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Anthony Bourquard – dans les pas de Steve Guerdat

Anthony Bourquard
Reportages mercredi 22 juillet 2020 Oriane Grandjean

Dans cette troisième partie, il est question de l’organisation à Elgg ainsi que des chevaux de tête d’Anthony Bourquard.

Parlez-nous de l’organisation ici à Elgg…

Il y a le manège, où il y a 30 chevaux, et il y a l’écurie de Steve, de l’autre côté de la route, avec ses 7 meilleurs chevaux. Leurs boxes sont littéralement dans la maison de Steve : il dort juste au-dessus de ses cracks. Juste à côté, il y a l’écurie d’Alain Jufer. Moi, je vis aussi sur place, j’ai mon appartement près des chevaux de Steve. Depuis quelques mois, je gère de plus en plus la trentaine de chevaux qui est au manège. C’est une responsabilité que j’ai envie de prendre. Pour la suite, c’est quelque chose d’enrichissant. Il n’y a pas de pensionnaires. Il y a une cliente, Paris Sellon, la compagne de Martin Fuchs, qui a 5 chevaux ici, sinon ce sont des chevaux de commerce et de propriétaires.

Et combien de cavaliers ?

Steve, Fanny Skalli, sa compagne, Alain Jufer et moi. Avec les grooms, nous sommes une douzaine au total.

Vos chevaux de tête restent les mêmes ?

Oui. Ça bouge pas mal derrière, notamment chez les jeunes, mais mes chevaux de tête restent les mêmes. Avec chaque cheval, j’essaie de faire au mieux. Il y a aussi différentes visions pour chaque cheval, certains sont plutôt destinés au commerce, d’autres au sport. Et gérer une écurie avec des chevaux de valeur, c’est aussi une responsabilité. C’est quelque chose qui va me faire grandir pour la suite.

Qu’en est-il des installations ?

Il y a un manège, des paddocks pour les chevaux, un carré de sable sur la colline et un nouveau en construction à côté de la grande place en herbe. Il y a beaucoup de terrains pour varier le travail. C’est aussi une chose que Steve m’a apprise. Il n’y a pas que le travail. Il faut évidemment qu’ils soient bien travaillés, musclés et en condition, mais ce qui est très important, c’est le mental des chevaux : ils doivent être bien dans leur tête. Il faut un peu jouer avec eux, alterner entre le travail et les balades en forêt. Même en forêt on peut les travailler, profiter des montées et descentes. Et le but est de comprendre chaque cheval pour savoir précisément ce dont il a besoin : c’est la condition pour que la préparation pour le concours soit optimale.

Quels sont vos chevaux de tête actuels ?

Il y a Janus, qui est la propriété de Patrick Vernier et qui est là depuis plusieurs années déjà. Il est là pour le commerce, mais aussi pour le sport. C’est un cheval qu’on a pu conserver jusqu’à maintenant et qui a gagné jusqu’au niveau Grand Prix 3*. Il m’a beaucoup apporté et me suit dans les grosses épreuves. Je peux compter aussi sur Cim Air, un cheval avec beaucoup d’expérience, qui a déjà classé GP 3*. Tous les chevaux que je monte sont destinés au commerce. On travaille dans une écurie qui a besoin de tourner, donc chaque cheval est à vendre.

Et il y a Cornet…

Oui, il a rejoint mes écuries depuis le début de l’année. C’est une belle histoire. J’ai dû apprendre à le comprendre, mais maintenant ça se passe très bien. J’ai pu monter Cornet grâce à Paris Sellon, la compagne de Martin Fuchs. Paris avait assez de chevaux pour les Grands Prix à ce moment-là, et puisque j’avais moins de chevaux et que j’avais déjà monté un cheval pour elle il y a quelques temps et que tout s’était bien passé. Cornet appartient désormais à Steve. Je peux ainsi profiter de l’immense expérience de ce cheval. L’idée est que je puisse ainsi partager avec lui sa fin de carrière sportive. Et contrairement aux autres, Cornet n’est pas à vendre.

On imagine qu’évoluer avec un cheval qui a autant d’expérience –10e du GP du CSI 5* de Windsor en 2019 avec Daniel Deusser, également vainqueur de l’étape Coupe du monde d’Helsinki en 2017, de nombreux classements en Grand Prix 5* avec Lauren Hough, sans oublier la médaille d’or individuelle lors des Européens Jeunes Cavaliers avec la Suédoises Irma Karlsson en 2014 – ne peut être que bénéfique pour votre carrière…

Exactement. C’est clair qu’en entrant en piste dans un Grand Prix, je sais qu’il va faire son job, c’est à moi de monter juste et cela donne confiance.

Monter un cheval qui a déjà performé au top niveau, cela met plus de pression ?

La pression, je l’ai déjà depuis le début. Quand j’ai commencé à monter pour Steve, on me demandait aussi si j’éprouvais de la pression. Au début tu y penses, mais cela devient une habitude. C’était pareil avec Cornet, au début tu fais attention au regard des gens, mais à la fin, tu dois le monter comme un autre cheval. Maintenant, j’essaie de faire la meilleure paire avec lui et ne me dis pas « Je dois le monter comme Daniel Deusser. » Je le monte à ma façon et je sens qu’il est heureux comme ça. Je l’ai monté quelques épreuves à Oliva avant la pause liée au Covid-19. Ensuite, je l’ai repris dans des Grands Prix nationaux où j’ai signé des parcours sans-faute avant de reprendre les internationaux.

D’autres chevaux de tête dans votre piquet ?

Non. C’est justement cet aspect que l’on aimerait développer avec Steve. On aimerait trouver des propriétaires qui seraient d’accord de nous confier des chevaux, d’abord à Steve et ensuite pour moi également, ou trouver des propriétaires qui ont envie d’aider un jeune cavalier. Le but dans le futur c’est de trouver des chevaux pour franchir une étape supplémentaire vers le haut niveau. J’ai toujours été très chanceux avec les chevaux que j’ai eus, mais maintenant il faudrait franchir ce pas pour intégrer l’équipe de Suisse et pouvoir monter des Coupes des Nations.

Est-ce que les gens ne pensent pas forcément à vous car ils se disent que dans les écuries d’un Steve Guerdat, ce ne sont pas les cracks qui manquent ?

Je ne suis pas dans la tête des gens, mais il y a peut-être de cela. Pourtant, avec Steve, on est ouvert à toutes propositions, surtout que je pense qu’on est une bonne équipe. C’est important de travailler pour le futur et de créer de nouvelles belles histoires.

La suite demain...