Associés depuis six ans, Denis Lynch et Cornets Iberio se connaissent par cœur ou presque. Tous deux ont d’ailleurs remporté plusieurs victoires internationales et disputés de beaux Grands Prix 5*. À Lanaken, en marge du championnat du monde des jeunes chevaux, tous deux ont ravi l’épreuve très scrutée des Sires of the World. Malgré leurs tentatives, Gilles Thomas et Feromas van Beek ont encore vu la victoire leur échapper, tandis que le vétéran Faldiano s’est une nouvelle fois hissé au troisième rang de cette compétition à 1,50m avec Jens Vandenberk.
Quelques éclaircies après une journée dans la grisaille, de nouvelles averses en cours d’épreuve, puis le retour d’un soleil éclatant pour sacrer l’adorable gris Cornets Iberio, un fils de… Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, et Ina Bella, par Iberio I, et prunelle de l’élevage de Heinrich Ramsbrock. Vendredi 22 septembre, le complice de l’Irlandais Denis Lynch s’est imposé au terme d’un barrage à huit, dans l’épreuve des Sires of the World, rendez-vous toujours scruté de près en Belgique, plus précisément à Lanaken, traditionnellement hôte d’un événement d’élevage incontournable avec, notamment, les finales mondiales réservées aux jeunes de cinq, six et sept ans. Avant de mettre à l’honneur les stars de demain, les étalons approuvés âgés de plus de huit ans étaient ainsi invités à se montrer et à déployer leurs qualités athlétiques dans une épreuve de type Grand Prix, en une manche plus barrage, jugés sur des barres à 1,50m.
"Cornets Iberio est un vrai battant", Denis Lynch
Cornets Iberio n’est pas un néophyte. L’étalon de Denis Lynch au look de poney premier de la classe compte déjà une quinzaine de victoires internationales, dont cinq en CSI 5* à 1,40 ou 1,45m. En constante progression ces derniers mois, le représentant du stud-book hanovrien a, là, récolté la plus belle récompense de son jeune palmarès. Grâce à son expérience au plus haut niveau, glanée, notamment, sur les étapes du circuit de la Coupe du monde Longines de Lyon, Vérone et Londres, ou encore sur celles du Longines Global Champions Tour (LGCT), à Miami et Rome, le gris s’est offert une nette victoire en Belgique. Troisième à prendre le départ au barrage, le complice de Denis Lynch a enchaîné tous les efforts du tracé raccourci avec aisance et sans perdre de temps, pour couper la ligne d’arrivée en 36’’00 tout pile. Limpide.
“Je monte Cornets Iberio depuis qu’il a cinq ans. Depuis, il a gagné beaucoup d’épreuves. Il est très compétitif. Il a honoré quelques juments lorsqu’il était plus jeune, mais n’a plus été énormément utilisé ces derniers temps. Peut-être que cette victoire lui fera une bonne publicité ! C’est un vrai battant”, a réagi le vainqueur du jour.
Auteur du premier clear round de la finale au chronomètre, Philip Rüping a placé Casallco, pépite de l’élevage de la famille Vrenken, au quatrième rang. Le fils de Casall et Zelda IV, par Contender, a donné l’impression de se balader sur les deux parcours. Pas assez rapide pour accéder au podium, le père de Chyazint, adjugée l’été dernier pour la vertigineuse somme de quatre millions d’euros lors des ventes PSI, se sera en tout cas déjoué de tous les pièges imaginés par le chef de piste Bernard Mathy, qui avait tout sauf construit un parcours au rabais.
À la poursuite de Denis Lynch et son gris, le Belge Jens Vandenberk, déjà sur le podium l’an passé, s’est rangé à la troisième place sur son vétéran Faldiano, auteur d’un barrage en 37’’05. Le BWP est un fils d’Heartbreaker et V de Pomme, une descendante de Jus de Pomme ayant elle-même évolué à haut niveau. À dix-huit ans, le bai, né chez Helsen Benny, en a encore sous le sabot et continue d’arpenter les terrains des CSI 2, 3 et 4* avec son fidèle pilote, le seul à l’avoir monté sur la scène internationale. “Je me suis vraiment concentré sur ma préparation pour les Sires of the World. J’ai pris part à deux concours moins importants pour donner confiance à mon cheval. Malgré son âge, il est toujours très en forme et volontaire. Tant qu’il voudra continuer et sera en état, je continuerai à concourir avec lui”, a déclaré Jens Vandenberk après sa performance sur Faldiano.
"Feromas se bonifie d'année en année", Gilles Thomas
Quatrième en 2022, juste derrière… Faldiano, Feromas van Beek a (presque) pris sa revanche. Bien parti, le sublime fils de Fantomas de Muze et petit-fils de Tangelo vd Zuuthoeve n’a rien perdu de sa qualité de saut malgré la vitesse. Agile, Gilles Thomas a parfaitement guidé son complice, qui donnait l’impression de maîtriser chacun de ses sauts au millimètre près, jusqu’aux cellules. Un coup d'œil au tableau des scores, un dodelinement de la tête pour exprimer sa déception et voilà Gilles Thomas et son étalon de onze ans, né chez Guido Herrijgers, deuxièmes du classement, pour… trente-neuf centièmes de trop ! En l'absence de Christian Ahlmann, habituel maître des lieux, mais blessé cette semaine, le Zangersheide n'a pas vengé son stud-book de naissance, fondé par le regretté Leon Melchior... ici même.
“L’an dernier, nous étions quatrièmes. Il y a trois ans, nous étions troisièmes, et cette fois, nous sommes deuxièmes ! Cela prouve à quel point Feromas est compétitif et combien de sans-faute il est capable de réaliser. Il se bonifie d’année en année”, a commenté le jeune Belge. “J’ai tout essayé pour battre Denis aujourd’hui, mais je n’étais pas assez rapide. Cette épreuve est une super opportunité de montrer les étalons aux éleveurs. Ce n’est pas toujours simple pour eux de les voir en vrai. Ici, ils peuvent les voir à la détente et même prendre une photo avec eux !”
Seul couple à pouvoir déloger Denis Lynch et Cornets Iberio du trône de leader, le duo belge formé par Mathieu Bourdeaud'Hui, vingt ans, et le jeune BWP Oscar The Homage (Quint vh Maarlo Z x Elton), neuf ans, a fait de son mieux, pour arrêter le temps en 42’’24 et sur un score vierge. Résultat, une très belle cinquième place cette attachante paire, qui ne sera pas passée inaperçue à Lanaken.
En renversant le dernier vertical du tracé raccourci, Philip Rüping a été relégué au cinquième rang avec son second étalon qualifié au barrage : Baloutaire PS (Balou du Rouet x Chacco-Blue), fruit de l’élevage de Paul Schöckehmohle. Deux rangs plus loin, le tout jeune Chad Blue PS (Chacco-Blue x Sandro Boy), huit ans, n’a pas démérité malgré deux fautes au barrage sous la selle de Patrick Stühlmeyer et sa remarquable équitation, qui avaient d’ailleurs terminé en tête l’année dernière dans cette même épreuve, grâce à la complicité du Selle Français Drako de Maugré. Lui aussi né au sein du gigantesque Gestüt Lewitz, le bai foncé de huit ans a fait partie des belles surprises de cette épreuve. Avec une faute concédée sur l’oxer numéro 2 qu’elle et son Thuur ont abordé un peu à plat, Victoria Gulliksen s’est intercalée au septième rang. Âgé de neuf ans, ce fils de Tyson, comme une certaine Just Be Gentle, et petit-fils de feu Flipper d’Elle, fait partie des grands espoirs de l’amazone norvégienne, qui devrait pouvoir s’appuyer davantage sur lui à l’avenir pour suppléer et soulager le généreux Equine America Papa Roach, son seul cheval de tête jusqu’alors.
Quelques jeunes pousses à garder à l'œil
Onzième grâce à un parcours à quatre points rapide lors de l’acte initial de cette épreuve des Sires of the World, Diego de Blondel (Vigo Cécé x Dollar dela Pierre) a une nouvelle fois confirmé tout son talent, sous la selle de son fidèle cavalier et propriétaire, Stéphane Dufour. Parti en début d’épreuve et victime du milieu de triple, le Tricolore et son attachant étalon n’étaient pas loin du but. Belle prestation aussi pour Armisson (né Orson D, Armitage x Cicero van Paemel), surpuissant fils alezan brûlé de la brillante Just Me D, ancienne jument de concours de Pieter Devos et poulinière à succès, un poil trop fermé pour l’apprécier pleinement, mais tout de même treizième sous la selle de l’Allemand Sebastian Elias. À neuf ans, le BWP a tout pour réussir une, voire deux, grande(s) carrière(s), un peu comme sa sœur utérine Casual DV (Cornet Obolensky), huit ans et déjà remarquable en compétition avec son éleveur, cavalier et propriétaire : Pieter Devos. Comptant parmi les plus jeunes engagés de la compétition, et tous deux montés par le champion d’Europe Jeunes Cavaliers 2022 Thibeau Spits, Clear Heart (Clarimo x Heartbreaker), huit ans et né chez la famille Sikes, ainsi que Calvino II de Nyze (Calvaro x Heartbreaker), déjà classé en Grand Prix 4* à neuf ans, ont, eux aussi, fait forte impression.
Photo à la Une : Cornets Iberio et Denis Lynch ont mis tout le monde d'accord dans l'épreuve des Sires of the World à Lanaken, en 2023. © Sportfot
Les épreuves des championnats du monde des jeunes chevaux de Lanaken sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.