Une page se tourne pour Anthony Bourquard. Après sept années passées à Elgg, au sein des écuries du très respecté Steve Guerdat, le jeune homme a entamé, début décembre, un nouveau projet. Grâce au soutien d’une propriétaire motivée et tout aussi ambitieuse que lui, le représentant du drapeau helvète se donne les moyens d’assouvir ses rêves de haut niveau, sans jamais rester bien loin de son mentor. Rencontré dans le cadre du prestigieux CHI de Genève, auquel il a d’ailleurs pris part à quatre reprises, le cavalier de vingt-six ans, qui a vu passé sous sa selle quelques cracks, évoque ses nouveaux objectifs, son piquet de chevaux et tire les enseignements des journées passées à apprendre de l’un des meilleurs pilotes du monde.
Bras droit de Steve Guerdat ces sept dernières années, Anthony Bourquard a pris son envol. Enfin presque. Le 1er décembre dernier, le Suisse, qui fêtera son vingt-septième anniversaire le 15 janvier prochain, a posé une partie de ses valises du côté des écuries Neumaad, structure propriété d’Esther Steiger, sise près de Saint-Gall, toujours sur le territoire du drapeau rouge à la croix blanche. “Je collaborais avec Steve depuis plus de sept ans. J’ai grandi, tant sportivement qu’humainement à ses côtés. Cela a été très spécial pour moi. Chez Steve, j’avais plus qu’une place de travail ; j’avais une famille. Malgré tout, mon envie première et ce pourquoi je me levais tous les matins a toujours été le sport. Pour pouvoir essayer d’atteindre le plus haut niveau, je devais faire ce pas supplémentaire”, entame le jeune homme, rencontré à l’occasion du dernier CHI 5* de Genève, auquel il avait pris part en 2015, 2017, 2018 et 2019. “J’ai trouvé une écurie et une propriétaire qui a envie de m’aider à franchir ce cap et qui partagent les mêmes objectifs que moi. J’ai donc saisi cette opportunité.”
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Pour autant, le jeune talent helvète ne va pas rester très loin de son mentor. En effet, Anthony va poursuivre sa collaboration avec le champion olympique de Londres. “Si je prenais cette décision, il était très important pour moi de pouvoir continuer à travailler avec Steve. Je vais donc continuer à m’entraîner à ses côtés, en me rendant chaque semaine à Elgg pour faire sauter des chevaux. Nous allons également garder contact à distance pour tout ce qui est concours et programme des chevaux”, poursuit-il. “C’est à moi de gérer le personnel et les chevaux aux écuries. C’est comme une petite entreprise et je suis motivé pour prendre tout cela en main !”
Composé d’une dizaine de chevaux de concours, le piquet d’Anthony devrait lui permettre d’atteindre quelques objectifs, et notamment celui de retrouver la veste de son équipe nationale. “J’ai déjà effectué un petit concours en Suisse. J’ai un très bon sentiment avec les chevaux. Je pense en avoir quatre ou cinq en mesure de faire de belles épreuves, même s’il est encore difficile de juger leur niveau exact. Ils vont prendre entre sept et dix ans en 2023 et sont tous prêts pour faire du sport. J’ai notamment un cheval de neuf ans qui a déjà disputé des Grands Prix 2* ainsi que deux huit ans qui ont évolué à 1,45m. Je vais commencer l’année à Oliva, en janvier, avec eux et nous verrons où cela nous mène”, complète l’intéressé. White Gate (Casalito x Contago), l’aîné du groupe, a montré de belles promesses, notamment sous la selle de l’Américain Kendrick von Hofe, tandis qu’Ecuador de la Cense (Kannan x Skippy II) et Everest d’Ellipse (Vagabond de la Pomme x Kannan), un propre frère de FBI d’Ellipse, ont été formés, en 2022, par Vanessa-Joy Nägele. “Ils ne sont pas encore très connus”, souligne Anthony. “Mon piquet est principalement composé de chevaux français. Ma propriétaire, qui est suisse-allemande, les adore !” Un peu comme un certain Steve Guerdat…
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“Réintégrer l’équipe suisse en 2024 serait un premier objectif sympa”
“À court terme, mon but pour l’année prochaine est d’apprendre à connaître les chevaux, de prendre le temps de former un couple avec chacun d’entre eux. Ensuite, réintégrer l’équipe suisse en 2024 serait un premier objectif sympa. Pour le reste, ce sont les chevaux qui nous diront jusqu’où nous pouvons aller”, reprend le cavalier. Avec la montée en puissance de ses homologues, à l’image d’Edouard Schmitz, Bryan Balsiger ou Elin Ott, Anthony aura une sérieuse concurrence. Mais le jeune homme est plus que motivé pour relever ce défi. “Nous avons une belle équipe et sommes tous copains. Voir ses collègues monter sur des pistes comme ici, à Genève, est motivant. On a envie de faire pareil ! Disputer des Coupes des nations à leurs côtés serait un rêve”, assure-t-il.
Dans les spacieuses installations du clan Guerdat, perdues dans un écrin de verdure, Anthony a acquis une large expérience et gravi les échelons, jusqu’à obtenir plusieurs classements en Grands Prix 3* et même dans de belles épreuves au niveau 5*. Sont ainsi passés sous sa selle, plus ou moins longtemps, Nasa (Cumano x Prince d’Elle), deuxième du Grand Prix Rolex de Calgary en 2013, Ak’s Courage (ex Courage 137, Chepetto x Lennon 5), partenaire de Bryan Balsiger et médaillée d’or par équipe lors des derniers championnats d’Europe Longines, la prometteuse Comédie de Talma (Kannan x Contender), l’attachant Corbinian (Cornet Obolensky, ex Windows vh Costersveld x Pilot), vainqueur de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg en 2016 avec Steve Guerdat, Baladin des Matis (Padock du Plessis x Trésor de Cheux), désormais monté par Mégane Moissonnier, mais aussi le génial Cornet 39, révélé au plus haut niveau par Lauren Hough puis passé notamment entre les mains de Daniel Deusser. “Je garde en mémoire tous les moments de collaboration avec Steve. À la maison, il y a des passes plus difficiles que d’autres, mais je pense que mon meilleur souvenir sportif restera l’année 2019, où j’ai monté Tum Play du Jouas (Querlybet Hero x Voltigeur du Bois). J’étais double sans-faute dans la Coupe des nations de Rabat, au Maroc, puis de nouveau sans-faute ici, à Genève, dans l’épreuve majeure du samedi soir. C’était un moment fort. C’est aussi cela qui m’a fait réaliser que tout est possible. Désormais, il faut continuer à travailler et passer le palier suivant”, souligne le cavalier.
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Sans surprise, à l’annonce du départ de son protégé, Steve Guerdat s’est montré encourageant. “Steve m’a toujours dit que, si un jour j’avais une opportunité sérieuse, il fallait que je la saisisse. Il m’a toujours assuré qu’il m’aiderait autant que possible, mais mon rôle principal était de former les chevaux pour les vendre par la suite. J’ai beaucoup appris de cela. C’était une étape importante pour moi. Pouvoir conserver les chevaux et créer un lien avec eux est la suite logique de tout cela. Steve m’a beaucoup appris sur ce point. Tisser une relation avec les chevaux fait que nous sommes plus forts en piste. Je retiendrai de lui, non seulement le sportif, mais surtout l’homme de cheval. Il n’y a pas que le fait de monter à cheval et de remporter une épreuve. Tous les à-côtés sont primordiaux. C’est cela qui m’a le plus apporté. Je me sens prêt à m’investir dans ce nouveau projet, par moi-même”, complète Anthony Bourquard. “J’ai appris des choses qui ne se trouvent pas dans les livres et je ne pourrai jamais assez remercier Steve pour tout ce qu’il a fait pour moi. Je suis très content que nous puissions continuer à collaborer et j’espère que l’avenir nous réserve de belles choses.”
Photo à la Une : Anthony Bourquard, ici au CHI 5* de Genève, est plus que motivé pour accomplir ses objectifs et assouvir son rêve de haut niveau. © Mélina Massias