Une dernière victoire et puis s’en va. Titulaire de plus d’un demi-million d’euros de gains, Funky Fred a tiré sa révérence après une ultime première place, dans son jardin, à Borken. À dix-huit ans, l’indéfectible complice de Marcus Ehning se consacrera désormais à la reproduction, après avoir démontré toute sa longévité sportive, comme beaucoup d’autres passés par les écuries Ehning avant lui. Aussi bien capable de défier la montre sur les plus beaux terrains du monde que de servir de cheval de loisir, duquel on peut, par exemple, marquer des paniers de basket, le fils de For Pleasure aura marqué la carrière de son pilote et éleveur.
Son cavalier et propriétaire de toujours n’hésitait pas à dire de lui qu’il était le cheval de haut niveau le plus sous-coté du circuit, ou bien encore qu’il aurait pu franchir, avec lui, 1,70m à l’arrêt ou presque. Bien qu’il n’ait jamais remporté de Grand Prix 5*, ni participé à un grand championnat, Funky Fred aura marqué la carrière de son centaure de cavalier, Marcus Ehning, et l’esprit de celles et ceux qui auront croisé sa route. À dix-huit ans, et après plus de dix ans de carrière internationale quasiment ininterrompue à haut niveau, l’alezan a tiré sa révérence, chez lui, à Borken, dimanche 28 mai, sur une ultime victoire.
Dès ses débuts, Funky Fred était destiné à devenir un être spécial. Né chez la famille Ehning, un jour de février 2005, ce grand alezan aux jambes blanches et au regard attendrissant ne pouvait guère mieux porter son nom. Issu du croisement entre For Pleasure, illustre complice de Marcus au plus haut niveau, mais aussi de Lars Nieberg avant lui, et Panama, une fille de Pilot ayant fait, elle aussi, les belles heures de la famille Ehning, l’étalon aura cumulé près de 700.000 € de gains au cours de sa carrière. Gagnant d’épreuves à 1,50m à Barcelone et Madrid par deux fois, du championnat de Rotterdam, annoncé à 1,55m, lors du CSIO des Pays-Bas, Funky Fred était surtout abonné aux places d’honneurs. Deuxième de la Coupe du monde Longines d’Oslo en 2016, deuxième du Grand Prix 4* de Münster en 2018, troisième du Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Rome en 2017, quatrième de celui de Doha trois ans plus tard, troisième du Prix de l’Europe à Aix-la-Chapelle en 2018, celui qui fut parfois dans l’ombre des Prêt A Tout, Comme Il Faut et autres Cornado avait également signé un double sans-faute pour l’Allemagne dans la Coupe des nations de Rotterdam en 2016, avant de remporter, deux ans plus tard, celle de Calgary.
Un caractère en or
Au-delà de son palmarès sportif, le Westphalien était avant tout le cheval de cœur de toute une équipe. Capable de défier le chronomètre malgré son calme apparent, comme il l’avait prouvé, pas plus tard qu’en décembre dernier, en prenant la deuxième place d’une belle épreuve à 1,50m au CHI 5* de Genève, l’héritier de For Pleasure pouvait tout autant permettre à sa groom, Mel, de s’amuser sur une ligne de sauts de puces, ou à son cavalier de passer quelques paniers de basket depuis son dos pour les besoins d’une vidéo ! En 2019, alors que Marcus courait après sa dix-neuvième qualification pour la finale de la Coupe du monde, en autant de tentatives, son indéfectible complice l’avait porté coûte que coûte à Bordeaux. Blessé aux côtes quelques jours plus tôt, le Centaure avait misé ses dernières forces dans la bataille, en vain. À une place près, il avait dû renoncer à son voyage vers la Suède, où l’heure de gloire de son drôle de binôme aurait pu sonner.
Désormais, Funky Fred devra laisser sa descendance prendre la suite. Toujours prêt pour sauter dans un camion et prendre la route pour n’importe quel coin de l’Europe ou du monde, le grand alezan a fait son temps dans le sport. Encore en pleine forme, il a dit au revoir à son public sur une victoire, lors d’une compétition nationale organisée dans son jardin, quelques semaines après avoir une nouvelle fois terminé deuxième, à l’occasion d’une épreuve à barrage à 1,45m disputée à Kronenberg. Pour célébrer une dernière fois celui qui fut l’un de ses, sinon son plus fidèle compagnon de voyage ces sept dernières années, Mel s’est même offert un moment en toute liberté, sans selle ni filet, sur son dos, dimanche soir. Encore toutes jeunes, les premières générations du “plus lent marcheur” qui soit soufflent leur quatrième bougie cette année. À l’instar du plaisant Funky For Pleasure, sa descendante semble montrer des qualités intéressantes pour l’avenir. Gageons désormais que ce doux géant trouve la jumenterie qu’il mérite, pour faire perdurer son histoire. Qui sait, peut-être que son inséparable Calanda 42, elle aussi fraîchement retraitée et à laquelle il vouait un profond attachement, lui offrira enfin un poulain dans les années à venir.
Photo à la Une : En décembre 2022, Funky Fred a foulé sa dernière piste 5*, empochant au passage un beau classement. © Mélina Massias