À Barcelone, Kyle Timm savoure chaque parcours aux côtés de l'excellent Farezzo
À l’occasion du CSIO 5* de Barcelone, le sympathique Kyle Timm a présenté sur la scène internationale un certain Farezzo, ancien complice du Suisse Edwin Smits et vendu aux écuries Torrey Pines en début d’année. En Espagne, l’agile et attachant alezan, passé entre les mains de plusieurs Canadiens, a fait forte impression sous la selle de son nouveau cavalier. Le duo, qui disputait seulement son deuxième concours ensemble, a semblé en parfaite harmonie, terminant sans-faute et dixième du Grand Prix de vendredi. Confié par le chef d’équipe du Canada, Éric Lamaze, au jeune trentenaire installé en France, au sein des écuries du Grand Veneur, le fils d’Arezzo VDL devait initialement prendre part à la Coupe des nations. Si un problème administratif l’a privé de l’événement, la paire espère saisir sa chance à l’occasion du Morocco Royal Tour, qui débutera dans un peu moins de deux semaines. En attendant, Kyle Timm, rencontré dans un charmant café au cœur des installations de Real Club de Polo de Barcelone, ne cachait pas son plaisir de monter un tel cheval.
À Barcelone, le Canada avait pris rendez-vous pour tenter de signer une meilleure performance qu’aux Mondiaux de Herning, et, pourquoi pas, décrocher sa qualification olympique. Malheureusement, les plans de l’escouade menée par le champion olympique Eric Lamaze ont été contrecarrés, après l’élimination pure et simple de son équipe, qui ne comptait que sur trois cavaliers. Pourtant, initialement, Kyle Timm devait intégrer la sélection, aux rênes du tout bon Farezzo. Vendu en début d’année, l’ancien complice du Suisse Edwin Smits devait d’abord permettre à Yann Candele de renforcer les rangs du Canada en vue des Mondiaux de Herning. Finalement, après seulement deux CSIO 5*, le couple s’est séparé. Nina Mallevaey et Beth Underhill ont temporairement pris le relais, effectuant respectivement une et deux sorties internationales chacune avec l’alezan. Depuis quelques semaines, c’est finalement un autre représentant du pays de l'Érable qui profite de tout le talent de ce hongre de douze ans, issu d’un croisement entre l’étalon Arezzo VDL et la compétitive Bella Brown (Van Gogh), née Cum Laude et classée jusqu’à 1,55m sous la selle de la Tchèque Emma Augier de Moussac.
“Je peux dire qu’on m’a rarement appelé dans ma vie pour me dire ‘salut, j’ai un super cheval que tu devrais monter en concours’. Je fais beaucoup de commerce, nous achetons des chevaux, les revendons, et il y a toujours quelqu’un qui a besoin que nous commercialisions un cheval, que nous le remettions dans le bon sens ou le formions. C’est super : j’adore cette partie de mon métier. Mais être contacté pour monter un cheval d’un tel niveau, directement prêt pour le sport et dans cet objectif, est fantastique. Éric Lamaze a fait quelque chose de formidable pour moi ces dernières semaines. J’espère que cela pourra continuer dans le futur, mais, si ce n’est pas le cas, je suis déjà reconnaissant d’avoir eu cette chance”, débute le discret mais non moins sympathique Kyle Timm. “J’ai vendu mon bon cheval (Crapule Verdoso, Kannan x Urbain du Monnaie, ndlr), il y a quelques semaines, avant la finale des Coupes des nations ici. Éric m’a dit ‘viens à mes écuries, peut-être que nous avons un cheval qui peut te convenir’. J’ai essayé Farezzo une fois à la maison : il a bien sauté et Éric était content. Alors, je l’ai monté dans un petit CSI 2* la semaine dernière, où j’ai disputé deux épreuves afin de le découvrir. L’idée initiale était de faire partie de l’équipe ici, mais c’était trop tard pour être éligible. Il faut avoir sauté une épreuve à 1,50m trois semaines avant la fin des engagements pour participer à la finale des Coupes des nations. Nous avons découvert cela à la dernière minute, alors ça n’a pas fonctionné. Toutefois, Éric a été vraiment sympa en me laissant venir ici en tant que cinquième cavalier afin de prendre de l’expérience avec Farezzo. J’aurais adoré prendre part à la Coupe des nations, et nous avons demandé une exception à la FEI (Fédération équestre internationale, ndlr). Mais la règle est la règle, et nous ne la contestons pas. Nous étions simplement dans une situation singulière.”
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“Lorsqu’on monte un cheval comme Farezzo, le sport est vraiment différent”
Une situation d’autant plus regrettable que le couple a fait forte impression en terres espagnoles et aurait été, à coup sûr, un atout de taille pour l’épreuve collective. Non seulement le néo-duo s’est classé dixième du Grand Prix, à un rang de la seconde manche, puis n’a concédé qu’une faute dans l’épreuve à 1,50m de samedi, mais, surtout, les deux partenaires ont fait montre d’une véritable alchimie, en piste comme au paddock.
“Farezzo est génial. Il est super facile et très classique. Je forme beaucoup de jeunes chevaux, et nombre de mes montures sont vendues lorsqu’elles s’approchent du haut niveau. L’année dernière, je montais Bentley de Sury ici (avec lequel il avait pris part à la première manche de la finale du circuit des Coupes des nations, ndlr). Désormais, c’est Eduardo Alvarez Aznar qui en a pris les rênes. Ils ont participé aux championnats du monde, dans des Grands Prix 5* importants et signé des sans-faute cette année. Je crois que je n’ai eu qu’un avant-goût de ce cheval avant qu’il n’atteigne son plein potentiel. Je suis vraiment heureux de le voir évoluer aussi bien avec Eduardo”, poursuit Kyle Timm. “Lorsqu’on monte un cheval comme Farezzo, qui a toute cette expérience, de tels moyens, et cette qualité, le sport est vraiment différent (rires).”
Reste désormais à savoir si cette collaboration se poursuivra sur le long terme ? “Pour le moment, nous prenons les choses semaine après semaine. À l’heure actuelle, le plan est de lui accorder une semaine tranquille, puis de le monter au Morocco Royal Tour, dans le but de prendre part à la Coupe des nations qui s’y joue. Le reste dépend d’Éric et de ses plans pour le cheval. Je pense que j’en fais partie, et je lui en suis très reconnaissant. Je suis sûr que nous trouverons une solution tous ensemble, que ce soit avec Farezzo, ou d’autres chevaux ; ceux d’Éric ou les miens. Il y a beaucoup de variables et les choses se feront naturellement. En tout cas, je suis déjà très heureux pour ce week-end (rires)”, répond le pilote des écuries du Grand Veneur. “Je profite du moment et apprécie cette opportunité. Notre collaboration avec Éric continuera de plein de façons, puisqu’il est désormais le chef d’équipe du Canada et qu’il se donne beaucoup pour promouvoir notre sport dans notre pays et former un nouveau groupe de cavaliers.” Sportivement parlant, après les performances signées à Barcelone par la paire, tous les voyants semblent au vert pour aller plus loin.
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Il faut dire qu’en confiant Farezzo à Kyle Timm, Éric Lamaze n’a pas pris beaucoup de risques. En effet, le bienveillant cavalier montre une équitation très classique et très fine, et a prouvé ses qualités en guidant plusieurs montures vers le très haut niveau. En plus de Bentley de Sury, il a également participé avec brio à la formation du très plaisant Vagabon des Forêts, mais également de la complice de Grégory Cottard, Cocaïne du Val. “Je suis vraiment heureux quand mes chevaux rejoignent une écurie où ils seront les meilleurs. Parmi tous les chevaux que nous avons vendus ces dernières années, tous ont été encore plus performants avec leurs nouveaux cavaliers, qui ont pu leur offrir davantage d’opportunités que je ne le pouvais. Bentley, qui est le plus récent d’entre eux, en est le parfait exemple. Ce cheval a obtenu de très bons résultats avec moi au niveau 3*. Mais il m’est difficile d’aller en 5* tous les week-ends. Il faut un piquet de chevaux solide, ce que je n’ai pas. Eduardo a pris son temps avec lui, lui permet d’aller sur de beaux concours chaque mois, de prendre de l’expérience et participer à des championnats. Cela me rend vraiment content. Nous prenons beaucoup de plaisir à céder nos chevaux lorsqu’ils rejoignent des systèmes encore supérieurs au nôtre”, analyse le cavalier, qui assure ne nourrir aucun regret quant à la vente de ses meilleurs atouts. “Nous sommes tous très fiers de nos chevaux lorsqu’on les voit passer le cap du niveau supérieur. Nous n’éprouvons jamais de sentiment négatif. C’est notre travail de former des chevaux, et lorsqu’ils se montrent performants, nous sommes contents !”
Éric Lamaze, soutien indéfectible du Canada
Une chose est sûre : pour Kyle Timm, revêtir la veste rouge du Canada est toujours un véritable plaisir. Installé en France depuis bientôt cinq ans, le jeune homme n’a jamais songé à troquer sa tunique pour le bleu de l’équipe de France. “J’adore la France. Ma vie y est super. Nous avons un bon business, j’apprécie l’hospitalité du monde du cheval dans l’Hexagone. Je peux dire que j’ai de bons amis en France, mais je monterai toujours pour le Canada. Le rouge et le blanc font partie de qui je suis, même si je suis très heureux en France”, explique-t-il. “Je crois que l’avenir s’annonce radieux pour le Canada. Il y a beaucoup de nouveaux cavaliers, et certains pilotes très, très forts. Nous avons trois des meilleurs cavaliers du monde (Tiffany Foster, Erynn Ballard et Amy Millar, respectivement vingt-neuf, cinquante-trois et cent-sixième mondiales en septembre, ndlr). La suite va dépendre de nous, du travail que nous allons fournir, de notre concentration et de notre motivation. Notre pays ne fait pas partie de l’Europe, mais, en même temps, nous ne sommes pas tout le temps aux Etats-Unis non plus. Nous avons nos propres avantages et inconvénients, mais il sera important pour le futur que nous soyons prêts à sacrifier certaines choses afin de propulser l’équipe vers l'avant. Cela sera primordial dans les années à venir si nous voulons atteindre le niveau suivant.”
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Depuis toujours, s’il y a bien quelqu’un qui a tiré le Canada dans cette direction, il s’agit d’Éric Lamaze. Le champion olympique de 2008, avec l’inoubliable Hickstead, et véritable coqueluche du public, dans son pays comme à l’étranger, a toujours défendu mordicus sa nation. Depuis le début de l’année, où il a endossé le costume de chef d’équipe, et l’annonce, quelques mois plus tard, de sa retraite sportive, l’homme aux dix grands championnats donne une nouvelle dimension à son œuvre.
“On peut regarder l’apport d’Éric sous différents angles, en termes d’organisation, de propriétaires, de chevaux, etc. Pour moi, la chose la plus frappante avec Éric est la confiance qu’il transmet. Lorsqu’il est au paddock et qu’il me dit de faire quelque chose, je suis persuadé à 100% qu’il s’agit de la bonne chose à faire”, révèle Kyle Timm. “J’ai de formidables mentors en Edouard Couperie et Adeline Nègre à Barbizon. Nous travaillons tous les jours ensemble, formons des chevaux, mais bénéficier de l’expérience dans l’équipe avec Éric apporte un niveau de confiance supplémentaire. À mon sens, et je pense que beaucoup d’autres cavaliers le ressentent aussi, lorsqu’Éric nous pousse à franchir un nouveau cap, on s’en sent vraiment capable. J’ai déjà lu des propos d’autres cavaliers à ce sujet, mais avec Farezzo, c’est la première fois que j’expérimente ça en tête à tête. Lorsque je suis sur un cheval de cette trempe, et qu’Éric me dit ‘tu dois faire ça’, je n’ai plus qu’à l'exécuter. Ce n’est pas quelque chose d’extrêmement difficile. Trouver les clefs menant à cette exécution l’est beaucoup plus. Alors, quand on a quelqu’un aussi chevronné qu’Éric, qui trouve les clefs avant même qu’on ne commence à les chercher, c’est vraiment génial.” En témoignent le sourire radieux et les yeux bleus plein d’étoiles de Kyle Timm, cette aventure entre le trentenaire et Éric Lamaze ne pouvait guère mieux débuter. Gageons que la suite soit encore plus belle !
Crédit photo : © Mélina Massias. Photo à la Une : Kyle Timm et Farezzo.
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