Aurelia Loser, entre psychologie et compétition
Vous pourrez découvrir notre rencontre avec la jeune et talentueuse Aurelia Loser. La cavalière suisse monte pour les écuries du marchand Gian-Battista Lutta et a déjà brillé à haut niveau, comme à La Baule ou Rabat.
À vingt-six ans, Aurelia Loser fait partie du cadre élite suisse et possède déjà un joli panel de résultats : classée à La Baule, victorieuse de la Coupe des Nations de Rabat en 2017 pour ne citer que ces deux faits d’armes marquants. Basée dans les écuries du marchand Gian-Battista Lutta, près de Fribourg, la Valaisanne mène de front carrière de cavalière et études universitaires en psychologie. Elle monte depuis 2014 pour ce marchand bien connu puisqu’il a déniché des stars telles que Jalisca Solier (Alligator Fontaine) ou Quorida de Treho (Kannan).
En ce début d’année 2021, Studforlife est parti à la rencontre d’Aurelia Loser à Lossy. Un reportage en deux volets !
À Lossy, Aurelia Loser et la très sensible Anaba Haize, l'une des deux montures que lui met à disposition Arturo Fasana
Même si la mère d’Aurelia a monté en concours jusqu’en 135 cm et que les chevaux ont toujours été une passion pour elle, Christine Loser préfère voir sa fille s’orienter vers la danse. Elle lui offre donc… un tutu. « C’était hors de question pour moi de faire de la danse ! J’ai pris deux cours pour faire plaisir à ma maman, mais lever une jambe sur une barre, ce n’était pas pour moi », plaisante Aurelia. Du coup, c’est dans le club équestre du village alpin de Crans-Montana qu’Aurelia fait ses débuts : « Cela a vraiment été un coup de foudre pour l’animal. Je passais tout mon temps libre au manège. On était un super groupe d’amis, c’était génial. »
Les années passent et la jeune fille désire s’orienter vers la compétition et le saut. Elle descend donc de sa montagne pour s’entraîner auprès de Laurent Fasel, à Granges, à deux pas de Sion. «J’ai eu mon deuxième poney et c’est là que j’ai pris goût aux concours. Laurent et moi nous sommes très bien entendus, et je lui dois beaucoup. Il m’a transmis ses valeurs, notamment le fait d’aller toujours dans le sens du cheval. Jamais dans le conflit. C’est quelque chose que j’ai gardé. Je suis restée dix ans chez lui. » Avec Maestro du Gonge (Fétiche du Pas), Aurelia s’aguerrit dans les Juniors et Jeunes cavaliers. En parallèle, elle loue la bonne mais très délicate Quinette Theod (Helios de la Cour). « C’était compliqué au début, je pensais que je n’y arriverais jamais. Elle avait trop de sang. La première fois que j’ai voulu la monter, elle ne me laissait même pas l’approcher pour lui mettre les guêtres. Mais ensuite, très vite, le courant a passé. »
Aurelia et Quinette Theod, sa jument de coeur, avec laquelle elle a participé au CSIO de La Baule en 2017 et qui est maintenant à l'élevage.
Une fois sa maturité en poche, elle décide de faire une année sabbatique pour se concentrer sur les chevaux. « Ma mère était d’accord, mais elle voulait que je parte à l’étranger pour parfaire mon allemand. Comme Laurent Fasel ne connaissait pas trop de monde en Allemagne, il a demandé conseil à Alain Jufer. Le cavalier des écuries Lutta partait à ce moment-là et Alain m’a conseillé de venir me présenter. Comme j’avais déjà acheté un cheval là, que Gian-Battista m’avait vue en concours et qu’il appréciait ma façon de monter, j’ai eu la place. »
Fin 2014, Aurelia Loser pose donc ses valises à Lossy. Durant cette année sabbatique, elle monte entre cinq et six chevaux par jour en plus des deux montures qui lui appartiennent. Elle fait les boxes et travaille dans l’équipe. En 2015, elle reprend des études. D’abord en droit durant deux années, avant de se réorienter vers la psychologie, où elle est actuellement en première année de Master à l’Université de Fribourg. Elle monte durant tout son temps libre les chevaux de l’écurie Lutta, les siens ayant depuis pris leur retraite - Quinette, sa jument de cœur, est d’ailleurs portante de Mylord Carthago pour ce printemps. « C’est très agréable la confiance que Gian-Battista a en ses cavaliers. Il m’a vite fait confiance. J’ai eu la chance, un an après mon arrivée ici, de me voir confier des chevaux de Grand Prix. » Il faut dire que la qualité des chevaux dans les écuries permet à tous les cavaliers d’être extrêmement bien équipés. « On gère chacun notre piquet de chevaux, en faisant notre propre planning. Si un jour j’ai des cours toute la journée, je peux compter sur l’équipe de l’écurie pour que les chevaux soient sortis.»
Elle bénéficie aussi du soutien de sa famille, notamment de sa mère, souvent présente à ses côtés en concours : « Ma maman me suit quand elle le peut, elle m’aide à préparer les chevaux. Mon père me suit de plus loin. Mon frère n’est pas non plus passionné par les chevaux. Il bosse à fond car il termine sa formation de neurologue, mais il suit mes résultats. C’est agréable de se sentir soutenue. »
2017 est l’année où Aurelia Loser goûte au haut niveau. « C’était incroyable. C’était une année où tout allait bien. Je montais Hunter, un cheval d’Arturo Fasana, qui est maintenant aux Etats-Unis et qui fait d’excellents résultats avec Lucas Porter. J’avais également Quelmec du Gery (Pamphile) et Quinette. Je pouvais compter sur trois chevaux pour faire les Grands Prix. Tout se passait bien. J’ai eu la possibilité d’aller à la Baule. J’y ai monté Quinette seulement. C’était une expérience très enrichissante. Alain Jufer n’avait pas pu venir et du coup, c’est Steve Guerdat qui m’aidait. J’ai pu faire les reconnaissances avec lui. Il venait m’aider à l’entrainement. C’était chouette de sa part de m’avoir coaché. J’ai pu aussi voir comment il faisait, car à ce niveau il y a vraiment tout qui change, comme le nombre de sauts à l’entraînement,… En plus, cela s'est bien passé: j’ai classé une ranking et la 140 cm le premier jour. J’y ai aussi fait la rencontre du naisseur de ma jument, qui ne l’avait plus revue depuis des années. Il pleurait presque de la voir à La Baule. »
L’année 2017 continue sur cette bonne lancée. Aurelia peut partir au Maroc lors du Morocco Royal Tour et signe l’exploit avec Quelmec du Gery dans la Coupe des Nations : « À Rabat, on a remporté la Coupe des Nations. Je dois dire que cela reste l’un de mes meilleurs souvenirs. Une Coupe des Nations, tu ne la montes pas comme une épreuve normale. Tu te mets un peu plus de pression. J’ai ressenti une émotion que je n’avais jamais vécue avant. J’avais déjà pris part à des Coupes des Nations avec les Juniors et les Jeunes cavaliers, mais ce n’était pas pareil. Tu as tellement envie de bien faire pour l’équipe. C’est un sentiment difficile à expliquer, mais ça te booste encore plus. C’est une bonne pression. J’ai fait une faute au premier tour, mais le sans-faute en deuxième manche, c’était trop bien ! »
Et ce n’est pas fini. En 2017, l’amazone Suisse conclut sa saison au CHI de Genève, où elle prend part à la très délicate épreuve des combinaisons : « C’est aussi un excellent souvenir. Quand je suis entrée sur la piste avec mon petit Quelmec, qui fait 1,58m au garrot, j’étais très impressionnée. À la reconnaissance, j’avais déjà trouvé énorme. Je n’avais jamais vu un n°1 si gros ! J’ai fait une faute car Quelmec s’était marché dessus et avait déferré. »
Pour découvrir la suite de notre interview avec Aurelia, rendez-vous demain !
Photos © Clément Grandjean