Aux côtés de la famille Böckmann, Checkter perpétue le succès de décennies d’élevage

Descendant d’une souche maternelle ayant engendré de nombreux chevaux de qualité, l’étalon Checkter fait le bonheur de la famille Böchmann, dont le nom est bien connu dans la sphère équestre. Sous la selle de Leonie, et de son père, Gilbert, le gris de neuf ans évolue déjà jusqu’à 1,55m et semble transmettre ses qualités intrinsèques à sa jeune production. Plongée dans l’histoire ayant mené à la production de ce fils de Cellestial, entre la région du Hanovre et du Oldenbourg.

En Allemagne, le nom “Böckmann” résonne dans la tête de tous les équitants, notamment grâce à la marque de vans à laquelle il est associé. L’écurie Böckmann, elle, a vu le jour en 1956. Son fondateur, Anton, était le maréchal du village. Au fil des années, ce passionné a choisi avec attention des juments et étalons de qualité pour sa structure. Ainsi, des mâles comme Quattro B (SF, Qredo de Paulstra), Cordalmé Z (Old, Cor de la Bryère), Grandeur (Hann, Gralsritter), Landadel (Holst, Landgraf I) et Lord Pezi (Old, Lacros) y ont fait la monte et joué un rôle majeur dans le programme d’élevage.

Ghana a été l’un des fleurons de la famille Böchmann. Cette dernière est présente dans le pedigree de nombre d’excellents chevaux de sport, à commencer par Kashmir van Schutterhof (Nabab de Rêve – Fines van Kameren x Tenor Manciais, éleveur : Willy van Impe), étalon figurant dans le top 10 des meilleurs pères du classement édité par la Fédération mondiale pour l’élevage de chevaux de sport (WBFSH). Sa grand-mère, Gotha, une fille de Furioso II, est une sœur utérine de Ghana, qui a initié la souche du prometteur Checkter (Cellestial – Ilonka x Lord Pezi). À neuf ans, ce dernier se montre prometteur, tant dans le sport, où il évolue déjà à 1,55m, et à l’élevage, où ses premiers produits se démarquent dans les ventes aux enchères et en tant qu’étalons.

Checkter et Leonie Böckmann lors d'une épreuve à barrage à 1,50m au CSI 4* de Hagen en début d'année.

Ghana, la base fondatrice 

L’influence de Ghana a débuté dans la région du Oldenbourg, sise à l’Est de Brême, et où a fleuri le stud-book éponyme. Par le passé, chaque livre de race correspondait à sa propre zoné géographique. Après avoir concouru sous les selles des frères Klaus, Gilbert et Roger Böckmann, la grise est croisée à l’étalon Cordalmé Z et donne naissance à l’étalon Corghano, monté jusqu’à 1,50m par Max Kühner et voué à l’élevage chez ses naisseurs. Laghano (Landadel) a été piloté par Mario Stevens jusqu’à 1,40m, tandis que Stefan Witte a pris les rênes de First Ghana (Furioso II), également jusqu’au niveau 1,40m. Gilana, née Lady Liberty (Lord Liberty), a sans doute été la plus brillante des descendants de Ghana. Elle a collectionné les flots lors d’épreuves à 1,50m, disputées aux côtés de Gilbert Böckmann, Richard Grom et Fritz Fervers. À l’élevage, elle a ensuite engendré l’étalon du haras d'État Redefiner, Caravazzo (Cordalmé). Selon les données de Horsetelex, la Oldenbourg compte huit produits.

Dans la lignée de Ghana, cinq juments ont concouru en Coupes des nations, représentant autant de pays différents. À l’origine de cette bonne reproductrice : la famille Habermann. Cette dernière perpétue le succès de son illustre matronne, tout comme les Böckmann. “Mon père a débuté l’élevage avec deux juments : Ghana et Aleska Z (Almé - Landdorne Z x Lavendel), la seconde cité ayant donné naissance à l’étalon Cordalmé Z (Cor de la Bryère)”, se souvient Gilbert Böckmann. “Nous avons monté Ghana en concours à six ans, année où elle n’était pas gestante. Elle a sauté jusqu’à 1,30m. Tous les chevaux de la souche de Ghana ont des qualités de sauteur, peu importe l’étalon choisi. La force héréditaire de cette lignée est vraiment puissante. Le fait que Kashmir van Schuttershof descende aussi de cette branche en dit long.” Excellent étalon, Kashmir van Schuttershof, dont deux produits ont été sacrés champions olympiques par équipe l'été dernier à Tokyo, descend de la jument fondatrice Ghana. © Sportfot

Via son père, Gotthard (Goldfisch II – Ampa x Amateur I, éleveur : Richard Kords), connu pour sa qualité, transmise à des générations de chevaux d’obstacles, Ghana apporte une génétique importante. Né en 1949 et acquis deux ans plus tard par le haras d'États de Celle, l'Hanovrien a pourtant longtemps été décrié, ses poulains n'étant pas jugés suffisamment modernes. Mais, au cours des années 70, alors qu’il figurait régulièrement en haut des classements d’étalons, Gotthard s’est vu confier par les éleveurs leurs meilleures juments. S’il n’est pas parvenu à établir une vraie lignée mâle à succès, il s’est révélé brillant en père de mère. Parmi ses meilleurs produits, Gotin Z, Galipolis, Goya 12, Goldfink 12, Goldkette, Graf Sieno, … ont tous évolué à 1,60m. De trois ans l'aînée de Ghana, Gescha, sa propre sœur, elle aussi grise, est l’arrière arrière-grand-mère du performer mondial Firth of Lorne (For Pleasure - Starlight x Stakkato, éleveur : Meinlof Roelleke), monté à haut niveau par les Allemands Katrin Eckermann et Marcus Ehning.

La belle grise a été croisée à plusieurs reprises au Selle Français Furioso II (Furioso xx – Dame de Ranville x Talisman, éleveur : Henri Lemoine), alors stationné en Normandie, dans les écuries d’Alfred Lefèvre. Ce dernier a joué un rôle majeur dans l’influence des étalons français à travers l’Europe. Il a notamment accueilli une commission du Holstein en Normandie, qui a alors découvert nul autre que Cor de la Bryère, immense chef de race du stud-book germanique. À la recherche d’un étalon pour son élevage, Georg Vorwek a trouvé le bon Vertuoso en 1967. Renommé Furioso II, l’étalon a participé à écrire l’histoire de l’élevage en Allemagne et a été le mâle le plus influent de la carrière de l’étalonnier. Furioso II a ainsi engendré l’influent étalon Voltaire, qui s’est fait remarquer grâce à ses descendants, très performants, à la fois dans la voie mâle et femelle. “Furioso II savait se présenter. Il savait qu’il était spécial. Il serait toujours un bon étalon aujourd’hui”, juge Gilbert Böckmann.

Laricello (Lord Pezi – Cunterbunt x Cordealmé Z, éleveur : Yvonne Böckmann), compétitif jusqu’à 1,60m, provient également de cette souche, tout comme La Gioconda (Langold - Gothic City x Quick Star, éleveur : Gestüt Lewitz). Laricello a été particulièrement précieux pour sa cavalière, Helen McNaught. “Cela a été une sacrée histoire avec lui”, se souvient-elle. “Mon mari, Duncan, l’a acheté à cinq ans auprès de Gilbert Böckmann. Duncan et Laricello ne se sont pas trop entendus, alors je l’ai monté et j’ai remporté ma première épreuve Coupe du monde en Amérique avec lui. C’était un cheval vraiment, vraiment spécial. Je pense que c’est le cheval avec le plus de moyens que je n’ai jamais monté.”

Checkter, la nouvelle perle des Böckmann

Ila, l’une des filles de Ghana et Ile de Bourbon (Inshallah - Donna Andrea x Don Camillo), a donné naissance à Ilonka (Lord Pezi), mère de l’étalon Check In 2 (Cordalmé), qui a représenté la Nouvelle-Zélande aux Jeux équestres mondiaux (JEM) de Tryon en 2018 sous la selle de Samantha McIntosh, et de Check Up, son propre frère. Mais, la nouvelle star de cette riche famille est bel et bien l’étalon Checkter. Approuvé pour reproduire dans sept stud-books différents, le gris évolue pour l’heure jusqu’à 1,55m aux côtés de Leonie Böckmann, la fille de Gilbert. Le père du gris, Cellestial, s’est classé dans plusieurs Coupes des nations et est l’un des meilleurs étalons de saut d’obstacles allemand, tandis que son grand-père maternel, Lord Pezi, a été l’un des fleurons de la station de monte des Böckmann, avant de disparaître prématurément. Il laisse derrière lui d’excellents descendants, à l’image de Lord Pepsi, Lucifer V, ou Lord Pezi Junior.

“C’est une réussite particulière d’avoir construit la souche de Checkter à partir de nos propres étalons”, se réjouit Gilbert Böckmann. “J’ai deux chevaux de quatre ans de cette même lignée et ils sautent de façon incroyable. Je nourris de grands espoirs pour Checkter. Il a peu concouru en 2021 car ma fille, Leonie, a eu le Covid, puis est allée à l’université à New York. C’est pour cela que je l’ai monté en Espagne (à Oliva, en octobre 2021, ndlr). Nous nous sommes classés jusqu’à 1,50m. Je ne voulais plus monter en concours, mais avec Checkter, je n’ai pas pu résister ! Depuis son retour, ma fille a pris le relais. Checkter est vraiment différent et spécial. J’ai évolué avec de bons chevaux, et je crois qu’il le sera tout autant. S’il continue sur sa lancée, il devrait être capable de sauter n’importe quel Grand Prix dans le monde. Nous sommes très fiers d’avoir élevé un tel étalon. Sa souche apporte la facilité d’utilisation, un super galop et du respect.” 

De gauche à droite : Ilonka, Ila, Gilana, les trois juments ayant conduit au prometteur Checkter. © Collection privée

À quatre ans, Checkter s’est vu attribuer la moyenne de 9,66/10 pour son test sportif. Une note sans précédent pour le stud-book oldenbourg. “Je me souviens très bien de ce moment-là. Nous n’avons pas pu aller au premier test, puisque nous organisions en même temps un événement dans nos écuries. Nous avons alors dû l’emmener jusqu’à Munich. Nous nous sommes assis dans les escaliers et avons regardé l’épreuve à côté de la cheminée. Il était clair que Checkter faisait tout bien. Nous savions que cela allait bien se passer, car c’était déjà le cas à la maison. Lorsque nous avons reçu les résultats, nous étions tous très contents”, se souvient Yvonne Böckmann, l’épouse de Gilbert. “Nous n’avons réalisé qu’après coup, au fil des années, que ses notes avaient été exceptionnelles. Pour tout le monde, Checkter avait toujours été un cheval incroyable. Il a toujours fait ce qu’on lui demandait. C’est pour cela que ses notes élevées ne nous ont pas vraiment surpris.” Et le stud-book oldenbourg ne s’y trompe pas non plus. “Checkter a instauré de nouveaux standards dans l’élevage de chevaux de saut d’obstacles. [...] En 2020, Checkorado (Checkter - Paula x Pilothago, éleveur : Peter Engel) et Chesternov (Checkter - Utasha x Ustinov, éleveur : Arndt Schwierking) ont été ses deux premiers fils à être approuvés. En 2021, le phénoménal étalon gris a fait ses débuts au niveau 1,50m et obtenu des classements. L'origine de ce succès peut être trouvée dans son papier, qui est un feu d’artifice de génétique internationale pour le jumping”, écrit le livre de race dans un communiqué.

Checkter en liberté, ici à deux ans. 

Et Yvonne Böckmann de résumer : “En tant qu’étalon, sa génétique n’a rien à envier à quiconque. Nous connaissons très bien toute sa famille, qui n’est composée que de chevaux exceptionnels et qui est très sûre d’un point de vue génétique. Comme cheval de sport, ou simplement, ici, à la maison, il est incroyable. Il fait tout ce qu’on lui demande immédiatement. Tout le monde peut l’emmener brouter de l'herbe. Il adore aller en concours et n’est pas difficile du tout. Il est très rapide et peut parfois tourner encore plus vite qu’on le veut en piste. Il est probablement très ambitieux, particulièrement intelligent et très respectueux. Tout ce qu’il a eu à sauter jusqu’à l’âge de huit ans, il l’a fait en jouant. Nous avons beaucoup de jeunes produits de Checkter, puisque nous l’avons nous-même utilisé. Tous ont cette belle allure et ces magnifiques lignes du dessus. Ce sont également des chevaux faciles. Ils héritent de sa qualité de saut, sa rapidité et sa bonne bouche. Sa semence congelée est de très bonne qualité et nous permet de le distribuer même lorsqu’il est en concours. Nous sommes des cavaliers et éleveurs très attentionnés ; nous n’allons pas en concours trois week-ends par mois. Nous formons Checkter avec minutie et parcimonie. Il n’a pas besoin de trop en faire, car il apprend vite. Nous voulons qu’il reste en bonne santé le plus longtemps possible et nous croyons qu’un avenir radieux l’attend.”

Photo à la Une : Checkter à Oliva en début d'année, sous la selle de Leonie Böckmann. © Hervé Bonnaud/1clicphoto

Adriana van Tilburg