Remporter la Coupe des nations de La Baule était vraiment un moment unique. À titre de comparaison, Niklaus Rutschi, qui était dans l’équipe, a attendu ses 53 ans pour remporter cette Coupe des nations. Autant dire que le vivre à mon âge, c’est vraiment exceptionnel. Je suis sorti de piste avec deux fois huit points et mon score n’a pas compté, mais j’étais content de mon cheval. Les fautes sont à mettre à mon compte, il y a eu un peu de précipitation de ma part. Il y a eu une nette amélioration dans le Grand Prix avec un tour à 4 points et ensuite à Saint-Gall, on a signé notre premier sans-faute dans un Grand Prix CSI 5*. On a manqué de justesse la victoire, mais on a tout de même terminé au sixième rang. Je trouve que Clouzot fait des progrès à chaque fois, et moi aussi.
Lors de toutes ces échéances, vous avez la chance d’être aux côtés du n°1 mondial Steve Guerdat. Qu’est-ce que cela apporte ?
C’est quelque chose qui rassure, car on sait bien que tout le monde rêverait d’avoir le n°1 mondial dans son équipe. À titre personnel, Steve est vraiment sympa, il me donne volontiers des conseils et me soutient toujours. Il sait transmettre son envie de bien faire. Il se donne à 200% pour son équipe. Il faut dire que c’est vraiment mon idole, quelqu’un que j’admire depuis que je suis petit, aussi bien à cheval qu’à pied. Pour un jeune cavalier qui débute à ce niveau, comme moi, c’est une véritable référence. Si l’on ajoute à Steve les personnalités de Thomas Fuchs et d’Andy Kistler, c’est vraiment une bonne équipe. Au niveau de la cohésion et de la façon de gérer les grands rendez-vous, c’est irréprochable.
AK's Courage (Chepetto), l'une des montures de tête de Bryan Balsiger.
Quels sont vos prochaines échéances ?
Il y aura Aix-la-Chapelle, le rêve absolu pour tout cavalier ! J’espère vraiment réussir une belle performance pour cette nouvelle sélection dans l’équipe de Suisse. Avant cela, le CSI de Lausanne, où j’ai envie de faire un bon résultat. Cela fait longtemps que j’avais mis la date dans mon calendrier. J’y prendrai d’ailleurs Clouzot et AK’s Courage. Pour cette fin d’année, j’aimerais défendre mon titre de champion de Suisse à Humlikon et ma victoire dans le Grand prix du CSI 3* de Verbier.
Les championnats d’Europe de Rotterdam et les Jeux olympiques de Tokyo sont dans un coin de votre tête ?
Évidemment, ce sont des rêves et des objectifs avec Clouzot bien entendu, mais j’ai aussi la chance de pouvoir compter sur de bons chevaux qui arrivent. On a trois chevaux de dix ans qui arrivent derrière Clouzot (onze ans), Dubai, Jenkins et Courage. Ils ont tous les trois classé jusqu’à 155 cm. D’ici la fin de l’année, j’espère qu’un de ces trois chevaux pourra venir épauler Clouzot au tout haut niveau. Ensuite, ce sera à nous de travailler dur et de faire un bon programme, mais nous allons essayer de tout donner pour parvenir à nous qualifier.
En tant que jeune cavalier, quel regard portez-vous sur l’évolution de notre sport ?
Je suis convaincu que Steve Guerdat est un exemple à suivre. Il privilégie les Coupes des nations et se bat pour notre sport plutôt que de courir des épreuves plus dotées. C’est dans ces Coupes des Nations et sur les belles places, de La Baule à Saint-Gall en passant par Genève, que se déroule le vrai sport. Il y a des atmosphères particulières et on y vibre.
Crédit photos : Clément Grandjean