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Bertrand Pignolet, de la naissance au haut niveau (1/6)

Reportages lundi 30 juillet 2012 Julien Counet

L'élevage d'Elle a fait ses preuves depuis très longtemps. Citer les chevaux qui en sont sortis pourrait remplir tout un article mais aujourd'hui, l'arrivée de Nippon d'Elle au plus haut niveau remet l'élevage normand au goût du jour d'autant que ces dernières années, Alexis Pignolet a laissé la place à ses enfants. Un passage de flambeau naturel, une réorganisation de la structure et l'avènement de nouvelles idées l'ère de Bertrand et Hubert Pignolet est en place.

 Nippon d'Elle à Aix la Chapelle avec Roger-Yves Bost.


Reprendre le haras d'Elle est-ce une décision facile ou pas ? 

 Bertrand Pignolet : « Pour moi, c'était naturel. C'était une décision que je connaissais depuis mes 15-16 ans. C'est vrai que pour Hubert, c'est arrivé après mais pour ma part, sur mes cahiers de seconde, première ou terminal, sur mes cahiers de texte, il y avait le programme de reprise du haras d'Elle. Même si je me suis installé à mon compte en 1995, ça a toujours été avec l'envie et l'ambition de reprendre un jour le haras d'Elle surtout avec ce qu'à fait mon père. 

Est-ce que l'héritage du passé est lourd à porter ou est-ce un atout ? 

B.P. : « C'est lourd à porter, ça c'est sûr mais on a été élevé là-dedans. Papa nous a toujours dit que le plus dur est de se maintenir, pas de monter. Après, c'est sûr qu'il a mis le haras à un tel niveau que c'est dur de le maintenir d'autant que les concours évoluent tout comme les techniques et le monde de l'élevage. Ça devient un vrai challenge. » 

 Travailler en famille, est-ce un avantage ou un inconvénient ? 

B.P. : « Comme dans toutes les sociétés, je pense que c'est avant tout un gage de sécurité et un gage de confiance vis-à-vis de l'extérieur. Par contre, en interne, même si avec Hubert on s'entend super bien tout comme avec Alain qui, même s'il ne travaille pas directement au haras, est quand même impliqué dans toutes les décisions, c'est certainement plus difficile d'extérioriser ses envies et ses déboires en famille que lorsqu'on est à son compte, ça c'est sûr. » 

Vous vous sentez plus cavalier ou éleveur ? 

B.P. : « Grande réflexion - J'ai toujours été un homme de cheval à la base : ni éleveur, ni cavalier mais passionné des deux. Puis en fin de compte et au fur et à mesure des années, le côté cavalier a largement rattrapé le côté éleveur et si je n'ai jamais de mal à me lever la nuit pour faire un poulinage et que je fais toujours cela avec plaisir, je m'aperçois cette année où je n'ai plus l'occasion de monter les très grands concours que cela me manque et même beaucoup plus que je ne l'aurais imaginé l'année dernière.  Maintenant, lorsque je dis que le haut niveau me manque, il faut aussi remettre l'église au milieu du village. J'adore l'élevage mais je peux me consacrer au concours parce que Hubert s'occupe de la préparation des jeunes chevaux et qu'à Cartigny, c'est ma femme qui gère 80% du travail même si c'est moi qui me lève pour les poulinages. C'est même plus qu'une passion pour elle aussi, elle prend vraiment ça à bras le corps et c'est ce qui m'a permis de pouvoir voyager autant ces dernières années.» 

Nippon d'Elle au CSI 3* d'Alost en 2011.

Au départ, le fait d'être cavalier était un peu forcé pour permettre de rentabiliser la partie élevage ? 

B.P. : « Non, pas vraiment. Au départ, j'ai toujours monté comme me l'a appris mon père. On n'était pas là pour gagner de l'argent en compétition mais bien pour valoriser des chevaux et pour les vendre ensuite. Nous avons toujours fonctionné comme cela et ça reste notre métier aujourd'hui.  C'est vrai que nous étions à la croisée des chemins avec Nippon et les autres que nous aurions pu garder et encore passer une marche mais en même temps, je ne sais pas si j'aurai vraiment eu l'envie de m'impliquer dans un circuit uniquement international. J'ai deux enfants en bas-âge. Par contre, continuer à évoluer dans des Grands Prix 1,50m que ce soit en national, soit en 3-4* principalement en France avec une ou deux participations à l'étranger par an, ça, ça me plaît bien. Préparer un cheval jusqu'en 3* avant qu'il ne soit confié à quelqu'un comme Bosty, Eric Navet, Ludger Beerbaum, Gregory Wathelet ou bien tout ce qu'on veut, ce serait ma grosse satisfaction. » 

A propos de Nippon d'Elle justement, nous avons a un peu l'impression qu'il représentait pour vous la dernière possibilité de choisir pour le haut niveau. Son départ a été une décision difficile à prendre ?


Nippon d'Elle à Lummen en 2011.

 B.P. : « Non parce qu'on pense avant tout au haras puis je pense que je n'ai pas la vocation et certainement pas le talent pour aller représenter l'équipe de France tous les week-ends. Là vraiment, non ! Je croyais vraiment au cheval et la décision de le laisser partir chez quelqu'un comme Bost, ce n'est pas difficile. Par contre, ce qui est difficile c'est d'attendre pour reformer un nouveau Nippon et pouvoir le confier d'ici quelques années à un autre cavalier, ça c'est sûr. » 

À demain pour la deuxième partie !