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Au haras des Rosiers, la passion au service du sport et de l’élevage (1/2)

Coldplay
Elevage jeudi 6 juin 2024 Mélina Massias

Lorsqu’ils évoquent le haras des Rosiers et leurs chevaux, Chloé Quenon, Herik Duran et Nathan Budd ne peuvent cacher leur bonheur et leur fierté. Depuis que le cavalier belge a posé ses valises à Nivelles, voilà plus d’une décennie, l’aventure a pris une toute nouvelle dimension. De Cadix à Coldplay des Rosiers, en passant par Cashpaid J&F ou encore Touardo Blue, le rêve est devenu réalité. Désormais bien rodé, le système du haras permet à ce trio d’amis et à toute son équipe, de mêler élevage, étalonnage et performance sportive avec brio. Le tout en faisant toujours passer l’amour des chevaux en premier. Rencontre.

Très en vue avec le brillant Coldplay des Rosiers sur le circuit jeunes chevaux, vainqueur du Grand Prix réservé aux chevaux de sept ans avec H’Aubigny de Talma à Fontainebleau, récent deuxième de l’épreuve reine du CSI 3* Le Touquet Classic avec Touardo Blue ; Nathan Budd a le vent en poupe. Dans sa réussite, le sympathique Belge peut compter sur Chloé Quenon et Herik Duran. Ces trois passionnés forment la colonne vertébrale du haras des Rosiers, qui mêle élevage, sport et amour des chevaux. Pourtant, il y a treize ans, difficile de prédire un tel destin à cette équipe qui vibre au rythme des foulées de ses protégés. 

Touardo Blue continue de gravir les échelons vers le très haut niveau avec Nathan Budd. © Mélina Massias

Une rencontre prédestinée

Alors encore cavalier dans les écuries du Brésilien Pedro Veniss, Nathan Budd débarque au haras des Rosiers afin de monter “deux jeunes chevaux, trois fois par semaine”. Très vite, l’alchimie opère avec Chloé et Herik. “Nous avons les mêmes valeurs, les mêmes centres d’intérêt et la même philosophie”, appuie le Diable Rouge. Pourtant, le jeune homme était bien loin d’imaginer parcourir un tel chemin en aussi peu de temps. Parti de rien, le Belge a gravi les échelons à force de travail, de détermination… et de belles rencontres. “Je ne m’attendais pas à vivre une telle aventure en commençant à monter à cheval. Je ne pensais même pas faire des chevaux mon métier ! Pour moi, c’était quelque chose d'inaccessible. Ma famille n’était pas du tout dans ce milieu. J’ai commencé au poney-club et je suis tombé amoureux des chevaux”, avoue-t-il. “Pedro Veniss, qui a une certaine classe dans tout ce qu’il fait, m’a donné goût à la beauté du sport. Au début, mon rêve était de sauter une épreuve à 1,40m. Puis je l’ai fait et j’ai espéré pouvoir un jour prendre part à un Grand Prix 2*. Au fur et à mesure, mes ambitions ont augmenté, et aujourd’hui, on rêve de choses qui étaient inimaginables il y a quelques années. Tout cela est rendu possible grâce à tout le travail en coulisses. Même si l’on n’a pas l’impression de travailler, ce que l’on a réussi à faire au fil des années reste un accomplissement.” 

Balder van de Katelijnkouter a permis à Nathan Budd de faire ses armes sur la scène internationale. © Sportfot

De Cadix à Coldplay

Avant de se propulser dans la lumière aux côtés de Cadix des Rosiers, Nathan a fait ses gammes sur la scène internationale aux côtés de Balder van de Katelijnkouter. Confié par Herik, ce fils de Baloubet du Rouet a permis au Belge de disputer ses premiers CSI, ses premières épreuves à 1,40 puis 1,45m et d’accrocher ses premiers classements au niveau 5*. En parallèle, Nathan a assuré la formation de jeunes produits issus de l’élevage des Rosiers, dont celle de Cadix, une fille de Kashmir van’t Schuttershof et petite-fille de Baloubet du Rouet. “Cadix est la première jument que j’ai montée en arrivant au haras des Rosiers. Elle venait de prendre quatre ans. Comme avec Balder, j’ai eu la chance que mes propriétaires, que je considère aujourd’hui comme ma deuxième famille, me fassent confiance et me donnent la chance de la faire évoluer. Cadix m’a donné ce que très peu de chevaux auraient pu me donner. Elle m’a mené jusqu’à mes premiers Grands Prix 5* et Coupes des nations. Elle m’a énormément appris. Je ne crois pas que j’aurais été capable de former des chevaux comme Cashpaid ou Coldplay sans Balder et Cadix. J’ai formé Cadix de A à Z. J’ai été bien entouré pour le faire, par mes coaches de jumping et Frédéric Pirmolin, qui m’encadre pour la partie dressage. Cadix m’a énormément apporté. Sentimentalement, elle est très importante pour moi. Si elle avait eu la chance d’avoir un cavalier plus expérimenté à ce moment-là, elle aurait peut-être réalisé une carrière sportive encore plus impressionnante, mais je ne vais pas m’en plaindre. Elle nous a permis de faire évoluer le reste de nos écuries et les autres chevaux”, narre Nathan.

Produit de l'élevage des Rosiers, Cadix a été entièrement formée par le cavalier belge. © Sportfot



Face au succès sportif de ce couple attachant, l’élevage des Rosiers ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. “Lorsque Nathan et Cadix ont participé au Saut Hermès, nous nous sommes rendu compte qu’il était à sa place et capable d’affronter des parcours à 1,60m, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. C’était très agréable d’avoir cette confirmation. Notre but est donc d’essayer d’avoir des chevaux qui puissent lui donner la possibilité d’évoluer à ce niveau-là”, sourit Herik.

Nathan et Cadix ont participé plusieurs fois au Saut Hermès. © Scoopdyga

“Lorsque je suis arrivé au haras des Rosiers, l’élevage comptait cinq à six naissances par an. Les objectifs sportifs étaient assez moindres que ceux que nous nous fixons maintenant. Assez vite, j’ai essayé de pousser vers le grand sport, qui me passionne autant que les chevaux”, reprend le cavalier. Porté par les émotions que lui procurent ses stars, Herik peut savourer et admirer le chemin parcouru. À Nivelles, au sud de Bruxelles, le discret éleveur à l'œil de lynx a su faire prospérer l’élevage de son grand-père, dont les produits naissaient alors sous l’affixe de Smet. “Chez nous, c’est une histoire de famille”, confirme-t-il. “C’est une très belle histoire. Mon grand-père était aussi passionné. Aujourd’hui encore, notre élevage repose sur certaines de ses lignées. J’ai toujours connu des poulains et aimé les chevaux, de même que le concours hippique. Lorsque j’étais encore à l’école, mon grand-père me conduisait en concours. J’ai imaginé toutes mes installations dans l’optique de faire de la compétition. Désormais, je ne monte presque plus à cheval. J’ai repris l’élevage avec une ou deux juments que j’aimais bien, puis nous avons évolué.” Se sont aujourd’hui une quinzaine de poulains qui naissent chaque année, principalement via des mères porteuses, avec l’espoir pour leur entourage de les voir briller au plus haut niveau quelques années plus tard. 

Le charismatique Coldplay des Rosiers incarne la relève du haras. © Mélina Massias

L’exceptionnel Coldplay des Rosiers, qui déchaîne toutes les passions à chacune de ses sorties, représente à merveille la philosophie, les ambitions et l’histoire de son affixe. “Coldplay est un peu un OVNI. Il a tout : il est beau, gentil, souple, respectueux, énergique. Il a tout d’un cheval de rêve. Le monter est un rêve. Et le sentiment sur le saut est extraordinaire. C’est impossible à décrire. Il a toujours été comme ça. Un jour, j’allais chercher des deux ans au pré. Coldplay était là et m’avait déjà tapé dans l'œil. Lorsque nous avons commencé à le faire sauter en liberté, c’était parfois trop, démesuré”, se souvient Nathan. “Pour décrire un peu notre philosophie, on dit souvent que nous mettons la passion de l’élevage au service du sport. Notre production est tournée vers la qualité et le sport. On utilise des origines qui apportent beaucoup de qualités, mais aussi de la sensibilité. Cela donne parfois des chevaux avec un truc en plus, comme Coldplay. Le croisement peut être jugé assez risqué, mais nous avons un cheval bouillonnant à tout niveau et qui sort du lot. Herik réfléchit toujours ses croisements pour le sport et la qualité. Je pense que c’est cela qui fait la force de son élevage. Pour un petit élevage familial, le ratio de très bons chevaux est assez impressionnant. Coldplay est issu d’une lignée développée par le grand-père d’Herik. C’est un produit maison, tout comme Cadix, qui vient, elle aussi, d’une souche de chez nous.”

L'OVNI Coldplay des Rosiers dans ses œuvres. © Mélina Massias



Très préservé, le phénomène Coldplay des Rosiers, fils de Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, et Dior des Rosiers, une descendante de Cardento que Nathan a également eu le plaisir de monter en compétition, poursuit son apprentissage avec réussite. “Nous avons décidé de prendre le temps pour ne pas lui faire peur et ne pas passer à côté de cet extraterrestre. Je l’ai monté un peu à quatre ans, puis Paul-Emile Blaton, mon cavalier, a fait du très bon travail avec lui. Je l’ai repris en début d’année de six ans et il a réalisé une très bonne saison. L’année dernière, il a fait sensation dans les Masters de Saint-Lô, puis a seulement pris part aux épreuves réservées aux chevaux de sept ans à Fontainebleau, avant d’avoir une pause pour qu’il puisse saillir en frais. Il a repris le chemin des concours en fin d’été et est rapidement revenu à son niveau. Il a sauté l’épreuve des étalons de sept ans à Malines, où il a terminé troisième. Je ne le dis pas parce qu’il s’agit de mon cheval, mais il était plus qu’à sa place. Cette année, il aura de nouveau une pause pour se consacrer à la reproduction. On reprendra les choses sérieuses sportivement parlant à neuf ans. On ne peut pas passer à côté d’un tel cheval. Il fait partie des chevaux que l’on ne rencontre pas souvent dans une carrière de cavalier. De cette trempe, je pense qu’il y avait Cashpaid et lui”, assure le Belge.

Coldplay des Rosiers fait évidemment partie des étalons distribués par les haras des Rosiers et de Clarbec. © Mélina Massias

Cashpaid J&F, jamais loin du haras des Rosiers

Aussi spectaculaire que talentueux, l’étalon Cashpaid J&F, propre frère de Cordial, a connu ses premières heures de gloire aux côtés de Nathan et a laissé son empreinte au haras des Rosiers. Douzième pour un point de temps dépassé de son premier Grand Prix 3*, disputé mi-août 2020 à l’occasion du CSI 3* Longines Deauville Classic, le fils de Casall et Unschuld (Chicago a été acquis dans la foulée par Karl Cook. Une décision difficile à prendre, mais nécessaire pour pérenniser l’avenir. Sous la selle du Brésilien João Victor Castro Aguiar Gomes de Lima depuis début 2024, Cashpaid n’est jamais loin des pensées de ses anciens propriétaires et de son ancien cavalier. Unschuld, sa mère, a même rejoint l’aventure en intégrant le haras des Rosiers. Choyée telle une reine, la belle coule des jours heureux à Nivelles et a même offert plusieurs poulains à l’affixe des Rosiers. Le très bien nommé Ce Miraculous (Conthargos), dont le début de vie n’a pas été des plus simples, a été le premier. Désormais âgé de quatre ans, le jeune étalon démontre des qualités indéniables, pour le plus grand plaisir de son entourage. “Je pense qu’il est l’une de nos futures stars”, se projette Nathan, dont l’avis est partagé par son naisseur.

Nathan a révélé le phénomène Cashpaid J&F au grand jour. © Mélina Massias

La seconde partie de cet article sera disponible prochainement sur Studforlife.com…

Photo à la Une : En association avec le haras de Clarbec, le haras de Rosiers propose un alléchant catalogue d’étalons, dont fait partie le brillant Coldplay des Rosiers. © Mélina Massias