Andy Kistler, le chef d’une équipe de Suisse au firmament
Andy Kistler, le souriant chef d’équipe suisse, vit une saison extraordinaire avec les succès des deux leaders que sont Steve Guerdat et Martin Fuchs. Celui qui quittera ses fonctions l’an prochain et qui est présent au Maroc pour défendre « sa » Coupe des Nations, l’Helvète a répondu à nos questions.
Andy, qu’est-ce que cela fait d’être le chef d’une équipe qui comprend les n°1 et 2 mondiaux ?
C’est incroyable, extraordinaire. Je ressens beaucoup de fierté. Nous vivons un moment historique pour les sports équestres helvétiques. C’est déjà un privilège d’être le chef d’équipe de la Suisse, mais être en plus chef d’équipe des deux meilleurs cavaliers au monde, c’est phénoménal. Je n’oublierai jamais ces moments. Je n’ai pas toujours été impliqué dans ce sport, donc c’est d’autant plus émotionnel pour moi. Je suis le chef d’équipe le plus privilégié du monde ! En plus, ce sont deux vrais leaders, qui font beaucoup pour l’équipe. Quand on pense aux résultats qu’ils ont obtenu: deux médailles aux mondiaux de Tryon, 1eret 2e de la finale Coupe du Monde 2019, champion d’Europe, c’est exceptionnel.
Mais quand on a deux cavaliers de cette envergure dans l’équipe, comment se fait-il qu’il n’y ait pas de médaille par équipe ?
On a joué de malchance à Rotterdam. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas des n°3 et 4 aussi forts que nos deux leaders. Par exemple, Pius Schwizer est bien au classement mondial, mais il n’a pas de chevaux pour les grands championnats. Et tous les autres cavaliers sont hors du top 100. Si vous regardez les résultats des grands concours, les 10 premiers au classement d’un Grand Prix figurent généralement dans les 30 premiers des rankings. Niklaus Rutschi et Paul Estermann manquent un peu d’expérience à ce niveau. Mais on a aussi eu un peu de malchance. A Tryon, on est en tête le premier et le deuxième jour, et on finit 4e. A Rotterdam, j’avais vraiment l’impression d’avoir la meilleure équipe jamais alignée durant mes 6 années comme chef d’équipe, et j’ai été encore plus déçu qu’à Tryon. Donc même si on a les n°1 et 2° mondiaux dans l’équipe, il nous manque un réel succès collectif. On n’oublie pas nos deux médailles de bronze aux européens, mais on attend un grand résultat. Il faut dire aussi que d’avoir deux tels leaders peut mettre de la pression à leurs compatriotes.
La Coupe des Nations de Rabat, c’est la bonne occasion de donner la possibilité à de jeunes cavaliers de faire leurs armes dans les Coupes des Nations ?
Exactement. On peut difficilement faire de la place à des jeunes dans des Coupes des Nations de Division 1 ou lors des mythiques concours d’Aix-la-Chapelle et de Calgary, Donc ici, au Maroc, c’est une belle opportunité. C’est une des raisons pour laquelle j’aime venir ici. Deux cavaliers feront leur première Coupe des Nations : Anthony Bourquard (le cavalier des écuries Guerdat) et Marc Röthlisberger (récemment sacré vice-champion de Suisse élite). Quant à Elian Baumann, il prendra part à sa deuxième Coupe (il était dans l’équipe victorieuse ici l’an passé.) C’est aussi super pour Alain Jufer d’être là.
Une Coupe des Nations revêt vraiment une saveur particulière ?
Oui, absolument. Anthony est vraiment heureux et fier d’être dans l’équipe. Et le lundi, le premier résultat qu’on regarde c’est celui de la Coupe des Nations. Dans une Coupe, la pression est complètement différente. C’est presque une autre discipline. L’an passé, Yannick Jorand avait signé un beau double sans-faute et cela lui avait ouvert des portes, notamment celles du CHI de Genève.
Ici, à Rabat, vous défendez votre Coupe des Nations.
Oui, pour la deuxième fois ! Je pense qu’on a toutes nos chances. On a d’excellents cavaliers et chevaux.
Bryan Balsiger sera aligné dans les étapes Coupes du Monde d’Oslo et de Lyon. C’est aussi une des futures stars de l’hippisme suisse…
Bryan a déjà prouvé qu’il avait tout d’un grand. C’est peut-être un de nos plus grands talents actuels. Il a déjà eu de belles opportunités (ndlr : il a notamment monté au CHIO d’Aix-la-Chapelle). On pensait le prendre comme 5e à Barcelone, mais comme il a la possibilité de monter les étapes Coupe du monde, on a privilégié cela, en estimant que ces épreuves pourraient lui permettre de prendre beaucoup d’expérience.
Et l’objectif pour les JO de l’an prochain ?
Au moins une médaille.
Que représente votre travail de chef d’équipe ?
C’est beaucoup de temps, presque trop durant l’été, mais je suis très chanceux de faire ce job. Il y a toujours le revers de la médaille !
On sait que vous êtes grand-père de trois petits-enfants. Quel genre de grand-papa êtes-vous ?
La famille, c’est tout pour moi. Mes trois petits-enfants sont mes amours. Ma fille, Marianne (ndlr : qui était cavalière de haut niveau, tout comme sa sœur jumelle, Franziska) a déjà mis ses enfants à cheval. La famille, c’est ce qu’il y a de plus précieux au monde.