Au départ de plusieurs grands championnats dans les années 2000 et 2010, Pialotta, L’Espoir et Vivant vd Heffinck ont rejoint les étoiles au mois d’août. Lara Tryba, a, elle aussi, dû dire au revoir à l’un de ses plus fidèles partenaires, Die Hard of Roses, disparu prématurément à douze ans seulement. De son côté, Nicolas Layec a vu la brillante Gigi quitter son piquet, mais peut se consoler avec l’arrivée de l’excellent Beau Gosse du Park, de retour sous couleurs françaises deux ans après avoir quitté la selle de Valentin Besnard.
L’été n’a pas seulement été marqué par les Jeux olympiques de Paris. Malheureusement, plusieurs disparitions ont marqué l’actualité. Alors qu’elle défendait les couleurs de l’Australie à Versailles, Edwina Tops-Alexander a dû dire adieu à Pialotta, la jument qui l’a révélée au plus haut niveau. À trente-trois ans, la fille du fantastique Pilot a rejoint le paradis. “Nous avons dit au revoir à Pialotta, la jument incroyable qui m’a emmenée au sommet du saut d’obstacles. Elle ne m’a pas seulement aidé à décrocher une quatrième place aux Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle en 2006 ; elle m’a aussi accompagnée vers ma première victoire en Grand Prix 5*. La monter était un véritable privilège. Pialotta était une jument incroyable, qui a permis à plusieurs cavaliers de connaître le succès au fil des années”, a commenté Edwina Tops Alexander, sa dernière cavalière. Après avoir brillé sous les selles de Rolf Göran Bengtsson ou encore Steve Guerdat, la Westphalienne a passé ses dernières années de retraite sous l'œil du personnel des écuries Tops.
Pialotta a notamment évolué sous la selle de Steve Guerdat. © Dirk Caremans / Hippo Foto
En plus des Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle, Pialotta a participé à deux finales de la Coupe du monde, en 2002, où elle avait terminé à la septième place avec Rolf-Göran Bengtsson, puis en 2007 avec son amazone australienne, ainsi qu’à deux championnats d’Europe. En 2001, à Arnhem, Pialotta a remporté deux médailles : l’argent par équipe avec la Suède et le bronze en solo. Quatre ans plus tard, à San Patrignano, la belle a contribué au titre de vice-champion d’Europe du clan suisse, sous la selle de Steve Guerdat, également septième en individuel.
À l’élevage, Pialotta a donné pas moins de dix-sept produits, dont six sont nés en 2012. Son meilleur représentant direct est d’ailleurs issu de cette génération. Untakable, né Utube, un fils d’Untouchable 27, est le seul descendant de Pialotta à avoir évolué à 1,60m. Sous la selle du Mexicain Luis Gerardo Castañeda Mercado, l’étalon de douze ans s’est classé jusqu’en Grand Prix 5*, terminant notamment quatrième à Coapexpan en début d’année. De leurs côtés, ses filles ont évidemment été utilisées à leur tour pour leur génétique. Vialotta d’Ick, par Diamant de Semilly, a notamment produit en France, pour le compte de Richard Dick. Vialotta est ainsi à l’origine, entre autres, de Fein Lotta DK, une fille de By Cera d’Ick de neuf ans vue sous les selles de Mégane Moissonnier et Nicolas Delmotte jusqu’à 1,45m, ou encore du prometteur Jump Off DK, un étalon par Mylord Carthago récemment cédé à la famille Van Der Westhuizen par Denis Polge et Isabelle Vernier. Le gris poursuivra sa formation sous la selle de Grégoire Hercelin. Les premières filles de Pialotta étant nées en 2009, sa descendance reste encore jeune et devra confirmer son aptitude sportive dans les prochaines années.
Avant de se consacrer à l'élevage, la fille de l'excellent Pilot a fait le bonheur d'Edwina Tops Alexander. © Scoopdyga
Disparition de Vivant vd Heffinck
Mi-août, quelques jours après Pialotta, Vivant vd Heffinck s’est aussi envolé. L’étalon était âgé de vingt-six ans. “Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ce que tu représentais pour moi. Mon champion, mon âme sœur. Tu étais un vrai personnage, un battant, mon meilleur pote. Savoir que tu n’es plus sur cette terre me fait mal au cœur, mais je sais combien tu étais aimé et adoré par Kieran et sa famille durant tes dernières années, où tu as vécu ta meilleure vie en Irlande. Repose en paix mon garçon. Je suis si heureux que nous nous soyons revus il y a quelques années en Irlande. Ton héritage vivra à travers tous tes enfants et petits-enfants, mais il n’y aura jamais qu’un seul Vivant”, s’est ému l’Australien Chris Chugg sur ses réseaux sociaux à l’annonce de la disparition de son ancien partenaire.
Le démonstratif Vivant vd Heffinck, ici sous la selle de l'Australien Chris Chugg, est décédé en Irlande. © Scoopdyga
Sous sa selle, le BWP par le Selle Français Orignal Fuego du Prelet a notamment terminé septième de la finale de la Coupe du monde de Genève, en 2010, et participé aux Jeux équestres mondiaux de Lexington quelques mois plus tard. Cédé au magnat Oleksandr Onishchenko, qui la monté à l’occasion de quelques parcours, l’étalon a ensuite évolué sous la bannière ukrainienne aux côtés de Katharina Offel, qui l’a mené jusqu’aux Jeux olympiques de Londres en 2012, puis aux rênes de Cassio Rivetti, avec qui il a terminé huitième des Jeux équestres mondiaux de Caen, en 2014, et pris part aux Européens d’Aix-la-Chapelle l’année suivante. Vivant a connu d’excellents résultats en Australie, mais s’est aussi démarqué en Coupes des nations en Europe et s’est classé en Grands Prix CSIO 5* comme à Rome, Rotterdam, Dublin ou Gijon.
L'étalon par Fuego de Prelet est allé jusqu'aux Jeux olympiques de Londres avec Katharina Offel. © Scoopdyga
Retraité sportive depuis 2016, Vivant laisse quelques centaines de produits derrière lui. Selon la base de données Horsetelex, trente-deux d'entre eux ont concouru à 1,50m et plus, dont plusieurs sont nés à l’immense Gestüt Lewitz de Paul Schockemöhle. Avec le très compétitif Vasco 118, monté par Emanuele Gaudiano, Vivantas, neuf ans, est sans doute l’un de ses plus brillants représentants. Si le jeune bai en est encore aux prémices de sa carrière avec l’Allemand Philipp Schulze Topphoff, son potentiel démesuré ne laisse personne indifférent. Vivant était stationné en Irlande, à l’élevage Coolballyshan de Kieran Kennedy. “Vivant était un cheval de classe mondiale, et ce fut un honneur de l’avoir à Coolballyshan Stud. Merci à tous les éleveurs qui lui ont fait confiance. Ces derniers jours ont été très tristes”, a-t-il commenté.
L’Espoir n’est plus
Indéfectible partenaire du Norvégien Geir Gulliksen, qui en avait pris les rênes dès 2007, succédant à Ludger Beerbaum, L’Espoir n’est plus. Âgé de vingt-huit ans, le hongre Zangersheide né sous le nom de Lingot du Mury Marais s’est éteint, a appris lundi 19 août WorldofShowjumping.
Cinquième des Jeux équestres mondiaux d’Aix-la-Chapelle en 2006 avec Ludger Beerbaum et troisième avec la Mannschaft, L’Espoir a accompagné Geir Gulliksen dans certaines de ses plus belles aventures. Tous deux ont participé à deux championnats d’Europe, en 2007 et 2011, ainsi qu’aux Jeux équestres mondiaux de Lexington, en 2010. Le fils de Landwind II B et son plus fidèle pilote ont concouru ensemble pendant sept années. Officiellement retraité à l’âge de vingt ans, L’Espoir a pris part à sa dernière épreuve internationale à dix-huit ans révolus, en décembre 2014, à Londres. Troisième du Grand Prix 5* de San Patrignano en 2009, quatrième du Derby de Drammen en 2013 et auteur de plusieurs sans-faute en Coupes des nations, l’alezan, qui compte deux sœurs utérines nées en 2007 et 2009, coulait une paisible retraite auprès de sa fidèle groom, Eva Beate Terkelsen.
Mis sur la route de Geir Gulliksen par Ludger Beerbaum, L'Espoir a fait les belles heures du Norvégien. © Scoopdyga
Du mouvement dans le piquet de Nicolas Layec
Le mois d’août a aussi été rempli pour Nicolas Layec ! Le talentueux cavalier des écuries Rocuet a connu un peu de mouvement dans son piquet. Dans un premier temps, le Tricolore a récupéré un partenaire de choix : Beau Gosse du Park. Engagé dans son premier Grand Prix 4* à l’occasion du Longines Deauville Classic, le duo a montré de très belles choses. Déjà passé par les écuries Rocuet, notamment sous la selle de Valentin Besnard qui l’avait révélé au plus haut niveau, le génial étalon de Corinne Accary est de retour sur ses terres bretonnes après un peu plus de deux années passées au sein des écuries de Grégory Wathelet. La dernière sortie du fils de Quincy, alias Quaprice Bois Margot, et son désormais ancien cavalier s’était conclue par deux éliminations dans le label 3* du CSI de Dinard. Embêté par quelques pépins physiques, le sensible et ô combien talentueux étalon de treize ans a toutes les cartes en main pour briller à nouveau. Ses meilleurs résultats, le bai brun les a enregistrés avec Valentin Besnard, remportant notamment une épreuve à 1,55m au CSI 4* de Rouen en 2021, quelques semaines après avoir terminé quatrième du Grand Prix 4* de Saint-Lô. Avec Grégory Wathelet, Beau Gosse du Park a obtenu son premier classement à 1,60m début juillet. Gageons désormais que le petit-fils de Kannan continue de faire rêver son éleveuse et propriétaire aux côtés de son nouveau pilote, qui monte déjà un certain Hollywood du Park, un fils de Diamant de Semilly issu de la même souche que Beau Gosse.
Beau Gosse du Park est de retour sous drapeau tricolore et sous la selle de Nicolas Layec, qui monte déjà Hollywood du Park, lui aussi issu de la souche de Corinne Accary. © Pixels Events
Alors que Beau Gosse venait d’intégrer son piquet, Nicolas Layec a dit au revoir à la star Gigi. Sur ses réseaux sociaux, Bruno Rocuet a, en effet, annoncé s’être séparé de la digne fille de sa chère La Luna du Thot, bonne gagnante jusqu’à 1,40m sur le circuit national. Très convoitée depuis son plus jeune âge, la belle ayant failli filer en Suisse après la Grande Semaine de Fontainebleau en 2022, la fille d’Aktion Pur a pris la direction du piquet d’Alexa Ferrer. “J'ai mis plusieurs jours à réaliser que dimanche soir tu n'avais pas réintégré ton box. Ou alors je préférerais l'occulter… Déjà pouliche, ta personnalité et ton charisme ont fait de toi un cheval à part. Depuis toute petite, à chaque saut tu as toujours voulu décrocher les étoiles et tu formais avec Nicolas un couple qui ne laissait personne indifférent. Et même si ta famille est encore bien présente dans les prés, tu es unique Gigi !”, a commenté le Breton, souhaitant “le meilleur” à sa nouvelle cavalière, Alexa Ferrer, et à sa nouvelle propriétaire, Caroline Baudry.
Âgée de huit ans, la démonstrative Gigi venait de remporter, début juillet, un Grand Prix Pro 1 à 1,40m avec Nicolas Layec et avait terminé dixième du championnat de France réservé aux chevaux de sept ans il y a un peu plus d’un an, à Fontainebleau, après s’être parée de bronze à six ans. Créditée d’un ISO 151 la saison dernière, la petite-fille de Flipper d’Elle au style inimitable compte huit frères et sœurs utérins, dont Victoria Barcelona, gagnante du Derby de Dinard en 2019.
Bruno Rocuet s'est finalement résolu à céder sa chère Gigi, qui a rejoint les écuries d'Alexa Ferrer. © Mélina Massias
L’élevage pleure Prima Donna van’t Paradijs
Partenaire de choix de Pedro Veniss dans les épreuves de vitesse et à l’origine de plusieurs cracks, Prima Donna van’t Paradijs n’est plus. L’alezane enregistrée au stud-book BWP a poussé son dernier souffle à trente-deux ans, comme l’a révélé So Horse. Fille de l’excellent Lys de Drammen et de Flamme des Empires, Prima Donna van’t Paradijs est la mère directe de dix-neuf produits. Parmi eux, la toute bonne Venezia d’Ecaussinnes, qui a permis à Thierry Rozier de revenir au sommet de son sport, mais aussi l’attachante Kinmar Scarlett, complice de Janika Sprunger, ou encore Ultra-Top van’t Paradijs et Agatha d’Ecaussinnes, qui ont tous deux atteint le niveau 1,60m, et le poney de Grand Prix K-Litte Hero.
Venezia d'Ecaussinnes est la plus illustre fille de Prima Donna van't Paradijs. © Scoopdyga
Via ses filles, Prima Donna van’t Paradijs a également engendré plusieurs excellents produits. Sa première descendante, Subliem van’t Paradijs (Nabab de Rêve), a donné l’étalon Hello (Ambler Gambler), qui a mené Mans Thijssen vers ses premiers Grands Prix 5*. Cartagena Indias Ecaussinnes (Kashmir van’t Schuttershof), est, elle, à l’origine de l’étalon Manchester van’t Paradijs (Elvis Ter Putte), tandis que la jeune production d’Aganixa Hero (Aganix du Seigneur) commence à faire parler d’elle.
Prima Donna van’t Paradijs, moins d’un mètre soixante au garrot, appartenait à Luc Henry, chez qui elle a fini ses jours. L’alezane a engendré sa dernière pouliche enregistrée sur la base de données Horsetelex en 2019, vingt-quatre ans après la première !
Die Hard of Roses s’est endormi
Il lui avait permis de disputer son premier Grand Prix 5*, à Grimaud en 2022, et de se classer dans son premier Grand Prix 4*, une semaine plus tard sur la même piste. Die Hard of Roses, partenaire de longue date de la Français Lara Tryba, est décédé. “Mon Didi. Je perds mon meilleur ami, le cheval de ma vie. Dès le premier saut avec toi, j’ai su que tu étais spécial, mais jamais je n’aurais imaginé aller aussi loin avec toi. Tu m’as tout donné, tu étais un guerrier et en piste tu te battais pour moi. Je ne serais pas la cavalière que je suis aujourd’hui sans toi et je ne pourrais jamais assez te remercier pour ça. Aucun mot ne pourra jamais vraiment exprimer notre connexion, notre lien si spécial et je suis tellement reconnaissante d’avoir croisé ta route. Aujourd’hui, je dois te dire au revoir, même si c’est beaucoup trop tôt. Tu pars rejoindre Rosa et je sais qu’ensemble vous veillerez sur moi. [...] Merci mon Didi, mon roi, tu vas tellement me manquer et il n’y a pas un jour où je ne penserais pas à toi. Tu es maintenant l’étoile la plus brillante du ciel et ici on va continuer à se battre pour toi. Je t’aime”, a écrit la jeune femme dans un vibrant hommage sur son compte Instagram.
Lara Tryba pleure son ami et partenaire sportif Die Hard of Roses. © Scoopdyga
Fils de Diamant de Semilly et Attila of Roses, une fille de Cristo, le bai brun a été formé en France par Etienne Ducouret, Yoan Lebouteiller, Olivier Rousseau, Valentine Casanova Belooussoff, Marie Demonte et Mégane Moissonnier, avant de rejoindre Lara Tryba en 2020. Le hongre Zangersheide avait douze ans et s’est éteint précocement, malgré les efforts de la clinique Desbrosse.
Photo à la Une : Edwina Tops-Alexander et Pialotta à Aix-la-Chapelle. © Scoopdyga