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“Au-delà de son sentiment exceptionnel à cheval, Julien est aussi très fort sur tout l’aspect stratégique”, Emeric George

Leone Jei semble avoir les ressources nécessaires pour aller au bout de son championnat.
samedi 5 avril 2025 Propos reccueillis par Mélina Massias

Comme lors des Jeux olympiques de Paris, Emeric George, récent vainqueur du dernier Grand Prix 4* du Sunshine Tour de Vejer de la Frontera, sera le consultant de Studforlife durant la finale de la Coupe du monde de Bâle. Le Tricolore livrera son analyse et son sentiment à chaque étape de la compétition. Dans ce troisième volet, retour sur le Grand Prix de vendredi, remporté par Martin Fuchs, la place de leader conservée par Julien Epaillard et Donatello d’Auge, et les potentiels médaillés.

Le parcours

"Autant j’ai pu émettre des réserves sur le parcours de la Chasse, autant j’ai trouvé celui de de cette deuxième journée de compétition intéressant, bien dosé et équilibré. Nous avons assisté à un vrai Grand Prix. Il y a eu vingt parcours sans-faute ou à quatre points, preuve que tout s’est globalement bien déroulé, même s’il n’y a pas eu de miracle pour les couples déjà en difficulté le premier jour. Parmi les paires les plus aguerries, une belle sélection s’est opérée. Le tracé était original, notamment avec ce demi-tour à gauche pour aborder le mur que l’on ne s’attendait pas à voir. Il y a eu une belle utilisation de la piste. Cela a donné un scénario assez sympa, avec pas mal de rebondissements. J’ai émis des réserves sur le parcours de la Chasse, mais je pense qu’il s’agissait avant tout d’une histoire de sécurité compte tenu de l’hétérogénéité du plateau présent. Vendredi, le duo de chef de piste (composé de Gérard Lachat et Grégory Bodo, ndlr), ont pu mieux doser leur proposition. C’était une très belle réussite de leur part."

Le scénario

"Les Belges ont essuyé des déceptions. J’étais très enthousiaste après leurs prestations dans la Chasse, mais Grégory Wathelet comme Pieter Devos sont passés au travers dans le Grand Prix, pour des raisons que je n’explique pas vraiment. J’ai trouvé que Bond Jamesbond de Hay et Casual DV étaient moins avec leurs cavaliers, sans savoir véritablement pourquoi. Ils semblaient plus en difficulté, sans pour autant que leurs cavaliers aient commis d’erreurs particulières. À nouveau, les Allemands n’étaient pas loin du but, ont déroulé de bons parcours, avec une belle équitation, mais ont manqué de réussite et d’efficacité.

Les cavalières américaines ont encore réussi de belles performances. Même si elles semblent un cran en dessous en termes d’expérience, elles font belle figure dans cette finale (malheureusement, Alessandra Volpi a déclaré forfait en raison d’une légère atteinte au talon de sa brillante Gipsy Love et des efforts consentis depuis jeudi soir, ndlr). Avoir cette diversité de profils au sein des acteurs de la finale est très bien. Elles ont signé de bons parcours, avec de très bons chevaux, qui sautent très bien et semblent très au point. C’est, en tout cas, chouette à voir.

Du côté des remontées, on peut saluer, en premier lieu, celle de Martin Fuchs. On sent vraiment qu’il est en mission pour cette finale à Bâle. Lors de la Chasse, il s’est fait un peu piéger par le numéro 3, en partant sans doute un peu vite, mais Leone Jei (né Hay El Desta Ali, ndlr) était déjà là. Mais le format type Grand Prix de vendredi soir lui convient mieux que celui de la Chasse. C’est le barème dans lequel il s’exprime le mieux. Il a d’ailleurs gagné beaucoup de Grands Prix. Il peut aller très vite au barrage, mais il saute mieux et plus calmement dans un format comme celui-ci que dans une épreuve jugée au Barème C. 

J’avais imaginé que Hans-Dieter Dreher ferait une belle performance, et je suis content que ce soit le cas ! Dommage qu’il ait craqué sur le dernier au barrage, mais Elysium (né Ziroquado T,  ndlr) semble très bien sauter. Je pense qu’il sera là jusqu’au bout. Henrik von Eckermann et Ben Maher tiennent aussi leur rang. En tant que têtes d’affiche du classement mondial, ils font parler leur maîtrise technique. 

Que dire des Français, qui ont été très bons dans ce Grand Prix ? Kevin Staut a malheureusement concédé une faute sur le dernier. Je pense qu’il a choisi la première distance à l’intérieur, en avant, comme il aime le faire, mais avec l’angle de la courbe, cela n’était pas aisé. S’il devait le refaire, il prendrait sûrement le temps d’écarter davantage son tracé. Mais c’était une très belle démonstration de sa part. Une nouvelle fois, Julien a été très fort. Pour l’instant, c’est une belle finale pour les Bleus, mais aussi une belle finale tout court !"



Le choix stratégique de Julien Epaillard de renoncer au barrage

"Je pense que Julien a raison et qu’il a fait le bon choix. Julien calcule toujours très bien ses décisions. On le considère parfois comme un artiste ultra-doué, mais il a aussi une vraie réflexion. Il est parfois à contre-courant sur certains sujets, mais il réfléchit, a une vraie idée et sait exactement ce qu’il fait. On l’a vu sur son parcours : il a fait des choix de distance qui lui sont propres et a ajouté des foulées là où peu d’autres cavaliers l’ont fait. Il connaît parfaitement Donatello et sait exactement ce qu’il doit faire. Au-delà de son sentiment exceptionnel à cheval, je trouve que Julien est aussi très fort sur tout l’aspect stratégique et réflexion. Le fait qu’il n’ait pas pris part au barrage relève vraiment de la gestion de son cheval. Quoi qu’il arrive, il ne devrait pas écoper de temps dépassé lors de la finale. Alors, qu’il ait un, deux ou trois points d’avance, cela ne change pas la donne (s’il avait signé un sans-faute au barrage, le Tricolore aurait pu doubler son écart avec Martin Fuchs et compter une barre d’avance, ndlr). On est toujours déçu de ne pas le voir au barrage, mais je pense qu’il a fait le bon choix. Donatello a beaucoup fait ces derniers mois et années en termes de performance. Il gagne très souvent, ce qui oblige Julien a lui demander le maximum. Il a dû sentir que pour avoir son cheval à cent pourcents dimanche, il avait besoin de lui épargner cet effort supplémentaire."

Un parcours de plus pour Martin Fuchs et Leone Jei par rapport à Julien Epaillard et Donatello d'Auge

"Je ne pense pas qu’avoir couru ce barrage soit un désavantage pour Martin Fuchs et Leone Jei. À la différence de Donatello, Leone a, je pense, un potentiel physique supérieur, davantage de force et d’énergie intrinsèques. Donatello est un merveilleux cheval de concours, d’une grande intelligence, très malin. Il écoute son cavalier à la perfection et fait toujours le maximum. Même s’il a affronté certains des parcours les plus difficiles du monde, il doit s’employer à cent pourcents, là où Leone Jei semble toujours avoir une petite, voire une grande marge de réserve. Il a une énergie absolument dingue ! Il fait peut-être partie du Top 5 mondial des chevaux d’une classe à part, qui peuvent sauter n’importe quel Grand Prix, tout en gardant de la réserve. Donc je ne pense pas que ce parcours supplémentaire soit un problème pour lui."

Enfin la bonne pour Max Kühner ? 

"Julien me semble très bien parti et prêt psychologiquement. Il est extrêmement au point techniquement, et a l’air plus que déterminé. Cela compte pour beaucoup. Toutefois, et même si je souhaite la victoire de Julien et Donatello, je pense que Leone ira plus facilement au bout de sa finale. Mais Julien a l’air tellement bien enclenché qu’il est tout aussi capable d’aller au bout. Quoi qu’il en soit, il aura fort à faire avec Martin derrière lui.

Dans un championnat comme celui-ci, et à l’inverse des Jeux olympiques, la prime est à la régularité tout au long des quatre parcours et demi qui le composent. Si l’on peut reconnaître une qualité à Max Kühner, parmi toutes celles qui sont les siennes, c’est bien la régularité. Il est tout le temps là dans les grands rendez-vous, avec différents chevaux, mais en particulier avec Elektric Blue P, qui a l’air très, très bien. Le podium qui me semble le plus probable pour dimanche serait, selon moi, composé de Julien Epaillard, Martin Fuchs et Max Kühner. Henrik von Eckermann, Ben Maher et Hans-Dieter Dreher, sont en embuscade. Je trouve que Kevin Staut, Ben Maher et Henrik von Eckermann sont les trois challengers les plus crédibles à ce stade. Pour moi, dimanche, c’est un match à six pour trois places qui se jouera."

La difficulté va monter d’un cran

"Le plateau va se resserrer et le niveau s'homogénéiser dimanche. Aller crescendo est l’essence même d’un championnat. Le premier des deux parcours de dimanche sera, à mon avis, très copieux. On devrait retrouver un profil similaire à celui de vendredi, avec un parcours assez long. Le second devrait être plus réduit et composé d’éléments fragiles, avec, peut-être une combinaison difficile en fin de parcours. Avec le suspense et l’enjeu, cela pourrait pousser certains cavaliers à la faute. Je m’attends à une finale difficile, d’autant plus après les vingt parcours sans-faute ou à quatre points de vendredi soir. C’est d’ailleurs une signature de Grégory Bodo de réussir à ce qu’un grand nombre de couples soient tout proche du sans-faute. Cette réussite est à mettre au crédit du binôme de chefs de piste. Pour le groupe de finalistes, il y aura probablement peu de disparités de niveau. Il faudra donc hausser le ton d’un cran, tout en comptant sur la pression, afin de faire des différences."

Les résultats en direct.
 
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Photo à la Une : Leone Jei semble avoir les ressources nécessaires pour transformer l'essai. © Mélina Massias / Emeric George © Scoopdyga