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Avec Jur Vrieling, Helwell fait fleurir l’affixe du Chabus de Françoise Legros (1/2)

Helwell du Chabus
jeudi 27 février 2025 Mélina Massias

Troisième du Grand Prix Coupe du monde d’Amsterdam, Helwell du Chabus a entamé 2025 de la meilleure des manières. Depuis l’été dernier, cette puissante baie, qui avait fait sensation dès ses jeunes années, notamment sous la selle de Virginie Thonon, a trouvé en Jur Vrieling le parfait partenaire pour exprimer pleinement son talent. Dans l’ombre, Françoise Legros savoure avec modestie les exploits de sa perle. Au Sud de la Belgique, l’éleveuse à l’origine de l’affixe du Chabus continue de faire naître quelques poulains par an, profitant avant tout du bonheur de les côtoyer au quotidien. Pour Studforlife, elle revient sur son histoire et celle de sa crack par Elvis Ter Putte.

Après avoir vendu ses chevaux de tête un à un, Jur Vrieling a trouvé une relève de qualité en Helwell du Chabus. Véritable révélation de l’hiver, la SBS, fruit du croisement entre Elvis Ter Putte et Campbell du Chabus, par Orlando, a exposé ses mille talents au grand jour, se classant notamment troisième du Grand Prix Coupe du monde Longines d’Amsterdam en janvier. Brillante, puissante et spectaculaire, la belle fait la joie de son cavalier, mais aussi de son éleveuse, Françoise Legros. Si les performances de son ancienne protégée la ravissent, la Belge l’assure, son véritable bonheur se trouve ailleurs, au plus près de la nature, où grandissent ses poulains et jeunes chevaux.

Helwell du Chabus a disputé ses premiers Grands Prix 5* en début d'année et semble promise à briller encore davantage avec Jur Vrieling. © Sportfot

Une passion inexplicable et une vocation précoce pour l’élevage

Avant d’être l’éleveuse du quatorzième meilleur cheval belge par les gains en 2024, Françoise Legros est avant tout une amoureuse des chevaux et de la nature. Sa passion, la jeune fille la découvre très tôt, alors même que sa famille n’est pas du tout issue du milieu. “Je suis la seule personne de ma famille à être passionnée par les chevaux, et cela est assez inexplicable”, introduit-elle. “Mon parrain avait une ferme et un cheval de trait. Tous les dimanches, dès mes trois ans, nous lui rendions visite. Et, chaque fois, j’allais caresser ce cheval de trait. J’étais fortement allergique aux chevaux et sur le chemin du retour, mes yeux étaient tellement gonflés que je ne voyais plus rien ! Mais le dimanche suivant, je retournais caresser ce cheval.” Complètement mordue par ses animaux si fascinants, Françoise ne parle que d’eux. Ses jouets de fillette ? Des petits chevaux en plastique, accompagnés de livres… sur les équidés. Avec une amie, la jeune Belge prend aussi l’habitude d’aller se promener autour de chez elle, afin d’apercevoir les chevaux des prairies avoisinantes. “On me disait qu’un jour, je hennirai au lieu de parler”, sourit-elle. Depuis lors, cette passion dévorante ne l’a jamais quittée.

Très rapidement, la jeune Françoise accueille ses premiers chevaux de loisirs chez elle. Avide de progresser et d'emmagasiner autant de connaissances que possible sur ses amis à quatre jambes, la future éleveuse se plonge dans ses livres, mais constate rapidement qu’il y a un monde entre la théorie et la pratique. “Je me suis rendu compte, en montant seule, que je ne parvenais pas à appliquer ce que je pouvais lire”, avoue-t-elle. “J’ai souhaité prendre quelques leçons, mais la politique de la maison était la suivante : si on est doué, on n’a pas besoin de cours ; si on ne l’est pas, les cours ne servent à rien ! Aujourd’hui, j’en rigole.” Qu’à cela ne tienne, l’heureuse propriétaire d’une jument et… d’un étalon évolue seule, et découvre les joies de l’élevage ! “Mon père m’avait acheté un Trotteur et une jument Polonaise. Ils vivaient ensemble, en pairie ! Alors, forcément, j’ai eu quelques poulains, qui sont ensuite devenus des chevaux de promenade. J’avais une dizaine d’années”, se souvient-elle. 

La magnifique Helwell du Chabus pouliche, toujours prête à faire une gentille bêtise ! © Françoise Legros



Pierre après pierre

Autodidacte en ce qui concerne les chevaux, la Belge s’assure un bagage professionnel en dehors du milieu équestre en intégrant l’école d’infirmière de Bruxelles. Pendant cinq ans, Françoise exerce son métier à la clinique de Saint-Mard, tout au Sud du Plat-Pays, à la frontière française, avant de donner naissance à ses deux enfants. Petit à petit, pierre après pierre, la passionnée de la première heure pose également les bases de ce qui est aujourd’hui le centre équestre Au Chabus. “Nous avions quelques boxes et une carrière à la maison. Avec des amis, qui étaient intéressés par le projet, nous avons mis les choses en place au fil du temps. Les chevaux ont pris de plus en plus de place, et j’ai cessé mon activité d’infirmière. Nous avons absolument tout fait, tout construit nous-même. Les chevaux n’ont jamais été notre activité principale et ne le sont toujours pas”, souligne-t-elle.

Depuis plus de trente ans, Françoise élève sous l’affixe du Chabus, en parallèle de l’activité pédagogique du poney-club, confiée à une monitrice. “Je m’occupe des chevaux matin et soir et gère la partie élevage à cent pourcents, en plus de tout ce qui est administratif. Notre monitrice assure les leçons, et nous avons également une palefrenière, chargée de l’entretien des boxes. Mon mari, Claude Legros, artisan de tous les bâtiments, des clôtures et de l’entretien continue de la structure est également un élément indispensable de notre équipe”, précise-t-elle. Avant Helwell, d’autres du Chabus ont aussi fait parler d’eux, à l’image de Royal Earl du Chabus, un étalon “grand et puissant, qui marquait un peu de sang”. Le fils de Clinton a évolué jusqu’à 1,50m et laissé une quarantaine de produits derrière lui, dont certains ont sauté jusqu’à 1,45m, tandis que Kamara et Kerdalo du Chabus ont, eux, concouru jusqu’à 1,40m sur la scène internationale. “Tout s’est vraiment créé petit à petit, à partir d’une jument, puis d’une autre, de circonstances et d’autres. Je ne saurais pas vraiment identifier le vrai point de départ de l’élevage de chevaux de sport”, poursuit-elle. “J’ai toujours été intéressée par l’élevage. J’avais envie de faire les choses bien et de m’inspirer des gens qui avaient davantage de compétences et connaissances que moi. C’est encore le cas aujourd’hui. Avec les chevaux, il faut toujours être modeste et humble. On apprend sans cesse et on ne sait jamais tout. L’élevage n’est, de toute façon, pas mathématique !” 

Royal Earl, l'une des premières stars de l'affixe du Chabus. © Sportfot

Chaque année, Françoise voit naître et grandir jusqu’à cinq poulains. “Cette année, j’en attends quatre. Je n’ai absolument pas l’ambition d’augmenter le nombre de naissances de l’élevage. C’est un chiffre largement suffisant compte tenu de notre structure, des prairies dont nous disposons, du travail que cela occasionne et de la situation commerciale actuelle. Aujourd’hui, beaucoup de chevaux sont sur le marché”, expose l’éleveuse, qui a surtout à cœur de prendre le temps et d’offrir le meilleur chemin possible à chacun de ses protégés. “Je veux faire les choses correctement, ne pas bâcler mon travail. Je ne vends aucun poulain. Ils sont débourrés à trois ou quatre ans, puis je m’adapte en fonction de chacun. Certains seront commercialisés, tandis que d’autres suivront le Cycle des cinq ou six ans.” En restant à échelle humaine, la Belge fait également porter une majorité de ses mères et n’a eu recours au transfert d’embryon qu’une seule fois, dans le cadre de la vente de l’une de ses juments.



Sur une vingtaine d’hectares, ses jeunes pousses prennent le temps de grandir en plein air, bénéficiant d’une ration par jour et de foin à volonté, avant d’apprendre progressivement leur travail à partir de trois ans. “Les jeunes rentrent aux écuries pour un mois et demi à deux mois pour leur débourrage, puis repartent au pré. Ils reviennent ensuite à quatre ou cinq ans pour continuer leur formation. Je fais toujours les choses progressivement et sans précipitation. À quatre ans, nous ne faisons jamais de concours officiels. Avec Jean-Philippe Cas, qui se charge de la formation des jeunes, nous privilégions les entraînements à l’extérieur et n’hésitons pas à faire un peu de route pour accéder à de belles pistes, comme celles de Lierre ou Opglabbeek par exemple. Lorsque la saison des quatre ans commence, mes chevaux retournent en prairie, pour leur donner le temps de grandir et qu’ils conservent le moral ainsi que l’envie de faire les choses”, dépeint Françoise.

Au Chabus, le bonheur est dans le pré ! © Collection privée

“Les origines ne font pas tout”

Comme chez Helwell, la star actuelle de l’élevage, Françoise aime retrouver chez ses produits un certain gabarit, ainsi qu’une “bonne locomotion” et “un modèle correct”. Pour ses croisements, l’éleveuse observe attentivement ses juments, afin d’identifier leurs qualités et défauts. “En fonction des caractéristiques de ma jument, j’essaye de trouver un étalon qui correspond à ce que je cherche à améliorer. Je ne dis pas que les origines ne sont pas importantes, mais cela ne fait pas tout. Je ne cherche pas à utiliser à tout prix les étalons à la mode. Ce n’est pas ma façon de réfléchir. Il faut que le reproducteur que je choisis puisse apporter quelque chose à ma jument”, estime la Belge, qui apporte également une attention toute particulière à un autre critère dans son plan de monte. “À la suite d’expériences diverses, je fais attention aux personnes auprès desquelles j’achète la semence. Nous sommes au Sud de la Belgique, et donc les derniers des tournées de livraison. Il faut être sûr que le sperme reçu sera de qualité et faire confiance à l’étalonnier auquel on l’achète. Je travaille beaucoup avec le haras de Zangersheide et Joris de Brabander, pour cette raison, mais aussi pour la qualité de leurs étalons.” Et c’est vers le second, célèbre éleveur et étalonnier belge que Françoise s’est tournée pour faire naître une certaine Helwell du Chabus, un jour de mai 2013, en utilisant Elvis Ter Putte, un fils de Diamant de Semilly et petit-fils de Darco vu jusqu’à 1,60m, frère utérin de la compétitive Isaura Ter Putte et à l’origine des tous bons Levis de Muze, Mosito van het Hellehof, Hunger Games du Champ du Bois et Manchester van’t Paradijs, pour ne citer qu’eux.

Avec Jur Vrieling, l'ascension de Helwell du Chabus s'est accélérée. © Sportfot

La seconde partie de cet article est disponible ici.

Photo à la Une : En janvier, Helwell du Chabus s'est classée troisième de l'étape Coupe du monde d'Amsterdam, confirmant ses derniers résultats en Grands Prix 3 et 4*. © Leanjo de Koster / FEI