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Ancien complice de Luciana Diniz, le vaillant Dover s’est éteint

Sport mardi 1 novembre 2022 Mélina Massias

Une page se tourne pour Luciana Diniz. Dimanche, la Brésilienne a dit au revoir à son fidèle Dover, avec lequel elle avait notamment disputé les Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle, en 2006. À trente-quatre ans, et après plus de dix années d’une retraite bien méritée, le petit étalon alezan a poussé son dernier souffle. Véritable force de la nature du haut de son mètre 60, celui qui est né au pays des Auriverde, au haras Guancan, n’était certainement pas prédestiné à fouler les plus beaux terrains du monde. Cela semblait tellement invraisemblable que son amazone a été contrainte à changer de nationalité pour s’ouvrir les portes d’un grand championnat. Retour sur l’histoire d’un champion pas tout à fait comme les autres.

Minuscule par la taille, mais grand par le talent et la générosité, Dover a fait les belles heures de Luciana Diniz. Sous la selle de la cavalière d’origine brésilienne, mais qui a longtemps porté les couleurs du Portugal, l’alezan a impressionné son monde en affrontant les parcours les plus conséquents de la planète. Pourtant, rien ne le prédestinait à une telle épopée.

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Dover voit le jour à la fin des années 80, au haras Guancan, au Brésil. Issu du croisement entre le Pur-Sang Folclorico xx, un géniteur inconnu ou presque dans le microcosme des sports équestres, et la jument Dallas, l’étalon est inscrit au stud-book du cheval brésilien (BH). Après avoir enregistré de bons résultats sur le circuit Juniors, le petit compétiteur d’1,60m rejoint sa nouvelle amazone, une certaine Luciana Diniz. Ensemble, le duo connaîtra ses plus beaux succès. De sa victoire dans un Grand Prix secondaire à Aix-la-Chapelle, en 1998, au nez et à la barbe du numéro un mondial de l’époque, Ludger Beerbaum, jusqu’aux Jeux équestres mondiaux de 2006, encore au cœur de la Mecque des sports équestres, les deux complices déjoueront tous les pronostics. Pour gagner sa place lors de l’échéance mondiale, Luciana Diniz décide même de revêtir les couleurs du Portugal, sa nation d’origine ne pensant pas son partenaire capable d’affronter ce niveau d’exigence.

Luciana Diniz et Dover à Paris, en 2007. © Sportfot

Aidée par le psychologue du sport français Jean Cyrille, la cavalière va alors développer une relation singulière avec Dover, en commençant à lui parler et à lui expliquer chacune de ses activités et de ses intentions. Face à la pluie qui s’abat sur le stade équestre de la Soers en cette fin d’été 2006, l’étalon, alors âgé de dix-huit printemps, semble comprendre chaque demande de sa cavalière et ne concède qu’une faute lors de la Chasse, avant de signer un clear round lors de la première manche de la Coupe des nations. Finalement, Luciana Diniz et son cheval brésilien sorti de nulle part se hisseront au vingt-troisième rang, sur plus d’une centaine de partants. Jusqu’à ses vingt et un ans, Dover continuera d’offrir de beaux moments sportifs à sa cavalière aux quatre coins du monde.

Les deux complices à Aix-la-Chapelle, en 2006.

Retraité en 2009, l’étalon aura profité de plus d’une décennie d’une vie paisible, jamais bien loin de son ancienne cavalière. Même s’il avait perdu ses dents depuis quelques années, Dover aura, une fois encore, défié l’impossible. À trente-quatre ans, il a poussé son dernier souffle le 30 octobre. “Dimanche dernier, Dover ne s’est pas relevé… Dover était un génie. Petit, grassouillet, il avait une tête affreuse. Un étalon brésilien alezan ; il n’était pas du genre à s’affirmer. Au contraire, c’était une âme simple, née du hasard. Rien d’extraordinaire et complètement spectaculaire. Il était devenu une star au niveau Junior avant que je ne le trouve. Personne ne croyait qu’il pouvait aller plus loin que cela ; moi seule y croyais. Dover, je t'aimerai toujours ! Merci pour chaque moment et pour avoir rendu l'impossible possible. Pour toujours ma superstar”, a écrit Luciana Diniz sur ses réseaux sociaux, rendant un ultime hommage à son précieux binôme.

Le minuscule Dover, ici à Deauville. © Scoopdyga

À l’élevage, l’alezan à l’immense cœur aura laissé bien peu de produits. Huit en France, tous nés en 2011 et parmi lesquels se trouvent trois femelles, dont l’une est malheureusement disparue. S’ajoutent à la liste une poignée de produits supplémentaires répertoriés sur la base de données Horstelex. Trois ont sauté à 1,35 et 1,40m, et certaines de ses filles ont elles-mêmes donné vie à quelques bons chevaux, de niveau intermédiaire. Mais le plus intéressant côté génétique chez Dover réside sans doute dans sa souche maternelle. Bien modeste d’apparence, celle-ci mène en réalité à un certain nombre de performers sur sol brésilien. Citons ainsi Iz Mogno (Romantico Jmen x Rembrandt Jem), vu en concours complet jusqu’en CCI 3*-S, Catherine Tok (Voltaire), présentée jusqu’à 1,45m en jumping et mère de l’étalon Chacal TB (Cardento), monté jusqu’en épreuves Coupe du monde au Brésil, Dartagnan JB (Quite Easy I), classé jusqu’à 1,45m en Amérique du Sud, ou encore Harmony Flores (Kannan x Quidam de Revel), montée au pays des Auriverde par Mario Francisco Cia Junior. Luciana Diniz, quant à elle, continuera peut-être d’écrire l’histoire avec Great For Fun, un fils de Dover âgé de six ans qui amorce le début de sa carrière sur ses terres natales, au Brésil.

Luciana Diniz et Dover à pleine vitesse sur la piste de Bordeaux. © GRANDPRIX.tv

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Photo à la Une : Dover et Luciana Diniz au salon du cheval de Paris en 2007. © Scoopdyga