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Aux côtés de Zineday, Lisa Fundis a vécu une semaine de rêve à Milan

Lisa Fundis Zineday Philipp Weishaupt
mercredi 13 septembre 2023 Mélina Massias

Dynamix de Bélhème a presque éclipsé tous ses concurrents par sa classe et son talent aux championnats d’Europe de Milan. Pourtant, son dauphin, Zineday, a lui aussi fait très forte impression, enchaînant les parcours comme si de rien n’était. Il faut dire que l’excellent alezan monté par Philipp Weishaupt peut compter sur son ange gardien : Lisa Fundis, sa groom depuis un peu plus de deux ans. Pour Studforlife, cette passionnée de la première heure qui a toujours rêvé de devenir groom retrace sa semaine en terres italiennes et le chemin parcouru avec son protégé au tempérament affirmé.

À seulement neuf ans, Zineday a déjà tout d’un grand. L’alezan, fils de Zinedine, l’a plus que prouvé, début septembre, en décrochant une superbe médaille aux championnats d’Europe de Milan. À son chevet dans son éclosion et sa conquête de l’argent continental, une femme : Lisa Fundis, sa groom.

Lisa Fundis veille au grain sur ses protégés, dont fait partie l'exceptionnel Zineday, vice-champion d'Europe en titre. © Mélina Massias

“Zineday a une forte personnalité. Il sait ce qu’il veut”, introduit la sympathique allemande, qui travaille auprès de Philipp Weishaupt, cavalier de l’alezan et de nombre d’autres stars avant lui, depuis sept ans et demi. “Zineday était déjà dans nos écuries, à Riesenbeck. À quatre ans, il était dans les boxes de Philipp (mais était alors monté par son bras droit, Richard Vogel, ndlr). Zineday était déjà très spécial. Il voulait toujours avoir le dernier mot, ce qui le rendait un peu difficile à aimer (rires). Sa confiance en lui était à son maximum. Ensuite, il a rejoint le piquet de Christian Kukuk. Il a pris son temps et Zineday a énormément progressé. Christian et sa groom ont fait un travail remarquable. Et puis Zineday est revenu avec nous il y a deux ans, en étant toujours sûr de lui. Il faut apprendre à l’apprécier. Lorsque ses propriétaires m’ont demandé ce que je pensais de lui, je leur ai dit qu’il fallait prendre quelques verres avec lui pour tisser des liens (rires). C’est un peu comme avec les gens ; parfois on devient amis immédiatement, d’autres fois il faut un peu de temps et quelques échanges. Nous avons dû apprendre à nous connaître avec Zineday, et je pense que cela rend aussi notre relation spéciale. Il faut prendre son temps avec lui. Je pense que la semaine que nous avons passée ensemble à Milan a changé notre connexion. Cela a été un grand pas en avant. Nous sommes désormais plus proches qu’avant. Et ce n’est ni la médaille, ni la réussite qui ont changé cela, simplement le temps partagé à ses côtés.” 

Philipp Weishaupt et son étalon de neuf ont réalisé une immense performance à Milan, à laquelle Lisa Fundis a grandement contribué. © Mélina Massias



Avant de déployer ses ailes au grand jour en Italie, l’excellent alezan avait commencé à pointer le bout de son nez dès l’hiver de ses huit ans, notamment sur le circuit de la Coupe du monde Longines. Septième à Oslo, sans-faute aux obstacles à Leipzig, Zineday a observé quelques semaines plus calmes en début d’année, son cavalier s’étant blessé au pied en promenant son chien en forêt. Et puis, à Aix-la-Chapelle, tout s’est accéléré. Dans le mythique Grand Prix CHIO 5*, Zineday a stupéfait tout le monde, en terminant troisième, avec le meilleur temps du barrage. À partir de là, “même une personne non-voyante pouvait se rendre compte de son talent”, déclarera Philipp Weishaupt quelques semaines plus tard.

À Aix-la-Chapelle, le talent du fantastique Zineday a éclaté au grand jour. © Mélina Massias

“Il y a les résultats que l’on espère, ceux que l’on attend et ceux qui se concrétisent. Ce sont trois choses différentes, mais lorsqu’elles s’unissent et se réalisent ensemble, c’est incroyable. Parler de cela me permet de réaliser un peu plus tout ce qui s’est passé ces dernières semaines. Aix a été un moment incroyable. L’un de nos premiers concours avec Zineday s'est déroulé là-bas, il y a deux ans, pour la finale des jeunes chevaux. C’était un moment spécial, mais réussir une telle performance deux ans plus tard… Nous n’aurions pas pu rêver d’un meilleur résultat, d’un meilleur week-end, ni d’un meilleur travail d’équipe. Nous n’aurions pas pu demander mieux, tout simplement”, s’émeut Lisa.

En deux ans, Zineday est passé de la finale des jeunes chevaux au prestigieux Grand Prix du CHIO 5* d'Aix-la-Chapelle, avec, en plus, une troisième place à la clef. © Mélina Massias

“Dimanche, j’avais un très, très bon pressentiment”

Quelques jours après la médaille d’argent décrochée par son protégé en Italie, l’Allemande peine encore à réaliser. “On est évidemment surexcité sur le moment, mais il n’y a pas de temps pour assimiler ce qui se passe et toutes les émotions que l’on traverse. J’étais tellement heureuse ! Après la remise des prix, tout est allé très vite. Il faut ranger, reprendre le camion, rentrer à la maison. Pour notre arrivée, nous avons reçu un accueil très, très chaleureux. Notre équipe avait placés des ballons pour notre retour, et c’était vraiment très chouette. Mais non, je ne réalise pas encore ! (rires) Il s’agissait de notre première médaille, et je crois que cela a rendu le moment encore plus spécial. Je n’en suis pas certaine ; j’espère que nous en gagnerons une autre et je pourrais comparer ! (rires)”, sourit la groom. 

Pour son premier grand championnat, Zineday n'a concédé qu'une seule et unique faute à Milan ! © Mélina Massias

Touchée par une tempête et de fortes intempéries, la semaine milanaise de cette belle équipe n’avait pourtant pas commencé sous les meilleurs auspices. “Malheureusement, le temps n’était pas avec nous lorsque nous sommes arrivés. Mais les organisateurs ont fait tout leur possible pour faire face à cette situation. Patrick Borg et ses équipes ont été incroyables. Ils ont fait leur maximum pour les chevaux et pour nous. En plus, on se sent toujours très bien accueillis”, narre Lisa. “Tous les grooms n’ont qu’un cheval dont ils doivent s’occuper, mais les journées sont assez longues malgré tout. Un championnat est différent ; la pression est différente, et tout le monde veut s’investir. Il faut donc essayer de tout organiser et se concentrer sur les détails ; marcher en main, monter, préparer le cheval pour l’épreuve, etc. Une fois que les chevaux ont sauté, nous prenons soin d’eux et effectuons des rondes dans la soirée pour nous assurer que tout va bien. Cela prend du temps. Lors de la Chasse, la pression était gérable, mais lorsque la Coupe des nations a débuté jeudi, j’étais personnellement un peu plus nerveuse. J’avais davantage l’impression d’être entrée dans la compétition et de me dire ‘maintenant nous sommes aux championnats d’Europe, il faut tout déchirer’. Vendredi, nous, Allemands, avons été un peu malchanceux. Avec une faute de moins, nous aurions eu une médaille (avec le forfait de dernière minute de Marcus Ehning et Stargold, tous les scores ont compté pour la Mannschaft, passée à un cheveu du bronze, ndlr). Malgré tout, j’étais très fier de Zineday qui a effectué un superbe parcours (sanctionné d’une faute qualifiée de ‘stupide’ par son cavalier, ndlr). Avoir une journée pour récupérer samedi était très appréciable. Peu importe si les chevaux ont neuf, dix ou douze ans, ces trois jours de compétition à la suite sont éprouvants. Cette journée de repos est nécessaire pour se reposer et s’aérer l’esprit. Les grooms et les cavaliers ont pu souffler un peu. L’arrivée aux écuries dimanche matin était un peu différente. Pour ma part, l’énergie était spéciale. J’avais un très, très bon pressentiment. Normalement, je garde le silence dans ce genre de moment, mais j’ai dit à notre vétérinaire que je pense que c’était une bonne journée. Sincèrement, je n’avais jamais, jamais fait cela avant ! En temps normal, il faut rester discret, je le sais, mais j’avais besoin de le dire. Et puis cela a fonctionné !” 

Dimanche, avant la finale individuelle des trente-septièmes européens de jumping de l'histoire, Lisa Fundis avait un bon pressentiment, qui s'est concrétisé par une médaille d'argent ! © Mélina Massias



Synergie d’équipe et d’écurie

Au-delà de cette consécration et de la relation renforcée avec son ami à quatre jambes au caractère affirmé, la bonne fée de Philipp Weishaupt a vécu un moment intense, entourée de toute une équipe, focalisée sur le même objectif. “Lorsque Zineday a réalisé un sans-faute lors de la première manche de la finale, nous étions un peu plus sereins. Cela nous a fait faire un grand pas vers le podium. Après cela, j’ai vraiment senti toutes les personnes autour de nous lorsque nous étions au paddock. C’était très agréable. Ludger, Christian, Otto (Becker, le chef d’équipe de l’Allemagne, ndlr) évidemment, Marcus et même Eoin (McMahon, ndlr) étaient là. Mais c’est surtout la présence des membres des écuries Beerbaum qui m’a marquée. Je me suis dit ‘ok, on se bat pour la même chose’. C’était extraordinaire. À ce moment-là, je me suis sentie très reconnaissante et j’ai éprouvé beaucoup de gratitude envers tout ce que nous avons en commun et tout ce pourquoi nous nous battons. Nous n’avons pas beaucoup parlé, mais tout le monde était là. Pour moi, c’est ça, la définition du travail d’équipe”, savoure l’Allemande. 

Sur le kiss and cry, toute une équipe entourait le trio magique formé par Zineday, Lisa et Philipp. © Mélina Massias

Entre grooms, la solidarité était aussi de mise. Mel Obst, qui veille sur les montures de Marcus Ehning, était là jusqu’au dénouement des championnats pour soutenir ses amis, même si elle-même n’avait plus rien à jouer. “Mel a un vrai esprit d’équipe. Elle fait partie de ces grooms que l’on peut appeler à n’importe quel moment, que ce soit en rapport avec les chevaux ou non. Si on se sent mal à l’aise avec une situation, que l’on éprouve du stress ou quoi que ce soit d’autre, Mel est toujours là. C’est super de l’avoir à ses côtés parce qu’elle met toujours une bonne ambiance. Même si elle n’était plus en lice dans les compétitions, c’est bien d’avoir des gens comme elle pour nous soutenir. Je prends l’exemple de Mel, parce qu’elle était encore là et que nous avons aussi conduit ensemble, mais ce n’est pas la seule. En tout cas, c’était très sympa de sa part de nous encourager, car lorsque son cavalier ne concourt pas, les journées sont vraiment longues !”

Dans sa folle aventure milanaise, Lisa a pu compter sur ses collègues et amis grooms. © Mélina Massias

Et, en plus de ce soutien sans faille, Lisa et Zineday ont pu compter sur la motivation et la volonté de fer de Philipp Weishaupt. “Je sais combien Philipp peut être déterminé lorsqu’il veut quelque chose. Il faut toujours une part de chance, mais il est tellement fort mentalement ! Il était extrêmement concentré pour cette échéance. Lorsqu’il est où il veut être, il donne tout. Avec le temps, je remarque lorsqu’il est dans cet état de concentration intense. On voit dans ses yeux qu’il est dans sa bulle, avec son cheval. Bien sûr, il écoute les gens qui l'entourent, mais il prend une sorte de distance. (rires) Son langage corporel est très clair dans ces situations. Surtout, il est capable de transmettre sa confiance à ses chevaux. Il a assez d’assurance pour un cheval de neuf ans, c’est certain ! Zineday est lui ont une connexion très forte. C’est quelque chose de vraiment spécial. Philipp apprécie énormément Zineday ; il l’aime. Et cela contribue à leur lien unique”, assure la bonne fée du couple, qui a, elle aussi, grandement contribué à leurs récents succès. 

Philipp Weishaupt ne tarit jamais d'éloges lorsqu'il parle de Zineday. © Mélina Massias



Une reconnaissance bienvenue

Le travail, acharné et indispensable, des petites mains de l’ombre continuent d’entrer dans la lumière. À Milan, lors des deux remises des médailles, les speakers de l’événement n’ont pas manqué de nommer chevaux, cavaliers et… grooms ! Une petite attention qui ne coûte rien mais fait une grande différence. “On se sent reconnu. Lorsque nous sommes entrés tous ensemble en piste pour la remise des prix, avec Steve, Philipp et Julien Epaillard, je me suis sentie très fière. Lorsqu’ils énoncent le nom des cavaliers, des chevaux et des grooms, on se sent vraiment comme une équipe”, souligne Lisa. “Ce n’est pas nécessairement le simple fait que nos noms soient cités, mais pour les gens de l’extérieur, cette entrée groupée montre qu’il n’y a pas que les cavaliers. C’était un beau moment. Nous avons aussi reçu des petits cadeaux et une carte, écrite à la main, pour nous remercier d’être toujours là. J’étais aussi très touchée et reconnaissante à ce moment-là. Philipp m’a remis cette carte plus tard aux écuries, et j’ai trouvé cela super. Ce n’est pas un simple copier/coller fait sur ordinateur, qui peut être réutilisé pendant des années ! (rires)”

À Milan, chevaux, cavaliers et grooms ont introduit la remise des prix ensemble. Une belle mise en lumière de ces acteurs indissociables et indispensables dans la performance. © Mélina Massias

Pour l’ange gardien de Zineday, globalement, à Milan, les conditions de travail étaient correctes. “Chaque groom a sans doute son propre avis. Pour moi, cela allait. Nous avions à manger trois fois par jour. Cela aurait pu être un peu mieux car nous avons eu la même chose pendant sept jours, mais ce n’est pas très grave. Les camions n’étaient pas trop loin et nous avions de l'électricité. Nous n’étions pas extrêmement gâtés, mais nous avions tout le nécessaire. Je sais que les organisateurs font de leur mieux et je ne veux pas leur jeter la pierre, même s’il y a toujours des améliorations possibles, comme pour tout dans la vie. Le plus important pour nous reste que les chevaux soient bien et que tout soit bien organisé, ce qui était le cas”, estime-t-elle. 

L'excellent Zineday n'en est qu'aux prémices de sa carrière. © Mélina Massias

Dans la superbe ville italienne, quelques grooms ont trouvé le temps de se prêter à un peu de tourisme, pour se vider la tête et profiter de moment de détente. “Nous aurions pu nous arranger pour faire du tourisme, puisque d’autres l’ont fait, mais nous sommes assez mauvais pour ces choses-là ! Pour moi, ce n’était que les chevaux. Les journées commencent tôt et finissent tard”, explique Lisa. “J’ai passé beaucoup de temps avec Emma (Uusi-Simola, qui œuvre auprès de Steve Guerdat, ndlr) pendant la semaine. C’est assez drôle ! Nous avons eu d’intéressantes conversations le soir aux écuries et avons profité de la compagnie de l’autre.”

Impliquée professionnellement dans les chevaux depuis des années, Lisa Fundis, qui a commencé comme cavalière mais rêvait de devenir groom, a plus que concrétisé ses plus grandes ambitions. Appréciée par bon nombre de ses collègues, la discrète allemande a décroché sa première médaille, juste derrière son amie Emma. Et ces deux-là pourraient bien se retrouver dans un an, à Paris, pour tenter de réitérer leurs performances. 

Satisfaction et émotion pour Lisa Fundis, après le double sans-faute de son cher Zineday. © Mélina Massias

Photo à la Une : Lisa Fundis, Zineday et Philipp Weishaupt à quelques secondes de la seconde inspection vétérinaire. © Mélina Massias